Renaissance incompatible avec le bouddhisme?

namgyal

Bonsoir Chakyam
euhhh....
Non mon ami car c'est retomber dans le dualisme en dotant l'Esprit de caractéristiques propres.
ah...???? En fait, théoriquement, je dirai que tu te trompes, mais concrètement, je n'ai aucune expérience de la non dualité.
ne sommes-nous pas libre de toute éternité ? Dans ce corps et cet esprit-là, ici présent ?
oui, c'est vrai. mais j'ai beau l'avoir lu... humm!

Ce que je dis, je le dis sans avoir perdu de vue le sujet qui est "Renaissance incompatible avec le bouddhisme?" Et je le dis du point de vue de la pratique bouddhiste qui consiste à mettre fin à la souffrance...(dukkha), dans l'ici et maintenant , du moins à en réduire les facteurs autant que faire se peut. (modestement). Ma conclusion "personnelle" est que savoir si la notion de renaissance est compatible ou pas avec le bouddhisme est du même ordre que se poser la question de Dieu. Je vois dans cette préoccupation une inquiétude, un erzats d'angoisse face à la finitude et de la mort, un besoin viscéral de durée, de continuité,d'éternité. Alors que si éternité il y a elle est dans l'ici et maintenant. C'est une souffrance subtile (dukkha, dans les termes énoncés par le Bouddha).
je cite de mémoire (imprécisément) mais le Bouddha n'a pas parlé de la souffrance comme d'une flèche dans l'oeil ? Savoir qui a tiré la flèche, de quel bois est fait la flèche, de quel métal la pointe, oui...bon mais retirer la flèche de l'oeil. :D
amitié
FleurDeLotus
namgyal

Ainsi donc nos références et les citations qui les éclairent, loin de représenter des dogmes intangibles ne sont que la réification d'hypothèses que leur expérimentation justifie... ou pas. C'est la raison pour laquelle je préfèrerai que nous nous référions à nos propres expériences plutôt qu'à des connaissances livresques qui certes permettent entre autre « l'inférence » mais dont je doute qu'elle ait jamais produit une once de sagesse.
Ben vi... c'est sûr. Mais je crains que celui qui préfère se référer à ses propres expériences plutôt qu' à des connaissances livresques risque de ne pas être très causant :lol: .
Ca me semble difficile à faire tel que tu le formules idéalement. Mais ne peut-on pas trouver un moyen terme ? Voir ces échanges comme une disputatio, tout en ne perdant pas de vue ce que tu dis: Ca permet l'inférence sans produire une once de sagesse... :mrgreen:

ca me donne envie de raconter une anecdote . Un jour à un enseignement au quel j'assistais, le lama interroga l'assemblée sur l'ainsité... j'ai levé la main pour répondre à la question. Et va y que je me lance à fond dans un beau discours, que j'étale tout ce que j'avais pu lire sur le sujet... puis long silence, le lama me regarde dans les yeux et me dit:
ainsi, t'es!!!
sur un ton nettement moqueur. Je me décompose ... et de m'assener le coup de grâce en me disant: " si je tape assez fort sur ta tête peut-être que la parole du bouddha va finir par descendre dans ton coeur..."

amitié à tous les intervenants sur le post. FleurDeLotus
Florent

Dharmadhatu a écrit :
Il n' y a en effet ultimement pas de cause à un phénomène: c'est l'ainséïté.Elles ne naissent ni ne viennent, elles sont.
La succession temporelle est illusoire en réalité, une apparence...
jap_8 Si nous parlons au niveau ultime (celui de l'ainsité), alors nous ne pouvons non plus évoquer les 12 liens de productions dépendante, et tu ne peux non plus parler de simultanéité.

disons que la simultanéité est un premier pas pour sortir du temps, une étape nécessaire, une autre manière de voir les choses, nous pouvons donc l'évoquer...


Pas forcément, des tas de facteurs peuvent intervenir, d'ailleurs ils sont nombreux et multiples
Lesquels par exemple ?

Et bien la météo, ou si l'environnement est bruyant, pollué, ou encore que l'on soit malade etc

Petit aparté concernant les affirmations de dhamadatu concernant le karma comme quoi une personne ou un flot de conscience recevrait les bénéfices ou démérite de ses actions:

"Ainsi nul n'est né et nul ne mourra pour recevoir les conséquences de ses actions passées (kamma), contrairement à ce qui est dit dans la théorie éternaliste. Mais il n'y a pas non plus de mort qui soit une disparition totale, comme dans la théorie nihiliste (uccheda-ditthi) car, après cet instant présent, il n'y a personne qui puisse être annihilé. Etre ici et maintenant, c'est l’interdépendance de la voie du milieu et de la vérité ultime."

Buddhadasa
chakyam

DHARMADHATU

« Je ne vois pas pourquoi tu insistes à vouloir débattre avec moi alors que j'ai dit ne pas souhaiter faire état de mon expérience éventuelle du Dharma ? »

Fusse ta modestie en souffrir, tout simplement parce que tes idées sont intéressantes. Même si je ne les partage pas, ni leur orientation, ni leur finalité, je considère qu'elles participent au débat et comme Voltaire je dirai modestement : « je ne suis pas d'accord avec vos idées mais je ferais tout pour qu'elles puissent s'exprimer. » Heureusement personne ne menace personne mais mes réponses, outre leur finalité, participent de cette volonté d'émancipation et de libération qui nous anime tous.

Une question tout de même. Tu dis aujourd'hui ne pas souhaiter faire état de ton expérience. Il me revient une de tes explications où tu expliquais n'avoir aucune expérience « Venant de moi, il ne faut aucunement espérer quelque état de mes expérimentations car je n'ai aucune réalisation (surtout en ce concerne le karma) et ne peux qu'argumenter logiquement sur la base des textes. » (le 18/11 post action et intention) – dans ces conditions d'où parles-tu ?

En posant cette question je ne remets en cause ni l'inférence ni l'octuple sentier. Je peux toujours parler de multiples manières de l'eau mais ce ne sont pas mes discours qui étancheront ma soif. Je peux disserter herméneutiquement de l'Éveil, sans expérimentation jamais il ne s'épanouira à travers moi ( !!!) - c'est d'ailleurs le sens profond de ta remarque : « Ce qui te semblera excessif me semblera à moi insuffisant. » car jamais les mots ne suffiront.

Dernier exemple d'exacerbation du langage : « Pourquoi triturer les textes ? L'herméneutique suffit largement. » J'ai regardé la définition exacte du terme. La voici : " L'herméneutique (du grec hermeneutikè, ερμηνευτική [τέχνη], art d'interpréter, et du nom du dieu grec Hermès, messager des dieux et interprète de leurs ordres), est la théorie de la lecture, de l'explication et de l'interprétation des textes."

Triturer les textes, dans la littérature du zen soto que tu sembles ignorer, s'inspire de l'épisode fondateur du Mont des Vautours et permet l'analyse des textes, des concepts et par interprétations multiples s'interdit de figer en un corpus immuable une expérience qu'il est indispensable de ré-interpréter, de refaire sans cesse parce qu'elle ne vaut que dans l'instant. Cela dit, tu as tout à fait le droit de rejeter un pan entier de l'expérience bouddhique mais jouer sur les mots, en l'occurence, est bien inutile.

Quant à l'épisode de la pousse de bambou, je te remercie de la précision « changement d'axe de la terre » et t'en sais gré, mais nous savons tous que la problématique réelle est ailleurs.

Cette citation affirmative : « De même que toute personne ayant une perception conventionnelle valide sera ok avec le fait que la pousse du temps Tx naît de la pousse du temps immédiatement précédent, qui elle-même naît de la pousse qui la précède immédiatement etc.... jusqu'à la graine elle-même. Sinon tous ceux qui sèment du grain dans les champs vivraient constamment dans l'incertitude de récolter du blé tout en plantant des grains de blé. »...

...est corrélée avec celle déjà mentionnée de l'analogie classique de la mangue : un noyau de mangue donnera naissance à un nouveau manguier qui manifestera de nouveau les caractères de la mangue d'origine, sans que pour autant un seul atome de cette mangue ait été transmis.

Ces deux affirmations – exactes en elle-mêmes – sont en fait utilisées pour justifier la causalité. C'est la problématique réelle en même temps qu'une grosse ficelle. En effet si l'on admet que la mangue donnera une mangue et que la pousse de bambou se perpétuera dans la pousse actuelle, on est tout à fait enclin à penser qu'il en est de même pour quoi ?...le soi ? l'âme ? le sujet ? susceptible de se perpétuer comme la pousse et la mangue. L'ennui là encore de ce type de raisonnement résulte d'un mélange de plans. Dans le plan de la nature, la causalité est évidente. Mais dans le plan du corps-esprit, nous sommes supposés avoir réalisé la non-dualité de nature nirvanique qui ni ne vient, ni ne va et à laquelle la causalité naturelle ne s'applique plus.

NAMGYAL

« ...Mais je crains que celui qui préfère se référer à ses propres expériences plutôt qu'à des connaissances livresques risque de ne pas être très causant ... »

Les mots sont trompeurs sans doute. Non seulement je ne dis pas que l'expérience livresque est inutile mais qu'au contraire cette expérience livresque est indispensable... pour être causant dis-tu.

Je soutiens seulement que sous-tendue par une pratique elle est beaucoup plus valide. Que dirais-tu de quelqu'un qui connaitrait absolument tout sur le Tennis et qui, une fois sur le court, ne saurait quoi faire de sa raquette ?

Trouver un moyen terme
dis-tu. Absolument. N'est-ce pas d'ailleurs ce que préconise Bouddha ?... mais encore faut-il en fixer les extrêmes car pas de voie du milieu sans extrêmes ni d'extrêmes sans milieu, tout comme d'ailleurs pas de Samsara sans Nirvana ni de Nirvana sans Samsara.... ce qui peut être va éclairer ton désaccord exprimé hier suite à ma remarque de la veille : « Non mon ami car c'est retomber dans le dualisme en dotant l'Esprit de caractéristiques propres."

ah...???? En fait, théoriquement, je dirai que tu te trompes, mais concrètement, je n'ai aucune expérience de la non dualité.

Parler de" l'Esprit à libérer" introduit nécessairement une discrimination/séparation avec dotation de caractéristiques différentes et l'illusion que l'Esprit survit à la mort. C'est la raison pour laquelle, ici et ailleurs j'ai soutenu l'ici et maintenant de ce corps-ci et de cet esprit-là. Comme ce qui précède, l'un ne va pas sans l'autre et ces désignations ne sont qu'illusion séparative à l'instar de ce que dit Buddhasada cité par Florent : « "Ainsi nul n'est né et nul ne mourra pour recevoir les conséquences de ses actions passées (kamma), contrairement à ce qui est dit dans la théorie éternaliste. Mais il n'y a pas non plus de mort qui soit une disparition totale, comme dans la théorie nihiliste (uccheda-ditthi) car, après cet instant présent, il n'y a personne qui puisse être annihilé. Etre ici et maintenant, c'est l’interdépendance de la voie du milieu et de la vérité ultime." »

Amicalement à tous.

FleurDeLotus Butterfly_tenryu
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Dharmadhatu
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Florent a écrit :disons que la simultanéité est un premier pas pour sortir du temps, une étape nécessaire, une autre manière de voir les choses, nous pouvons donc l'évoquer...
jap_8 Au niveau de l'ainsité, on ne peut parler de simultanéité, puisqu'il n'y a ni formes, ni sensations, ni perceptions etc.... sans formes ni consciences comment pourrait-on parler de simultanéité ?
-Ta conscience actuelle n'est-elle pas engendrée par une succession de consciences immédiatement précédentes ? Comment serait-il possible que tu puisses appréhender la totalité d'une phrase ? Ce serait comme si M. Dupont appréhendait "ta", Mme Duval appréhendait "conscience", Melle Durand appréhendait "actuelle", etc.

F. Pas forcément, des tas de facteurs peuvent intervenir, d'ailleurs ils sont nombreux et multiples

Lesquels par exemple ?

F. Et bien la météo, ou si l'environnement est bruyant, pollué, ou encore que l'on soit malade etc
Désolé cher Florent, je ne vois en quoi ces exemples feraient que M. Dupont appréhenderait la début d'une phrase et Melle Durand une autre partie de la phrase qui t'es adressée.

Soyons pragmatiques: n'est-ce pas toi Florent qui a pris connaissance d'une phrase et qui y réponds ?
Petit aparté concernant les affirmations de dhamadatu concernant le karma comme quoi une personne ou un flot de conscience recevrait les bénéfices ou démérite de ses actions:

"Ainsi nul n'est né et nul ne mourra pour recevoir les conséquences de ses actions passées (kamma), contrairement à ce qui est dit dans la théorie éternaliste. Mais il n'y a pas non plus de mort qui soit une disparition totale, comme dans la théorie nihiliste (uccheda-ditthi) car, après cet instant présent, il n'y a personne qui puisse être annihilé. Etre ici et maintenant, c'est l’interdépendance de la voie du milieu et de la vérité ultime."

Buddhadasa
Il est clair que Buddhadhasa parle au niveau ultime alors que j'ai personnellement toujours parlé au niveau relatif. Au niveau ultime, je suis pleinement d'accord avec lui.
Chakyam a écrit :Une question tout de même. Tu dis aujourd'hui ne pas souhaiter faire état de ton expérience. Il me revient une de tes explications où tu expliquais n'avoir aucune expérience « Venant de moi, il ne faut aucunement espérer quelque état de mes expérimentations car je n'ai aucune réalisation (surtout en ce concerne le karma) et ne peux qu'argumenter logiquement sur la base des textes. » (le 18/11 post action et intention) – dans ces conditions d'où parles-tu ?
jap_8 Tout est relatif: étant bouddhiste depuis 99 j'ai l'expérience du fait d'être bouddhiste depuis 99, mais je ne ferais pas état d'expériences concernant les fruits éventuels de ma pratique balbutiante, cela ne regarde que mes enseignants et moi-même. Je parle sur la base des textes et argumente en m'appuyant aussi sur la raison.
Parenthèse hors sujet refermée.

Concernant l'herméneutique, je ne vois pas du tout la cohérence de ton argumentaire me faisant rejeter un pan tout entier de l'expérience bouddhique, mais peut-être est-ce clair dans ton esprit... Notons qu'expérience et réalisation sont différentes car une expérience, même directe, peut être complètement erronée (comme celle de voir une marre dans un mirage), alors que la réalisation est sensée être toujours valide.

L'herméneutique rend parfaitement inutile le besoin de triturer les textes puisqu'il suffit d'employer la raison pour déterminer quels sont les textes interprétable (neyartha) et les textes défintifs (nitartha), de même les propos du Bouddha qui sont littéraux, non littéraux, de sens explicite, caché etc....
Sans l'herméneutique, comment ne pas trouver des contradictions flagrantes entre: "Il y a la souffrance et son origine" et "pas de souffrance ni d'origine de la souffrance" ? Lorsqu'on comprend les différences de niveaux selon lesquels le Bouddha se place, on n'a pas besoin de triturer les textes qui évoquent la souffrance pour leur faire dire qu'il n'y en a pas. Ou au contraire de faire dire aux textes qui nient la souffrance qu'elle existe.

C'est aussi la raison pour laquelle le Buddhadharma s'est souvent tenu loin des formes de dogmatisme.
Dans le plan de la nature, la causalité est évidente. Mais dans le plan du corps-esprit, nous sommes supposés avoir réalisé la non-dualité de nature nirvanique qui ni ne vient, ni ne va et à laquelle la causalité naturelle ne s'applique plus.
Complètement d'accord avec toi. ba11

Petite précision: la mangue ne donnera pas une autre mangue; c'est le noyau de la mangue qui finalement donnera un arbre qui donnera des mangues. De même la pousse ne se perpétuera pas, sinon la cause existera en même que son effet et il y aurait 2 pousses en même temps au lieu de deux pousses apparaissant séquentiellement. La seule chose puisse à la rigueur se perpétuer est l'ADN, tout en sachant que lui-même s'altère au fil du temps, mais son altération n'est pas assez significative pour qu'on puisse appréhender une pousse de blé issue d'une pousse de bambou.

Amitié FleurDeLotus
apratītya samutpanno dharmaḥ kaścin na vidyate /
yasmāt tasmād aśūnyo hi dharmaḥ kaścin na vidyate

Puisqu'il n'est rien qui ne soit dépendant,
Il n'est rien qui ne soit vide.

Ārya Nāgārjuna (Madhyamakaśhāstra; XXIV, 19).
Florent

Dharmadhatu a écrit :
Florent a écrit :disons que la simultanéité est un premier pas pour sortir du temps, une étape nécessaire, une autre manière de voir les choses, nous pouvons donc l'évoquer...
jap_8 Au niveau de l'ainsité, on ne peut parler de simultanéité, puisqu'il n'y a ni formes, ni sensations, ni perceptions etc.... sans formes ni consciences comment pourrait-on parler de simultanéité ?

L'ainsité n'est pas un nihilisme c'est juste affirmer que les choses sont et qu'elles sont ce qu'elles sont, j'ai parfois l'impression que tu es vaguement nihiliste.Finalement si l'on suit bien l'enseignement du bouddha on comprend qu'il n'y a aucune question à se poser sur la nature des phénomène, ils sont ce qu'ils sont et on peut les connaître ou pas....
-Ta conscience actuelle n'est-elle pas engendrée par une succession de consciences immédiatement précédentes ? Comment serait-il possible que tu puisses appréhender la totalité d'une phrase ? Ce serait comme si M. Dupont appréhendait "ta", Mme Duval appréhendait "conscience", Melle Durand appréhendait "actuelle", etc.

F. Pas forcément, des tas de facteurs peuvent intervenir, d'ailleurs ils sont nombreux et multiples

Lesquels par exemple ?

F. Et bien la météo, ou si l'environnement est bruyant, pollué, ou encore que l'on soit malade etc
Désolé cher Florent, je ne vois en quoi ces exemples feraient que M. Dupont appréhenderait la début d'une phrase et Melle Durand une autre partie de la phrase qui t'es adressée.

Soyons pragmatiques: n'est-ce pas toi Florent qui a pris connaissance d'une phrase et qui y réponds ?

Il y a des chances que ce ne soit pas effectivement le cas, on pourrait se poser la question de savoir qui est florent, au bout du compte on n'aura à mon avis pas de réponse bien précise. A moins d'affirmer une identité, ce que je fais la plupart du temps, à ce titre on peut se demander si l'enseignement du bouddha n'est pas un piège destiné à capter des "âmes" pour s'en emparer ou au moins les laisser à la merci de tout un chacun (mais là je m'éloigne du sujet).
Petit aparté concernant les affirmations de dhamadatu concernant le karma comme quoi une personne ou un flot de conscience recevrait les bénéfices ou démérite de ses actions:

"Ainsi nul n'est né et nul ne mourra pour recevoir les conséquences de ses actions passées (kamma), contrairement à ce qui est dit dans la théorie éternaliste. Mais il n'y a pas non plus de mort qui soit une disparition totale, comme dans la théorie nihiliste (uccheda-ditthi) car, après cet instant présent, il n'y a personne qui puisse être annihilé. Etre ici et maintenant, c'est l’interdépendance de la voie du milieu et de la vérité ultime."

Buddhadasa
Il est clair que Buddhadhasa parle au niveau ultime alors que j'ai personnellement toujours parlé au niveau relatif. Au niveau ultime, je suis pleinement d'accord avec lui.


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Dharmadhatu
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L'ainsité n'est pas un nihilisme c'est juste affirmer que les choses sont et qu'elles sont ce qu'elles sont, j'ai parfois l'impression que tu es vaguement nihiliste.Finalement si l'on suit bien l'enseignement du bouddha on comprend qu'il n'y a aucune question à se poser sur la nature des phénomène, ils sont ce qu'ils sont et on peut les connaître ou pas....
:D Tu as toi-même cité Buddhadasa:
"Ainsi nul n'est né et nul ne mourra pour recevoir les conséquences de ses actions passées (kamma), contrairement à ce qui est dit dans la théorie éternaliste. Mais il n'y a pas non plus de mort qui soit une disparition totale, comme dans la théorie nihiliste (uccheda-ditthi) car, après cet instant présent, il n'y a personne qui puisse être annihilé. Etre ici et maintenant, c'est l’interdépendance de la voie du milieu et de la vérité ultime."

Buddhadasa
Or, comment selon toi pourrait-on au niveau de l'ainsité parler de simultanéité alors qu'on ne saurait parler de personne qui soit née, de personne qui soit morte ou qui puisse être annihilée, de Florent ?

Quelle serait selon toi la limite ontologique entre "une personne" et "la simultanéité" ? Comment la simultanéité pourrait-elle plus exister au niveau ultime qu'une personne ?

Bref, soit on accepte les choses conventionnellement valides au niveau relatif, soit on nie les choses au niveau ultime. A moins que tu taxes le Hridaya Sutra lui-même d'enseignement nihiliste ?:
C’est ainsi que dans la vacuité, il n’y a pas de forme ni de sensation, de perception, de construction mentale et de conscience.

Il n’y a pas d'œil, d'oreille, de nez, de langue, de corps ni de mental. Il n’y a pas de forme, de son, d'odeur, de saveur, de tangible ni d'élément. Il n’y a pas de domaine du visuel et ainsi de suite il n'y a pas de domaine de la conscience mentale.

Il n’y a pas d'ignorance et non plus cessation de l’ignorance et ainsi de suite il n'y a pas de vieillesse ni de mort et non plus cessation de la vieillesse et de la mort. Il n’y a pas de souffrance, d'origine, d'extinction ni de chemin. Il n’y a pas de connaissance et pas plus d'obtention puisqu'il n'y a rien à obtenir. »
Il m'est difficile d'être qualifié de nihiliste puisque j'accepte personnellement la validité de la causalité au niveau relatif, et que jusqu'à ce que tu évoques la vérité ultime, je ne m'appuyais que sur le premier niveau de réalité. Or, je maintiens qu'aussi bien au niveau ultime qu'au niveau conventionnel la simultanéité de la cause et de l'effet est une conception fausse. Sinon la soif ne naîtrait de rien: la cause ne lui préexistant pas.
Il y a des chances que ce ne soit pas effectivement le cas, on pourrait se poser la question de savoir qui est florent, au bout du compte on n'aura à mon avis pas de réponse bien précise. A moins d'affirmer une identité, ce que je fais la plupart du temps, à ce titre on peut se demander si l'enseignement du bouddha n'est pas un piège destiné à capter des "âmes" pour s'en emparer ou au moins les laisser à la merci de tout un chacun (mais là je m'éloigne du sujet).
Si on fait clairement la distinction entre les deux vérités enseignées par le Bouddha, il n'y a plus aucun piège. Ma question te concernant ne s'appuie qu'au niveau relatif, celui dont nous faisons l'expérience tous les jours, celui qui est aussi évoqué par le Bouddha lorsqu'il dit: Il y a plusieurs éons je pratiquais les perfections, il y a longtemps j'étais un marchand etc....

Je répète une fois de plus que je ne parle avant tout que de ce niveau de réalité... et au cours de ce débat, je n'obtiens pas vraiment de réponse claire, à part celle de Chakyam:
Dans le plan de la nature, la causalité est évidente. Mais dans le plan du corps-esprit, nous sommes supposés avoir réalisé la non-dualité de nature nirvanique qui ni ne vient, ni ne va et à laquelle la causalité naturelle ne s'applique plus.
.

Amitié FleurDeLotus
Dernière modification par Dharmadhatu le 09 décembre 2011, 11:12, modifié 1 fois.
apratītya samutpanno dharmaḥ kaścin na vidyate /
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Puisqu'il n'est rien qui ne soit dépendant,
Il n'est rien qui ne soit vide.

Ārya Nāgārjuna (Madhyamakaśhāstra; XXIV, 19).
Florent

la simultanéité n'est pas forcément le niveau ultime de la réalité, et on pourrait se demander d'ailleurs si il y a un niveau ultime et/ou relatif de la réalité.
L'ainsité pose bien qu'il n'y pas de niveau de réalité différent, il y en a une qui se déploie en mille et une facette, la meilleur réponse serait peut être Ichinen-sanzen ( un instant de vie-3000 mondes).
Et pour revenir à ta position tu n'es en effet pas nihiliste toujours, mais parfois tu l'es et d'autres fois non, c'est la toute la problématique des sutras de la prajnaparamita qui affirme tout et son contraire, c'est surement très utile à un certain niveau ( mais pas de réalité), mais en même temps on comprend rapidement que ces sutras ne sont pas des enseignements définitif, mais bien provisoire.
chakyam

DHARMADHATU

Florent écrit : disons que la simultanéité est un premier pas pour sortir du temps, une étape nécessaire, une autre manière de voir les choses, nous pouvons donc l'évoquer...
Tu lui réponds : Au niveau de l'ainsité, on ne peut parler de simultanéité, puisqu'il n'y a ni formes, ni sensations, ni perceptions etc.... sans formes ni consciences comment pourrait-on parler de simultanéité ?

Définition de l'Ainséité : Le Bouddha a enseigné que tous les êtres sont des bouddhas, recouverts d’une obscurité momentanée alors que la véritable identité de tous les êtres vivants, pas seulement des êtres humains, est un état d’ainseité (suchness) inconditionnée. C’est la nature originelle telle qu’elle est, pure et parfaite.

Ainsi donc je considère que le simultanéité et l'ainséité ne sont pas le résultat d'une recherche mais la prémisse à cette recherche, c'est à dire notre Nature profonde. Il s'ensuit donc que c'est précisément parce qu'il n'y a ni forme ni conscience, ni sensation etc etc.... que l'on peut parler de simultanéité... après de longues méditations, pas toujours longues d'ailleurs.

L'herméneutique


Tu ne vois pas la cohérence de mon argumentaire. Soit ! Pourtant sous deux vocables différents il s'agit de l'utilisation de la même Raison dans la compréhension de textes, de sutras, d'expériences qui ne ressortent pas tous de la Raison quant à leur source et leur destination.

Par ailleurs ton accord sur cette phrase : « Dans le plan de la nature, la causalité est évidente. Mais dans le plan du corps-esprit, nous sommes supposés avoir réalisé la non-dualité de nature nirvanique qui ni ne vient, ni ne va et à laquelle la causalité naturelle ne s'applique plus. » me semble de bon aloi pour la poursuite de nos débats ici ou ailleurs.

Mais de grâce ! Épargne-moi, épargne-nous cette petite précision : (...) c'est le noyau de la mangue qui finalement donnera un arbre qui donnera des mangues (…) qui est du même niveau que la rotation de la Terre sur son axe pour générer l'hiver...

Petite précision : je le savais !

Par ailleurs, tu cites Florent. En attendant qu'il réponde, peut être, à tes demandes, je précise que ta dernière question « soit on accepte, soit on nie.... » pose une alternative tronquée. Ce n'est pas l'un ou l'autre ou l'autre et l'un. Pourquoi ?

Au cours de notre vie quotidienne, les 6 sens génèrent 6 types d'objet et 6 consciences – ce sont les 18 domaines – Pendant la méditation, les 18 domaines sont toujours présents et manifestent leur absence de Nature propre. La Conscience - toujours conscience de quelque chose - réalise cette vacuité fondatrice non pas à l'issue d'un calcul mais au cours d'un approfondissement de ce qui est.

Ce qui est, c'est la manifestation phénoménale en même temps que l'absence de Nature propre et il devient inutile de se réfugier derrière un hypothétique niveau de réalité dans la mesure où la réalité est précisément non-duelle et vacuiste. C'est entretenir la confusion.

FleurDeLotus Butterfly_tenryu
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Dharmadhatu
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Florent a écrit :la simultanéité n'est pas forcément le niveau ultime de la réalité
jap_8 Personnellement, je substitue le "pas forcément" par un "pas du tout".
et on pourrait se demander d'ailleurs si il y a un niveau ultime et/ou relatif de la réalité.
Nombre de Sutras exposent un niveau relatif et un niveau ultime de la réalité, comme le Satyadvaya Sutra, le Samdhinirmocana Sutra, etc...

Par exemple, le Pitraputrasamagama Sutra dit:
Telles sont les deux réalités des connaisseurs du monde;
Connais-les par toi-même sans les entendre d'autrui.
Ce sont la réalité de surface et l'ultime;
Et il n'existe nulle troisième réalité.
De même, les prasangikas s'accordent sur ce point:
Sans s'appuyer sur le conventionnel, on ne peut comprendre l'ultime....
Nagarjuna
Les deux volets de la réalité sont la réalité conventionnelle et l'ultime.
Shantideva.
Il est de même possible de voir ces deux aspects de la réalité par l'examen personnel; nous constatons tous que nous agissons, parlons, pensons etc. Mais si nous examinons la véritable nature de ces actes et de leurs agents, nous accédons à la vérité ultime et par là-même pouvons désigner le premier constat comme relevant de la vérité conventionnelle.
Et pour revenir à ta position tu n'es en effet pas nihiliste toujours, mais parfois tu l'es et d'autres fois non,
Il est normal de le penser lorsque les deux niveaux de réalité ne sont pas clairement dessinés.
c'est la toute la problématique des sutras de la prajnaparamita qui affirme tout et son contraire, c'est surement très utile à un certain niveau ( mais pas de réalité), mais en même temps on comprend rapidement que ces sutras ne sont pas des enseignements définitif, mais bien provisoire.
Je ne peux qu'inviter tout lecteur intéressé par cette question à étudier certains textes comme l'Akshayamati-nirdesha Sutra:
Quels sont les Sutras de sens définitif ? Quels sont les Sutras de sens interprétable ? Les Sutras dont l'enseignement est destiné à l'entrée dans la voie sont dits de sens interprétable; les Sutras dont l'enseignement est destiné à l'entrée dans le fruit sont dits de sens définitif. Ceux qui enseignent l'établissement du relatif sont dits de sens interprétable; ceux qui enseignent l'établissement de l'ultime sont dits de sens définitif.
Or le Hridaya Sutra et les autres Prajñaparamita Sutras exposent bien l'ultime; ils sont donc définitifs.

Selon le raisonnement il est tout aussi possible de déterminer cela, par exemple, Djé Tsongkhapa a posé d'innombrables arguments dans le Lekshé Nyingpo afin de démontrer que les Sutras du 2ème Tour de Roue (dont font partie les Prajñaparamitas) sont bien définitifs.
Chakyam a écrit :Définition de l'Ainséité : Le Bouddha a enseigné que tous les êtres sont des bouddhas, recouverts d’une obscurité momentanée alors que la véritable identité de tous les êtres vivants, pas seulement des êtres humains, est un état d’ainseité (suchness) inconditionnée. C’est la nature originelle telle qu’elle est, pure et parfaite.
jap_8 Ceci est l'ainsité selon le 3ème Tour de roue: la nature de Bouddha, qui est une affirmation, mais celle dont je parle est l'ainsité du 2ème Tour de roue, la vacuité en tant que négation non-affirmative. Et c'était aussi celle dont tu voulais parler en citant le Hridaya Sutra puisque celui-ci n'évoque que cette négation (pas de... pas de... pas de...)

Le chapitre sur la telléité (ainsité) de la Prajñaparamita en 8000 versets dit:
Ah ! Vainqueur transcendant, destinée à la non-production, cette doctrine est sans lieu. Ah ! Vainqueur transcendant, destinée à l'absence de toute naissance, cette doctrine est sans production.
:arrow: Donc: si l'on parle au niveau ultime, pas de simultanéité;
si l'on parle au niveau conventionnel, on peut parler de simultanéité de deux phénomènes qui n'entretiennent pas de relation causale, mais on ne peut parler de simultanéité de la cause et de son effet, sinon celui-ci apparaît sans cause.
Par ailleurs, tu cites Florent. En attendant qu'il réponde, peut être, à tes demandes, je précise que ta dernière question « soit on accepte, soit on nie.... » pose une alternative tronquée. Ce n'est pas l'un ou l'autre ou l'autre et l'un. Pourquoi ?
Ce qui est, c'est la manifestation phénoménale en même temps que l'absence de Nature propre et il devient inutile de se réfugier derrière un hypothétique niveau de réalité dans la mesure où la réalité est précisément non-duelle et vacuiste. C'est entretenir la confusion.
Je crois que la confusion est déjà dans tes propres mots cher Chakyam, la confusion des deux niveaux de vérité; tu dis Ce n'est pas l'un ou l'autre ou l'autre et l'un et juste après tu parles de manifestation phénoménale et d'absence de Nature propre, or la manifestation phénoménale est une affirmation des conventions, et l'absence de nature propre est une négation, mais pas des conventions, de leur nature propre. Donc il n'y a pas de tiers inclus, puisque tu affirmes quelque chose et nies autre chose; ce n'est pas à la fois l'affirmation et la négation de la même chose.
Pendant la méditation, les 18 domaines sont toujours présents et manifestent leur absence de Nature propre. La Conscience - toujours conscience de quelque chose - réalise cette vacuité fondatrice non pas à l'issue d'un calcul mais au cours d'un approfondissement de ce qui est.
Ca dépend de quelle méditation on parle. Les sens peuvent être présents au cours de la pratique de shamatha, mais non manifestes, il s'agit d'une perception non certifiée, je le vérifie régulièrement lorsque je n'entends plus le bruit du vent si ma concentration est assez équilibrée.

Je pars mercredi prochain en Inde et j'aurais aimé avoir plus temps pour discuter avec vous de tout ça, mais ce débat ne peut se faire que lorsque nous ne mélangeons pas les deux niveaux de vérités.

:arrow: Etes-vous ok sur le fait que ces deux niveaux de vérité sont distincts au niveau relatif et qu'ils ne sont pas duels au niveau ultime ?

Amitié FleurDeLotus
apratītya samutpanno dharmaḥ kaścin na vidyate /
yasmāt tasmād aśūnyo hi dharmaḥ kaścin na vidyate

Puisqu'il n'est rien qui ne soit dépendant,
Il n'est rien qui ne soit vide.

Ārya Nāgārjuna (Madhyamakaśhāstra; XXIV, 19).
Verrouillé