Ah. Je ne sais pas trop quoi penser de ta question : est-ce que tu ne prends pas au pied de la lettre ce qui relève simplement de la métaphore?
Un pont, c'est une structure matérielle totalement dépourvue de sensations, de perceptions, de volitions, de formations mentales, etc. Or un Bouddha, en principe, a quatre ou cinq agrégats. Des agrégats purs, non souillés, c'est entendu, mais des agrégats quand même. Un pont a une forme, mais le reste? Il aide les gens à passer physiquement d'une rive à une autre, OK, mais quel rapport avec le Dharma?
C'est vrai qu'il existe des textes qui présentent des Bouddhas manifestés sous forme d'objets : Dôgen par exemple parle de Bouddhas "piliers", de Bouddhas "lanternes de pierre", etc. Mais Dôgen était certes un maître éminent, reconnu comme Bouddha parfait par l'école Sôtô, mais aussi un grand poète qui employait toutes les ressources du langage japonais de son temps, et il le dit lui-même : il use d'images dans un but pédagogique. J'imagine qu'il en va de même pour certains maîtres tibétains où tu lis cette histoire de Bouddha manifesté comme pont. Du coup...

Il faudrait que tu consultes les commentaires des textes que tu as en tête pour en avoir le cœur net.
Quoiqu'il en soit, bien entendu, on peut toujours dire qu'un pont enseigne le Dharma, comme on peut le dire d'une pousse de riz (il y a un sutra célèbre sur ce point), d'une pierre, etc. : en tant que tels, ils "fonctionnent" alors comme des Bouddhas. On en avait déjà parlé et Ted avait fourni une bonne explication, pas besoin d'y revenir.
Quand on sonde les choses, les connaissances s'approfondissent.
Les connaissances s'approfondissant, les désirs se purifient.
Les désirs une fois purifiés, le cœur se rectifie.
Le cœur étant rectifié, on peut réformer sa personne.
Kong Tseu