Ca fait peur

ted

J'imagine cependant un drogué qui tomberait sur cet espace sans préparation, sans samatha et surtout, sans possibilité d'y échapper tant qu'il est sous l'emprise de la drogue. Ce serait sans doute ce qu'ils appellent un "bad trip". Ca peut finir par une crise de folie je pense. L'angoisse du lieu est trop palpable. :oops: En même temps, c'est la nôtre (je suppose) sur le mode "non reconnu".

Donc, c'est préférable quand-même d'éviter de consommer des intoxiquants. :???:
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davi
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ted a écrit :
24 novembre 2017, 23:07
Là, ce ne sont pas de simples images hypnagogiques.

J'ai senti la puissance du truc.
C'est un espace vaste, profond, dont on est conscient mais sans garde fou.
C'est une conscience prise de folie amnésique.
Ca envahit la réalité. Ca devient la réalité. C'est la réalité. Et on ne peut pas la regarder en face car c'est elle qui regarde à travers nous.

Si l'éveil, c'est de maitriser ce truc, j'ai peur... :D
D'où la nécessité de pratiquer Vipassana, pas seulement lors de séances spécifiques, mais aussi dans chaque acte de la vie quotidienne.
[...]l’agitation mentale obscurcit notre lucidité et nos jugements. Elle est provoquée par le désir, l’avidité, la haine, la colère, l’orgueil, l’attachement, l’ignorance…, qui sont une méprise de la réalité. Le mental ressemble à un drapeau flottant au vent, emporté de tous côtés, tout comme les vagues de l’océan.

[...]

Vipassana, la méditation de la pleine conscience, réduit les tensions, les peurs, elle nous rend souple, tolérant et compassionné. Elle aiguise la concentration, l’intuition et la capacité de penser, elle nous prépare à faire face aux aléas de l’existence. Notre esprit devient calme et stable, notre vie s’harmonise, la vie devient paisible au lieu d’être une lutte. Le déluge des pensées se réduit, un calme profond naît, le métabolisme physiologique ralentit et des sentiments de paix et de bien être deviennent prédominants.
http://vipassanasangha.free.fr/t00_la_p ... cience.htm
S'indigner, s'irriter, perdre patience, se mettre en colère, oui, dans certains cas ce serait mérité. Mais ce qui serait encore plus mérité, ce serait d'entrer en compassion.
ted

davi a écrit :
25 novembre 2017, 20:22
D'où la nécessité de pratiquer Vipassana, pas seulement lors de séances spécifiques, mais aussi dans chaque acte de la vie quotidienne.
Oui, tout à fait.
Comme je disais dans le deuxième message du fil, c'est parce que j'étais attentif dans une activité banale (lecture d'un livre) que mon attention a pu se porter sur l'endormissement, ou en tout cas sur la période précédent mon réveil.

Je vois cette attitude mentale un peu comme celle d'un évadé qui s'est enfui d'une prison et qui a réussi à s'installer dans une planque confortable. Il a tout le confort moderne, une cuisine équipée, une bonne bibliothèque. Il décide de lire, de cuisiner et de s'adonner à diverses activités de loisirs. Mais en permanence, au fond de lui, il y aura un petit programme vigilant qui restera attentif aux moindres bruits, au moindre craquement, aux silences inhabituels et à tout ce qui se passe en arrière-plan.

L'évadé s'arrangera pour toujours savoir à chaque instant comment il est habillé, où se trouve son arme et ses affaires, dans quelle pièce de la maison il se situe et la distance de l'issue de secours la plus proche. Parce que, malgré l'aspect paisible des lieux, il sait qu'à tout moment, un commando peut débarquer pour le ramener en prison. Il restera donc vigilant pendant toutes ses activités et ne dormira que d'un oeil.

De même, à tout moment, la mort peut nous surprendre et profiter de notre distraction.
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axiste
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Réveil qui s'effectue alors que l'océan du subconscient se retire en abandonnant sur la plage de notre lucidité des formes étranges et sombres, rougeoyantes et obscures, animées de soubresauts, telles d'immenses baleines échouées qui se désagrègent rapidement sous le regard inquisiteur de la conscience lucide qui tente de reconnaître ces épaves qui ne sont que des créatures marines de l'esprit, nageant librement dans les zones inexplorées de l'esprit.
C'est plutôt bien décrit je trouve...mais ce ne sont que des formes, et nous ne sommes pas elles...c'est ce que je voyais enfant dans mes terreurs nocturnes et je ne voulais pas m'endormir pour ne pas qu'elles m'absorbent.
J'entendais des sons aussi, sorte de vacarme fracassant comme des roulements et l'espace de ma chambre subissait des rétrécissements puis des expansions. Je ne maîtrisais pas ce truc et quand ça arrivait je me disais: aaahhhh ça recommence ! ...et je ne savais pas où me situer dans cet espace qui n'avait aucune stabilité et qui bougeait : je voyais vraiment ma chambre rétrécir puis tout l'espace et il y avait un point de bascule et ça repartait dans l'autre sens en s'agrandissant jusqu'à ce que je m'endorme. Puis, à force de vivre ce truc, un jour je m'en suis détaché et ça s'est arrêté. Je n'y ai plus cru: c'était pas là à l'extérieur quelque chose qui me happait, c'était en moi.
Cinq clefs pour la parole correcte :
- dire au bon moment, prononcer en vérité, de façon affectueuse, bénéfique et dans un esprit de bonne volonté."
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tirru...
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Bonjour Ted,

L'une des caractéristiques du mental est qu'il n'est pas contrôlable. Est-ce la source de ta peur ? ou est-ce que la découverte de cette nouvelle dimension de ton mental qui te déstabilise ?
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ted

tirru... a écrit :
26 novembre 2017, 13:18
Bonjour Ted,

L'une des caractéristiques du mental est qu'il n'est pas contrôlable. Est-ce la source de ta peur ? ou est-ce que la découverte de cette nouvelle dimension de ton mental qui te déstabilise ?
Bonsoir Tirru

Je vais essayer de te répondre :

C'est une peur rétrospective. Qui apparait en examinant le souvenir. J'étais pas dans ce gouffre. J'étais ce gouffre. J'étais devenu quelque chose de totalement incontrôlé.

Ma conscience de veille s'est aperçue qu'une de mes consciences du sommeil était un état de folie étrange et inexplicable, sans repères. Et à mon réveil, ma conscience de veille à eu peur.

Mais "pendant" yavait une grosse angoisse, lourde et sans objet. Un sentiment terrible d'impuissance.
ted

Chepa Dorje avait dit un jour que le bardo était l'heure des conséquences, pas des causes. J'ai eu l'impression d'être devenu quelqu'un d'autre, sans contrôle, impuissant, incapable d'échapper à cette fantasmagorie.

En effet, maintenant qu'on en parle, c'est le sentiment d'impuissance qui m'a le plus frappé.

En me réveillant, je me suis dit :
  • "Bon sang. C'est ce truc qui prend vraiment le contrôle dès que je m'endors ? C'est ce que je suis vraiment ? C'est ça qu'il y a tout au fond de moi ? Faut que j'apporte la lumière dans ce gouffre. C'est une urgence, une priorité absolue !"
ted

Quand on se réveille après avoir dormi, c'est comme si on refermait une petite fenêtre. On ferme cette petite fenêtre et on allume la lumière dans une minuscule cellule, une minuscule pièce, plus ou moins en ordre. Cette pièce familière est située quelque part dans une longue tour s'élançant dans la pénombre vers le ciel obscur.

Cette petite fenêtre donne sur un espace qui vous enlève vos facultés et efface vos souvenirs quand vous l'observez. Vous ne pouvez pas l'observer en gardant votre égo. Vos facteurs mentaux disparaissent. Il ne reste que votre présence. Et encore. Elle est envahie d'étrangeté. Vous êtes cette présence. Mais cette présence, ce n'est pas vous.
ted

Je pense que pour contempler cet espace, il faut apprendre à abandonner les facteurs mentaux. En s'entrainant au quotidien. Par la méditation ou autre. S'habituer à être une présence nue, sans réactions. Parce que, sur place, aucune décision ne semble possible.

C'est peut-être un des buts de la pratique : arriver à maintenir un état de présence nue, sans activité mentale, sans identification à quoi que ce soit, y compris à notre présence. C'est sans doute entrer vivant dans son cercueil, comme disait Maitre Deshimaru.

Il me semble que l'une des consciences subtiles du sommeil est très proche de cette réalisation. Celle du sommeil profond ? Ou d'une autre phase ? Celle du sommeil paradoxal, en revanche, déborde de facteurs mentaux.
ted

Comme il n'y a aucun moyen de se mouvoir dans ces espaces étranges, à ma connaissance, je vais faire une supposition : notre trajectoire dans ces lieux bizarres est déterminée par nos actions précédentes. Notre Sila. Notre maitrise de Dhyana. Notre réalisation de Prajna.

Ces espaces sont le fruit de nos actions, je crois. Inutile de se précipiter pour les explorer. Il vaut mieux mettre en place une pratique régulière, éthique et solide à mon avis. On peut quand même, si on y arrive, aller jeter un oeil de temps en temps. Ca permet de rester humble.

A l'extinction des facteurs mentaux, phase incontournable lors des dissolutions liées à la mort ou au sommeil, les vents du karma nous pousseront sans doute dans de tels espaces et on verra si on a bien bossé.
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