Bienveillance naturelle VS méfiance vis à vis des autres

Compagnon

Bonjour :)

Voila, je suis quelqu'un d'assez vulnérable au niveau des sentiments, de l'affect, certains diraient "sensible", d'autre ombrageux ou susceptible. Bien sûre il y a une question d'ego dans l'affaire, évidemment, de défense du "soi", j'en suis conscient, c'est pourquoi je cultive beaucoup le "non-soi" en ce moment.

J'ai toujours été quelqu'un de sensible, il y a quelque années j'ai appris que cela s'expliquait entre autre par mon profile de HP, les HP (haut potentiel - sous entendu intellectuel), souffrent (et le mot est loin d'être galvaudé) d'un déséquilibre plus ou moins prononcé entre une maturité et des capacités de compréhension intellectuelles plus élevée que la normale et que leur âge mais d'un retard en terme de maturité affective, émotionnelle. Je le vois chez mon fils qui l'est aussi. Il a 7.5 ans, il parle parfois et manie parfois de concepts en avance sur son age de plusieurs années mais se comporte encore régulièrement comme un "bébé" de 3 ou 4 ans. En ce qui me concerne, à la louche, là j'ai 42 ans environ je ne me sens la maturité affective d'un jeune adulte que depuis quelques années au mieux. Et même encore actuellement, même si je suis grand, masif, il y a des situations ou j'ai l'impression d'être encore aussi vulnérable émotionnellement qu'un enfant à l'intérieur.

De plus les personnes à HQI/HP sont souvent mais pas toujours, des individus portés vers l'altruisme mais aussi très peu blindés émotionnellement dans la vie sociale, ils manquent du "blindage" d'indifférence qu'ont la plupart des gens. Une vexation qui va agacé quelqu'un de "moyen" pendant quelques heures, une "blessure d'ego" , un HP/HQI cela pourra prendre une journée entière pour s'en remettre, voir plus et au prix d'un épuisement psychique non négligeable. Qui impact les capacités de raisonnement et intellectuelles.

Tout cela pour dire quoi : en ce qui me concerne, je ne crois pas être quelqu'un de "mauvais", j'ai quelqu'un mauvais penchant, que je m’efforce de contrôlé, mais j'ai une forte conscience morale, et je suis quelqu'un je crois qui spontanément ne demande qu'a aider son prochain, la souffrance des autres m'est pénible, je ressens facilement un besoin de "faire quelque chose", leur souffrance me fait souffrir. Même de parfait inconnus. Bon , dans des proportions raisonnables évidemment, dans le sens ou si je crois dans la rue une maman avec son bébé qui pleure, pas de problème, mais si je ne prend pas garde je m'identifie aisément a des personnes en souffrance devant moi.

Hors, primo l'autre en face ne demande pas forcément de l'aide.
Et secondo, l'autre me blesse aisément sans le vouloir forcément (j'ai des relations compliquées avec mes parents et ma soeur).

Je me retrouve donc coincé entre le besoin d'aider les autres et le fait que les autres me blessent aisément volontairement ou non. Je le ressens particulièrement dans le domaine professionnel.

Il y a presque un an j'ai énormément souffert car on m'a forcé un quitté un poste qui me convenait parce que, d'après ma responsable, j'étais "trop bienveillant", "trop gentil", et c'était dans une école primaire ! La directrice m'a demandé de partir "pour mon bien" (parait-il, a mon avis il y a des toutes autres raisons bien moins avouables et bienveillantes) et il y a eu un rejet massif et unanime des tous les enseignants parai-il vis à vis de moi, au bout d'a peine 3 semaines. On a même osé me dire que je faisais peur aux enfants (un joli mensonge au passage démenti par des faits vécus mais bon... ). Cet événement m'a vraiment énormément blessé. J'ai essayé pour la première fois, sans en dire rien publiquement évidemment, de mettre ne pratique le Dharma, et j'ai eu droit a un rejet massif et très douloureux.

Je me dis que la solution doit être quelque par dans le non-soi peut être, dissoudre l'ego pour ne plus être vulnérable, être capable d'une bienveillance non pas "froide" mais disons "impassible" et totalement exempte d'un besoin de réponse positive en retour, mais bon...

Je suis coincé entre l'envie d'aider les autres et le fait de me méfier des autres car bien trop souvent blessés par eux, je ne fais pas confiance aux autres, l’expérience m'a démontré qu'a un moment ou a un autre l'autre me blessera volontairement ou non. Seule exception, ma famille proche : ma compagne et mon fils. Au bout de 15 ans pour l'une et 7.5 ans pour l'autre j'ai finis par m'habitué et je les aime donc cela me protège.

Auriez vous des idées là dessus ?

love_3
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yves
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je te conseille le livre de marshall rosenberg, "les mots sont des portes ou bien des murs"

c'est un psy qui a mis au point un système de communication dite "non-violente" en rapport direct avec l'"a-himsa" de gandhi

il invite à faire une séparation entre nos besoins et les stratégies que utilisons pour y répondre, il dit que les besoins sont universels et par eux nous pouvons nous relier au monde. ce sont les stratégies choisit qui sont malheureuses

pour reprendre un exemple déjà débattu sur ce forum, marine le pen incarne un besoin de sécurité, de cohésion et un besoin de participer à la construction du monde. en reconnaissant ces besoins je me connecte au plan humain. ensuite je vois les stratégies: racisme et antisémitisme et j'exprime mon désaccord et je dis que ces stratégies sont mauvaises

rosenberg dit que le problème vient quand les 2 s'amalgame, besoin et stratégie se superpose, et ça devient "marine le pen est mauvaise" cela nous coupe de notre universalité

à titre indicatif voici une liste de besoin non exhaustive de communication non-violente:

Acceptation, intégration.
Amour.
Appartenance (faire partie d’une entité plus grande que nous-même)
Appréciation (confirmation qu’une contribution positive a été apportée)
Apprentissage.
Attention
Authenticité (être vrai vis-à-vis de soi)
Autonomie (choisir ses propres objectifs, valeurs, rêves et moyens de les concrétiser)
Beauté.
Bien-être.
Bienveillance
Célébration de la vie.
Chaleur humaine.
Clarté.
Clarté de l’objectif
Cohérence
Compassion (réaction bienveillante à une souffrance)
Compétence.
Compréhension (comprendre et être compris)
Confiance.
Connexion.
Considération (pour nos propres besoins ou préférences et pour ceux des autres).
Contact.
Contribuer au bien-être d’autrui, la relation d’aide.
Contribution à enrichir la vie
Coopération
Créativité.
Croissance.
Deuil (de la vie et des cycles de la naissance et de la mort)
Échange, recevoir des autres et leur donner.
Équilibre
Exister.
Efficacité.
Égalité.
Empathie.
Équilibre
Espoir
Expression de soi
Harmonie
Honnêteté
Humour.
Intégrité
Interdépendance
Intimité
Jeu.
Justice.
Ordre.
Paix.
Plaisir physique.
Présence humaine.
Réconfort
Repos
Respect mutuel
Sécurité affective
Sécurité matérielle
Sens et efficacité
Se sentir en vie
Signification activité ou travail ayant du sens croissance
Soutien.
Spiritualité.
oui à ce qui est
tout change
tout est maintenant
être tout
amour
Compagnon

Ce nom me dit quelque chose...
Cela fait penser aussi a un des 4 accords toltèques.
Et cela me fait aussi penser à la pyramide de Maslow, je note les références. Merci love_3
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tirru...
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Bonjour,

A mon avis, je ne crois qu’il soit réaliste de vouloir supprimer le moi, la démarche peut s’avérer contre productive, voire dangereuse. L’idée est de pouvoir comprendre le phénomène d’identification qui fait que nous pensons que ceci est moi, mien, à moi. J’entends par compréhension un certain recul qu’offre par exemple la pratique de l’attention aussi bien dans la pratique formelle, qu'informelle. Par exemple, lorsqu’on est en colère, avoir la capacité de dire « je suis en colère » puis dans un second temps dire « ceci est la colère » tel un chercheur scientifique qui observe un phénomène et ces répercussions au niveau mental, physique et émotionnel. Il n’est pas aisé non plus facile de faire naitre la compréhension vis à vis de ce que nous considérerons comme étant le bourreau, il l’est tout autant pour la victime et le sauveur que nous pouvons/souhaitons être !

jap_8
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axiste
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Une vexation qui va agacé quelqu'un de "moyen" pendant quelques heures, une "blessure d'ego" , un HP/HQI cela pourra prendre une journée entière pour s'en remettre, voir plus et au prix d'un épuisement psychique non négligeable. Qui impact les capacités de raisonnement et intellectuelles.
Est-ce que cela est particulier aux "HP" ? Parce qu'il me semble que nous passons tous plus ou moins par là...et que nous l'exprimions tous différemment : dans l'extériorisation, la révolte, la provocation, etc. ou dans l'intériorisation, le mutisme, l'évitement, le mensonge, l'auto destruction, la fuite dans le rêve ou l'imaginaire, l'incapacité à communiquer et j'en passe...
C'est humain et c'est un long apprentissage...
Je trouve que le bouddhisme sur ces points donne beaucoup de clés en nous disant de regarder ces mouvements, ce qui permet peu à peu de les voir pour ce qu'ils sont. Juste des phénomènes qui traversent, insubstantiels et éphémères, même s'il répondent à des construction mentales qui nous semblent solides, parce que c'est ce que nous pensons être. Sommes nous définissables ? Peut-on se saisir de ces choses ? Nous avons peut-être beaucoup d'images à propos de nous mêmes...souvent, elles ne sont pas justes. Nous pouvons être notre pire juge aussi, comme dit Tirru, il y a ce triangle bourreau victime et sauveur et nous tournons souvent dedans...sans nous en rendre compte vraiment.
FleurDeLotus
Cinq clefs pour la parole correcte :
- dire au bon moment, prononcer en vérité, de façon affectueuse, bénéfique et dans un esprit de bonne volonté."
ted

Chaque jour est le premier jour de notre nouvelle vie.
Compagnon

Supprimer le "moi" est impossible, une jeune femme a demandé un jour à Thich Nhat Hanh comment tuer l'ego. Il lui a repondu que c'était impossible car l'ego n'existe pas, on ne peut pas tuer ce qui n'existe pas, mais on peut se défaire de l'illusion qu'il existe un ego, ça c'est possible.

Pour répondre à la question, le déséquilibre affect/intellect est en effet un caractéristique commune à de nombreux HP, chez eux le décalage est en général nettement plus important que chez le population moyenne, d'ou une incohérence psychique, un décalage douloureux. Crois moi j'ai étudié la question, j'ai lu sur le sujet, il a bien fallu quand j'ai enfin compris ce que j'étais. Cela répondu a tellement de questions d'un coup que j'en ai pleuré d'émotion brute. Quelqu'un me disait exactement comment mon esprit marchait comme si il avait radiographié le tout. Une émotion puissante brute comme si une porte s'était brutalement ouverte sur la compréhension de soi même et de son passé. J'étais au milieu de la lecture d'un livre sur le sujet, par une spécialiste, quand j'ai éclaté en sanglot. Quelqu'un me disais avec une ahurissante précision pourquoi je fonctionnais mentalement comme je fonctionnais. Cela a répondu d'un coup a bien des incompréhensions que je ressentais sur ma propre vie passée. C'est difficile a expliquer. C'est comme si il vous était arrivé plein de choses, que vous ne compreniez pas pourquoi vous aviez régis de telle ou telle façon, pourquoi vous vous sentiez si différent, si solitaire, et d'un coup quelqu'un vous donne la clé qui ouvre la porte et la lumière se fait, et une foule de choses s’emboîtent et prennent d'un coup du sens.
C'était un livre généraliste sur les adultes HP mais j'ai eu l'impression que l'on me parlait de moi, que l'on me comprenait mieux que moi même.
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axiste
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Il faut des filtres pour lire la réalité, ils sont extérieurs ou intérieurs, selon ce que l'on traverse: ils sont des clés pour avancer.
Mais sans ces filtres, que reste t-il ?
Peut-être un corps que la conscience appréhende, peut-être une respiration, peut-être autre chose encore…

La vulnérabilité c'est aussi une grande chance.
Se blinder, c'est comme une petite mort ou un petit suicide.
Si l'on se sent blessé, on est là où il faut, exactement là où l'on doit s'arrêter : ça fait mal, c'est comme appuyer sur une cicatrice, mais là, ça prend tout le corps et puis tout l'entourage et puis le monde entier: tout devient douleur.

Je n'ai pas de conseils à donner, je ne suis pas psy, mais pourtant, je crois que la patience vient à bout de tout: le temps est un allié, parce qu'il change tout.

Je te souhaite de trouver le bonheur et la paix.

(J'aime bien aussi Marshall Rosenberg )
<<metta>>
Cinq clefs pour la parole correcte :
- dire au bon moment, prononcer en vérité, de façon affectueuse, bénéfique et dans un esprit de bonne volonté."
ted

Compagnon a écrit :
21 avril 2017, 13:32
C'est comme si il vous était arrivé plein de choses, que vous ne compreniez pas pourquoi vous aviez régis de telle ou telle façon, pourquoi vous vous sentiez si différent, si solitaire, et d'un coup quelqu'un vous donne la clé qui ouvre la porte et la lumière se fait, et une foule de choses s’emboîtent et prennent d'un coup du sens.
En fait, tu cherches un sens à ta vie ?
Un sens au monde ?
Suis pas sur qu'il y en ait un...

Imagine qu'on t'apprenne que tu es un robot. Et que tout ce que tu ressens est le résultat d'un programme. Est-ce que ça te soulagerait ?
Je ne sais pas. Pourtant, je trouve que le livre dont tu parles t'as fait à peu près la même révélation.

C'est toujours la même question existentielle au fond : on cherche à se mettre dans une case, à savoir qui on est :
Qui suis-je ?
D'où est-ce que je viens ?
On va où là ?
C'est qui mon père ?
Pourquoi vous m'avez adopté ? Qui suis-je ? (bis)

Rien de bien nouveau sous le soleil.

Le bouddhisme apporte une réponse très simple, très réconfortante : tu es cette conscience, ici et maintenant, à laquelle tu t'identifies et qui disparaît, sitôt apparue... Puis qui réapparaît... sitôt disparue.
Et ces petits bouts de consciences, yen a des milliards de milliards qui scintillent dans tout l'univers.

Et si tu ne t'identifies à aucune conscience, baaaahhh, tu n'es ni ici, ni là... un peu introuvable, non-né, libre... indescriptible, indéfinissable... C'est toi qui choisis.
ted

Socialement, peut-être que tout ce que tu as à faire, c'est te fondre dans la masse. Construire ta famille ? Et puis te trouver des loisirs ou une profession en rapport avec tes facultés ?

On n'est pas obligé de se servir de son intelligence. Ca peut être reposant de s'aligner sur le troupeau et de faire comme tout le monde... On est des mamifères, après tout. :)

Depuis que j'ai décidé de ne plus gérer la vie de tout le monde à la maison, je me porte beaucoup mieux. Ils veulent boire du coca, manger des cochonneries ou regarder n'importe quoi à la télé : c'est-leur-problème ! Les gens sont libres. Je donne mon avis une fois et après ils choisissent..

On essaie d'aider les gens et après, on passe pour un dictateur. :D
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