
Chakyam, tu es hors sujet: tu semblais d'accord sur le fait que ce que tu rappelles dans ton dernier post est un thème annexe et je crois que tu as toute la liberté sur d'autres fils pour infirmer la possibilité des renaissances.

On pourrait même en aparté (= entre parenthèses) se poser légitimement la question pourquoi tu sembles si attaché (et le terme est choisi) à vouloir à tout prix oeuvrer en ce sens, même sur ce fil (jusqu'à être prêt à faire appel à Axiste pour que je ne poste pas sur celui-ci, mais sur l'un des tiens... c'est plutôt étrange comme façon de faire...). Comme l'a rappelé Iskander, le propos de ce présent fil est tout autre:
Iskander a écrit :Je répète: ce qui m'intéresse est de savoir comment la notion de renaissance s'insère (ou pas) dans la pensée bouddhiste, et non pas de déterminer si les renaissances existent ou pas.
Alors j'ai trouvé un autre essai qui évoque la vue théravadine (et même bouddhiste en sons sens large):
La notion de renaissance
La question des renaissances figure au centre des enseignements du Bouddha ; elle en constitue même la raison d'être.
Le Bouddha explique l'origine de sa propre quête par le douloureux constat de la souffrance engendrée par le « redevenir », l'obligation de renaître sans cesse multipliant à l'infini les occasions de connaître la douleur, la vieillesse et la mort :
Lorsque j'étais encore un bodhisatta, sans avoir encore atteint l'Eveil, j'eus cette pensée : « (…) étant né, on atteint la vieillesse et la mort ; on part et l'on renaît. Cependant, on ne connaît toujours pas de moyen pour s'évader de cette souffrance, de ce vieillissement et de cette mort. Oh, quand connaîtra-t-on un moyen pour s'évader de cette souffrance, de ce vieillissement et de cette mort ? »1
Le Bouddha et ses disciples poursuivent de ce fait un objectif clair : exprimé en termes positifs, atteindre la libération (vimutti) ; exprimé en termes négatifs, échapper au saṃsāra, c'est-à-dire au cycle infini des renaissances :
Le grand océan n'a qu'un goût : le goût du sel. De même, ce Dhammavinaya n'a qu'une saveur : la saveur de la libération.2
Que je cesse d'errer de naissance en naissance, qu'il n'y ait plus jamais de renaissance !3
La libération, but ultime de la quête bouddhiste, est résumée par la même formule à travers tous les suttā :
La connaissance se produit : « voici la libération ». Il reconnaît alors : « le fait de naître est anéanti ; la conduite pure est vécue ; ce qui devait être achevé est achevé ; plus rien ne demeure à accomplir ; il n'est plus de redevenir ».4
Et l'instrument de cette libération est bien la connaissance du Dhamma :
Le Bhagavā s'adressa ainsi aux bhikkhū : « c'est en raison de la non réalisation et de la non compréhension des quatre nobles vérités que cette longue route de naissances et de morts a été parcourue et supportée, par moi comme par vous. Quelles sont ces quatre nobles vérités ? Ce sont : la noble vérité de la souffrance, la noble vérité de l'origine de la souffrance, la noble vérité de la cessation de la souffrance et la noble vérité du chemin qui mène à la cessation de la souffrance. Mais maintenant, bhikkhū, que ces vérités ont été réalisées et comprises, le désir insatiable d'existence est coupé, ce qui mène aux re-naissances est détruit, il n'y aura plus de nouvelles naissances ». Ainsi s'exprima le Bhagavā.
Et le Bhagavā, le Maître, dit ensuite :
« Pour ne pas avoir vu les nobles vérités,
Il fut long le sentier de naissance en naissance.
Ces vérités connues,
La cause des re-naissances est supprimée,
La racine de la souffrance est arrachée ;
C'est ainsi que s'achève le cycle des naissances ».5
Nous choisissons le terme général de « renaissances » pour rendre compte du phénomène auquel renvoie nombre de termes et notions bouddhistes.
Saṃsāra tout d'abord (littéralement « errance perpétuelle ») ou saṃsāra-cakka (« cycle de l'errance perpétuelle ») : le terme saṃsāra, issu du préfixe saṃ, « avec », « ensemble » et de la racine sār, « couler », évoque l'idée d'un flot, ou d'un flux perpétuel, celui qui emporte les êtres dans une succession de renaissances dont ils ne sont pas maîtres et où les entraîne leur soumission ignorante à des désirs qu'ils ne contrôlent pas.
Bhava (« devenir, conception, existence »), bhavā-bhava (« répétition des naissances »), bhava-cakka (« cycle des (re)naissances »), bhavogha (« flot du devenir »)
Nibbati (« renaissance après la mort »), abhi-nibbatti (« redevenir »)
Paṭi-sandhi (« ré-union »)
Upa-patti (« re-naissance ») et uppatti-bhava (« processus d'apparition, de (re)naissance »),
Vaṭṭa-cakka (« cycle des (re)naissances »)
Le terme de « renaissance » n'est pas idéal et véhicule quelques sources d'incompréhensions, mais c'est celui qui semble trahir le moins la doctrine bouddhiste.
Tous les autres termes, parce qu'ils ont en commun d'inclure l'existence de quelque chose d'essentiel et d'éternel passant d'un corps à l'autre, sont en contradiction absolue avec deux des trois caractéristiques* de la réalité selon le bouddhisme : l'absence d'âme (anattatā) et l'impermanence (aniccatā).
La renaissance dont parle le bouddhisme doit par conséquent être soigneusement distinguée des théories auxquelles renvoient les termes suivants.
La réincarnation
(...)
La métempsycose
(...)
La métemsomatose
(...)
La transmigration
Ce terme, désignant la migration d'une âme d'un corps dans l'autre, parce qu'il est très général, est aujourd'hui employé par certains auteurs qui souhaitent éviter les confusions et réductions véhiculées par les notions de « réincarnation » et de « métempsycose », en particulier l'idée de l'évolution continue d'une âme.
Cette notion est présente dans les textes bouddhistes sous la forme du verbe saṅkamati, mais pour être opposée à la renaissance, qui prend, elle, la forme du verbe paṭi-sandahati, « se réunir », « se re-joindre » : ce qui se produit dans la renaissance, ce n'est pas le déplacement d'une âme, échappée d'un corps, vers un autre réceptacle corporel, mais la constitution d'un nouvel ensemble psycho-physique influencé par les actes intentionnels passés d'un autre ensemble psycho-physique :
- Vénérable re-naît-on sans pour autant qu'il y ait transmigration ?
- Oui, ô Roi.
- Comment cela ? Donne-moi une comparaison.
- Imagine qu'un homme allume une lampe à l'aide d'une autre lampe : est-ce que l'une a transmigré dans l'autre ?
- Non, Vénérable.
- De même renaît-on sans pour autant transmigrer.7
La palingénésie
(...)
La résurrection
(...)
1Nagara-sutta (S/SAṂ II/1/7/5/n°65)
2Uposatha-sutta (S/KHU III/5/5/n°45)
3Aḍḍhakāsitherī-gāthā (S/KHU IX/2/4/n°26)
4La formule est reprise sous cette même forme 8 fois dans le Dīgha-nikāya, 44 fois dans le Majjhima-nikāya, 108 fois dans le Saṃyutta-nikāya, 35 fois dans l'Aṅguttara-nikāya et 6 fois dans le Khuddaka-nikāya.
5Mahāparinibbāna-sutta (S/DĪG II/3/n°155)Helena Petrovna Blavatsky
6Milindapañha II/5/5/n°5
7Saint Grégoire de Nazianze (329-389)
http://bouddhisme-thailande.com/bouddhi ... sance.html
Concernant les sources selon lesquelles la renaissance s'inscrit dans le corpus bouddhique, le site précédent donne quelques indications canoniques et on peut ajouter quelques Suttas comme les
Kammavibhaga (
Cula- et
Maha-) par exemple.
Pour ce qui est du mécanisme de cohésion, Wiki (qui n'est pas parole d'Evangile, comme nous le savons), dit:
Le "lien de renaissance" ou réunion
voir Viññāṇa-kicca (fonctions de la conscience).
Selon l'étude analytique theravadin proposée dans le large volume qu'est le Paṭṭhāna, au décès se produit une réunion (paṭisandi), pouvant être appelée « lien de re-naissance ». Il s'agit d'une conscience qui a pour objet le dernier karma, qui en résulte, et qui se prolonge par la suite en courant "subconscient" - une suite de "consciences" portant les mêmes caractéristiques - , jusqu'à ce qu'une perception "heurte" ce courant.
Selon cette analyse, la conscience au moment du décès conditionne donc totalement la naissance. Cette vue possède au moins le mérite de proposer une réponse claire à la question de ce qui renaît : parmi les constituants de ce qui est perçu comme une personne, c'est l'état d'esprit au moment de la mort qui conditionne totalement la future naissance.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Punarbhava ... C3.A9union
Au cours des discussions que j'ai pu avoir avec des amis théravadins, un faisceau d'indices montre que la conscience nommée
bhavanga chitta peut aussi expliquer la succession des renaissances. Mais on peut facilement comprendre ce flux d'énergie qu'évoque le Vénérable Parawahera Chandaratana dans la citation donnée précédemment:
Quant aux mécanismes de la renaissance, fruit du kamma, le bouddhisme enseigne, que tout être est un agrégat d’énergies matérielles et mentales.
<<metta>> Conclusion: bien que d'aucuns soient prêts à pervertir le Buddhadharma pour qu'il "colle" à leurs opinions, chacun reste libre de constater que le principe général des renaissances évoqué ici relève du Bouddhisme dit "ancien" et se retrouve pareillement dans beaucoup d'autres formes de Bouddhisme... peut-être toutes, car si toutes sont sensées s'appuyer sur le Véhicule fondamental, alors il y a de bonnes raisons de penser que toute forme de Bouddhisme authentique envisage ce principe.
Nos amis auront sans doute d'autres sources évoquant les renaissances au sein de la pensée bouddhique et sans doute plus de détails concernant le mode de cohésion dans la succession d'agrégats.
Amitié
