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C'est quoi l'aspect métaphorique du phénomène ? »
Ce qui amusant dans cette question est que tu y réponds dans le commentaire que tu en fais quelques lignes plus tard :
(…) peut-être (...) ne faut-il pas trop s'attacher à ses mots mais plutôt les voir comme des indicateurs utiles pour aller au delà de la discrimination…
Le « ...métaphorique... » est un outil comparatif qui fonctionne par analogie ou substitution. Dans le cas d'espèce il s'agit d'entendre qu'un phénomène, en soi, n'a aucune pertinence. Il n'est que l'écume d'un ensemble de mécanismes sous-jacent sans lequel il n'existerait pas et en l'occurence condense sur lui-même et en lui-même la totalité du Réel dont il n'est qu'un « raccourci » - La métaphore est supposée être une image qui va "ouvrir" sur de multiples significations.
Cette analyse n'est possible que par la flexibilité du langage qui comprend un noyau dur (signifiant premier) et un hallo (sens figuré) représentatifs de l'aspect métaphorique dudit langage qui n'entend pas enfermer ce dont il parle dans un ensemble de signifiants déterminés. C'est la raison pour laquelle les aspects métaphoriques du langage et du phénomène sont fondamentaux et corrélatifs, comme le doigt et la lune.
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Je ne sais pas ce qu'est la non pensée.. je sais juste qu'on peut regarder les trains de pensées et les voir s'apaiser »
Notre manière ordinaire de pensée est dualiste. Sans arrêt nous choisissons et rejetons. C'est d'ailleurs la cause de notre souffrance existentielle permanente. Cette façon habituelle de pensée prend sa source et s'appuie sur un mode de pensée qui se définit surtout négativement. Il suffit de se référer aux textes bouddhiques du petit véhicule notamment pour lire : «
ceci n'est pas, ceci n'est pas mon soi, ceci n'est pas mon Soi... » pour s'en convaincre.
L'ensemble des textes que j'ai produit démontrent que cette non-pensée est fondatrice. Voir en sa propre nature ne résulte pas d'un calcul, d'une progression, d'un échange et même si cette non-pensée apparaît être la conséquence d'une prise de conscience face à l'insatisfaction du mode dualiste habituel, la méditation nous montre qu'il n'en est rien. Pour autant que cela ait un sens, ce mode de pensée est « premier » dans un sens phylogénétique et c'est sur cette première strate que la pensée dualiste se développe... en prenant ses distances d'avec la nature.
En outre, je suis totalement d'accord avec le titre :
Pratique et réalisation ne sont pas deux et son contenu. C'est précisément parce les deux métaphores sont corrélées qu'il est totalement erroné, comme j'ai tenté de le démontrer précédemment, de les scinder.
Quant à la confusion entre zanmai et hishiryo, je souhaite apporter le correctif suivant. Zanmai en sanskrit signifie Samadhi, soit concentration pure. Deshimaru enseigne, entre autre, que le Hannya haramita (soutra de la grande sagesse) dont j'ai donné un extrait le 5/12/11 à la suite de Namgyal est corrélatif d'hishiryo. Si on se souvient de la phrase de SHEN-HUI citée le 11/12/11 selon laquelle : "
..(l'inconscient)... n'est autre que Prajnaparamita elle-même qui n'est autre que le Samadhi de l’Unité..." on entrevoit que les termes : Wu-nien, Inconscient, Non-pensée, Hishiryo, Ultime, Suprême, Zanmai , Nature propre sont les multiples doigts qui « montrent » une lune dont les aspects multiples, ineffables et métaphoriques dépendent du mot que l'on emploie sans pour autant perdre ce caractère d'unicité en soi.
Il doit être bien clair, dans ces conditions, que toute attitude désinvolte vis à vis du langage n'obtiendra pas mon assentiment. Chacun s'exprime à son niveau propre de réalisation de la loi et s'il ne s'agit pas de s'enorgueillir d'une forme supposée « meilleur » qu'une autre, il ne s'agit pas non plus de se contenter d'approximation sans profondeur au prétexte que les mots ne sont que des mots...
Namgyal ! Cette phrase est une de mes réflexions.
"
Les enseignements et pratiques extrêmes-orientaux dits « suprêmes » mettent l'accent sur le concept de non-pensée (Hishiryo) qui se présente comme absence de pensée dualiste. Contrairement à ce que pourrait suggérer le terme concept, cette non-pensée n'est pas une chose, une fonction mais un état d'être appelée Nature Propre en ce sens qu'il est dénué d'antithèses secrétées par le Mental. A ce titre on le nomme Inconscient."
Il est bien clair que mes tentatives de rapprochement entre les conceptions orientales et occidentales étaient plus un jeu qu'une démarche épistémologique. Il demeure tout de même intéressant de voir jusqu'à quel point elles se rapprochent et se séparent.
A suivre
