Iskander a écrit :J'assume que ce que tu appelles phénomènes non-existants sont des phénomènes spéculatifs (par exemple le vide rouge, le soi)?

Tout à fait.
Pour la vacuité, il y a la relation entre la vacuité, et le phénomène dont elle est l'expression.
En fait, elle en est la véritable nature, mais ça revient au même, les phénomènes et la vacuité sont mutuellement dépendants.
Pour ce qui est du svabhavikakaya, je ne sais pas en quoi ça consiste, donc je ne peux en discuter.
Il est la vacuité du Dharmakaya, les deux sont donc aussi mutuellement dépendants.
Je veux dire, est-ce par ce ce genre de raisonnement au cas par cas qu'on arrive à la conclusion que les phénomènes non produits ne sont pas doués d'existence indépendante, ou il y a un principe plus général?
On peut raisonner au cas par cas. Et il est dit aussi que réaliser la vacuité d'un phénomène revient à réaliser la vacuité de tous les autres. Bien sûr, il s'agit là de la vacuité la plus subtile: la dépendance par rapport à une désignation. S'il ne s'agissait que de la dépendance par rapport à des causes et conditions, on ne réaliser que la vacuité des phénomènes produits.
Quelle est la nature des émanations du Bouddha?
Elle est vide et impermanente, même les sambhogakaya ne sont pas éternels car ils sont sensés se résorber dans le Dharmakaya lorsque tous les êtres seront libérés.
Et qu'est-ce le Dharmakaya?
Pour le Mahayana, c'est l'esprit éveillé d'un Bouddha. Il est conceptuellement décomposé en sagesse (
jñanadharmakaya) et en sa vacuité (
svabhavikakaya).
Les untelkaya sont diverses formes d'expression du continuum? des sortes de "matières"?
En effet. Et les différentes formes du
rupakaya oui, sont une sorte de matière. Les
sambhogakayas sont plus subtils, aussi subtils que le
prana (souffle subtil qui est dit être la "monture" de l'esprit).
Et quelles sont les manifestations de ce "je", suivant la conception théravadine (peut être qu'un lecteur versé dans cette tradition pourra répondre à cette question)?
Je préférerais aussi qu'un lecteur théravadin y réponde, car à part "il n'y a ni je ni non je", je ne saurais quoi répondre.
C'est ce que tu appelles un non-existant, si j'ai bien compris ton tableau initial.
Très juste: le soi intrinsèque est une conception fausse, elle n'a donc aucun référent dans la réalité; ce référent est inexistant.
Ma question porte donc sur la permanence en tant que phénomène unitaire et identifiable d'un continuum de conscience et mémoires associées qui semble persister de façon indéfinie. Je m'interroge sur le pourquoi de sa non dissociation à plus ou moins brève échéance.
C'est parce que seul un instant de conscience peut engendrer un autre instant de conscience. Donc il est impossible que la conscience d'un individu puisse avoir un début, ni de fin. Bien sûr, les différents types de conscience grossière peuvent naître et disparaître; par exemple la conscience visuelle d'un éclair dans le ciel: elle naît et disparaît avec l'éclair. Mais pas la conscience mentale la plus subtile.
mais il y a permanence d'un assemblage, qui lui semble "transmigrer".
En fait cet assemblage est continu mais en continuel changement aussi, sinon nous serions égaux à nous-mêmes à travers les âges, ce qui n'est pas le cas puisqu'au cours de telle existence nous sommes humains et au cours de telle autre nous pouvons être animaux, dévas, etc... Dans la sphère sans-forme (arupadhatu), les êtres n'ont pas l'agrégat des formes par exemple.
Dans le cas du continuum de conscience et souvenirs qui se poursuit indéfiniment, je me demande pourquoi la cause première (le continuum) n'est pas quelque chose qui peut se "dissocier" au bout d'un certain temps.
En fait, le continuum n'est pas cause première et n'a pas de cause première.
Concernant la continuité, il y a 4 possibilités:
- un début et une fin: comme la conscience visuelle d'une éclair;
- pas de début et une fin: comme le samsara;
- un début et pas de fin: comme l'Eveil;
- ni début ni fin: la continuité de la conscience, l'espace incomposé, la vacuité des existants...
Amitié
