Iskander a écrit :Je pense que quand on quitte le foyer au milieu de la nuit comme un voleur, on peut raisonnablement concevoir que la famille n'aura pas compris ou partagé la décision. Personnellement, j'aime beaucoup cet épisode de sa vie, car il montre la profonde humanité de Siddharta.
En clair, il s'est retrouvé dans une situation inextricable, pour laquelle il n'y avait plus de "bonne solution". En réalité, il aurait dû partir avant de se laisser marier et avoir un enfant
Pas forcément.
S'il était parti avant d'avoir eu un fils, il aurait laissé sa famille sans futur chef, c'est à dire son père sans héritier et le clan des sakyas livré à toutes les inconnues du samsara.
Les années passent vite... Elles passaient encore plus vite en ce temps-là... Le fils de Siddhartha n'était pas un homme mais il en deviendrait un.
Donc, il n'était plus aussi indispensable que son père reste là.
Il ne faut pas toujours envisager les situations par le biais des sentiments familiaux...
Quand on parle d'êtres qui dirigent un groupe humain, il peut y avoir d'autres sentiments qui priment.
Par exemple = ces jours-ci, je potasse l'Enéide...
Où Enée, prince troyen ayant fui sa cité détruite avec un groupe de compagnons, son vieux père (décédé en route) et son fils, tombe amoureux lors d'une escale d'Elyssa, princesse phénicienne ayant fui sa cité en proie à des troubles internes également avec un groupe de compagnons. Elyssa (dite aussi Didon) est en train de fonder une ville. Enée cherche un endroit où s'installer. La solution semble très simple, non ?
Sauf qu'Enée cherche l'endroit qui correspondra à un oracle que les dieux ont envoyé... Et non seulement la cité d'Elissa ne correspond pas mais un oracle contraire se manifeste. Enée pourrait laisser ses sentiments pour Elissa primer sur son devoir de chef et laisser ses compagnons partir sans lui... Mais alors, qui prendrait sa place ?
C'est peut-être très dur, ça peut sembler sans-coeur, mais si on envisage les choses du point de vue du devenir du groupe, ne vaut-il pas mieux laisser un fils qui sera, logiquement; élevé pour cette vie à laquelle son père rechigne mais qui a été celle de son grand-père ?
Quand au départ nocturne... Je rappelle à tout hasard que Siddartha était au début des a quête spirituelle, donc pas du tout sûr de lui ! Rien ne dit, effectivement que la chose n'aie pas fait beaucoup de peine,

mais qui sait si sa femme n'a pas, bien avant lui, su accepter les souffrances et les joies comme elles viennent ?