Chakyam a écrit :Ce n'est pas en ne se consacrant qu'à la lecture qu'on progressera sur la voie.

Tout à fait, et je ne pense que pas quelqu'un ici ait dit qu'il ne s'y consacrait qu'exclusivement. Je ne ferai pas ici état de mes expérimentations car, bien que j'essaie de mettre en pratique le Dharma, les fruits (éventuels) de ma pratique ne concernent que mes enseignants et moi-même.
La vérité conventionnelle n'est-elle pas celle du compromis, de l'envie, de l'appropriation, de l'aversion bref de la souffrance ?
Si c'était le cas, le Bouddha continuerait d'être emporté par l'envie, l'appropriation, l'aversion et la souffrance lorsqu'il appréhende la vérité conventionnelle. Ou bien il cesserait d'appréhender la vérité conventionnelle et serait donc aveugle, sourd etc. Ce qui n'est pas le cas.
C'est pourquoi, à l'instar de Chandrakirti, il faut faire la distinction entre vérité obscurcissante (
samvriti satya) et vérité conventionnelle (
vyavahara satya).
La vérité ultime, même si elle est asymptotique – car atteinte, elle était se détruirait elle-même – n'est-elle pas le lieu de la réduction des contraires en complémentarité ?
Dans la vérité ultime, il n'y a ni contraires, ni complémentarité.
N'est-elle pas la réalisation de notre Nature Propre ?
La vérité ultime est la négation d'une nature propre (
svabhava), donc elle est plutôt la réalisation de l'absence de notre nature propre.
Je n'ai jamais prétendu à l'inexistence ponctuelle du karma, mais je dis tout de même que chacun d'entre nous est en capacité d'en bannir de sa vie les conséquences, quelque soit la méthode employée.
Là je suis d'accord, peut-être parce que c'est exposé de manière plus simple.
Qui annihilent totalement et ultimement la véracité du karma.
Là aussi je suis d'accord, réaliser la vérité ultime annihile la véracité du karma (dans la vérité ultime) et en annule les conséquences au niveau relatif. C'est ce que le Bouddha rappelle dans le Chapitre sur les Moyens Habiles du
Ratnakutasutra.
Selon ma compréhension, il ne s'agit nullement de négation.
Ah bon ? Le raisonnement des éclats de diamants employé par Nagarjuna est sous forme de tétralemme, or il nie bien les 4 possibilités (
Madhyamakashatra, I, 1):
Na svato napi parato na dvabhyam napy ahehutah
utpanna jatu vidyante bhavah kvacana kecana.
Aucun existant quel qu'il soit ne peut être perçu où que ce soit comme advenant par lui-même, par un autre, par les deux à la fois ou sans cause.
Il s'agit bien d'une négation. Je viens de voir que Michel a aussi clairement évoqué cet argument. <<metta>>
C'est une erreur car les deux co-existent, il suffit seulement de définir leur champ de « faisabilité » et d'expérimentation.
Si ce sont des champs de faisabilité et d'expérimentation différents, il ne coexistent pas.
Par exemple, lorsqu'on réfute l'existence et la non-existence des choses; ceci n'est pas posé sur selon un même champs de faisabilité car la négation de l'existence correspond à la vérité ultime (= les choses n'existent pas
ultimement, sinon on est absolutiste), et la négation de la non existence correspond à la vérité relative (= on ne peut pas dire que les choses n'existent pas
conventionnellement, sinon on est nihiliste).
Iskander a écrit :Si je comprends bien, si quelqu'un s'éveille, il ne devrait donc plus éprouver ni bien-être, ni souffrance. Ce qui lui arrive dans la vie ne devrait donc plus être un fruit karmique. Le ventilo s'arrêterait instantanément à l'éveil, et non pas graduellement après l'éveil, non?
Selon le Mahayana, lorsque quelqu'un s'éveille, il n'éprouve plus aucun fruit karmique (voir le "Chapitre des Moyens Habiles" que j'ai évoqué plus haut). Il n'éprouve que ce qui n'a jamais été produit: la paix de l'esprit. Selon le Vajarayana, il éprouve cette paix au travers d'une grande félicité:
mahasukha. Ce qui lui arrive est le fait de ses moyens habiles, comme le geste joint à la parole, de manière uniquement didactique et adressée aux disciples.
La base sur laquelle un karma est engendré et un fruit karmique éprouvé est la conscience erronée du "je"; or un Bouddha n'a plus cette conception erronée du "je", donc plus de base sur laquelle fonctionnerait le karma. Selon le Mahayana, c'est déjà le cas des Aryas Bodhisattvas qui sont dans les bhumis purs et qui ont encore des karmas mais ceux-ci sont non contaminés (tib.
sagmé kyi lé), car ils ont éteint l'ignorance afflictive avec l'atteinte du 8ème bhumi.
Chaleureusement
