Bonjour,
j'ai l'impression de trop aimer mes proches. J'ai lu que dans le bouddhisme, cela correspondait à une attitude égocentrique et à une peur de la solitude. Je suis sûre que c'est bien de cela qu'il s'agit mais comment faire pour contrer cela? L'attachement aux choses je n'ai pas eu trop de mal à m'en défaire, mais aimer mes proches de manière plus détachée et saine... je ne sais pas trop par où commencer ni comment m'y prendre. Ce trop grand attachement me fait redouter de plus en plus qu'ils souffrent.
Et il n'y pas que pour mes proches. Je travail actuellement comme stagiaire dans un hôpital et je vois des situations de patients qui me révolte contre je ne sais trop quoi, je me sens tellement triste pour eux. Je sais qu'il faut cultiver la compassion, mais comment faire pour ne pas vous laisser écraser par elle non plus?
Je sais que pour cela je dois entraîner mon esprit à raisonner sur l'impermanence des choses et la non existence d'un soi et donc de la souffrance. Au plus profond de moi j'ai l'impression d'avoir bien compris ces notions, mais c'est comme si je ne les avais pas encore intégrée complètement puisque ces souffrances de l'attachement sont encore là...
Comment puis-je faire en sorte de me détacher de tous cela?
Merci d'avance pour vos réponses.
Caroline
Attachement
Si tu sens l'amour se transformer en révolte
Si tu souffres au travers de tes proches
Alors, oui, sans doute, il faut que tu apprennes à te détacher
Ca n'est pas forcément être égoïste que d'aimer trop les gens
Mais ça conduit très vite à une sorte d'autodestruction, d'autoflagellation intérieure qui ne sert à rien
Celui qui ne s'épanche pas, qui ne se lamente pas devant une mauvaise nouvelle a parfois figure d'être insensible, pourtant ne vaut-il pas mieux conserver ses forces et son calme pour agir de façon efficace ?
Se laisser dévorer par un sentiment trop puissant d'amour du prochain n'est pas plus efficace que manquer de cet amour
C'est un équilibre difficile à trouver
A beaucoup d'amour, il faut aussi beaucoup de calme
Comme un bridage solide pour un bon cheval
Si tu souffres au travers de tes proches
Alors, oui, sans doute, il faut que tu apprennes à te détacher
Ca n'est pas forcément être égoïste que d'aimer trop les gens
Mais ça conduit très vite à une sorte d'autodestruction, d'autoflagellation intérieure qui ne sert à rien
Celui qui ne s'épanche pas, qui ne se lamente pas devant une mauvaise nouvelle a parfois figure d'être insensible, pourtant ne vaut-il pas mieux conserver ses forces et son calme pour agir de façon efficace ?
Se laisser dévorer par un sentiment trop puissant d'amour du prochain n'est pas plus efficace que manquer de cet amour

C'est un équilibre difficile à trouver
A beaucoup d'amour, il faut aussi beaucoup de calme
Comme un bridage solide pour un bon cheval
Je ne crois pas que l'on puisse dire "Aujourd'hui je vais apprendre le détachement" et que ça marche.
La pratique de la méditation enseigne à déplacer, remettre son esprit sur l'objet de méditation. Le fait d'abandonner l'objet de distraction pour revenir à l'objet de méditation enseigne peu à peu le détachement.
Puis, il y a vie. On perd des gens qui nous sont chers. Cela peut nous perturber complétement, mais il faut retrouver son équilibre pour continuer à vivre et peu à peu ainsi apprend le détachement. Des milliards d'êtres humains sont paasés par là au cours des siècles. Mais la période psychologique du deuil est une réalité avant que tout se remette en place.
Un jour ou l'autre il faudra tout quitter, le fait de le savoir et d'en être bien conscient enseigne aussi le détachement. C'est un des objectifs de la méditation sur l'impermanence.
Mais, il ne faut pas être trop exigeant avec soi-même, plus royaliste que le roi. Marpa, le maître de Milarépa, quand il avait perdu son fils avait mis un moment pour s'en remettre (s'il s'en est jamais remis).
La pratique de la méditation enseigne à déplacer, remettre son esprit sur l'objet de méditation. Le fait d'abandonner l'objet de distraction pour revenir à l'objet de méditation enseigne peu à peu le détachement.
Puis, il y a vie. On perd des gens qui nous sont chers. Cela peut nous perturber complétement, mais il faut retrouver son équilibre pour continuer à vivre et peu à peu ainsi apprend le détachement. Des milliards d'êtres humains sont paasés par là au cours des siècles. Mais la période psychologique du deuil est une réalité avant que tout se remette en place.
Un jour ou l'autre il faudra tout quitter, le fait de le savoir et d'en être bien conscient enseigne aussi le détachement. C'est un des objectifs de la méditation sur l'impermanence.
Mais, il ne faut pas être trop exigeant avec soi-même, plus royaliste que le roi. Marpa, le maître de Milarépa, quand il avait perdu son fils avait mis un moment pour s'en remettre (s'il s'en est jamais remis).
C'est un point bien délicat, je crois que c'est vraiment l'un des problèmes que l'on rencontre le plus fréquemment dans la vie.
En principe, le bouddhisme propose une représentation de l'amour très complexe, puisque composée de quatre aspects : la bonté aimante, la compassion (qui est la compréhension de la souffrance des autres et l'aspiration à la disparition de cette souffrance, pas le fait de souffrir soi-même à cause d'eux), la joie altruiste et l'équanimité (à ne pas confondre avec l'indifférence ou l'absence d'émotion). Chacun des aspects équilibre et compense les autres et on peut, je crois, essayer de les cultiver ensemble, pour éviter les excès d'émotions douloureuses liées à l'amour.
Il existe pour cela des exercices, spécifiques dans chaque tradition du bouddhisme, notamment des entraînements méditatifs. Tous sont plus ou moins fondés, de toute manière, sur une base minimale de calme mental, donc je dirais un peu comme Sourire : c'est peut-être par là qu'il faut commencer.
Cela dit, ce n'est pas facile. Je ne sais pas trop si la méditation sur le non-soi et l'impermanence, qui relèvent de la "sagesse" du bouddhisme, sont de bons outils pour lutter contre l'attachement douloureux aux êtres proches. Je ne les ai jamais employés moi-même dans ce but -on peut le faire, en principe, je sais bien, mais il me semble que cela concerne des pratiquants déjà de très haut niveau.
Donc en conclusion, essayez peut-être de pratiquer régulièrement samatha-bhavana, en partant des exercices respiratoires, communs à toutes les traditions. Ce n'est vraiment qu'une suggestion.
En principe, le bouddhisme propose une représentation de l'amour très complexe, puisque composée de quatre aspects : la bonté aimante, la compassion (qui est la compréhension de la souffrance des autres et l'aspiration à la disparition de cette souffrance, pas le fait de souffrir soi-même à cause d'eux), la joie altruiste et l'équanimité (à ne pas confondre avec l'indifférence ou l'absence d'émotion). Chacun des aspects équilibre et compense les autres et on peut, je crois, essayer de les cultiver ensemble, pour éviter les excès d'émotions douloureuses liées à l'amour.
Il existe pour cela des exercices, spécifiques dans chaque tradition du bouddhisme, notamment des entraînements méditatifs. Tous sont plus ou moins fondés, de toute manière, sur une base minimale de calme mental, donc je dirais un peu comme Sourire : c'est peut-être par là qu'il faut commencer.

Cela dit, ce n'est pas facile. Je ne sais pas trop si la méditation sur le non-soi et l'impermanence, qui relèvent de la "sagesse" du bouddhisme, sont de bons outils pour lutter contre l'attachement douloureux aux êtres proches. Je ne les ai jamais employés moi-même dans ce but -on peut le faire, en principe, je sais bien, mais il me semble que cela concerne des pratiquants déjà de très haut niveau.
Donc en conclusion, essayez peut-être de pratiquer régulièrement samatha-bhavana, en partant des exercices respiratoires, communs à toutes les traditions. Ce n'est vraiment qu'une suggestion.

Quand on sonde les choses, les connaissances s'approfondissent.
Les connaissances s'approfondissant, les désirs se purifient.
Les désirs une fois purifiés, le cœur se rectifie.
Le cœur étant rectifié, on peut réformer sa personne.
Kong Tseu
Les connaissances s'approfondissant, les désirs se purifient.
Les désirs une fois purifiés, le cœur se rectifie.
Le cœur étant rectifié, on peut réformer sa personne.
Kong Tseu
Flocon a écrit
Le raisonnement pourrait être : si sans pratique il faut 10 ans pour se remettre d'un deuil, peut être avec la pratique il ne faudra que 5 ans. C'est appréciable.
Si on commence à méditer pour la première fois sur l'impermanence au moment de la séparation, c'est un peu tard. Par contre si on est déjà entrainé au lacher-prise etc, ce sera plus facile. Mais tout est relatif, cf l'exemple de Marpa qui est considéré comme un Maitre. Disons que la pilule passera plus un peu moins difficilement. Ce sera toujours cela de grignoté.Cela dit, ce n'est pas facile. Je ne sais pas trop si la méditation sur le non-soi et l'impermanence, qui relèvent de la "sagesse" du bouddhisme, sont de bons outils pour lutter contre l'attachement douloureux aux êtres proches. Je ne les ai jamais employés moi-même dans ce but -on peut le faire, en principe, je sais bien, mais il me semble que cela concerne des pratiquants déjà de très haut niveau.
Le raisonnement pourrait être : si sans pratique il faut 10 ans pour se remettre d'un deuil, peut être avec la pratique il ne faudra que 5 ans. C'est appréciable.
L'attachement c'est l'égo
L'amour n'attend rien pour soi-même
That's all folks !
L'amour n'attend rien pour soi-même
That's all folks !
Dernière modification par ardjopa le 24 mars 2012, 23:44, modifié 1 fois.
Bonjour Carolinecaroline a écrit :Je sais que pour cela je dois entraîner mon esprit à raisonner sur l'impermanence des choses et la non existence d'un soi et donc de la souffrance.
Je pense quand même que s'il y avait plus de gens comme toi, soucieux des souffrances des autres, il y aurait moins de guerres et de conflits, n'est ce pas ? ...

Cela dit, la première noble vérité dit clairement que la souffrance existe : "Le monde est dukkha". Insatisfaisant.
Simplement, il y a une possibilité de faire cesser cette souffrance, de la voir pour ce qu'elle est, de la voir telle qu'elle est.
En quelque sorte, la souffrance est toujours là, mais c'est notre vision qui change.
Donc, il ne s'agirait pas de se convaincre que la souffrance n'existe pas, parce que même si nous réussissions à nous en convaincre que deviendrait alors la souffrance ressentie par les autres ?
Il faudrait plutôt essayer de replacer cette souffrance dans un cadre plus global. De l'intégrer à une vue plus vaste, un cycle plus vaste, comme celui de la coproduction conditionnée. Ne pas se "l'approprier". Mais c'est difficile. <<metta>>
Bref ! T'as passé 2 semaines au Japon, et t'es tombé amoureux d'une japonaise. ba11 love2 love_3 C'est vrai qu'elle sont mignonnes.ardjopa a écrit :J'ai eu la "malchance"en debut de parcours là bas, de sympathiser avec une japonaise de mon âge environ très sympa, qui m'a proposé une journée de balade à deux le lendemain, et au final, je dirais que mon "entrainement" prévu, s'est assez bien déroulé, y compris pour méditer au bord des rivières..., mais pour les jours qui ont suivi cette rencontre sympa, ce qui a été plus difficile, ce n'est ni le fait de marcher chaque jour souvent du matin à la nuit, sous la pluie ou la neige de fin d'hiver nippon, ni de manger chaque repas sur le pouce n'importe où (au contraire !), ni de chercher où dormir chaque soir, ni de ne pas regarder mes emails, ou les conneries de la tv en france, etc, mais de ne pas avoir détaché tous les fils de l'attachement qui peuvent parfois se crée au grès de rencontres...
Bon, t'as bien son mail, voire FaceTime ou Tango pour garder le contact ?
Ne pas aimer pour ne pas souffrir, c'est pas une solution bouddhiste...
Comme tu disais à Caroline, l'approche bouddhiste serait plutôt d'aimer tout le monde pareil...

Mais pour les Japonaises, on a le droit de craquer un peu plus, je crois...


L'arbre met des années à enfoncer ses racines dans le sol.
Sur certains terrains, il ira plus vite, il s'accrochera plus fort.
C'est toujours une question de temps, et toujours une question d'arrosage.
Sur certains terrains, il ira plus vite, il s'accrochera plus fort.
C'est toujours une question de temps, et toujours une question d'arrosage.