@Ted: les lamentations, la détresse, font partie de dukkha-dukkha

Etre séparé de ceux que nous aimons c'est aussi dukkha-dukkha, le changement (devoir s'habituer a l'absence physique d'un être cher que l'on a côtoyer pendant des années) relève de vipanama dukkha. L'existence de notre corps dans cette vie est le fruit d'une foule de conditions, variées, réunies pendant un temps, tant que les conditions sont réunies, le corps reste cohérent, mais de toute façon les circonstances propices à la réunion des conditions d'existence de cette forme sont soumises à l'impermanence, inévitablement ce corps cessera d'être cohérent un jour ou l'autre, on appelle cela, sans doute improprement, la mort. Comme cela t'a été dis je crois, c'était simplement l'heure pour ton père de quitter cette forme. Ce corps. Les conditions n'étaient plus réunies. Et ta présence ou ton absence n'ont été peut être qu'une des conditions multiples à cette situation. Relativise ton absence. Elle n'est qu'un élément dans un paysage beaucoup plus vaste, ta "responsabilité" est limitée. Ouvre ton esprit à un paysage plus vaste, tu relativiseras alors ta place, ton rôle et peut être ton chagrin s'amenuisera.
Comme le fait remarqué l'actuel Dalaï-Lama, quand nous nous lamentons sur notre sort, c'est l’ego qui par "moi", "moi", "moi", ma souffrance à moi. Nous réduisons notre esprit aux frontière étroites de notre ego, si bien que le moindre soucis prend alors de proportions insurmontables, alors quand il s’agit de quelque chose d'aussi douloureux que la perte d'un être cher...
Si cela peut t'aider, ce que tu peux faire (puisque le bouddhisme est avant tout une pratique), c'est de méditer comme suis :
Développe ta compassion, ton amour, pour tous les êtres humains qui actuellement comme toi, culpabilisent car ils n'ont pas été là au moment de la mort d'un être cher, tous ceux qui s'en veulent comme toi et se disent qu'il sont responsables de la mort de l'être cher car ils étaient absents. Tu peux être certain qu'en ce moment à cette instant sur les milliards d'être humains sur Terre il y en a surement un nombre conséquent (qui t'étonnerait probablement si tu pouvais les compter) qui ressentent exactement la même détresse morale que toi. Et ta propre détresse n'est ni moins grave ni plus grave que la leur.
Alors pense à eux et pense à toi. Médite sur la compassion, développe ton amour et ta compassion pour eux et pour toi, donne leur ta compassion car tu comprends leur chagrin. Toi tu disposes des moyens, des techniques, des outils du dharma pour cela, c'est une chance extraordinaire, eux ne l'ont pas forcément.
Ouvre ton coeur a une souffrance plus vaste que la tienne, non pour souffrir d'avantage mais pour l'embrasser, la consoler. Car tu en as les moyens.
Cela ne fera pas disparaître le chagrin mais cela peut l’alléger, lui redonner sa place juste.
