Comment bien méditer ?

Lupka

Matthieu Ricard a écrit :On lit dans les textes qu’il vaut mieux méditer régulièrement et de façon répétée pendant de courtes périodes de temps que d’effectuer de temps à autre de longues séances. Pour qu’une plante pousse bien, il faut l’arroser chaque un peu jour. Si nous méditons de façon trop discontinue, pendant les intervalles sans méditation nous reviendrons à nos vieilles habitudes et retomberons sous l’emprise des émotions négatives, sans avoir la possibilité de recourir au soutien de la méditation.


La posture physique influe sur l’état mental. Si nous adoptons une posture relâchée, il y’a de fortes chances que notre méditation sombre dans la torpeur et la somnolence. En revanche une posture trop rigide et tendue risque de susciter l’agitation mentale. Il faut donc adopter une posture équilibrée, ni trop tendue ni trop relâchée. On trouve dans les textes la description de la posture en sept points appelée Vajrasana ou posture de Vairocana
Pour ceux que ca intéresse un livret concernant la méditation ( contemplative et analytique entre autre) que je mets à dispo' un peu avant l'heure :mrgreen: ca éclaira peut être certains !

jap_8
lausm

Concernant la somnolence, par exemple dans le zen, on appelle la torpeur kontin. C'est l'énergie qui sombre. On sent bien que c'est un mouvement qui tire vers le bas.
En fait, la réponse que j'ai aujourd'hui, c'est qu'il ne faut pas lutter contre le sommeil. Bon, je pense que ça marche bien quand on a des automatismes bien établis de régulation de la posture.
Forcément en pratiquant de zazen, je pense que la posture doit être sur le zafu. trop bas ça demande trop de tensions dans le dos, difficile à gèrer avec le sommeil.
Alors que si la posture est bien règlée, si l'on s'endort physiquement, en fait on reste droit. Mais ce que je dis s'adresse surtout à ceux qui ont une habitude bien implantée. de concentration sur la posture, la respiration, etc....en gros une habitude de régulation énergétique.

Après, Deshimaru disait qu'il fallait concentrer l'énergie sur l'inspiration (qui tire vers le haut et compense la descente de la torpeur), voire l'attention au bout du nez......mais en pouvsuivant plus loin, il disait aussi qu'il fallait se concentrer encore plus dans le hara, vers le bas.
En fait si tous les moyens s'opposant à l'énergie qui se manifeste ne marchent pas, il conseille d'aller au bout du mouvement où l'énergie se manifeste.

a la fin, je comprend qu'il n'y a pas de réponse standard, et que chacun doit trouver le truc qui marche pour lui à partir de tout ça.
Pour moi, si je sens que me dresser est trop fatigant, je m'installe dans la détente. Puis quand je sens que ça stagne, je me concentre sur la verticalité. Etc etc etc....à la fin on ne sent plus trop la fatigue, l'énergie se centre spontanément.
Mais alterner avec le mouvement, c'est pas mal aussi.
remind

Il y a une approche où ce qui vient dans la contemplation est bienvenu. Torpeur et agitation ne sont plus des éléments à modifier, à empêcher mais à laisser vivre pour qu'ils s'"intègrent". Ca paraît peu concevable dans le cadre habituel de ce qu'on appelle méditation, mais c'est à savoir ... c'est possible.
lausm

Oui remind.
C'est en fait ce que je fais maintenant.

All including, disait swami Prajnanpad, le maître de A.Desjardins.
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Dharmadhatu
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jap_8 Bonjour les amis,

En effet, la méditation analytique, qui est un aspect de vipashyana, est indispensable selon le Bouddhisme indo-tibétain. Elle se base sur la pacification mentale et permet d'aller au-delà des apparences puisque les phénomènes donnent l'apparence d'exister en soi et par soi, tandis que leur véritable nature est autre.

Amitié FleurDeLotus
apratītya samutpanno dharmaḥ kaścin na vidyate /
yasmāt tasmād aśūnyo hi dharmaḥ kaścin na vidyate

Puisqu'il n'est rien qui ne soit dépendant,
Il n'est rien qui ne soit vide.

Ārya Nāgārjuna (Madhyamakaśhāstra; XXIV, 19).
Jean

Si on a bien établi par raisonnement logique, encore et encore, de manière irréfutable que les choses n'ont aucune existence inhérente, sont toutes des composées d'autres choses qui sont aussi des composés. Quand c'est bien ancré dans l'esprit et qu'on revient par la force de l'habitude à voire, à percevoir spontanément que les choses ont une existence inhérente, on sait que l'on fait fausse route et on lache prise à cette croyance erronée qui est source de souffrance.

Donc on évite pas mal de souffrance.

Ma méditation analytique débouche sur la méditation yogique, contemplative.

On arrive en suivant le raisonnement à un étét mental, à une sorte d'image de cette absence inhérente des choses de cette vacuité. C'est l'objet de la contemplation. Et par la contemplation, cette image même se dissous et c'est la deuxième partie de la contemplation.

On peut arriver à cet endroit, cet état de conscience et par la méditation analytique et par les différentes méditations tantriques et autres. C'est recommandé d'arriver par plusieurs chemins, ça ancre d'autant plus, ça habitue d'autant plus à etre dans cet état de conscience au delà des mots, des images, des émotions.
Aldous

Jean a écrit :Si on a bien établi par raisonnement logique, encore et encore, de manière irréfutable que les choses n'ont aucune existence inhérente, sont toutes des composées d'autres choses qui sont aussi des composés. Quand c'est bien ancré dans l'esprit et qu'on revient par la force de l'habitude à voire, à percevoir spontanément que les choses ont une existence inhérente, on sait que l'on fait fausse route et on lache prise à cette croyance erronée qui est source de souffrance.

Donc on évite pas mal de souffrance.

Ma méditation analytique débouche sur la méditation yogique, contemplative.

On arrive en suivant le raisonnement à un étét mental, à une sorte d'image de cette absence inhérente des choses de cette vacuité. C'est l'objet de la contemplation. Et par la contemplation, cette image même se dissous et c'est la deuxième partie de la contemplation.

On peut arriver à cet endroit, cet état de conscience et par la méditation analytique et par les différentes méditations tantriques et autres. C'est recommandé d'arriver par plusieurs chemins, ça ancre d'autant plus, ça habitue d'autant plus à etre dans cet état de conscience au delà des mots, des images, des émotions.
C'est acquis que les choses n'ont pas d'existence inhérente mais elles ont une existence relative. Qu'est-ce que tu fais de cette existence relative?
nicolas

Je ne considère pas la méditation comme l'acte de s'asseoir. "Juste observer" pour moi est la méditation.
Dans L'acceptation totale à "ce qui est" vient le calme, la clarté. Dans ce calme et cette disponibilité (il n y a pas d'effort à fournir : je sais je suis faignant), il devient possible d'être lucide, conscient de ce qui survient dans l'instant. De cette lucidité, nait la compréhension de la pensée et donc son abandon. Dans cet abandon de la pensée, vient le calme...etc...J'ai donc toute la journée pour "me laisser méditer".
Bonne journée
Florent

Les 3 sortes de méditation

Si la voie méditative vers l'Éveil était un immeuble de trois niveaux (RDC + 2 étages) et le toit nibbāna… Le 2e étage est vipassanā, la vision directe dans la réalité, permettant de parvenir à la purification complète de l'esprit ; le 1er étage est samatha, la méditation de la tranquillité, permettant de parvenir au contrôle de l'esprit.

Concernant les méthodes désignées comme « vipassanā directe » et qui ne correspondent donc pas plus à la vision directe dans la réalité qu'à la concentration pure, la question qui se pose est : « Qu'est-ce donc si ce n'est ni samatha ni vipassanā ? » J'appellerais cette 3e sorte de méditation une « méditation préparatoire » ou une « méditation de l'attention ». Préparatoire car elle permet de développer les 10 pāramī, qualités indispensables aux 2 suivantes méditations : la vertu, le renoncement, l'effort, la patience, la détermination, et dans une certaine mesure la générosité, la sagacité, l'honnêteté, la bienveillance et l'équanimité. De l'attention car l'esprit ne fait qu'être attentif à ce qui se produit. L'attention (tant qu'elle demeure superficielle, telle que c'est inévitablement le cas sans les absorptions offertes par la seule pratique de samatha) n'est pas vipassanā. Tout le monde a naturellement des instants d'attention tout au long de la journée.

La méditation préparatoire (ou de l'attention) est la plus facile puisqu'en dehors du fait de multiplier ses instants d'attention, l'esprit ne change pas son habitude naturelle de changer constamment d'objet. Et si samatha requiert une difficulté certaine dans les premiers temps de la pratique, vipassanā, qui est encore supérieure, est bien sûr encore plus délicat à développer. Ce qui est plus facile à développer que samatha ne peut donc certainement pas être vipassanā. Pa Auk Sayadaw a dit : « Les jhāna c'est du jardin d'enfant. C'est ensuite que les choses sérieuses commencent. »


Par quoi commencer ?

Pour débuter la méditation, je vois deux possibilités : Méditation préparatoire ou samatha.

Les obstacles rencontrés dans la méditation sont inévitables au début, même les plus grands méditants sont passés par là un jour ou l'autre, une vie ou l'autre. Si ces obstacles ne sont pas lourds au point de rendre l'esprit complètement confus, voire dépressif, le mieux est sans doute de commencer directement par samatha. Autrement, une méditation préparatoire peut être envisagée, permettant alors une vision plus claire des choses et une mise à l'écart des entraves les plus grossières.

À l'inverse d'une croyance très répandue, « samatha yanika » et « vipassanā yanika » ne signifiraient pas (respectivement) « celui qui commence par samatha avant de passer à vipassanā » et « celui qui commence directement par vipassanā, sans passer par samatha ». Il s'agirait plutôt, dans le premier cas, de désigner qui développe samatha sur la base d'un objet conceptuel (exemples : anapana sati, buddha nussati, mettā bhavana) et dans le second, qui développe samatha sur la base de l'objet réel que constituent les 4 éléments, et qui ne conduit qu'à l'upaccara samādhi. On apparente souvent la méditation sur les 4 éléments à vipassanā étant donné qu'on les perçoit à travers son corps de façon directe, mais ce n'est qu'une façon de parler puisqu'il s'agit seulement d'un des 40 objets de samatha. Tout cela explique bien des méprises à propos de vipassanā.


Un enseignement subtil


L'enseignement de Bouddha est très technique et très subtil. Près de 100% des livres publiés sur le bouddhisme ne restent qu'en surface. Comprendre cet enseignement requiert un esprit très pur, bien concentré et sagace. La moindre déviation d'interprétation peut entraîner de fausses vues, d'où les nombreux désaccords entre les diverses traditions et adeptes de méthodes différentes.

Toute méthode enseignée sans la base des jhāna fonctionne exactement sur le même principe : développement de l'attention sur des objets changeants. La pratique d'une telle méthode offre bien de la concentration et de grandes prises de conscience, mais demeure très superficielle. Au mieux, on obtient une bonne connaissance du fonctionnement de son esprit et de ce fait, on parvient à demeurer dans une certaine équanimité, mais on n'effleure même pas la moindre racine des impuretés mentales. Les niveaux de connaissance développés lors d'une telle méditation restent purement théoriques. Les drogues hallucinogènes permettent d'arriver au même résultat en moins de trois heures !

Nous avons le choix entre une voie facile et rapide qui ne mène nulle part, et une autre plus difficile, mais complète et efficace. Imaginez deux docteurs parasitologues. L'un analyse les symptômes de votre maladie à l'œil nu. Il ne voit rien alors il déclare que la maladie a complètement disparu. L'autre étudie chaque microbe au microscope et en distingue une grande variété. Vous êtes ennuyé car il vous prescrit un long traitement. Auquel de ces deux docteurs faire confiance ?

Bien sûr, l'enseignement du vénérable Pa Auk n'a eu de cesse d'être contesté (comme tout ce qui est bien). Cependant, en Birmanie, les tenants les plus honnêtes des grandes écoles de méditation de l'attention commencent aujourd'hui à reconnaître la validité de son enseignement, mais très discrètement, car cela reviendrait à avouer l'incomplétude des leurs. En effet, il n'est pas facile d'admettre publiquement qu'on enseigne depuis des années une voie incomplète — pour ne pas dire erronée —, surtout quand on est soutenu par de riches bienfaiteurs et suivi par de nombreux disciples. Le problème qui constitue sans doute la principale cause de cette contestation est qu'à l'inverse des méditations de l'attention, tout le monde n'est pas prêt à s'investir dans une telle pratique. L'enseignement du vénérable Pa Auk s'adresse particulièrement à ceux qui souhaitent s'investir pleinement et à long terme dans un processus de purification mentale.

En commençant à réaliser tout cela, je me suis senti tombé de très haut vers très bas. Mais en même temps, j'ai éprouvé un sentiment de grande légèreté, car les choses sont devenues claires à présent, tandis que j'étais si confus auparavant, sans même en avoir vraiment conscience. J'ai aussi compris que pour être prêt à bien avancer sur la Voie, il faut tout d'abord partir de zéro. Mieux vaut être à zéro sur la bonne route, que bien avancé sur une voie égarée.

Source: dhammadana.org
Jean

Aldou a écrit
C'est acquis que les choses n'ont pas d'existence inhérente mais elles ont une existence relative. Qu'est-ce que tu fais de cette existence relative?
Le meilleur exemple est le Dalai Lama, qui sur le plan relatif a eu rôle politique et qui maintenant n'a plus qu'un rôle spirituel, ce qui veut dire agir sur le plan relatif, organiser des enseignements, voir consulter d'autres Lamas, serrer la pince aux uns et aux autres et qui aussi oratique la méditation et va dans des états mentaux spirituels, ou de vacuité ou de non dualité.(les mots)

Pour une personne sur le chemin au début il y du va et vient entre ces états mentaux et peu à peu ils s’intègrent. Sur le plan relatif, c'est faire ce que l'on doit faire et du mieux que l'on peut, comme n'importe qui.

Un vieux paysan sait qu'il va mourir, quitter ce plan d'existence, mais ça ne l’empêche pas de planter un chêne qu'il ne verra jamais à maturité. Il fait son boulot de paysan. C'est un peu dans cet esprit qu'une personne qui médite sur la vacuité agit dans le monde relatif.
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