C'est trop dur à supporter

ted

Je passe toujours quelques jours avec mon père au mois d'Août.
L'année dernière, pour un tas de raisons (familiales, administratives), je n'ai pas pu.
Début septembre, je lui ai promis de venir passer une semaine avec lui en octobre, aux vacances de la Toussaint.
Vers le 20 septembre, à l'automne, il est tombé malade.
Un mois après, il mourait.

Je ne peux m'empêcher de penser qu'il est mort de tristesse parce que je n'étais pas là, comme d'habitude quelques jours, en août. :cry: :cry: :cry: :cry: :cry:
ted

On veut aider tous les êtres et on laisse crever son père.
Ca c'est moi.
Je me dégoûte. :-(
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jules
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Inscription : 15 février 2009, 19:14

S'il était encore vivant, il dirait sans-doute : Ted, mon fils, tu es un idiot de penser ça, c'était juste mon heure. <<metta>>
Compagnon

Disposais tu vraiment d'un si grand pouvoir sur lui ?
Penses tu réellement que ta présence ou ton absence était le seule facteur déclenchant de cette situation ?
Et lui, n'avait-il pas de moyen de se déplacer, d'aller vers toi, si il le voulait ?
Qui te dis qu'il ne serait pas mort quelque jours après que tu sois repartis de ce séjour si tu y avais été ?
Penses tu que lui serait heureux que tu culpabilises ?

Thich Nhat Hanh dit de très belle choses sur la mort (la nôtre et celle de nos proches), très apaisantes, si cela t'intéresse. Il parle aussi de son père quelques fois. Le rapport aux aînés est important en Asie dans la société.

J'ai aussi eu des regret il y a quelques années a propos d'une grand mère. Situation un peu semblable mais pas tout à fait.

D'une certaine façon ton père est toujours vivant. En toi. Sous une autre forme. Il est une partie de toi. Donc tu peux toujours lui parler. Si tu regarde assez profondément. Au delà de la croyance qu'il y a la naissance et la mort.

anjalimetta

PS : êtres dégoutté de soi-même est rigoureusement inutile. Qui est dégoutté sinon le soi ? Encore une fois le soi essai de faire croire en sa réalité, de manière sournoise. L’apitoiement "sur soi" , le "dénigrement de soi".
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axiste
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Inscription : 09 mai 2008, 05:39

C'est ce qui devait se passer et tu n'y pouvais rien. loveeeee

Un souvenir personnel:
La culpabilité m'a rongée à propos de ma grand mère.
Une semaine avant sa mort, elle voulait que je la raccompagne chez elle.
Ma mère présente alors, a décidé que ça me ferait trop de route (ma mère se fait toujours un milliard de soucis, et même des soucis n'existent pas...)
J'ai quitté ma grand-mère sur un refus. .
Une semaine après elle mourrait.
J'ai mis du temps a avaler tout ça.
Ensuite, j'ai vu que les choses se sont passées comme elles le pouvaient à ce moment là.
Je me suis même demandée si mes activités diverses n'étaient pas liées à tout cela.
Comme si je devais réparer quelque chose.
Puis j'ai compris que c'était ce qui était là.
La culpabilité est partie.
A la place il y avait autre chose.
Je suis consciente de mes regrets, mais je ne m'y attache plus. Ils ne sont pas sensés.
Cinq clefs pour la parole correcte :
- dire au bon moment, prononcer en vérité, de façon affectueuse, bénéfique et dans un esprit de bonne volonté."
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Zopa2
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Inscription : 04 septembre 2015, 19:23

@ Ted

J' ai ressenti un énorme remord lors du décès de ma grand-mère, il y a cinq ans et dont je ne me suis pas encore complètement libéré.
Ce sentiment est composé de trois émotions :
1) la colère (envers moi-même) et la honte, lorsque je pense que si j'avais agis autrement j'aurai pu la soutenir davantage, et même peut être la sauver.
2) la tristesse en constatant que c'est trop tard pour agir et qu'il est impossible d'avoir une deuxième chance.

Je n'en ai jamais parlé à personne mais j'en ai beaucoup souffert. Maintenant, il parait en effet que ressentir de la culpabilité lors de la mort d'un proche est une expérience assez répandue.
Je n'ai pas de conseils à te donner pour te soulager. C'est juste pour dire que je ressens la même chose que toi. Une sorte de communion silencieuse.
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yves
Messages : 692
Inscription : 26 février 2016, 13:01

au moment ou tu as agis, l'été en question, as-tu agis de la façon que tu pensais être la meilleur?

maintenant, avec les informations que tu as en plus, agirais tu de la même façon?

ta conscience a changé, tes priorités ne sont peut-être plus les même?

cette mort n'est pas la pour que tu apprennes à te juger...

bien à toi anjalimetta
oui à ce qui est
tout change
tout est maintenant
être tout
amour
Compagnon

@Ted: les lamentations, la détresse, font partie de dukkha-dukkha :) Etre séparé de ceux que nous aimons c'est aussi dukkha-dukkha, le changement (devoir s'habituer a l'absence physique d'un être cher que l'on a côtoyer pendant des années) relève de vipanama dukkha. L'existence de notre corps dans cette vie est le fruit d'une foule de conditions, variées, réunies pendant un temps, tant que les conditions sont réunies, le corps reste cohérent, mais de toute façon les circonstances propices à la réunion des conditions d'existence de cette forme sont soumises à l'impermanence, inévitablement ce corps cessera d'être cohérent un jour ou l'autre, on appelle cela, sans doute improprement, la mort. Comme cela t'a été dis je crois, c'était simplement l'heure pour ton père de quitter cette forme. Ce corps. Les conditions n'étaient plus réunies. Et ta présence ou ton absence n'ont été peut être qu'une des conditions multiples à cette situation. Relativise ton absence. Elle n'est qu'un élément dans un paysage beaucoup plus vaste, ta "responsabilité" est limitée. Ouvre ton esprit à un paysage plus vaste, tu relativiseras alors ta place, ton rôle et peut être ton chagrin s'amenuisera.

Comme le fait remarqué l'actuel Dalaï-Lama, quand nous nous lamentons sur notre sort, c'est l’ego qui par "moi", "moi", "moi", ma souffrance à moi. Nous réduisons notre esprit aux frontière étroites de notre ego, si bien que le moindre soucis prend alors de proportions insurmontables, alors quand il s’agit de quelque chose d'aussi douloureux que la perte d'un être cher...

Si cela peut t'aider, ce que tu peux faire (puisque le bouddhisme est avant tout une pratique), c'est de méditer comme suis :
Développe ta compassion, ton amour, pour tous les êtres humains qui actuellement comme toi, culpabilisent car ils n'ont pas été là au moment de la mort d'un être cher, tous ceux qui s'en veulent comme toi et se disent qu'il sont responsables de la mort de l'être cher car ils étaient absents. Tu peux être certain qu'en ce moment à cette instant sur les milliards d'être humains sur Terre il y en a surement un nombre conséquent (qui t'étonnerait probablement si tu pouvais les compter) qui ressentent exactement la même détresse morale que toi. Et ta propre détresse n'est ni moins grave ni plus grave que la leur.

Alors pense à eux et pense à toi. Médite sur la compassion, développe ton amour et ta compassion pour eux et pour toi, donne leur ta compassion car tu comprends leur chagrin. Toi tu disposes des moyens, des techniques, des outils du dharma pour cela, c'est une chance extraordinaire, eux ne l'ont pas forcément.

Ouvre ton coeur a une souffrance plus vaste que la tienne, non pour souffrir d'avantage mais pour l'embrasser, la consoler. Car tu en as les moyens.

Cela ne fera pas disparaître le chagrin mais cela peut l’alléger, lui redonner sa place juste. :)

anjalimetta
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davi
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Inscription : 28 février 2016, 11:38

Nous devons distinguer amour et attachement. Quand un être cher meurt, il faut le laisser s'en aller sans essayer de le retenir. L'être cher passe alors à autre chose, et nous, nous sommes motivés pour qu'il trouve la libération dans ses prochaines vies, par exemple l'imaginant notre disciple lorsque nous aurons dévoilé notre véritable nature de bouddha. Quel plus beau cadeau que celui-ci ? Quelle plus belle preuve d'amour et de gratitude ? :)
S'indigner, s'irriter, perdre patience, se mettre en colère, oui, dans certains cas ce serait mérité. Mais ce qui serait encore plus mérité, ce serait d'entrer en compassion.
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axiste
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love3
Cinq clefs pour la parole correcte :
- dire au bon moment, prononcer en vérité, de façon affectueuse, bénéfique et dans un esprit de bonne volonté."
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