La colère...

ted

J'en ai parfois souffert. Nourrissant une colère sourde contre ce patron qui ne m'augmentait pas. Cet automobiliste qui n'avançait pas et allait me mettre en retard. Ces personnes qui ne m'écoutaient pas. Ou étant furieux contre moi-même, pour ma stupidité, ma naïveté, etc...

Quand ce type de colère apparait, ça devient un état d'esprit négatif permanent. On est en permanence insatisfait de quelque chose. Et on relie verticalement toutes ces insatisfactions à une cause unique :
  • - c'est à cause de machin si tout ça m'arrive !
    - c'est à cause de cette putain de ville !
    - c'est à cause de ma stupidité !
Impossible de méditer avec un tel état d'esprit. Car cette colère s'accommode de toutes les activités quotidiennes. Elle les choisit, les pénètre, les corrompt et les dénature :
  • - On voit des gens assis à table, au restaurant, avec des regards haineux.
    - On assiste à des insultes ou provocations gratuites.
    - On voit des hommes et des femmes parler durement à leurs enfants, sans raison.
L'individu victime de ce type de colère s'en fait presqu'une compagne. Il s'endort en colère. Il se réveille en colère. Le poison a imprégné sa vie.
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tirru...
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Bonjour,
Ted a écrit :Cependant, les solutions qu'il propose ne sont pas en phase avec le Dharma. Car il ne s'agit ni plus, ni moins, que de se laisser faire (tendre l'autre joue à celui qui vous fait subir sa colère)
.

Pourtant dans le très intéressant Kakacupama sutta (la patience infinie), la situation est quasiment similaire, voire pire :
Verset 17.9
Même, ô Pagguna, si quelqu'un donne un coup devant vos yeux à ces moniales ou bien si quelqu'un donne un coup avec des pierres devant vos yeux à ces moniales, si quelqu'un donne un coup de bâton devant vos yeux à ces moniales, si quelqu'un donne un coup avec une arme devant vos yeux à ces moniales, dans ces cas-là également, ô Pagguna, vous devez vous entraîner vous-même ainsi: "Que ma pensée ne soit pas pervertie. Que je ne dise pas de paroles méchantes, mais que je demeure plein de piété avec une pensée de compassion, une pensée libérée de la haine.

Verset 17.10
Même, ô Pagguna, si quelqu'un dit du mal de vous en votre présence ou bien si quelqu'un vous donne un coup, si quelqu'un vous donne un coup avec des pierres, si quelqu'un vous donne un coup de bâton, si quelqu'un vous donne un coup avec une arme, dans ces cas-là également, ô Pagguna, vous devez vous entraîner vous-même ainsi: "Que ma pensée ne soit pas pervertie. Que je ne dise pas de paroles méchantes, mais que je demeure plein de piété avec une pensée de compassion, une pensée libérée de la haine." C'est ainsi, ô Pagguna, que vous devez vous entraîner vous-même.
Verset 17.24

De même, ô moines, ici certains moines sont très gentils, très doux, très patients, jusqu'à ce qu'une parole désagréable les atteigne; Or, c'est lorsqu'un moine est attaqué par une parole rude qu'on peut savoir s'il est vraiment gentil, doux et patient.
Verset 17.45
Même si de dangereux voleurs coupent le corps de quelqu'un membre à membre avec une scie à deux mains, s'il lui vient une pensée haineuse envers ces voleurs, pour cette raison, il ne se conduit pas selon mon Enseignement.
Kakacupama Sutta

anjalimetta
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ted

tirru... a écrit :Bonjour,
Ted a écrit :Cependant, les solutions qu'il propose ne sont pas en phase avec le Dharma. Car il ne s'agit ni plus, ni moins, que de se laisser faire (tendre l'autre joue à celui qui vous fait subir sa colère)
Pourtant dans le très intéressant Kakacupuma sutta, la situation est quasiment similaire :
Tout à fait. Mais le Dharma ne tend pas l'autre joue... Ca fait une sacrée différence.
Dans les deux cas effectivement, on évite d'entretenir des pensées haineuses et des désirs de vengeance.
Erratum

La colère que tu évoques Ted me fait assez penser au fond à ce qu'on appelle "stress"... avec son lot de conséquences physiques...
Il me semblait avoir lu dans un ouvrage du Dalai Lama que la colère (comme extériorisation de l'indignation) était importante et ne devait pas être éteinte, mais bien au contraire exprimée... Il y a une multitude d'aspects dans la colère...

Un petit exercice que je me plais à faire, lorsque je sens qu'elle me monte au nez... genre avec mes enfants ou mon mari :mrgreen: , je le dis très calmement et fermement : je suis trèèèèèèès en colère (en respirant bien pour redescendre en respiration ventrale car on se bloque souvent en apnée dans ces moments là), ensuite je balance tout ce qui ne va pas et je les fais choisir : "soit maintenant je crie, soit vous stoppez et changez d'attitude !" Il est absolument vital d'exprimer les différents sentiments qui nous traversent, mais avec une attitude physique le plus déterminé et décontracté possible, afin que nos interlocuteurs ne se sentent pas agressés et puissent réagir dans le bon sens, sans se mettre nécessairement en soumission ou en défense... Ca marche plutôt pas mal, je trouve :oops:
Katly

C'est vrai Ted,

Sans vouloir excusez la colère éruptive et visible, des fois elle plus stupide que méchante, retombe aussitôt qu'elle a commencé à monter, laissant celui ou celle en colère, tout confus(e) et déjà épuisé. Elle a l'avantage d'être plus facilement reconnaissable en soi, et d'être désamorcée.

Mais la colère sourde, comme un orage qui s'annonce, avec une chaleur intense et lourde depuis des jours, qui n'en finit pas et finissant par s'abattre sur tout et tout le monde...

Cette colère causant tant de souffrances insidieuses, vient de l'incompréhension, de la frustration...
Cette colère trouve n'importe quel objet pour son regard haineux, ses provocations gratuites, ses violences, ses pulsions...
Elle fait de l'autre son bouc-émissaire qui va porter ses rancoeurs, ses insatisfactions quotidiennes...
Parfois les gens ont un problème personnel à régler qu'il ne veulent pas voir, et le porte sur autrui comme leur cause à tout.
Ils se déchirent, se vengent, se culpabilisent, s'arrachent des biens, des enfants. Leurs font porter leur propre enfance...
Tout ça de façon souterraine, parfois longtemps, toute une vie...

Un jour mon fils a vu des élèves tenter de lapider un chat qui passait dans la cour du collège, il s'est mis en colère lui aussi, en criant, en les en empêchant. :-( J'ai essayé de lui expliquer, la souffrance de chacun... :roll: :-(

J'ai aussi souffert parfois longuement, ou de façon éphémère de la colère, pensé que tout mon malheur venait de mon pays, mes parents, de la société, de tel homme ou femme, de mon nom, de cet employé administratif, des petits échecs ou refus, de ceci ou cela... "Un coupable vertical"...
Parfois un emportement idiot, une erreur, qui assombrit inutilement toute une journée.
Oui, quel gâchis, de passer des journées à être maussade, grommeler, ronger son frein, ou pire cracher son venin sournoisement, des gens font ça quotidiennement sans plus s'en rendre compte, au travail, en famille, partout.

La colère nous quitte un jour, s'en va, la laisser partir simplement.

Quelle souffrance ! Heureusement, je ressens une profonde gratitude, lorsque que ce poison est extirpé, ou ne me pénètre pas.

Serait-ce déplacé ?... si je disais que nous portons tous ce Christ en nous, blessé comme un enfant et ses bourreaux.
Mais que nous pouvons marcher aux côté du Bouddha...
Erratum

Katly a écrit : Serait-ce déplacé ?... si je disais que nous portons tous ce Christ en nous, blessé comme un enfant et ses bourreaux.
Mais que nous pouvons marcher aux côté du Bouddha...
C'est effectivement très catholique ! Nous portons par cette "autoflagellation" le poids de siècle de religion chrétienne... Tu souffriras comme le Christ, ou endure pour une vie meilleure après la mort, car le Christ a souffert avant toi... etc !
Mais le bouddhisme montre bien que c'est là encore quelque chose d'acquis puisqu'à religion différente, objectif de libération différent... la souffrance est en nous et la Voie nous encourage à nous en libérer ...
Katly

ted a écrit : L'individu victime de ce type de colère s'en fait presqu'une compagne. Il s'endort en colère. Il se réveille en colère. Le poison a imprégné sa vie.
Quel cauchemar... dormir avec sa furie. :shock:
Comment peut-on s'endormir en sécurité avec un "soi-même" en colère ? dans sa sournoiserie peut-être ça fait illusion... :roll:
Katly

Erratum a écrit :
Katly a écrit : Serait-ce déplacé ?... si je disais que nous portons tous ce Christ en nous, blessé comme un enfant et ses bourreaux.
Mais que nous pouvons marcher aux côté du Bouddha...
C'est effectivement très catholique ! Nous portons par cette "autoflagellation" le poids de siècle de religion chrétienne... Tu souffriras comme le Christ, ou endure pour une vie meilleure après la mort, car le Christ a souffert avant toi... etc !
Mais le bouddhisme montre bien que c'est là encore quelque chose d'acquis puisqu'à religion différente, objectif de libération différent... la souffrance est en nous et la Voie nous encourage à nous en libérer ...
Tous plus ou moins élevé dans ce bain...

La Voie est en nous, de même...
Il suffit parfois de revenir simplement à son souffle et de sourire pour illuminer son esprit jour et nuit. <<metta>>
ted

Katly a écrit :Comment peut-on s'endormir en sécurité avec un "soi-même" en colère ?
Ca m'a l'air plutôt banal ? :roll: ya même des gens qui en perdent le sommeil.
Dans les soucis du quotidien, le ressentiment peut prendre une place importante.
boudiiii !

je suis étonné aussi de la réaction de Katly , à croire qu'elle vit au pays de Candy :mrgreen:

mais d'après son histoire, ça n'a pas l'air d'avoir été le cas loveeeee
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