Conte japonais

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axiste
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La frayeur du maître


Dans un monastère japonais, à la fin du Moyen Age,
Vivait un vieux moine, qui inspirait aux jeunes moines une sorte de terreur respectueuse,
Car rien ne semblait pouvoir troubler sa sérénité.
Bien qu'il répétât à toute occasion qu'il n'y a rien de mal dans une émotion,
Quelle qu'elle soit, à condition de ne pas se laisser emporter par elle,
Il restait calme et inaltérable.
On ne pouvait ni l'irriter, ni l'effrayer, ni l'inquiéter.

Un matin d'hiver, alors que la nuit obscurcissait les couloirs du monastère,
Les jeunes moines s'assemblèrent silencieusement dans l'ombre.
Le vieux moine, ce matin là, devait apporter la tasse de thé rituelle jusqu'à l'autel.
A son passage, ils jaillirent brusquement de l'obscurité
Comme des fantômes hurleurs.

Le vieil homme continua sa marche paisiblement,
Sans un faux pas, sans un tressaillement.
Un peu plus loin, dans le couloir, se trouvait une petite table, qu'il connaissait.
Il y posa doucement la tasse de thé,
Il la couvrit d'un morceau de soie pour qu'aucune poussière ne put y tomber.

Puis il s'appuya contre un mur et poussa un grand cri d'épouvante.

(Conte japonais, Le cercle des menteurs, Jean-Claude Carrière, Plon)

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Cinq clefs pour la parole correcte :
- dire au bon moment, prononcer en vérité, de façon affectueuse, bénéfique et dans un esprit de bonne volonté."
Sourire

shuuuuuuuuuuuuttttt :?: shuuuuuuuuuuuuttttt

jap_8 jap_8 jap_8
Syou

Bonjour,

Est-il possible de m'éclairer sur ce qu'il y a à comprendre dans ce texte ? Qu'est-ce qui a fait peur à ce moine ?
Sourire

Bonjour, Syou jap_8

Le vieux moine portait une offrande de thé. Il a poursuivi son chemin sans se laisser troubler par ses émotions jusqu'à ce que le but soit atteint.
De sorte qu'il réagit à retardement à la farce des jeunes moines.

(Des méchants chenapans, si je peux me permettre... Faire ça à un vieillard !)
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axiste
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Oui, ou alors il y est aussi question de limites: où les plaçons nous ? et elles diffèrent d'une personne à l'autre...
Rien n'est jamais acquis et surtout pas les certitudes
C'est quand même drôle qu'en s'appuyant sur un mur (sensé être solide) il se mette à hurler, vous ne trouvez pas ?
Sur quoi l'on s'appuie ?
Sur quelque chose d'extérieur ?
Enfin, on peut voir ça de mille façons: c'est ce qui est bien avec ce genre d'histoire, ça fait résonance ou pas...selon ce que l'on y met... FleurDeLotus
Cinq clefs pour la parole correcte :
- dire au bon moment, prononcer en vérité, de façon affectueuse, bénéfique et dans un esprit de bonne volonté."
Sourire

Le mur, c'est ce qu'on a devant soi, en méditation (dans le zen soto), quand on regarde à l'intérieur de soi...
Dès lors, il peut y avoir deux interprétations =
- il s'appuie au mur parce qu'il est rattrapé par la peur et ressent le besoin de s'appuyer.
- Le cri ne vient pas de la farce des jeunes moines, mais des terreurs qu'il au fond de lui et que le mur lui renvoie comme un miroir.

Dans la solution 2 =
Les jeunes moines ne sont pas la cause de la peur, mais tout au plus un révélateur... D'ailleurs, qui aurait peur des fantômes si il n'y avait pas des croyances inquiétantes à propos des esprits ?
Mais le mur n'est pas non plus la cause du cri...

Dans la solution 1 =
ben il aurait mieux fait de s'asseoir (face au mur) le vieux moine.
Carrément... Même appuyé, quand on a les jambes qui flageolent, on peut tomber
Syou

Sourire a écrit :Bonjour, Syou jap_8

Le vieux moine portait une offrande de thé. Il a poursuivi son chemin sans se laisser troubler par ses émotions jusqu'à ce que le but soit atteint.
De sorte qu'il réagit à retardement à la farce des jeunes moines.

(Des méchants chenapans, si je peux me permettre... Faire ça à un vieillard !)
Bonjour Sourire,

Il est vrai qu'au début j'ai pensé que tout venait du mur. Mais ce que tu dis me semble plus juste. Cela correspondrait bien au genre de révélations de ces textes. Puisque même dans la compréhension il reste une part d'incompréhension qu'il reste à découvrir c'est la recherche en nous, l'intégration de l'idée-même.

De plus, il n'est pas précisé qu'il a su qu'il ne s'agissait pas de ce qu'il semblait être " des fantômes ". J'aime cette idée de poursuite de tâche à tout prix, vraiment bon texte !
Sourire

Syou a écrit :Puisque même dans la compréhension il reste une part d'incompréhension qu'il reste à découvrir c'est la recherche en nous, l'intégration de l'idée-même.
et d'autant plus que...
L'incident révèle qu'il n'est pas si accomplit qu'il semblait l'être.

Les koans sont faits pour être creusés par petites touches... Et chaque niveau de compréhension découvre de nouvelles choses
Syou

Sourire a écrit :
Syou a écrit :Puisque même dans la compréhension il reste une part d'incompréhension qu'il reste à découvrir c'est la recherche en nous, l'intégration de l'idée-même.
et d'autant plus que...
L'incident révèle qu'il n'est pas si accomplit qu'il semblait l'être.

Les koans sont faits pour être creusés par petites touches... Et chaque niveau de compréhension découvre de nouvelles choses
Oui. Ces contes ne se lisent pas comme du Lewis Carroll. :)

On peut aussi apprendre à lire justement, cela demande beaucoup de temps. Le temps chez les bouddhistes ne serait sans doute pas le même que chez les occidentaux ?

P.S. : J'ai aussi en ma possession des contes chinois : peuvent-ils s'intégrer ici ( Axiste ) ?
Sourire

Syou a écrit :Oui. Ces contes ne se lisent pas comme du Lewis Carroll. :)
Et pourtant, le Cheshire Cat a quelque chose d'un vieux sage de conte zen...
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