lausm a écrit :Est-on dépourvu d'ego, ou n'est-ce pas plutôt qu'on cesse d'en être dépendant.
Je trouve qu'on parle trop facilement de ce soit disant "ego", alors qu'en fait ce dont on parle c'est nous-même.
C'est devenu un tic de langage occidental concernant le bouddhisme.
Je ne crois absolument pas qu'on puisse être sans ego : si on est sans ego, on est dissolu dans la psychose, dans l'indifférenciation psychique la plus totale.
Pas contre on peut assumer son ego pour le vivre au mieux, c'est à dire sans en dépendre, que ce soit en terme de reconnaissance, d'adhésion à un système pour se sentir exister, ou de rejet du système pour se sentir aussi pouvoir exister.
La justesse réside dans le fait de mettre en harmonie cette partie de nous qui est ce noyau égocentrique, conscient de lui-même dans la différenciation d'avec les autres et le grand tout, avec ce qui nous dépasse et tous ces autres êtres qui sont cette totalité du monde.
Atmagraha en sanskrit a donné
dakdzin en tibétain, et je trouve que l'ego convient tout à fait quand il s'agit d'une saisie du soi personnel.
Il faut distinguer l'ego du simple je. Ou bien en langue occidentale, il vaut mieux définir ce qu'on entend par un terme qui forcément n'existait pas quand le Bouddha s'exprimait.
L'ego est une aberration: on en est tous convaincus, sinon on chercherait plutôt une voie qui glorifie l'ego. Le Bouddhisme permet d'éradiquer l'ego ou l'atmagraha ou le dakdzin.
Un Bouddha est sain d'esprit justement parce qu'il a vu l'absence totale de fondements de l'ego et qu'il a fait la différence entre l'ego et le simple je.
Si on ne fait pas cette différence, alors en effet, soit on dira que le Bouddha a un ego mais qu'il n'en est plus dépendant, ou bien on dira que réaliser le non-ego est une folie. La voie bouddhiste est au-delà de ces deux solutions.
