Jusqu'a présent quand je voyais Siddharta Gautama partir en quête de l'Eveil, tantôt je disais : il cherche un remède, tantôt je disais : il cherche une réponse à la question de la souffrance.
Pas bête cette distinction entre remède et réponse.
Ca nous renvoie à la parabole de la flèche qui dit globalement : survivez d'abord et posez vous des questions ensuites.
Donc, il y a des réponses possibles après avoir trouvé l'éveil.
Et pas sur quelles nous plaisent d'ailleurs mais l'éveil étant aussi au delà du plaisant et du déplaisant, ces réponses seront sans doute sans importance à nos yeux ?
Le Bouddha l'a dit a un de ses moines qui était troublé lors de ses méditations par des questions d'ordre philosophiques et métaphysiques, le Bouddha a rappelé qu'il n'était pas là pour donner ce genre de réponses, qu'il ne l'avait jamais promis, qu'il n'avait promis qu'une chose, une seule : la cessation de la souffrance. C'est tout. Ni plus, ni moins.
Il y a un sutra de la triple corbeille là dessus, il a du être posté quelque part non ?
C'est le Cūḷamāluṅkya Sutta ou : Le court discours à Māluṅkya. (MN63).
Pour revenir a ce que je disais plus haut (et pour rejoindre ce que j'ai croisé plusieurs fois comme constat aussi bien du coté zen que tibétain), c'est notre mental qui transforme un remède en réponse, qui transforme le dharma en réponse à des questions, qui cherche dans le dharma des réponses à des questions intellectuelles, philosophiques, métaphysiques, pas forcément explicitées par le Bouddha, voir pas du tout, quitte à déformer ses propos et lui faire dire ce qu'il ne dit pas. Les enseignements originels sont simples, pratiques, concrets (comme l'attention à la respiration) et au fil du temps les savants ont compliqué tout cela, pour répondre à la tendance du mental a intellectualisé, à entrer dans une logique de questionnement et dans un désir de réponses intellectuelles.
Il y a aussi les fameuses 10 questions auxquelles le Bouddha a refusé de répondre.
En fait le seul vrai questionnement (et dont les réponses sont clairement fournies) c'est la Nobles Vérités 2.
On peut imaginer un dialogue entre un médecin qui se promène sur un chemin et un homme fiévreux et boiteux, sale, chaudement habillé alors qu'il fait 35 degrés à l'ombre.
Le médecin voit l'homme et lui dit :
- Dites cela n'a pas l'air d'aller fort.
Et l'inconnu de répondre :
- Si si tout va bien, laissez moi tranquille je suis en pleine forme.
- Vous transpirez abondamment.
- Oui bon c'est vrai j'ai chaud.
- Et si vous retiriez ce lourd et épais manteau d'hiver ?
- Mouais, possible, j'ai pas fait attention en m'habillant ce matin, j'ai pris le premier vêtement qui venait.
- Dites, vous vous exprimez difficilement, vous n'auriez pas la bouche pâteuse par hasard ?
- Bah ... maintenant que vous le dites...
- Depuis combien de temps n'avez vous pas bu d'eau ?
- Mmmm ça devait être hier soir.
- Il a fait très chaud toute la nuit et il fait très chaud ce matin, vous avez une gourde à la ceinture on dirait, si vous buviez un peu ?
- (L'homme boit quelques gorgées).
- Vous boitez, vous avez mal au pied ?
- Oh c'est rien ça.
- Je vois un gros caillou coincé dans la semelle de votre chaussure, et si vous le retiriez ?
- (l'homme s'exécute).
- Et là ça va mieux ?
- Nettement oui, merci.
- Vous dévirez peut être prendre un bain, depuis combien de temps n'en avez vous pas pris un ?
- Mmmm une semaine.
-Il y a une rivière claire et fraîche a un quarte d'heure au sud, vous voulez que je vous y amène ?
Est-il besoin de détailler qui est qui et quelles sont les étapes ?
C'est très simples comme dialogue vous ne trouvez pas ? Sans doute un peu "grossier", pas très subtile... mais bon.
Compagnon : Pour revenir a ce que je disais plus haut (et pour rejoindre ce que j'ai croisé plusieurs fois comme constat aussi bien du coté zen que tibétain), c'est notre mental qui transforme un remède en réponse, qui transforme le dharma en réponse à des questions, qui cherche dans le dharma des réponses à des questions intellectuelles, philosophiques, métaphysiques, pas forcément explicitées par le Bouddha, voir pas du tout, quitte à déformer ses propos et lui faire dire ce qu'il ne dit pas. Les enseignements originels sont simples, pratiques, concrets (comme l'attention à la respiration) et au fil du temps les savants ont compliqué tout cela, pour répondre à la tendance du mental a intellectualisé, à entrer dans une logique de questionnement et dans un désir de réponses intellectuelles.
D'ailleurs le Bouddha dit :
"Celui qui interroge se trompe. Celui qui répond se trompe."
Je crois qu'il devait faire référence aux questions du type de celles dont tu parles, questions métaphysiques etc.
Ou alors, peut-être voulait-il dire que tout est fondamentalement résolu.
C'est vrai qu'elle est pas évidente cette citation.
Bon déjà, tout de même, d’après les sutras originel, il a quand même pris la peine lui de répondre à certaines questions qu'on lui posait.
Ensuite, peut être que dans la question c'est le mental, l'intellectuel qui cherche à s'exprimer et dans la réponse c'est le "moi", l'ego, celui qui se met en avant, la prétention à "savoir" ?
Après cela fleure bon l'esprit du "zen" qui se veut un enseignement non transmis par les voies habituelles du langage et de l'écrit. Enfin je trouve.
Après cela fleure bon l'esprit du "zen" qui se veut un enseignement non transmis par les voies habituelles du langage et de l'écrit. Enfin je trouve.
Il y-a quand-même toute une littérature zen.
Et oui comme quoi Si tu lis l'origine "légendaire" du Zen (que tu connais sans doute ?) c'est résolument non verbal et non scriptural, comme quoi... ça démange de parler et d'écrire ... eh puis faut quand même être un minimum pratique, peut être commencer inévitablement par l'oral et l'écrit pour finir par s'en défaire peu a peu. Si tu vas jeter un oeil à l'enseignement que j'ai posé sur la vacuité, l'auteur parle à un moment de cette relation, de ce lien particulier entre un maître et un disciple, lien qui peut transcender les mots. Si les circonstances sont réunies, un koan d'une phrase ou même un simple geste de la main peut provoquer l'Eveil du disciple. Temporaire ou durable. Et le geste en question peut être des plus incongru, comme une sandale que l'on vous jette. M'étonnerais pas qu'il y ai des récits d'Eveil liés à la cuisine par exemple, puisqu'il y a un guide de conseils au cuisinier Zen proposé par Dôgen et que, comme j'en ai parlé ailleurs, pour Thich Nhat Hanh, tout acte du quotidien peut devenir pratique de méditation, on doit pouvoir alors se retrouvé à expérimenté un état particulier ou même l'Eveil en plein milieu d'une activité on ne peut plus prosaïque et banale simplement parce que c'était le moment ou toutes les conditions étaient enfin réunies.
Toutes proportion gardée l'année dernière je me souviens d'avoir d'un seul coup trouvé très drôle de nettoyer une assiette pendant la vaisselle, j'ai regardé ma main, le liquide vaisselle, l'éponge, la mousse, le mouvement de ma main et j'ai trouvé soudain cela très drôle, ne me demande pas pourquoi, une bouffé comme ça, pure amusement, j'ai pas ri (enfin si je crois un peu) mais j'ai ressenti un net sentiment d'amusement pour quelque chose qui pourtant n'avait vraiment aucun raison de m'amuser. Cela duré quelques seconde.
Je sais que je me répète mais j'aime vraiment beaucoup l'idée de l'Eveil dans un éclat de rire chez certains maître Zen. L'Eveil dans la joie et le rire, c'est pas merveilleux ?
C'est vrai qu'elle est pas évidente cette citation.
Bon déjà, tout de même, d’après les sutras originel, il a quand même pris la peine lui de répondre à certaines questions qu'on lui posait.
Oui, il ne faudrait pas omettre de dire que le Sutras sont la plupart du temps des discours que le Bouddha adressait à son entourage, pour répondre à des questions. Et que lui-même utilisait beaucoup les questions pour aider ses interlocuteurs à prendre conscience de certaines choses et à les comprendre en profondeur. Question des disciples/ réponse du Bouddha. Nouvelle question des disciples/ nouvelle réponse du Bouddha, etc...
Ou encore dans cet ordre :
Question du Bouddha/ réponses des disciples. Nouvelle question du Bouddha/ nouvelle réponse des disciples, etc...
L'inconvénient pour ceux qui n'ont pas rencontré un maitre vivant, c'est qu'un livre ne leur posera jamais vraiment de questions....
De toutes les activités du Bouddha, les plus élevées sont celles de sa parole...car sans elle, que seraient devenus ses premiers disciples ? On peut parler d'une parole libératrice...