Bonjour Tongra !
Je n'avais pas tout ça en tête, ou alors je me suis mal exprimé. J'ai essayé de faire court, en fait, et je ne dois pas être doué pour résumer...
Ici, on part d'une situation hypothétique, imaginaire, si j'ai bien compris le sujet. Il me semblait donc aller de soi que si j'étais amnésique, les souffrances psychologiques dues à des souvenirs plus ou moins traumatiques auraient disparu. Dans mon esprit, ne serait sûrement accessible que la mémoire qui commence après la perte de la précédente. Mais j'aurais peut-être perdu ce que j'avais compris, et donc je risquerais d'avoir à refaire le chemin qui m'a amené à les comprendre.
Mais je n'ai pas TOUT compris, hein, je n'ai pas cette prétention.
tongra a écrit :Tu parles de belles choses comme de laisser en place futur et passé. Mais ce présent ou "l'instant" dont tu fais l'éloge, comment penses-tu pouvoir le vivre autrement que tu le vis ? Ce que j'entends ou plutôt lis dans tes propos c'est qu'il y aurait un autre présent (comme meilleur) que celui que nous sommes en train de vivre
Disons que je pense qu'il est possible de vivre le présent sans que la mémoire soit un poids, dont le résultat est souvent d'entretenir la volonté de construire un avenir meilleur, sans pouvoir arrêter de souffrir pour autant. Bref, en comprenant le mécanisme du conditionnement.
Si je peux me permettre, j'ai pas mal avancé en ce sens, et sans faire l'éloge de quoi que ce soit, ni prétendre qu'il y ait plusieurs présents, sans non plus oublier que "le présent que
nous sommes en train de vivre" n'est souvent le même pour personne, je crois pouvoir dire qu'il est possible d'être plus "présent" à ce qui se passe, étant moins "pris" (piégé?) par des représentations personnelles (qui visent le contrôle mais entretiennent la souffrance).
Argh, un peu long comme phrase, j'espère être clair quand même.
Je vis aujourd'hui l'instant en bien meilleure conscience et paix, que j'ai pu le vivre plus jeune, c'est certain. C'est le résultat d'un travail intérieur, d'une meilleure connaissance de moi-même, voire de l'esprit humain. Ma recherche n'a pas été de tout repos, j'ai eu des passages assez infernaux. Mais bien sûr, maintenant, le but c'est le chemin, en quelque sorte, et je ne prétends pas être "éveillé" comme un Bouddha. Dans le présent que nous vivons, on peut être plus ou moins libre, ou tributaire d'émotions et de représentations irrationnelles, ça peut même changer d'un instant à l'autre, selon les sollicitations du monde qui nous entoure.
En passant, je ne vise pas de "belles" paroles, ni ne sous-entend détenir un moyen (que je garderais secret, donc) de vivre un "autre" présent.
Je ne suis pas un gourou en mal d'adeptes, j'aurais plutôt tendance à ventiler les pompes à énergie qui "m'aiment", ces temps.
tongra a écrit :Même si tu vis le passé ou le futur c'est au présent, dans ton présent ephémère, que ça se passe, non ? Y a-t-il pour autant à changer l'instant pour un présent que l'on voudrait empreint de "pleine conscience" ? Voir ce qui se déroule n'est-ce pas suffisant ?
Voir est suffisant, tout dépend de la profondeur de ce qu'on voit. Je voyais bien que je souffrais, avant, mais tant que je n'avais pas vu les mécanismes en jeu, ben j'en étais esclave, et à vrai dire cela m'occultait une bonne part de ce que j'aurais pu percevoir autour de moi. Bref, je n'ai jamais vu plus clair à l'extérieur qu'à l'intérieur. Et c'est là, que me semble utile d'élargir la conscience. Sans vouloir un présent empreint de "pleine conscience", seulement en essayant de vivre une vie moins tourmentée. J'ai fait comme j'ai pu avec ce qui se présentait, en termes de difficultés comme de moyens pour en sortir. C'est quand même la souffrance qui a été le moteur, et la voir se dérouler n'était certainement pas suffisant pour la faire cesser... enfin, dans mon cas seulement, je n'en tire pas de règles. C'est justement le désir de connaître des règles (dans le but évident de contrôler), qui entretenait la souffrance, chez moi.
tongra a écrit :en fait qui évalue être ou pas au présent ?
En ce qui me concerne, c'est la souffrance psychique.
Mais "évaluer" n'est pas le bon terme, du moins pour moi, car il s'agirait plutôt alors d'un jugement relatif à un idéal : être présent.
En d'autres termes, je ne vise pas un but dont j'aurais déjà une idée, mais simplement la libération des chaînes intérieures qui entretiennent la souffrance.
Tout ce que je peux dire, c'est que je me sens bien plus présent/conscient maintenant, que je n'ai pu l'être quand j'étais torturé de l'intérieur, esclave de croyances issues des douleurs du passé.
tongra a écrit :ce qui pour moi n'est juste que de la manipulation, de l'interventionisme mental.
Si mes mots ont ce sens pour toi, mille excuses, mais cela parle peut-être essentiellement du regard que tu leur portes.
Et à ce sujet, je n'ai rien à dire, toi seul sais pourquoi tu les interprètes ainsi. J'espère juste que tu peux être présent à ce qui se déroule en toi quand tu me réponds, de manière à distinguer ce qui est le fruit de la pure observation, de ce qui est le résultat d'une interprétation personnelle. Et s'il y a lieu, j'espère aussi que tu perçois ce qui peut motiver cette interprétation.

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