
Ceux qui n'acceptent pas les renaissances devraient peut-être se bourrer de morphine ou d'autres drogues et attendre la fin de leur existence présente pour être délivrés de la souffrance et de ses causes au lieu de se soucier d'un chemin spirituel quel qu'il soit. Il n'y a pas grand intérêt de pratiquer la méditation (quelle que soit sa forme) ou d'atteindre l'Eveil, si tout s'arrête à la fin de cette vie... C'est d'ailleurs une vue très proche de celle des Charvakas (Hédonistes) hindous.Chakyam a écrit :La raison d'être du bouddhisme a été et est toujours, la recherche des causes de la souffrance et son éradication par diverses méthodes, analytiques, philosophiques, pratiques méditatives, observances de l'octuple sentier..
Pour ce qui est des sources canoniques, je ne les prends pas toutes au pied de la lettre, il n'empêche que les renaissances sont explicitées de multiples manières dans de multiples écoles se basant toutes sur le Véhicule fondamental qui, comme son nom l'indique, est le Véhicule sur lequel sont sensées se fonder toutes les écoles bouddhistes authentiques. Le renaissance est tout aussi logique car personne n'a encore réussi à montrer, ici ou ailleurs, un effet engendré par une cause de nature dissemblable (comme le sont la conscience mentale subtile et le corps). Les sources scripturales sont pour moi plus sérieuses à prendre en compte que n'importe quelle affirmation gratuite qui ne se fonde que sur de simples assomptions et aucunement argumentées. Si nous devions adapter la vision bouddhiste aux vues de n'importe qui se présentant comme bouddhiste et faisant de belles phrases, le Bouddhadharma serait aujourd'hui au bord du déclin...
S'il s'agit de la larve de la libellule se transformant en libellule, l'exemple serait assez parlant bien qu'ayant ses limites car il s'agirait des agrégats au cours d'une seule et même existence karmique, et il serait facile pour la libellule de se souvenir de ce qu'elle a fait au cours de sa vie larvaire.Iskander a écrit :Si j'ai bien compris la vision théravadine, on pourrait comparer la relation entre la dissolution du corps et le flux kammique à la mue d'un insecte au cours de sa vie.


Il existe plusieurs types de phénomènes: les évidents, les semi cachés et les complètement cachés. Pour nous, la présence d'une conscience ou non dans tel ou tel phénomène organique est complètement cachée. Seule une conscience omnisciente peut le savoir et donc un Bouddha. Pourquoi faisons-nous confiance au Bouddha en tant qu'autorité valide ? Parce que nous pouvons vérifier ses enseignements sur les autres types de phénomènes (nous pouvons directement vérifier ce qu'il enseigne sur les phénomènes évidents et pouvons vérifier par l'inférence valide ce qu'il enseigne sur les phénomènes semi cachés). Si le Bouddha a raison concernant ces premiers types de phénomènes, nous pouvons alors sans crainte accepter ce qu'il enseigne concernant les phénomènes complètement cachés, or il dit que les végétaux et les minéraux n'ont pas de conscience.dans la tradition théravadine, est ce que il se manifeste uniquement par des formes de vie, ou est-il aussi derrière des phénomènes non organiques? (et que disent les autres traditions, au cas ou personne ne peut répondre pour le théravada)
Je n'ai pas la source en tête mais ce qu'il dit est rappelé dans les traités de logique tibétains, lorsqu'il est question du débat entre certains philosophes hindous (qui pensent qu'un arbre a une conscience parce que la nuit ses feuilles se détendent) et les philosophes bouddhistes (qui pensent que c'est une raison d'effet non valide).
Il me semble avoir lu quelque part que dans l'un des Jatakas (récits des vies passées du Bouddha), le Bienheureux dit: "En ce temps-là, j'étais un arbre...", mais il faut distinguer le cas des Aryas Bodhisattvas et des Bouddhas qui ont certaines capacités de manifestation que les êtres ordinaires comme nous n'ont pas.
La réponse de Flocon est très juste concernant la sphère du sans-forme (arupadhatu), par exemple. Concernant les corps subtils, cela ne correspond pas forcément à un imaginaire, certaines expériences ont été effectuées, comme les délog tibétains qui sont capables de séparer leur conscience de leur corps grossier et de prendre alors un corps subtil. Voir à ce sujet le récit de Délog Dawa Dolma: Voyage au-delà de la mort (édition Claire Lumière).De plus, est-ce que le flux kammique/ou le continuum qui produit des consciences se manifeste-t-il toujours à travers les mêmes cinq agrégats?

C'est vrai. Sa Sainteté le Dalaï Lama a dit plusieurs fois qu'il fallait ne pas prendre au pied de la lettre certains enseignements corsmologiques. Si Vasubandhu devait revenir aujourd'hui, il modifierait certains passages de son Abhidharmakosha, comme celui où il assimile la taille de la lune à celle du soleil par exemple. Ailleurs, Sa Sainteté a dit aussi que la représentation traditionnelle bouddhiste de l'univers était schématique ou symbolique (je pense qu'il est facile d'assimiler cette représentation schématique à la Voie lactée, avec les continents représentant les bras spiraux et le Mont Mérou le jet du trou noir central; mais c'est un avis très personnel).Flocon a écrit :Je crois qu'il est très difficile de faire coïncider la cosmologie du bouddhisme et les représentations du monde issues de la science actuelle...
Lors d'un enseignement à Pau, Geshe Drakpa Tsondu avait donné comme raison que cette représentation était celle de l'univers lorsqu'il s'est mis en place il y a très longtemps.


Amitié
