Matthieu Ricard ? Est-ce l'homme le plus heureux du monde ?

tongra

Ca pourrait ressembler à du développement personnel et pourtant le Bouddhisme n'est rien d'autre que ça. Dans toute sa splendeur et en plus fondé sur quelque chose de stable.
C'est marrant mais je vois ça comme l'extrême opposé. C'est-à-dire de la déconstruction de la notion de personne. On ne développe pas du personnel mais le bouddhisme authentique doit nous amener à voir la partie égotique qui tente de prendre toute la place dans notre fonctionnement.
Nagajuna semble avoir apporté plutôt ce type de démarche plutôt que du développement personnel.

Pour transformer notre vision il faut déjà, par un acte de courage, oser voir et se confronter véritablement à notre souffrance intérieure. Ca, ce n'est pas non plus la perspective de l'autruche que l'on trouve dans le développement personnel qui ne voudra voir que le bon et le beau tout en esquivant la réalité : ce qui fait mal.

Le développement personnel entretien la dualité alors que le dharma est fait pour en sortir.
Jean

Tongra a écrit
Le développement personnel entretien la dualité alors que le dharma est fait pour en sortir.
C'est vrai que le développement personnel entretient la dualité quoique, dans le développement personnel il est fait mention de l'importance du développement de la spiritualité chez l'être humain. Il y a une porte ouverte. Le propos du développement personnel est d'apprendre ou de se donner les moyens de se débrouiller dans la dualité.

Ensuite à chacun par le Dharma, ou par une autre voie spirituelle de développer l'aspect spirituel dans sa vie.
ardjopa

L'homme le plus heureux du monde n'existe pas
Le bonheur véritable est au-delà de "l'humain", ou des êtres en général
Et les êtres humains ou autres, vivent dans un monde où la souffrance est présente, et fait parti de leur "entité" terrestre, de leur naissance à leur mort
"Avec la nouvelle voiture renault, à vous le bonheur, après le travail, les vacances !"
Ca c'est l'endroit de la pub, qui les fait esperer le bonheur avec des illusions, du mensonge;
L'envers est toute autre, et bientot les frais d'essence, d'entretien, possibles accidents et ennuies, nous ramène de nos illusions ;-)
Là où je rejoins tongra entre autre, c'est que le developpement personnel et autres coaching, vise à être "bien et performant" mentalement et physiquement dans le monde; Le mental et le corps sont éphémères par nature, comme le monde, et ne peuvent donc donner de bonheur réel et durable; La voie spirituelle bien comprise et pratiquée ne vise pas un "mieux être dans le monde", mais d'aller au-delà de ce mental-corps passagers, au-delà de l'égo et de ce monde, au-delà des plaisirs et souffrances; Là où certains cherchent à conquerir le monde, d'autres plus rares cherchent à s'en libérer
Butterfly_tenryu
Erratum

l'homme le plus heureux du monde ? il n'y a que les imbéciles qui sont à chercher des classements et des degrés dans le bonheur... :roll:

:mrgreen:
ted

Faut quand même reconnaitre qu'il y a des gens qui semblent plus heureux que d'autres... :???:
Erratum

ted a écrit :Faut quand même reconnaitre qu'il y a des gens qui semblent plus heureux que d'autres... :???:
Plus conscients de leur bonheur... jap_8 sûrement loveeeee
Avatar de l’utilisateur
Dharmadhatu
Messages : 3690
Inscription : 02 juillet 2008, 18:07

Erratum a écrit :
ted a écrit :Faut quand même reconnaitre qu'il y a des gens qui semblent plus heureux que d'autres... :???:
Plus conscients de leur bonheur... jap_8 sûrement loveeeee
:D Cependant, avant d'être conscient d'être heureux, il faut déjà l'être.

Parmi nos contemporains, on peut facilement voir des gens naturellement détendus (ou détendus à la suite de nombreuses années de transformation) et d'autres, malgré quelques rares répits, régulièrement sous l'emprise de la colère, de la déprime, etc..., et ce, de leur propre aveu.

Si on ne peut vraiment parler que de soi-même en pleine connaissance de causes, je peux affirmer que je suis beaucoup plus heureux qu'il y a 10 ou 20 ans, bien que maintenant éloigné de ma famille à cause du boulot par exemple.

Sans le Dharma cela (ainsi que d'autres exemples) n'aurait pas été possible.

FleurDeLotus
apratītya samutpanno dharmaḥ kaścin na vidyate /
yasmāt tasmād aśūnyo hi dharmaḥ kaścin na vidyate

Puisqu'il n'est rien qui ne soit dépendant,
Il n'est rien qui ne soit vide.

Ārya Nāgārjuna (Madhyamakaśhāstra; XXIV, 19).
Erratum

Dharmadhatu a écrit :
Erratum a écrit :
ted a écrit :Faut quand même reconnaitre qu'il y a des gens qui semblent plus heureux que d'autres... :???:
Plus conscients de leur bonheur... jap_8 sûrement loveeeee
:D Cependant, avant d'être conscient d'être heureux, il faut déjà l'être.
L'oeuf ou la poule... :lol: A mes yeux l'éveil est une grande prise de conscience, le voile levé de l'ignorance de la nature profonde des choses... Je reste convaincue que l'état apaisé appelé "bonheur" est notre nature individuelle profonde, et que les pratiques sociales ont petit à petit voilé cette nature profonde en créant des besoins, dont l'insatisfaction a fait naitre de manière très artificielle donc, cette souffrance qui voile l'état apaisé...
Pour moi toute notion sujette à divergences d'interprétation, toute abstraction créé une distance entre son objet et notre ressenti, créé de la souffrance tôt ou tard ; et au fond ce n'est pas en dissertant autour du bonheur qu'on arrivera à l'être mais en oubliant la notion trompeuse et en étant pleinement dans l'ici et maintenant. L'homme a commis l'erreur de vouloir mettre des mots sur tout... le "bonheur" ne se résume pas en mot, il se vit... color_3
Avatar de l’utilisateur
axiste
Messages : 3250
Inscription : 09 mai 2008, 05:39

Le bonheur et le malheur sont des états passagers....
Ma grand mère avait une expression qui revenait souvent: "à la bonne heure !" je trouvais ça assez parlant...
Le bonheur je le vois sur un collier de perles avec à côté de lui les perles du pardon, de la joie et de la gratitude...
et un zest aussi d'instant présent...
Mais le bonheur aussi est aussi une abstraction...un truc après quoi on court sans savoir ce que c'est..."le bonheur est dans le pré, cours y vite, cours y vite "... oiseau2julie
Cinq clefs pour la parole correcte :
- dire au bon moment, prononcer en vérité, de façon affectueuse, bénéfique et dans un esprit de bonne volonté."
Avatar de l’utilisateur
Dharmadhatu
Messages : 3690
Inscription : 02 juillet 2008, 18:07

Erratum a écrit :L'oeuf ou la poule...
jap_8 Très bonne remarque, Erratum, car elle souligne la question de savoir si on peut être heureux sans en avoir véritablement conscience. Personnellement, j'ai trouvé que la Voie médiane répondait définitivement à cette question: entre l'oeuf et la poule, aucun ne saurait préexister à l'autre puisqu'ils sont désigné en dépendance mutuelle, comme le père et son fils fait remarquer Shantideva dans son chapitre 9... ou encore comme la main droite et la main gauche.
A mes yeux l'éveil est une grande prise de conscience, le voile levé de l'ignorance de la nature profonde des choses... Je reste convaincue que l'état apaisé appelé "bonheur" est notre nature individuelle profonde, et que les pratiques sociales ont petit à petit voilé cette nature profonde en créant des besoins, dont l'insatisfaction a fait naitre de manière très artificielle donc, cette souffrance qui voile l'état apaisé...
Exposé limpide de notre situation. Très proche du Malaise dans la société de Freud (avec une nuance quand-même puisque l'Eveil et sa possibilité impliquent une continuité plus vaste que cette seule existence).
Pour moi toute notion sujette à divergences d'interprétation, toute abstraction créé une distance entre son objet et notre ressenti, créé de la souffrance tôt ou tard ;
Il est possible de trouver des arguments contraires:
Une divergence d'interprétation a quelque chose de très instructif car ça rappelle le fait qu'il est difficile de trouver quoi que ce soit de réellement objectif. Le règne de l'intersubjectif, comme le souligne Djé Tsongkhapa.
Une abstraction ne crée pas forcément une distance entre son objet et notre ressenti:
a) parce qu'un objet est forcément ressenti (sinon il n'est pas objet),
b) parce qu'une abstraction peut être objet d'une conscience, comme l'impermanence subtile d'une tasse, la vacuité d'existence indépendante de quoi que ce soit, ou encore la différence entre une tasse et une table...
c) bien que certaines abstractions ne soient pas salutaires, d'autres font partie de la réalité conventionnelle et c'est alors le fait de les négliger au contraire qui crée de la souffrance tôt ou tard.

:arrow: donc bien que certaines abstractions créent en effet de la souffrance parce que distordues par rapport à la nature des choses et nous distançant des objets d'engagement, d'autres sont des phénomènes généralement caractérisés et à ce titre des existants, des connaissables, sauf que leur mode d'appréhension n'est pas sensoriel, mais mental (en général, cela n'est pas certifié par la perception directe sensorielle, d'où la possibilité des illusions d'optique par exemple).
et au fond ce n'est pas en dissertant autour du bonheur qu'on arrivera à l'être mais en oubliant la notion trompeuse et en étant pleinement dans l'ici et maintenant.
Voilà ce qui pour moi est porteur de souffrance puisque nous ne sous intéressons pas à la question de savoir si le bonheur qu'on vit ou qu'on souhaite vivre est un véritable bonheur ou non (non-trompeur ou pas), voire si un tel bonheur existe (sinon à quoi bon y aspirer...). Notre situation est géniale car c'est justement grâce à notre faculté d'analyse que nous pouvons aller au-delà des simples apparences séduisantes ou repoussantes de la vie, et trouver ce qui ne trompe jamais (ce qui est infaillible; tib. milouwa).

Pour l'ici et maintenant, je ne suis pas certain que nous ayons tous la même vision de ce à quoi ça ressemble. Parfois on peut sembler être dans l'ici et maintenant (dans le sens où on s'écarte de toute intellection, projection etc...), et être pourtant dans un flou intérieur vague et terne.

Ensuite, il y a d'autres exemples d'ici et maintenant frelatés: quand on contemple la beauté d'une fleur sans en humer le parfum d'impermanence inexorable.... ce qui fait sa vraie beauté, comme les ballets de nuances au crépuscule sur le Salève.

Et puis il y a aussi l'ici et maintenant quand la clarté limpide des cieux n'a que faire des variations climatiques plus ou moins conceptuelles...
L'homme a commis l'erreur de vouloir mettre des mots sur tout... le "bonheur" ne se résume pas en mot, il se vit...
L'erreur ne vient pas des mots, car ce sont eux qui font exister les choses, comme quand Atreyu lit la carte et fait apparaître les régions rien qu'en les nommant. L'erreur est celle que mentionnes: croire que les référents sont leurs désignation. Nagarjuna réfute cela en disant que si le feu était son nom, on se brûlerait la bouche en le disant le mot "feu". :lol:

Ce serait bien sûr mal interpréter la vue prasangika qui dit que les phénomènes ne sont que des désignations conventionnelles.

FleurDeLotus
apratītya samutpanno dharmaḥ kaścin na vidyate /
yasmāt tasmād aśūnyo hi dharmaḥ kaścin na vidyate

Puisqu'il n'est rien qui ne soit dépendant,
Il n'est rien qui ne soit vide.

Ārya Nāgārjuna (Madhyamakaśhāstra; XXIV, 19).
Répondre