Concepts et réalité

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Dharmadhatu
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Flocon a écrit :Mais je crois que ce n'est vrai qu'en termes de fonctionnement du Dharma (je veux dire qu'un Bouddha n'est pas forcément plus fin psychologue, ou plus savant qu'un autre homme). Il ne peut aider les êtres qu'à se libérer du samsara : pas à mieux vivre selon des critères mondains, ou à être plus détendus, ou plus heureux en famille, etc.
C'est du moins ce que j'ai cru comprendre.
:D Il me semble avoir compris le contraire si on se place selon le point de vue du Trikaya mahayaniste: les nirmanakayas peuvent se manifester sous d'innombrables formes pour aider d'innombrables êtres pris dans d'innombrables situations selon leurs innombrables conditions karmiques. Un exemple: il est dit qu'un Bouddha peut se manifester en nirmanakaya sous la forme d'un pont. En ce sens, il aide aussi les êtres à mieux vivre temporairement, non ?

FleurDeLotus
apratītya samutpanno dharmaḥ kaścin na vidyate /
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Puisqu'il n'est rien qui ne soit dépendant,
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Flocon
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Ah. Je ne sais pas trop quoi penser de ta question : est-ce que tu ne prends pas au pied de la lettre ce qui relève simplement de la métaphore?

Un pont, c'est une structure matérielle totalement dépourvue de sensations, de perceptions, de volitions, de formations mentales, etc. Or un Bouddha, en principe, a quatre ou cinq agrégats. Des agrégats purs, non souillés, c'est entendu, mais des agrégats quand même. Un pont a une forme, mais le reste? Il aide les gens à passer physiquement d'une rive à une autre, OK, mais quel rapport avec le Dharma?

C'est vrai qu'il existe des textes qui présentent des Bouddhas manifestés sous forme d'objets : Dôgen par exemple parle de Bouddhas "piliers", de Bouddhas "lanternes de pierre", etc. Mais Dôgen était certes un maître éminent, reconnu comme Bouddha parfait par l'école Sôtô, mais aussi un grand poète qui employait toutes les ressources du langage japonais de son temps, et il le dit lui-même : il use d'images dans un but pédagogique. J'imagine qu'il en va de même pour certains maîtres tibétains où tu lis cette histoire de Bouddha manifesté comme pont. Du coup... :?: Il faudrait que tu consultes les commentaires des textes que tu as en tête pour en avoir le cœur net.

Quoiqu'il en soit, bien entendu, on peut toujours dire qu'un pont enseigne le Dharma, comme on peut le dire d'une pousse de riz (il y a un sutra célèbre sur ce point), d'une pierre, etc. : en tant que tels, ils "fonctionnent" alors comme des Bouddhas. On en avait déjà parlé et Ted avait fourni une bonne explication, pas besoin d'y revenir.
Quand on sonde les choses, les connaissances s'approfondissent.
Les connaissances s'approfondissant, les désirs se purifient.
Les désirs une fois purifiés, le cœur se rectifie.
Le cœur étant rectifié, on peut réformer sa personne.

Kong Tseu
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Dharmadhatu
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jap_8 Très bonnes remarques, Flocon. J'ai entendu plus d'une fois et lu aussi des commentaires évoquant les nirmanakayas et il semble que la tradition tibétaine y voie généralement un enseignement littéral.

En même temps, les Maîtres tibétains, férus de logique, pourraient nous demander: comment savez-vous qu'un nirmanakaya sous forme de pont n'a pas de sensations, ... de consciences ? Il s'agit pour nous d'une raison de non-observation de ce qui n'apparaît pas (tib. mi nangwa mamikpé ta'). Sous -entendu ce qui n'apparaît pas à une conscience dénuée de clairvoyance.

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Flocon
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D'accord. Sur ce point, la tradition tibétaine semble donc différer de la tradition chinoise du Chan, et de celle du Zen formulée par Dôgen, du moins pour ce que je connais de ces deux dernières (qui est loin d'être exhaustif).
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Kong Tseu
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Dharmadhatu
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jap_8 C'est cette raison valide de non-observation en particulier qui permet aux Maîtres des écoles indo-tibétaines d'être autant des logiciens réputés que de grands mystiques. Après tout, que savons-nous vraiment quant à l'étendue du champ des possibles ? Beaucoup de phénomènes doivent certainement échapper à notre perception directe ainsi qu'à nos raisonnements.

C'est le principe qu'illustre l'histoire de la grenouille rapportée par Longchen.

FleurDeLotus
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longchen2

Dharmadhatu a écrit :(...) Après tout, que savons-nous vraiment quant à l'étendue du champ des possibles ? Beaucoup de phénomènes doivent certainement échapper à notre perception directe ainsi qu'à nos raisonnements.
C'est mon avis jap_8
ted

Il y a 15 ans, sur un autre forum bouddhiste, après une médit, j'avais eu comme une inspiration. A l'époque, je ne connaissais guère que le Zen. Je me souviens avoir écrit qu'un éveillé pouvait se manifester sous la forme d'un souffle de vent dans les branches, ou "d'un concours de circonstances". Il y a eu des réactions diverses. En me relisant, je me souviens avoir voulu effacer mon message, parce que ce que j'avais écrit me semblait trop extravagant. Pourtant, au fond de moi, je ressentais cette affirmation comme une certitude intime.

Alors, c'est vrai que de nombreuses années plus tard, en étudiant les sutras, j'ai pris conscience que tous les phénomènes pouvaient mener à l'éveil par l'analyse du point de contact phassa. Mais là, il ne s'agit pas de ça. Il s'agit de l'activité éveillée des Bouddhas, qui me semble être quelque chose qui dépasse l'entendement ! Je n'ose même plus en parler. Ca risque de heurter bien trop de personnes rationnelles.

Il y a des descriptions raisonnables, recevables de l'éveil.
Et puis, d'autres propositions assez prodigieuses.
L'activité éveillée des Bouddhas peut être raisonnable.
Elle peut être, sans doute aussi, prodigieuse.

Mais je ne vois pas l'intérêt de faire exploser la tête des gens. Autant enseigner à quelqu'un le déclenchement du feu intérieur alors que tous ses canaux sont bouchés. Il n'en sortira rien de bon.
En dehors de l'interprétation littérale de certains textes, il ne reste plus que la pratique pour modifier notre ressenti.
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Dharmadhatu
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jap_8 C'est un peu ce que disent les Tibétains: il y a le Maître en chair et en os, le Maître en tant que Dharma, le Maître intérieur et le Maître des circonstances de la vie.

Je pense sincèrement que savoir lire les situations est dû à un rapprochement avec le Maître intérieur, tout ça grâce aux 2 premiers types de Maître.

FleurDeLotus
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jules
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sylvain21 a écrit :et furent apaisés. Cette apaisement fut de courte durée. Un bruit de porte grinçante se fit entendre, les moines se retournèrent et virent dans l'entrebaillement un étranger en tout point semblable au Bouddha, qui lui, restait plongé dans sa méditation .....
Quel était le nom de cet étranger? <<metta>>
sylvain21

Cet étranger était nu, n'avait pas de nom. ses yeux rayonnaient d'une lueur étrange, tout son être irradiait une douceur inconnue de tous, un parfum très doux émanait de son corps...
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