Amma

Compagnon

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Amma. Le monde dans ses bras


Blanche de Richemont - publié le 27/08/2015 Le monde des religions.

À l'occasion de la venue d'Amma à Paris (26-28 octobre), découvrez le portrait que nous lui avions consacré.
Quelques secondes d'une étreinte maternelle. C'est pour ce geste simple qu'Amma - la Mère - sillonne la planète, diffusant son message d'amour universel, de douceur et d'apaisement. Portrait de la sainte qui enlace.


Soudhamani a vu le jour le 27 septembre 1953 à Idamannel, dans une hutte de palmes tressées face à l'océan du Kerala, en Inde du Sud. On dit qu'elle est née le sourire aux lèvres sans que sa mère ne ressente aucune douleur, et que sa peau était bleue, couleur du dieu Krishna. Cette teinte étrange s'assombrit avec le temps. Sa famille ayant une aversion pour « l'enfant noire », Soudhamani devint la servante opprimée de la maison. Même si, selon sa famille, elle parvint à marcher et à parler dès l'âge de 6 mois ; même si ses premiers mots furent des noms divins ; même si à 2 ans elle chantait sans cesse des hymnes en l'honneur de Krishna. Elle pleurait des nuits entières en implorant le dieu de se fondre en elle. Elle s'isolait pour prier. On se moquait d'elle, on la rejetait, mais des villageois se levaient à l'aube pour l'entendre chanter des louanges à son Seigneur. Elle était maltraitée, incomprise, ses élans divins, ses danses mystiques, ses extases solitaires étaient pris pour un désordre psychologique. Pourquoi celle qui est aujourd'hui considérée comme une si grande sainte a-t-elle autant souffert dans sa jeunesse ? Elle dira plus tard : « À travers toutes ces expériences, je compris que le monde était plein de tristesse. Nous n'avons pas de familles ou de relations véritables, car chacun de nous aime uniquement pour ses propres besoins égoïstes. Les êtres humains s'aiment par désir. Personne ne nous aime d'un amour pur et désintéressé. Dieu seul aime ainsi. » Par son enfance douloureuse, Amma a montré qu'aucun obstacle ne peut empêcher d'aller vers Dieu. On l'entendait, dit-on, prier Dieu pour qu'il pardonne les actes terribles que ses proches commettaient envers elle par ignorance, en se méprenant sur ses intentions. Sa mère la battait violemment quand elle découvrait les vols que la jeune fille commettait pour venir en aide aux plus pauvres. Mais rien ne la dissuadait de soulager la souffrance des autres. Elle estime être venue au monde pour cela : « Ma joie venait du bonheur des autres. Je ne pensais jamais à mon confort, ni au poids de mon travail. Chaque fois que m'était offerte une occasion de servir les autres, j'essayais de m'en acquitter au mieux, avec sincérité et amour. » Adolescente, alors qu'elle allait de maison en maison afin de recueillir des épluchures pour les vaches, elle prenait dans ses bras les personnes effondrées par la vie, brisant ainsi toutes les convenances. Déjà, ils étaient nombreux à ressentir la pureté de l'amour qui guidait son geste.

Le lait en pudding

À 22 ans, son désir intense et constant de s'unir à Krishna fut enfin réalisé. Elle rentrait du pré avec son frère, quand elle entendit en arrivant chez elle les derniers versets du Srimad Bhaghavatam*. Elle se précipita au milieu de la foule. Son identification intérieure avec Krishna aurait émané de tout son être, métamorphosant son port et ses gestes en ceux de Krishna lui-même. Certains étaient bouleversés ; d'autres, sceptiques, demandaient un miracle. Elle refusa, expliquant que la nature est déjà assez miraculeuse et qu'elle n'était pas venue pour cela. La jeune femme finit néanmoins par céder. Lors de la lecture suivante du Srimad Bhagavatam, elle demanda de l'eau et en aspergea la foule. Puis, elle invita l'homme qui tenait la cruche à y plonger ses doigts. L'eau s'était, dit-on, changée en lait, lequel fut distribué à toute la foule. Puis il se serait transformé en pudding sucré qui fut également offert en abondance à l'assemblée.
Dès lors, trois fois par semaine, elle prit la forme de Krishna, lors de Krishna bhavas*. Elle expliquera: « Autrefois, je dansais et me déplaçais, identifiée à Krishna, mais personne ne le savait. Un jour, je ressentis très fortement le désir d'être absorbée à jamais dans cet Être suprême. Mais j'entendis alors une voix intérieure me dire : "Des milliers et des milliers de gens sont écrasés par la misère. J'ai beaucoup à accomplir à travers toi, qui est unie à Moi." » Après une vision éblouissante de Dévi, la Mère divine, Soudhamani n'aspirait qu'à s'unir à Elle. Elle la priait jour et nuit, en larmes, répétant constamment « Amma ! Amma ! ». Rejetée par ses proches, elle dormait dehors. Malgré sa mise à l'écart, chaque semaine, une foule se réunissait dans l'étable de ses parents pour assister aux Krishna bhavas. Plus tard, elle dira : « Chacun des pores de ma peau étant béant d'un intense désir, chaque atome de mon corps vibrait du mantra sacré, mon être entier se précipitait vers la Mère divine en un flot torrentiel. » Enfin, elle serait apparue devant Soudhamani sous une forme vivante, éblouissante comme un million de soleils. C'est alors qu'elle comprit qu'elle était venue sur Terre pour réconforter l'humanité souffrante. Pour la délivrer des douleurs de l'existence matérielle. En plus du Krishna bhava, Soudhamani commença à manifester le Dévi bhava. Alors elle devint « Amma », « La Mère ».


Trente millions d'étreintes


Des disciples quittèrent tout pour vivre auprès d'elle et la baptisèrent Amritanandamayi : la Mère de la Béatitude immortelle. Un ashram fut construit sur le lieu de sa naissance. Il abrite aujourd'hui trois mille résidents. À ce jour, plus de trente millions de personnes ont été étreintes par Amma à travers le monde. Elle affirme : « Je ne vois pas de différence entre un homme et une femme. Un flot continu d'amour s'écoule de mon être vers toute la création. C'est ma nature. Comme le devoir du médecin est de soigner les patients, mon devoir est de consoler les gens qui souffrent. » Ses dévots disent se sentir aimés comme jamais dans ses bras. Des secondes qui peuvent changer leur vie, car ils ressentent un amour de mère pur. Ils découvrent un autre amour possible, divin, désintéressé, entier, lumineux. Elle étreint ces milliers d'inconnus pendant vingt heures de suite sans une pause, sans manger - on lui donne seulement un peu d'eau. Elle semble ne ressentir aucune fatigue. En Inde, Amma reçoit ainsi tous les jours 10 à 20 000 personnes venues du monde entier. En même temps, elle gère une association humanitaire d'une ampleur internationale, Embracing The World (ETW). Cette ONG a créé cinq universités à la pointe de la technologie ; elle vient en aide aux populations sinistrées, construit des maisons pour les sans-abri, lutte contre la faim, fonde des écoles, donne des cours gratuits de méditation aux militaires, aux prisonniers. La compassion en action. L'amour désintéressé. Amma aime répéter : « Tant que ces mains auront la force d'accueillir ceux qui viennent à elle, qu'elles pourront se poser sur l'épaule de ceux qui souffrent, Amma continuera de donner le darshan - la bénédiction. Caresser les gens avec amour, les consoler, essuyer leurs larmes jusqu'à la fin de cette enveloppe temporelle, tel est le souhait d'Amma. » Dans cet amour pur qu'elle donne sans relâche, dans ces étreintes qu'elle offre sans compter, la sage aime à penser que Dieu veille et protège.

LEXIQUE

Srimad Bhagavatam
Vaste traité composé de 18 000 vers, également appelé Bhagavata Purana. Il contient une biographie mythique de Krishna et est considéré comme un livre sacré, au même titre que la Bhagavad Gita.


Bhava
Attitude de dévotion. Il s'agit d'un abandon psychique tel qu'il est proche de l'incarnation de Krishna, ou de Dévi, la Mère divine.


Krishna (Krichna1, Kṛṣṇa, कृष्ण, sombre, bleu-noir, en sanskrit) est une divinité centrale de l'hindouisme. Dans la plupart des traditions hindoues, il est le huitième avatar (incarnation) de Vishnou. Pour les tenants du Gaudiya Vaishnavisme, il représente la divinité suprême à l'origine de toutes les autres. Krishna est la divinité la plus vénérée de l'Inde à l'origine de nombreuses sectes bhakta dédiées à son adoration.

Seul Bémol personnel : pourquoi l'auteur de l'article ne peut s'empécher de ramener encore une fois tout cela à "Dieu", a faire une interprétation monothéiste occidentale ? Ici il est question d'hindouïsme, de Krishna, et divinité féminine, non du "Dieu" masculin des monothéiste. Je trouve que cette déformation de ce qui est exposé par l'auteur de l'article irrespectueuse et invasive. Dommage, cela ternis un peu le tout qui est pourtant un merveilleux hommage. Cette femme me fait penser à un bodhisattva, cela m'y fait penser, je n'ai pas dis que s'en était un.
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Circé
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J'avoue être très perplexe à ce sujet; je ne sais pas si ce récit doit être pris au pied de la lettre ou est-il métaphorique?
Cela me rappelle Ramakrishna, le saint indien qui lui vouait un culte à Kali.Les expériences qu'il a vécues ressemblent à celle d'Amma.
Est ce que quelqu'un sur ce forum a approché Amma?
j'ai 2 amies qui ont été étreintes par Amma, l'une est revenue comme en extase, l'autre m'a dit n'avoir strictement rien éprouvé.

J'ai eu l'occasion d'aller rencontrer Amma à 2 reprises mais il fallait attendre des heures et je n'ai même pas essayé, quelque chose me retenait d'y aller.Peut-être la flemme me direz vous, mais je crois que ma réticence a d'autres motifs que je ne comprend pas.
Compagnon

Question de feeling je suppose. Cela doit dépendre des personnes, avec certaines le courant passe d'autre non.
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