C'est relatif, je pense. Un laïc – à cause de ses obligations sociales ou familiales – n'a pas la même intensité de pratique qu'un moine et/ou un retraitant qui n'a, pour ainsi dire, pas d'autres soucis en tête que la réalisation (c'est pour cela, je pense, que Çakyamuni prônait la vie sainte des moines et non la vie laïque). Régulière me paraît – mais ce n'est que mon point de vue – être une pratique a minima. Le problème, quand la réalisation n'est pas stabilisée, c'est le risque de régression. Rigpa est régressif, d'après Yamantaka, et le kensho, sans une pratique qui consiste, a minima, à ne pas laisser le buffle s'échapper (qui est le 4ème tableau) revient sinon à régresser, du moins à se retrouver dans l'état de quelqu'un qui a gagné beaucoup d'argent au loto mais qui n'a pas été en mesure de faire fructifier son pognon et se retrouve un jour dans l'état de pauvreté qu'il avait avant (ce qui est aussi une régression, soyons clairs). Bon, j'admets que la métaphore du loto n'est pas terrible en l'occurrence, mais ça donne une certaine idée de la situation.Je mettrais juste un bémol à ce que tu dis en remplaçant "stabilisé par une pratique intensive" par "stabilisé par une pratique régulière", non ?
À mon sens, bien que je ne sois pas théravadin (ce qui veut dire ici qu'il ne s'agit que de mon propre point de vue sur la base de ma propre expérience et non nécessairement le point de vue des théravadins), il ne faudrait pas voir Nibbana comme excluant la conscience de veille, surtout quand on est dans un état stabilisé comme l'était sans aucun doute Çakyamuni. Dans le Zen, nous avons une expression qui est "samadhi de Prajna". Ce samadhi-là (donc de Prajna) n'est pas à confondre avec les samadhis obtenus dans la pratique régulière (ou intensive) des Jnanas. Ces derniers ont la capacité d'abstraire le pratiquant des sensations et donc de la douleur. Mais le samadhi de Prajna est le samadhi de l'état naturel et non du mental sous contrôle (car là subsiste encore une dualité contrôleur/contrôlé). Comme on dit dans le Zen : "il y a souffrance, mais personne qui souffre".Il faudrait maintenant qu'un théravadin vienne nous confirmer qu'on peut marcher dans la rue tout en étant plongé dans nibbana.