La vérité ne relève pas de la mémoire...

Aldous

Dharmadhatu a écrit :
Aldous a écrit :Là n'est pas la question (que si quelque chose existe conventionnellement, ça n'existe pas ultimement (l'inverse n'étant pas obligatoire)) le problème est que tout à coup vous remeniez tout à deux conventions:
Ce qui est très juste, sinon, on exerce une discrimination superflue entre deux simples conventions, au profit de l'une et au détriment de l'autre
:D Dans ce contexte de l'acteur et de l'action, où trouver plus de deux conventions explicites ?
Je vous dis que quand vous répondez à Longchen (qui d'abord explique qu'il est d'accord avec le fait qu'ultimement il n'y a pas d'acteur -il parle même plutôt de "moi" d'ailleurs- puis y ajoute un "mais...") vous faites tout à coup de ces deux assertions: ultimement il n'y a pas d'acteur -de "moi"- mais conventionnel si, etc... (comme est formulé le post de Longchen) deux simples conventions!
Alors que dans l'autre fil vous ne parliez pas de deux simples conventions mais bien de
ultimement: il n'y a pas d'acteur -ou de "moi"- (et selon vous d'action) et conventionnellement: il y a un acteur -un "moi"-!
Vous vous contredisez donc par rapport à l'autre fil!
Dernière modification par Aldous le 21 mars 2012, 11:52, modifié 1 fois.
antodume

Dharmadhatu a écrit :si quelque chose existe conventionnellement, ça n'existe pas ultimement (l'inverse n'étant pas obligatoire).
Oui, mais le problème est qu'il ne s'agit pas ici d'action qui existent conventionnellement et qui n'existeraient pas ultimement : "Selon le bouddhisme, il n'y a pas de moi ni de pensée, il y a seulement action, mais personne derrière" (dixit Rahula). C'est la vue que je soutenais et pour laquelle tu as décrété que je ne sais pas faire la différence entre l'ultime et le conventionnel. Or, en décrétant qu'ultimement, rien n'existe, tu ne fais pas du bouddhisme mais du nihilisme. Car il existe une différence de taille entre "rien n'existe" et "tout est vacuité". La première proposition est nihiliste, la deuxième s'appuie sur l'expérience de la vacuité/clarté qui n'élimine aucunement l'action et/ou les formes. Mais cela t'est sans doute difficile à comprendre car tu pars du principe que s'il y a action, alors il y a acteur. Le bouddhisme dit exactement le contraire. Et s'il le dit, ce n'est pas par convention, c'est parce que c'est la vérité vraie. Et, afin d'éviter que tu me ressortes le coup du feux rouge ou de la poutre du toit dont tu as fait ta signature, un petit cours élémentaire de logique booléenne : Soit deux ensembles A et B avec A inclus dans B. A est différent de B ne signifie pas que A = -B (A est le contraire de B).
Sourire

Dharmadhatu a écrit :
Sourire a écrit :Je ne voudrais pas chercher la petite bête mais... Quelle est la date de rédaction de ces sutras ?
:D C'est un vieux débat qui ne doit pas négliger le fait que le Dharma a longtemps été une tradition orale. La datations des écrits ne pouvant donc prouver quelque ancienneté que ce soit.

FleurDeLotus
Je ne voudrais pas chercher la petite bête mais se référer aux textes pour dire que "le Bouddha a dit" revient à les considérer comme des enseignements anciens (la tradition orale antérieure n'ayant en ce cas rien altéré).
La tournure de phrase ci-dessus "La datations des écrits ne pouvant donc prouver quelque ancienneté que ce soit" va dans le sens inverse et tend à dire que le texte, même daté, n'est pas aussi ancien qu'il y paraît

Je :arrow: et Butterfly_tenryu
antodume

Petite information/réflexion sur les sources scripturales : http://vuesbouddhiques.forumprod.com/ve ... -t189.html
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Dharmadhatu
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Antodume a écrit :Oui, mais le problème est qu'il ne s'agit pas ici d'action qui existent conventionnellement et qui n'existeraient pas ultimement
jap_8 jap_8 Si si, tout le problème est là.
"Selon le bouddhisme, il n'y a pas de moi ni de pensée, il y a seulement action, mais personne derrière" (dixit Rahula). C'est la vue que je soutenais et pour laquelle tu as décrété que je ne sais pas faire la différence entre l'ultime et le conventionnel. Or, en décrétant qu'ultimement, rien n'existe, tu ne fais pas du bouddhisme mais du nihilisme.
Tu n'as toujours pas compris ce que signifie "ne pas exister ultimement", c'est dommage car tu as perdu un temps précieux entre le précédent débat et aujourd'hui.

C'est dire qu'il n'y a pas de personne qui est une assertion nihiliste. Et dire qu'il y a une action est une assertion absolutiste où la profonde vacuité n'a pas encore été identifiée ou comprise. Dire qu'ultimement il n'y a pas plus de personne que d'action est la noble Voie médiane.
Car il existe une différence de taille entre "rien n'existe" et "tout est vacuité".
Et il existe une différence de taille entre "rien n'existe" et "rien n'existe ultimement" ou "rien n'a d'existence ultime". Tant que tu ne comprendras pas cela, ce débat lui aussi ne fera que montrer ton inconnaissance de la Voie médiane libératrice.
Mais cela t'est sans doute difficile à comprendre car tu pars du principe que s'il y a action, alors il y a acteur.
Bien sûr ! Et ce n'est autre que l'existence dépendante - pratityasamutpada. Je laisse Arya Nagarjuna confirmer ce point crucial:

Si, en l'absence d'un agent de mouvement,
Le mouvement est irrationnel,
Sans mouvement,
Comment un agent existerait-il ?


Gantaram cet tiraskrtya gamanam nopapadyate,
gamane 'sati ganta 'tha kuta eva bhavishyati.


Nagarjuna (Madhyamakashastra, II Analyse du mouvement, 7).

Un autre madhyamika, Shantideva, parlera de l'existence dépendante aussi bien du père par rapport à son fils que le fils par rapport au père.

Diras-tu que Nagarjuna et Shantideva eux-mêmes n'ont pas compris ce qu'Antodume prétent avoir compris ? Ne peux-tu seulement pas envisager que tu n'a tout simplement pas encore compris la subtilité de leur vue ?
Le bouddhisme dit exactement le contraire.
Encore ce manque de nuance qui veut que le Bouddhisme s'arrête à ce qu'Antodume accepte. Tu peux dire à la rigueur que certaines écoles de pensée bouddhistes, qui adhèrent encore à des reliquats d'essentialisme tenace, acceptent une action sans acteur. Mais ce n'est pas le cas des écoles de pensée plus subtiles comme le Madhyamaka.
Et s'il le dit, ce n'est pas par convention, c'est parce que c'est la vérité vraie.
Pour les penseurs appartenant à leurs écoles respectives, forcément....
Et, afin d'éviter que tu me ressortes le coup du feux rouge ou de la poutre du toit dont tu as fait ta signature,
C'est bon pour les reliquats d'essentialisme tenace ces piqûres de rappel...
Soit deux ensembles A et B avec A inclus dans B. A est différent de B ne signifie pas que A = -B (A est le contraire de B).
Tout à fait, et je ne crois pas avoir vu sur ce fil quiconque confondre la différence, l'exclusion mutuelle et l'opposition.

Sourire a écrit :Je ne voudrais pas chercher la petite bête mais se référer aux textes pour dire que "le Bouddha a dit" revient à les considérer comme des enseignements anciens (la tradition orale antérieure n'ayant en ce cas rien altéré).
La tournure de phrase ci-dessus "La datations des écrits ne pouvant donc prouver quelque ancienneté que ce soit" va dans le sens inverse et tend à dire que le texte, même daté, n'est pas aussi ancien qu'il y paraît
:D On s'est mal compris, Sourire: ta question me rappelait qu'il est possible de douter du fait que certaines écritures soient la parole du Bouddha pour la raison qu'elles seraient postérieures aux dates historiques du paranirmanakaya. Comme il y eu une longue tradition orale, quelque soit la datation des écrits, celle-ci ne prouve pas l'ancienneté d'un écrit par rapport à un autre écrit composé plus tard.

Chacun doit pouvoir examiner pour lui-même quels sont les écrits devant être considérés comme buddhavacana (parole du Bouddha).

Est-ce plus clair ainsi ?

Amitié FleurDeLotus
apratītya samutpanno dharmaḥ kaścin na vidyate /
yasmāt tasmād aśūnyo hi dharmaḥ kaścin na vidyate

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yudo
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Dharmadhatu a écrit :color_3 Merci sister Gigi,

J'apprécie beaucoup les enseignements de Walpola Rahula. Bien sûr, tout n'y est pas indiscutable, comme par exemple:
Tous les "yanas" : Vajrayana, Mahayana, Hinayana, Theravada, etc., sont postérieurs au Bouddha. Ils ont été développés par les maîtres bouddhistes, comme les pères de l'Eglise l'ont fait pour le christianisme. Non sans erreur par rapport à l'enseignement originel.
Dans certains Sutras, comme le Saddharmapundarika, le Bouddha est très clair sur le fait qu'il est bien à l'origine des yanas. Voir à ce sujet la parabole des 3 chars.

La citation relevée par Antodume en est un autre exemple, comme le rappelle Longchen:
je ne crois pas que le moi conventionnel et impermanent, quoique d’un certain point de vue avec une certaine permanence aussi -je ne suis pas quelqu’un de totalement différent de celui que j’étais hier, ou cela serait un peu inquiétant- soit nié.
Ce qui est très juste, sinon, on exerce une discrimination superflue entre deux simples conventions, au profit de l'une et au détriment de l'autre.

Amitié FleurDeLotus
Oui, mais le Saddharmapundarikasûtra (le Sûtra du Lotus), est un joli texte de fiction, daté du premier siècle de notre ère, même s'il reprend pour la plupart des choses qu'on trouve dans les sûtras primitifs.
La responsabilité des élèves est d'empêcher le maître de se "prendre pour un maître".
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yudo
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antodume a écrit : Car il existe une différence de taille entre "rien n'existe" et "tout est vacuité".
Il existe une différence de taille entre "rien n'existe" et "rien n'existe indépendamment du reste".
La responsabilité des élèves est d'empêcher le maître de se "prendre pour un maître".
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Dharmadhatu
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yudo a écrit :Oui, mais le Saddharmapundarikasûtra (le Sûtra du Lotus), est un joli texte de fiction, daté du premier siècle de notre ère, même s'il reprend pour la plupart des choses qu'on trouve dans les sûtras primitifs.
:D Bien sûr, chacun pensera selon ses propres investigations, en dépit des datations, qui ne prouvent pas l'autorité du contenu ayant pu se transmettre oralement.

yudo a écrit :
antodume a écrit : Car il existe une différence de taille entre "rien n'existe" et "tout est vacuité".
Il existe une différence de taille entre "rien n'existe" et "rien n'existe indépendamment du reste".
jap_8 Je suis heureux de voir que d'autres sons de cloche existent au sein de votre tradition, et soulagé de savoir que les Maîtres de la Voie médiane ne sont pas toujours incompris. Cela relativise à merveille les propos d'Antodume; "indépendamment du reste" est un bon synonyme de "ultimement", "de manière intrinsèque" etc...

Amitié FleurDeLotus
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Sourire

Dharmadatu, tu confonds
l'ancienneté d'un écrit
et
l'ancienneté de son contenu

Il y a, en d'autres domaines que le bouddhisme, des textes qui ont circulé pendant des siècles sans qu'aucune interférence vienne s'y rajouter entre les différentes versions. On ne peut donc pas nier a priori que ce soit possible pour les sutras. Mais ça n'est jamais qu'une éventualité (ainsi que tu viens de le dire)

Question de vocable... Mais ce genre de flottement est fréquent chez toi et n'aide pas à suivre la complexité tes explications.
Aldous

Dharmadhatu a écrit :
yudo a écrit :
antodume a écrit : Car il existe une différence de taille entre "rien n'existe" et "tout est vacuité".
Il existe une différence de taille entre "rien n'existe" et "rien n'existe indépendamment du reste".
jap_8 Je suis heureux de voir que d'autres sons de cloche existent au sein de votre tradition, et soulagé de savoir que les Maîtres de la Voie médiane ne sont pas toujours incompris. Cela relativise à merveille les propos d'Antodume; "indépendamment du reste" est un bon synonyme de "ultimement", "de manière intrinsèque" etc...
Oui mais à mon avis ce que vous dit Antodume c'est que justement vous, vous ne faites pas cette différence entre "rien n'existe" et "tout est vacuité" (ou entre "rien n'existe" et "rien n'existe indépendamment du reste" qui n'est qu'une autre formulation de la part de Yudo mais qui ne remet pas en cause que vous, vous ne faites pas cette différence).
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