Douces croyances

ted

Que c'est bon de se bercer d'espoir !
Quel doux miel que de se penser différent, promis à un tendre destin !

Quelle joie d'abandonner toute inquiétude !
Quel plaisir que de n'avoir qu'une seule certitude !

Quelle paix sublime que de baigner dans le meilleur de notre imagination !
Quels délices, ces rêves doux et pénétrants dont on ne veut pas se réveiller !

Ôoooh douces croyances du Samsara !
Mon coeur se serre à l'idée de devoir vous abandonner un jour !

Et pourtant il le faut
Car nul ne peut vous retenir.

Insaisissables, vous disparaissez dans la nuit
Emportant le bonheur qui s'enfuit
Et nos rêves d'enfants.
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Zopa2
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Mais n'est-il pas préférable de garder un peu d'espoir, ici et maintenant, sur cette terre ?
Si l'on parvenait à supprimer en soi tout espoir ; ne se trouverait-on pas confronté au seul désespoir ? Pourtant, la sagesse populaire nous dit que l'espoir fait vivre...
S'il n'y a plus que le désespoir, qu'aurons-nous à offrir à nos amis, les êtres sensibles ?

A moins que l'absence d'espoir ne soit pas l'équivalent du désespoir ? Mais alors, quel en serait le but ? Comment ce vide dans nos coeurs pourrait valoir la plénitude ?

L'évanescence des choses espérées est-elle vraiment un critère suffisant pour choisir d'y renoncer ? ou bien n'est-elle pas justement la raison de les goûter quand même, car quoi que l'on fasse, nous passerons, avec elles ?

Alors, avec un peu de malice, ne pourrait-on pas proposer un autre poème ? Un poème qui serait exactement le même, mais en changeant un seul mot. Lequel ?
Remplaçons dans le texte le mot Samsara par Nirvana et voyons si, ce faisant, nous aimons toujours le goût du miel et nos rêves d'enfants.
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chercheur
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Oui. ba11 Joliment trouvé :)
S'il n'y a plus que le désespoir, qu'aurons-nous à offrir à nos amis, les êtres sensibles ?
Notre force et notre bienveillance ?
A moins que l'absence d'espoir ne soit pas l'équivalent du désespoir ? Mais alors, quel en serait le but ? Comment ce vide dans nos coeurs pourrait valoir la plénitude ?
A ces questions je répondrais par une citation d'Ayya Khema :
Vivre dans l'illusion, être constamment partagé entre l'espoir et la crainte est le contraire de la force intérieure. Le sentiment de sécurité apparaît quand on voit la réalité en soi – et, par conséquent, en tous les êtres – et que l'on se réconcilie avec cette réalité.

(...)

La vie contemplative est souvent vécue comme un poids ; alors, on essaie de compenser l’absence de joie en se montrant sociable. Mais ce n’est pas ainsi que cela ne fonctionne. On doit, au contraire, développer une certaine légèreté de cœur et rester tourné vers l'intérieur. Il n'y a là rien d'inquiétant, rien de bien difficile non plus. Le mot « Dhamma » signifie « loi de la nature » et nous exprimons cette loi de la nature en permanence. À quoi voudrions-nous donc échapper ? Nous ne pouvons pas échapper à la loi de la nature. Où que nous soyons, nous sommes le Dhamma, nous sommes impermanents (anicca), insatisfaits (dukkha) et sans « moi » réel (anattā). Que nous soyons ici ou sur la lune n’y change rien ; il en sera toujours ainsi. Nous devons donc aborder nos difficultés et celles des autres d'un cœur léger mais sans exubérance, ni effusion. Il est préférable de conserver un regard tourné vers l’intérieur et teinté d'une pointe d'humour. C’est ce qui fonctionne le mieux. Avec un peu d’autodérision, il est bien plus facile de s'accepter de manière juste. Il est également plus facile d'aimer tous les autres.


Le problème est-ce les croyances ou l'attachement et le caractère illusoire de nos certitudes ?
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Zopa2
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Je crois que l'amour est le désir de voir les autres heureux. En aimant autrui, je souhaite son bonheur, je l'espère, et je l'espère tellement que cela me motive à agir concrètement et de la meilleure manière possible, pour son propre bien. Par conséquent, la bienveillance n'est-elle pas aussi une espérance ?

De la même manière, lorsque Ayya Khema prône l'extinction de l'espoir (et de la crainte) pour parvenir à un état de force et de sécurité intérieure, lorsqu'elle l'enseigne à ses disciples, ou qu'elle l'écrive dans un livre ; n'est-ce pas parce qu'elle espère finalement que cela sera profitable à autrui ? Comment dans ce cas peut-elle prôner l'extinction de l'espoir, tout en étant elle-même motivée, en définitive, par une espérance ? N'y a t -il pas là un paradoxe indépassable de l'espérance ?
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Peut-être que l'espoir et le désir de Libération sont les derniers désirs (après tout l'espoir est un désir) à éliminer ? Un peu comme une fusée qui a besoin d'autres engins, d'énormes propulseurs pour s'arracher de la gravité terrestre mais qui doit finalement les abandonner une fois leur rôle accompli et le carburant épuisé.

Comme l'a déjà dit ted, dans des posts précédents, une fois l'autre rive atteinte, il faut descendre de la barque et savoir l'abandonner... Cependant tout ne se fait pas sur un coup de tête, mais progressivement selon notre maturité et notre avancement sur la voie, selon ce qu'on est prêt à lâcher.
n'est-ce pas là une formulation paradoxale
Moi j'ai l'impression que dans la spiritualité, tout n'est que paradoxe, ça échappe ainsi à toute logique implacable. Parfois faut chercher à comprendre, mais parfois y a rien à chercher ou à comprendre.

(je dis ça mais je ne suis toujours pas enclin à m'arrêter de chercher ! ::mr yellow:: )
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Zopa2
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Hé bien, si je te comprends bien, tu aimes les paradoxes rencontrés sur les chemins de la spiritualité !

Alors je t'en offre un : la lanterne que je tiens devant moi pour éclairer mes pas est la logique. De temps à autre, sa lumière vacille et je ne vois plus très clair. D'autres fois, elle s'éteint complètement et je n'y vois plus rien ! Alors, avec patience, je la rallume, parce que sinon je trébuche.

C'est dire que la logique reste mon guide tout en reconnaissant ses limites propres. Voila mon paradoxe ! Je perdrais tous mes repères si je devais sauter par delà les lumières naturelles de la raison. Mais en même temps, j'essaie de ne pas tomber dans des filets d'élaborations conceptuelles infinies.
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Et c'est tout à ton honneur jap_8

Sur le chemin, la mèche de la lanterne est terminée. Ni mèche ni combustible pour faire briller la lumière. A quoi bon une lanterne lorsque le chemin devient sa propre lumière ?

(dit-il ce vieux sage de chercheur qui raconte n'importe quoi ! wiseman )
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Zopa2
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"Sois ta propre lumière..."
jap_8
ted

Zopa2 a écrit :
31 août 2017, 18:57
Remplaçons dans le texte le mot Samsara par Nirvana et voyons si, ce faisant, nous aimons toujours le goût du miel et nos rêves d'enfants.
:shock: Ca va pas la tête M Zopa ? :lol: :D
Pourquoi ne pas abroger aussi le quatrième sceau bouddhiste qui dit : Seul le Nirvana est Paix Santam Nibbanam ?

Tenez M Zopa, un extrait du sutra du Diamant pour vous consoler :
« Honoré du Monde, si un sage pouvait penser : « J'ai atteint l'illumination ! » alors ce serait à cause de l'attachement au moi, à la personnalité, aux sens et à l'âme. Honoré du Monde, le Bouddha a dit que j'ai atteint le samàdhi de la non-discrimination qui, entre tous, est le meilleur. C'est le meilleur parce que je suis libre du désir d'être un Sage. Je ne pense pas : « Je suis libre du désir d'être un Sage ! ». Honoré du Monde, si j'en étais à penser : « J'ai atteint l'Illumination d'un Sage ! » alors, l'Honoré du Monde ne pourrait plus dire que Subhûti est un pratiquant de la forêt merveilleuse, parce qu'en réalité Subhûti ne pratique en aucun lieu. Et ainsi on l'appelle « Subhûti, le pratiquant de la forêt merveilleuse [9]».
3. Le Bouddha s'adressa à Subhûti en disant : « Les Bodhisattva-mahàsattvas maîtriseront ainsi leur esprit : Où il y a le moindre être sensible, qu'il soit né d'un œuf ou d'une matrice, engendré dans l'eau ou par mutation, qu'il y ait forme ou non, qu'il soit doué de pensée ou non, qu'il ait eu une conscience ou non, je les aiderai tous à se libérer pour entrer dans le Nirvâna. Ainsi, bien que libérant les êtres sensibles sans mesures, sans calculs et sans limites, dans la réalité, il n'y a pas d'êtres sensibles qui atteindront cette libération. Qu'est-ce à dire ? Subhûti, si un bodhisattva a l'image de soi-même, l'image d'une personne, l'image d'un être ou l'image d'une âme, alors, il n'est pas un bodhisattva.

4. De plus, Subhûti, un bodhisattva qui suit le Dharma ne s'installerait pas dans la pratique de la charité. C'est-à-dire qu'il ne s'installerait pas dans les formes de la charité. Ni même dans les sons, les odeurs, les goûts, les sensations tactiles ou les idées de charité. Subhûti, un bodhisattva serait ainsi charitable sans avoir à assumer de telles images. Pourquoi ? Si un bodhisattva ne s'identifie pas aux images de la charité, sa véritable vertu est incommensurable.

Qu'en penses-tu Subhûti ? Vers l'Est, la distance peut-elle être mesurée ou non ? »

« -Non, Honoré du Monde. »

« -Subhûti, vers le Sud, l'Ouest, le Nord, le Centre, le Zénith et le Nadir, la distance peut-elle être mesurée ou non ? »

« - Non, Honoré du Monde. »

« - Subhûti, la vertu sacrée d'un bodhisattva qui ne s'installe pas dans des représentations de la charité est également semblable. On ne peut la mesurer. Subhûti, les bodhisattvas peuvent uniquement se fier à cet enseignement. »

5. « Subhûti, qu'en penses-tu ? On peut reconnaître le Tathâgata par les trente deux signes du Bouddha, non ? »

« Non, Honoré du Monde. On ne peut pas reconnaître le Tathâgata par ses signes corporels. Et pourquoi cela ? Le Tathâgata a expliqué que les signes du Tathâgata n'étaient pas des signes corporels. »

Le Bouddha s'adressa à Subhûti disant : « Les signes que possèdent les personnes ordinaires sont tous vides et erronés. Si l'on peut percevoir que ces signes ne sont pas des signes, alors on reconnaît le Tathâgata. »

6. Subhûti dit au Bouddha : « Honoré du Monde, n'est-il pas douteux que des êtres doués de sensations entendant ce discours atteignent la foi parfaite ? »

Le Bouddha répondit à Subhûti : « Ne dis pas cela. Pendant la période de cinq cents ans qui suivra la mort du Tathâgata, ceux qui observeront les préceptes et cultiveront la volonté sacrée pourront atteindre l'esprit de la foi à partir de cet enseignement parce qu'il est authentique. Il est certain que ceux-ci n'ont pu approcher un Bouddha, deux Bouddha, trois, quatre, ou cinq Bouddha pour planter les bonnes racines. Ils ont planté les bonnes racines près d'un nombre incalculable de centaines de milliers de Bouddha. En écoutant ces enseignements, même sous la forme d'une simple récitation, ils atteindront la pure Foi. Subhûti, le Tathâgata sait parfaitement et voit parfaitement que ces êtres doués de sensations atteindront ainsi une telle vertu sans limites. Pourquoi ? Ces êtres doués des sens ne retourneront pas aux images d'un moi, aux images d'une personnalité, aux images d'un être doué de sensation ou à l'image d'une âme. Ils ne possèderont aucune image du Dharma pas plus que du non-Dharma. Pourquoi ? Si l'esprit de ces êtres sensibles était accroché à de telles images, ils s'attacheraient à un moi, à une personnalité, aux sens et à une âme. S'ils s'accrochent à des images du Dharma, ils s'attacheront à un moi, à une personnalité, aux sens et à une âme. Pourquoi ? S'ils s'accrochent aux images du non-dharma, ils s'attacheront à un moi, à une personnalité, aux sens et à une âme. C'est pourquoi on ne peut s'accrocher au Dharma ni au non-dharma. C'est à cause de cela que le Tathâgata dit toujours, « Moines ! Sachez que mon enseignement oral du Dharma est comme un radeau de bambous. Le Dharma que l'on honore doit être abandonné. Alors, combien plus ce qui n'appartient pas au Dharma ? »

7. « Subhûti, qu'en penses-tu ? Le Tathâgata a atteint l'éveil suprême et indépassable, non ? Le Tathâgata a un enseignement du Dharma, n'est-ce pas ? »

Subhûti répondit : « Si j'ai compris la signification du sermon de Bouddha, il n'y a aucun Dharma que l'on pourrait appelé « le suprême et indépassable éveil ». Aussi, n'y a-t-il pas de Dharma fiable que le Tathâgata pourrait enseigner. Pourquoi ? Les Dharmas expliqués par le Tathâgata sont intangibles et inexprimables. Il n'y a ni Dharmas ni non-dharmas. Pourquoi cela ? Tous les Sages font des discriminations à partir du Dharma inconditionné[2]. »
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Zopa2
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:D
Je n'abroge pas le quatrième sceau. Je dis simplement que le Nirvana est une croyance, ou un "objet de foi" si tu préfères cette expression. Et pour les bouddhistes, cette croyance est douce car elle leur donne de l'espoir.

Mais un jour, ils réaliseront qu'il n'existe pas plus de Nirvana que de rêves d'enfants car en définitive, il n'y a rien à atteindre de manière ultime puisque la vacuité est vide d'elle-même. En effet, comment une négation non-affirmative pourrait-elle être saisie ?

Sinon, je n'ai pas bien compris l'extrait du sutra du diamant. Dois-je y lire une réponse claire aux questions que je soulevais ou bien des conseils de ta part, sortant de la bouche du Bouddha, pour consoler ma pauvre tête ? :)
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