De nos jours, je pense qu'il faut ouvrir son coeur avec discernement. On est pas forcément à l'abri d'amitiés illusoires. Désolé de casser le mythe de l'ouverture mais c'est nécessaire aujourd'hui de peser le pour et le contre pour chaque personne que l'on cotoie. Bon dimanche à vous !
Si on raisonne par "Il faut aimer les autres", il y a risque d'erreur, mais si on raisonne par "Détendre, apaiser, ouvrir son coeur", le bons sens, la sagesse et le discernement croissent parallèlement au processus d'ouverture.
Ne raisonnes-tu pas par "il faut détendre, apaiser, ouvrir son cœur", là? Car c'est ce qu'il convient bien de faire pour que bon sens, sagesse et discernement croissent.
En outre, aimer c'est... détendre, apaiser, ouvrir son cœur; Il ne faut pas croire qu'aimer est affaire intellectuelle...
Ce que je voulais dire c'est simplement que "Aimer son prochain comme soi-même", la compassion pour tous les êtres, les avantages de la compassion, de l'altruisme, tout cela c'est bien beau. Mais comment faire? Et comment bien faire?
J'ai trouvé que raisonner et pratiquer par l'approche détente, ouverture du coeur, paix était, (tout en ayant rangé dans sa tête, quelque part, l'objectif "Aimer, compassion"), un chemin plus sûr qui évite certains écueils.
Il m'a fallu un moment pour trouver le lien entre la pratique de Zazen et la compassion. Je trouve (c'est personnel) que dans Zazen on parle beaucoup du Hara, ce qui est excellent, mais pas assez de faire monter, ou de laisser monter cette sensation de base, d'ancrage, d'ouverture, de stabilité du Hara au niveau du coeur.
Chez un pratiquant, avec le temps, cela se produit naturellement, mais je trouve que ce n'est pas assez souligné, ce n'est pas un point de repère qui est fréquemment donné dans les textes traditionnels ou modernes. Mais il peut être donné par l'enseignant par voie orale.
TNH parle du sourire...
Dans les sutras du BT, on raisonne sur le fait que tous les êtres ont été à un moment donné nos mères qui se sont dévouées, sacrifiées pour nous et qu'il est onormal de leur renvoyer l'ascenseur. Il y a aussi la pratique qui ouvre directement le coeur : Tong Len
dans le Dzogchen, l'une des pratiques secondaires principales est de chante le HA que l'on visualise rayonnant dans le coeur, dans les Tantras il y a aussi l'utilisation de la syllabe germe HUNG ou du mantra rayonnant que l'on chante à voix haute ou silencieusement. Le rayonnement doit être accompagné par la sensation d'ouverture, d'espace, de calme, de bienveillance, de chaleur dans le sens "coeur chaleureux", sinon l'exercice a moins d’efficacité.
Dans la prière du Mahamoudra, il y a un passage intéressant où le pratiquant ayant atteint un état d'ouverture général, contemple la souffrance des êtres, ce qui produit une encore plus grande ouverture du coeur et qui provoque l'expérience de la l'unité de la vacuité et de la compassion.
Connaitre l'approche de la détente, l'ouverture du coeur par la sensation peut aider, sans dénaturer leur pratique, des pratiquants de Zazen ou du BT et cela constitue aussi un bon point de repère pour corriger, approfondir sa pratique.
Est-ce que mon coeur est détendu? paisible? bienveillant? tendre? vulnérable? Est-ce que je retrouve mon coeur d'enfant qui a été fermé par les traumatismes de la vie?
Vulnérable : J'ai vu des Lamas pleurer comme un jeune enfant qui voit sa mère souffrir et quand c'était un vieux Lama, c'était d'autant plus émouvant. Un vieux Lama avec un coeur d'enfant.
Vulnérable pouvant dire aussi sensible comme un organe de perception. Les yeux du peintre, l'oreille du musicien.
Être conscient de l'importance de la détente, etc du coeur est important dans la stratégie d'un développement personnel ou spirituel. Si on lit ou relit les textes des grands mystiques ou des êtres spirituels de la Chrétienté, du Soufisme, de l'Hindouisme ou du Bouddhisme, on s’aperçoit qu'il est fait mention très souvent du coeur, mais on a tendance (pour moi, ça été le cas) à croire que c'est juste une métaphore poétique.
Il y a un proverbe Egyptien qui dit que si on meurt avec un coeur plus gros que celui que l'on avait à la naissance, on a réussi sa vie.
"Je vous donnerai un coeur nouveau, et je mettrai en vous un esprit nouveau; j'ôterai de votre corps le coeur de pierre, et je vous donnerai un coeur de chair"
Prophète Ézéchiel, environ 600 ans avant JC
Dogen parlait clairement de ce que chez les tibétains on appelle les quatre incommensurables, dans le Daisatta Shishobo, les quatre pratiques du bodhisattva-bienveillance, équanimité, etc etc...
Le hara, c'est juste une racine qu'on met pour poser son coeur dessus.
Ceux qui ne regardent que la racine, oublient que quand ils l'arrosent, ça pousse et vers le bas-les racines-, et vers le haut-les feuilles-, et que le tronc se renforce-le coeur.
Les racines cherchent l'énergie de la Terre, les feuilles celle du Ciel, et tout ça nourrit le coeur.
Quand on connait l'énergétique sino-japonaise, on respire dans le hara, mais quand l'énergie s'y condense, elle va diffuser partout autour ensuite.
Le bureau central de l'entreprise, s'il s'y décide des choses importantes, n'est pas le lieu où l'on produit toute la marchandise.
Chez certains, on a entreposé les fichiers, l'informatique, les lignes téléphoniques, dans le Coeur. Chez d'autres, dans le hara.
Mais m'est avis que les boites qui tournent bien, sont capables de gèrer depuis tous les centres, car ils communiquent entre eux!
Et les zenistes qui font la gueule, faut leur dire de se détendre, d'ouvrir son coeur, etc etc....ah ah!
Quelques fois les choses sont si simples que l'on passe à coté sans y faire attention. Le sourire de TNH par exemple. Et les 4 Incommensurables m'étaient sorties de la tête quand j'ai fait la liste, elle sont aussi une clef trés importante. Elles peuvent même être utilisées comme un mantra.
On ressent un sourire subtil dans les poemes Zen.
Et c'est vrai que les Taoistes disent que par le coeur apaisé et donc ouvert, les énergies de la terre et du ciel se trouvent, s'harmonisent et s'unissent. Cette image peut aussi permettre de décoder un des aspects des représentations Yab Yum du BT.
C'est vrai que certains Zenistes font la gueule, (la tradition des coins de la bouche qui tombent), mais peut être est-ce parce que le Soto Zen est trop lié culturellement aux Samourais qui c'est certain devaient avoir une réalisation du hara, de l'énergie du hara, d'un certain degré de pleine conscience, mais cela n'allait pas plus loin. Comment peut-on couper quelqu'un en rondelles avec bienveillance? Et puis la nature de Bouddha est un esprit rebelle et révolutionnaire, comment pourrait-on croire en la hiérarchie, en les Shoguns et même en l'empereur si on a un esprit libéré?
Robi a écrit :En outre, aimer c'est... détendre, apaiser, ouvrir son cœur; Il ne faut pas croire qu'aimer est affaire intellectuelle...
C'est vrai qu'aimer ne se résume pas à l'intellect, mais l'intellect peut sûrement jouer une grande part dans l'art d'aimer. En effet dans la tradition tibétaine il y a ce qu'on appelle le lodjong, tout un corpus d'entraînement de l'esprit à la bonté, on s'entraîne à aimer tous les êtres, même les plus "coriaces". Ce que, d'ordinaire, est plutôt difficile à faire quand on ne s'appelle pas Jésus ou Aphrodite (uranienne).
J'avoue que personnellement je ne peux prétendre à une grande réalisation dans l'art d'aimer sincèrement tous les êtres quels qu'ils soient, mais après plusieurs années d'entraînement rien qu'à la pensée que tous les êtres, exactement au même titre que moi, souhaitent en toute légitimité ne pas souffrir et être heureux, ça a changé quelque chose dans mon coeur. Rien qu'une pensée, et beaucoup de temps... faut dire que je partais de loin avec ma misanthropie maladive.
apratītya samutpanno dharmaḥ kaścin na vidyate /
yasmāt tasmād aśūnyo hi dharmaḥ kaścin na vidyate
Puisqu'il n'est rien qui ne soit dépendant,
Il n'est rien qui ne soit vide.
Robi a écrit :En outre, aimer c'est... détendre, apaiser, ouvrir son cœur; Il ne faut pas croire qu'aimer est affaire intellectuelle...
C'est vrai qu'aimer ne se résume pas à l'intellect, mais l'intellect peut sûrement jouer une grande part dans l'art d'aimer. En effet dans la tradition tibétaine il y a ce qu'on appelle le lodjong, tout un corpus d'entraînement de l'esprit à la bonté, on s'entraîne à aimer tous les êtres, même les plus "coriaces". Ce que, d'ordinaire, est plutôt difficile à faire quand on ne s'appelle pas Jésus ou Aphrodite (uranienne).
Je ne sais pas. Il faut aimer, cela relève de l'intellect, du raisonnement. Aimer peut venir suite à un raissonnement, une compréhension. Mais aimer, en soi, je ne sais pas si c'est de l'intelligence. C'est ce qui est contenu dans ma réponse (complète) à Jean: (je souligne)
Robi a écrit :
Jean a écrit :Binah a écrit :
De nos jours, je pense qu'il faut ouvrir son coeur avec discernement. On est pas forcément à l'abri d'amitiés illusoires. Désolé de casser le mythe de l'ouverture mais c'est nécessaire aujourd'hui de peser le pour et le contre pour chaque personne que l'on cotoie. Bon dimanche à vous !
Si on raisonne par "Il faut aimer les autres", il y a risque d'erreur, mais si on raisonne par "Détendre, apaiser, ouvrir son coeur", le bons sens, la sagesse et le discernement croissent parallèlement au processus d'ouverture.
Ne raisonnes-tu pas par "il faut détendre, apaiser, ouvrir son cœur", là? Car c'est ce qu'il convient bien de faire pour que bon sens, sagesse et discernement croissent.
En outre, aimer c'est... détendre, apaiser, ouvrir son cœur; Il ne faut pas croire qu'aimer est affaire intellectuelle...
Il y a un raisonnement (une intelligence) dans le "il faut"... Il le faut: pour soi, pour les autres, pour le bien général...
"Mais moi, je vous dis : Aimez vos ennemis, bénissez ceux qui vous maudissent, faites du bien à ceux qui vous haïssent, et priez pour ceux qui vous maltraitent et qui vous persécutent."
Jésus
Dernière modification par Robi le 23 avril 2014, 10:58, modifié 1 fois.
love_3 Ce que je trouve génial dans toutes les traditions, c'est qu'elles invitent au même message que Jésus. Et ce que je trouve éminemment pragmatique dans la tradition tibétaine, c'est qu'elle donne d'innombrables instructions pour qu'on sache comment faire pour aimer même ceux qui donnent l'apparence d'être nos ennemis.
apratītya samutpanno dharmaḥ kaścin na vidyate /
yasmāt tasmād aśūnyo hi dharmaḥ kaścin na vidyate
Puisqu'il n'est rien qui ne soit dépendant,
Il n'est rien qui ne soit vide.
Dharmadhatu a écrit :love_3 Ce que je trouve génial dans toutes les traditions, c'est qu'elles invitent au même message que Jésus. Et ce que je trouve éminemment pragmatique dans la tradition tibétaine, c'est qu'elle donne d'innombrables instructions pour qu'on sache comment faire pour aimer même ceux qui donnent l'apparence d'être nos ennemis.
On trouve ce "comment faire pour aimer" (même ceux qui ne nous aiment pas) dans la tradition chrétienne aussi. Ce comment faire c'est suivre l'enseignement de Jésus.