L'existence ne me semble pas purement nominale car elle se manifeste dans l'expérience au sein d'un mouvement qui s'étire, les mots tentent de la circonscrire mais elle échappe toujours…
C'est scintillant. alternatif. un courant de choses qui se connectent et vibrent d'un même pas…c'est animé, électrique.
L'expérience m'apparaît d'abord corporelle, mais curieusement je peux aussi avoir des sensations ou perceptions qui me projettent ailleurs: une main dans une glace qui n'est pas la mienne et que fugitivement j'ai saisie comme mienne, une chaise sur laquelle je m'appuis et qui est comme le prolongement de mon corps: je la ressens ainsi fugitivement…c'est renversant et je reviens aux limites corporelles, l'impression d'un basculement.
Est-ce que ce que je viens de nommer existe ?
L'existence dans un va et vient qui me plaque au dehors comme si j'observais ce mouvement, puis finalement non, je plonge dans ce mouvement et puis reviens encore…il n'y a pas de dedans ou de dehors, de moi ou de monde là, juste un entrecroisements de choses qui sont des explosions comme autant de naissances que je relie avec un fil mémoire qui lui même subit les assauts de perceptions lors des instants de conscience qui s'enchaînent… interception de milliers d'impressions en tâche de fond qui scintillent à la surface et qui passent…difficile de me voir là dans cette rivière de sensations et de perceptions.
Y a t-il un monde là dehors quand le monde rentre en nous de telle façon qu'il n'y a plus de limites entre lui et nous? Pouvons nous encore définir par les mots ou nommer ce qui passe ? Simplement accueillir ce qui vient parce que…c'est ce qui est.
Mais on ne peut s'en saisir : il y a ces instants de conscience et c'est juste traversant.
Cela ressemble aux mots cités par Ted :
l'oeil ne peut se voir lui même…
J'aime bien aussi l'image de la fourchette et des pépins de tomates, c'est glissant.
Les mots pourtant sont de merveilleux outils pour créer, et comme dit Dharmadhatu
" l'outil dépend de l'usage qu'on en fait, et vice-versa. "