Compassion instantanée ou progressive ?

ted

Ca veut dire quoi si on veut faire le bien de tous les êtres, mais qu'on n'arrive pas à supporter sa famille ou ses voisins ou ses collègues ?

Ou encore des migrants, des blancs, des noirs, des roms, des musulmans, des chrétiens, des juifs, des arabes, des asiatiques, des homos, des gauchistes, des nationalistes, des patrons, des jeunes, des vieux, des imbéciles, des voleurs etc...

Déjà, sans aller aussi loin :
Ca veut dire quoi si on veut faire le bien de tous les êtres, mais qu'on n'arrive pas à supporter un membre de sa famille ? Un seul...

Est-ce normal ?
Ou bien l'idéal du bodhisattva est-il simplement hors de notre portée ?
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jules
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Inscription : 15 février 2009, 19:14

Ted : Ca veut dire quoi si on veut faire le bien de tous les êtres, mais qu'on n'arrive pas à supporter un membre de sa famille ? Un seul...
Pour moi, ça veut dire qu'il faut encore trouver son propre bien, cependant, comme l'évoque le titre de ton message, il y-aurait probablement du bien fait aux autres, à progressivement tenter de trouver le sien propre. Bien-sûr lorsque je parle de trouver pour soi-même ce bien, cela signifie réaliser sa véritable nature. Mais dors et déjà, le chemin qui y conduirait, à savoir l'octuple noble sentier, serait un effort qu'on tenterait d'appliquer sur soi-même qui conduirait progressivement à un bénéfice pour tous.
Compagnon

Cela veut dire simplement qu'il faut commencer par faire porter ses efforts sur la personne que l'on ne supporte pas. Tout simplement. S'interroger sur le pourquoi soi on ne la supporte pas, qu'est ce qui en elle, nous insupporte, ses paroles, ses actes etc... qu'est ce qui en elle semble mettre en péril notre ego, que fait-elle ou que dit-elle donc pour qu'on ne la supporte pas, analyser avec attention les sentiments, émotions, réactions qu'elle suscite en nous, afin de les identifier précisément.

Pourquoi ne pas simplement appliquer les 4 Nobles Vérités ? Elle est source de souffrance pour nous : donc on reconnait l'existence de cette souffrance, on observe alors cette souffrance en nous avec compassion, sans jugement, on l'écoute, on l'interroge, on en cherche la cause, puis une fois la cause trouvée, on sait que grâce au Dharma on peut se libérer de cette souffrance, et donc qu'en ayant trouvé précisément la cause de notre souffrance dans cette relation, on sait exactement ce qu'il faut faire, en nous, pour changer cette réaction en nous, pour ne plus être dans cette réaction vis à vis de cette personne.

Cela signifie quand on ne supporte pas quelqu'un en particulier, surtout un proche, que l'on est toujours prisonnier du "moi", de l'ego, on fait toujours une distinction entre soi et l'autre. On se considère différent, distinct, et l'on croit que l'autre que l'on ne supporte pas est en mesure de menacer notre ego d'une façon ou d'une autre, cet ego auquel nous sommes si attaché.

Si l'on souhaite vraiment le bonheur de tous les êtres, il faut s'inclure aussi dedans, ainsi que celui que l'on ne supporte pas. Surtout si celui que l'on ne supporte pas est conscient de cette détestation réciproque.

Alors on commence par exercer la compassion, le désir d'apporter le bonheur à tous les êtres, sur soi. On est en souffrance, puisque l'on ne supporte pas cette personne, traitons d'abord notre souffrance à nous.

Qu'est ce que cela signifie ? Quelque chose de très utile : cela nous donne un point de départ clair et évident de notre pratique vers une compassion équanime envers tous les êtres (amis comme ennemis). Cela nous dit : commencer par là. C'est déjà cette relation là insatisfaisante pour moi que je dois traiter en premier. Progressivement. Etape par étape.

Comment peut-on espérer faire le bien de tous les êtres si l'on est incapable d'accepter un membre de notre propre famille tel qu'il est, même si il nous fait du tort ? Ou du moins si nous avons l'impression qu'il nous fait du tort.

On peut inclure cette personne dans notre pratique quotidienne de Metta Bhavana par exemple.

Qu'en pensez vous ?
Florent

Je pense Compagnon que tu as raison, il faut bel et bien commencer par soi.

Néanmoins je connais une pratique ou l'on a pas besoin de passer par soi, il suffit de prendre un bouddha ou un bodhisattva lié à la purification des émotions négative ou plus encore un qui serait lié à la bienveillance ( maïtri et Karuna) comme Kanzeon par exemple, de lui rendre hommage puis de réciter son nom de nombreuses fois, ainsi on accumule d'immenses mérites et on se purifie par la même occasion, puis on dédie tous ces mérites à tous les êtres souffrant de tous les mondes.

Il en résulte que c'est par la puissance des Bouddhas et Bodhisattvas que la Maïtri et le Karuna s'exercent, on devient simplement une sorte de vecteur ou de relais de la Bienveillance et de la commisération des Bouddhas et Bodhisattvas. De plus cela évite l'écueil égotique de nos actions et paroles puisque nous ne somme pour rien dans la manifestation de Maïtri. Nous faisons simplement acte de foi et de confiance dans les Bouddhas et bodhisattvas et en leurs qualités. En ce sens nous pouvons participer à l'action des Bouddhas et Bodhisattvas. Quelle chance de pouvoir faire cela!
anjalimetta

Namo Bouddhaya.
Hommage à tous les Bouddhas.
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Circé
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Inscription : 21 novembre 2016, 18:54

Quelle question difficile , Ted! Mais une bonne question, ça donne à réfléchir. J'avoue que je me suis trouvée plusieurs fois dans des situations où des gens m'ont horripilée au point que dans ma petite tête, je me voyais en train de leur en faire baver ( rayer leur voiture, crever les pneus, tagger des croix gamées sur leur portail, arroser leur jardin au round-up quand ils partent en vacances)_ ce sont des voisins........Je n'ai rien fait de tout ça, même si le penser est déjà toxique, ça m'a fait du bien. Puis j'ai résolu le problème lâchement: ne plus y penser, s'en foutre, ils ont cessé d'exister . Courage, fuyons, c'est un peu ça l'idée. je ne pense pas être capable de pardonner mais je peux ignorer, oublier.J'ai eu cette attitude plusieurs fois, avec des proches aussi.

J'ai une grande capacité à lâcher prise,c'est super confortable.
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