Dharmadhatu a écrit :

Magnifique !
Sönam a écrit :Classifier, qualifier, attribuer, d'un point de vue relatif, le dharmakaya n'a pas de sens
Pourtant, dire:
le dharmakaya-corps absolu (et autres désignations) est uniquement perçu d'un point de vu absolu
"est-ce que chacun à son propre dharmakaya ?", la réponse est non ... avec pour commentaire, "au niveau [absolu] du dharmakaya il n'y a plus d'histoire de chacun."
le corps ultime immuable (dharmakaya) résidant en la base avec les caractéristiques d'essence, nature et compassion"
comme ce dharmakaya réside en la base
Qu'est-ce donc si ce n'est qualifier d'un point de vue relatif le Dharmakaya

Même dire que le Dharmakaya ne peut être qualifié (d'un point de vue relatif), c'est tout bonnement le qualifier d'inqualifiable (d'un point de vue relatif)

. De plus, qu'un phénomène ne puisse être qualifié au sens ultime, ne l'empêche pas de l'être au sens relatif.
Ta remarque est juste, bien entendu ... c'est pour ça qu'il est dit que toutes les affirmations du point de vue dzogchen sont provisoires. Et puis, on peut ("pouvoir") qualifier un phénomène d'un point de vue relatif. Mais si ce phénomène est intrinsèque il n'y a aucun avantage de le qualifier ... si ce n'est pour la poétique. Et bien entendu j'adhère à la poétique oiseau2julie
Dans le dzogchen, aucune importance n’est donnée aux opinions et convictions philosophiques. La façon de voir dans le dzogchen n’est pas basée sur un savoir intellectuel, mais sur la conscience de sa véritable condition d’individu.
- Chögyal Namkhai Norbu -
Les enseignements dzogchen "coïncident" avec ceux de prasangika en affirmant qu’aucune entité n'existe « de manière inhérente », même d’un point de vue conventionnel. Néanmoins, les termes et concepts utilisés par le dzogchen divergent complètement de ceux utilisés couramment par prasangika et que l’on trouve dans les textes canoniques du troisième tour de la roue du dharma et dans les écoles philosophiques telles que yogacara, madhyamaka-svatantrika-yogacara et les sous-écoles zhentongpa et mahamadhyamaka.
Le Dharmakaya réside en la base confirme ce que dit Sa Sainteté le Dalaï Lama.

Sur la question de la différence, les amis, je pense que nous n'avons pas tous la même définition: la définition bouddhiste de "différent" renvoie à des phénomènes qui ne sont pas exactement identiques: alors la saveur de l'eau du Lac Léman à Lausanne aura la même saveur que l'eau du Lac Léman à Thonon, mais ce ne seront pas les mêmes molécules.
Rien ne ressemble plus à un Dharmakaya qu'un autre Dharmakaya, mais si on disait par là que ces Dharmakayas sont identiques, on commettrait l'erreur de croire (comme le rappelle Dumè) que si un Bouddha s'éveille, on doit tous s'éveiller en même temps: ce n'est pas le cas. Chacun possède son propre continuum conscient, sa propre base, qui a exactement la même saveur que n'importe quelle autre base. Mais ça n'en fait pas une seule et unique base pour tous les êtres. Sinon on est dans une vue hindoue.
Un Dharmakaya relève d'indifférencié quantà ses caractéristiques, mais si on le compare à un autre Dharmakaya, on dit bien un "autre" Dharmakaya. Quand deux phénomènes s'opposent, si on réfute une solution, on accepte forcément l'autre, et vice versa: si on dit que le Bouddha s'est éveillé avant Nagarjuna, ça veut dire que les 2 Dharmakayas ne sont pas un seul et unique: s'ils ne sont pas un seul et même/unique, ils sont conventionnellement différents.

Sur ce dernier point, j'aimerai citer, encore une fois, Longchen Rabjam :
"Dans certains soutras et tantras, l’aspect de la « base » est appelé base universelle. Sur ce point, certains n’ayant pas compris le sens véritable soutiennent que la base (gZhi) et la base universelle (Kun-gZhi) sont identiques. C’est une grave erreur. Si elles sont identiques, il y a alors de nombreux défauts : puisque la base universelle contient des impuretés, le dharmakaya aurait lui aussi des impuretés ; puisque la base universelle se modifie, le dharmakaya se modifierait aussi, et puisque la base universelle est temporaire, le dharmakaya serait aussi temporaire."
Ainsi il ne peut être parlé de plusieurs bases "gZhi" autrement que dans une vue duelle ...
et encore ...
"La pureté primordiale de la base originelle transcende les extrêmes d’existence et de non-existence, c’est la grande transcendance [des objets] de conception et d’expression. Comme l’essence (Ngo-Bo) [de la base] est primordialement pure, elle transcende l’extrême d’existence, l’éternalisme, et n’est pas établie en tant que phénomènes des choses ou caractéristiques. Comme la nature [de la base] est spontanément accomplie, elle transcende l’extrême de non-existence, le nihilisme, et est présente en tant que pureté, la nature ultime (Ch’os-Nyid) de clarté vacuité, que nature du Bouddha primordial, qu’état (dGongs-Pa) du corps ultime immuable (s. dharmakaya), comme non existante en tant que samsara ou nirvana, et en tant que grande sagesse intrinsèque surgissant d’elle-même qui, comme l’espace, est présente depuis des temps primordiaux."
concernant Kun-gZhi ...
"C’est une non-illumination et un état neutre, appartenant à [la catégorie de] l’esprit et des évènements mentaux, et qui est devenue le fondement de tous les karmas et impuretés du samsara et du nirvana. …
Elle s’appelle base universelle (Kun-gZhi), parce qu’elle est la base d’une multitude d’impuretés."
Et puis un dernier pour la route ...
"Quoi que soit l’esprit, il est les phénomènes du samsara. Quand les défauts, le mode du karma et souillures, apparaissent comme souillures et sont associés à sa conscience intrinsèque, cela s’appelle un être. Par l’esprit, les êtres se retrouvent dans l’illusion des six migrations des êtres (‘Gro-Drug). Quand sa conscience intrinsèque est libérée de l’esprit, on est appelé le Bouddha, qui s’est détaché des impuretés adventices."