"Contes de sagesses du monde pour tout l'monde"...

Katly

La tasse de thé



Un jour un professeur d'université se rendit dans les hautes montagnes du Japon pour parler à un moine zen renommé.

Lorsqu'il le trouva, il se présenta, énonça ses diplômes et demanda à être instruit sur le "Zen".

« Voulez-vous un peu de thé ? » demanda le moine.

« Oui, volontiers » répondit le professeur.

Le vieux moine commença à remplir la tasse jusqu'au bord puis continua de verser.

Le thé déborda sur la table puis coula par terre.

« Arrêtez ! cria le professeur. Ne voyez-vous pas que la tasse est déjà pleine ?
Elle ne peut rien contenir de plus ! »

Le moine répliqua : « Comme cette tasse, vous êtes déjà plein de connaissances et d'idées préconçues.
Pour pouvoir apprendre, commencer par vider votre tasse ! »


Conte zen
FleurDeLotus

jap_8
Katly

Histoire de bien dormir, un petit conte <<metta>> :

Un pauvre homme perdu, un jour, dans la forêt, se retrouva un soir parmi les arbres noirs sans le moindre croûton de pain.
Pouvait-il prier ?
Même pas. Il avait oublié son livre de prières, il ne les savait pas par coeur.
_ Mon Dieu, dit-il, je suis stupide. Je ne sais pas comment T'appeler au secours avec les mots qu'il faut.
Alors voilà, j'ai une idée. Les phrases qu'il convient de dire assurément, Tu les connais.
Je Te donne donc une à une chaque lettre de l'alphabet, et Tu les remettras dans l'ordre.
Il fit ainsi. Dieu, parait-il, considéra cette prière avec une attention plus vive que toutes celles
qu'il avait reçu dans son paradis.

FleurDeLotus
Katly



Au-delà de la peur


_Êtes-vous parvenu au-delà de la peur ? demanda un jour à son maître un jeune disciple exalté.
Le vieillard, en face de lui, le regarda, l'oeil amusé, but son thé et répondit :
_Oui.
_Ainsi, reprit l'adolescent, admettons que vous vous trouviez dans une barque, sur un fleuve. autour de vous, des tourbillons. Des crocodiles vous poursuivent. Vos rames contre le roc se brisent. sur les deux rives, des guerriers, évidemment anthropophages. Ils tirent des flêches sur vous. Et voilà, droit devant, un dragon gigantesque. Il ouvre grande sa gueule armés de crocs pointus. Dites-moi, n'auriez-vous pas peur ?
_ Par tous les saints, s'écrie le maître ( et il rit à n'en plus pouvoir ), comment peux-tu m'imaginer assez dénué de bon sens pour aller me fourrer dans un pétrin pareil ?

*

Le plus grand vent du monde


Su Tung-Po était un poète, Fo Ying était un maître zen, et tous deux étaient bons amis. Ils avaient leur maison au bord du même fleuve, Fo Ying sur une rive et Su Tung-Po en face, sur la rive opposée.
Un matin, Su Tung-Po rend visite à Fo Ying, mais Fo Ying est absent. Son ami griffonne ces mots sur une feuille de papier qu'il glisse sous la porte close : " Su Tung-Po, poète accompli que rien ne saurait émouvoir, même le plus grand vent du monde, est venu te voir ce matin." Fo-Ying, au soir, rentre chez lui. Il trouve, il lit, part dans un grand rire. Il ajoute au bas de la feuille : "Ce que tu viens d'écrire là, ne vaut pas un pet de lapin." Il fait porter à son ami la lettre et son bref commentaire. Su Tung-Po le lit. Il se vexe, met sa barque à l'eau, traverse le fleuve, entre chez Fo Ying. Il rugit :
_ Comment oses-tu affirmer que la prose de Su Tung-Po ne vaut pas un pet de lapin ?
_ Comment croire, répond Fo Ying, que l'humble pet d'une bestiole ait suffi a pousser Su Tung-Po jusqu'ici, lui que rien ne peut émouvoir, même le plus grand vent du monde ?



Henri Gougaud - Petits contes de sagesses pour temps turbulents



Cela m'a fait beaucoup rire, de gros fous rires à lire ces deux contes, ce soir. :D
Katly

Bon, il y a le sens de l'humour du vieillard-enfant, du sage et de l'ami... mais aussi le rêve, la beauté, la simplicité, la vie, la liberté. :)
Et les contes en cas de réveil nocturne. :)


Trois autres derniers pour la route :


L'étoile


Cet homme cheminait, le front bat, sur la plage, le long de l'océan. De temps en temps il se penchait, il ramassait au bord des vagues, sur le sable, on ne savait quoi et le jetait au loin dans l'eau. Un promeneur qui l'observait vint à lui, il le salua, puis :
_ Que faites-vous ? lui dit-il.
Vous le voyez, répondit l'autre, je rends à l'océan des étoiles de mer. La marée les a amenées, elles sont restées là, sur le sable, et je dois les remettre à l'eau, sinon c'est sûr, elles vont mourir.
Le promeneur, surpris, lui dit :
_Des étoiles de mer, rien que sur cette plage, il y en a des milliers. Et le long des côtes du monde, combien de millions de ces bêtes, que vous ne pouvez pas sauver, s'échouent tous les jours sur le sable ?
Mourir ainsi est leur destin, et vous n'y pouvez rien changer.
L'homme ramassa une étoile, la tint un instant dans la main.
_Oui, sans doute, murmura t-il.
Et la rejetant dans les vagues :
_ Mais pour elle, ça change tout.



*


Le maître

Quand l'ermite tomba malade, il s'assit à l'abri du vent et resta enclos dans son corps, trois jours et nuits, farouchement, sans que bouge un poil de sa barbe, sans que frémissent ses paupières, sans que son souffle dévie. De cette plongée solitaire il sortit guéri et dispos. Comme un visiteur étonné lui demandait quel maître rare lui avait enseigné à se tenir aussi rigoureusement immobile, il répondit :
_ Mon chat. Mais je ne suis que son élève, je ne prétends pas l'égaler. Lui, quand il guette une souris, il parvient à garder une immobilité de loin supérieure à la mienne.


*

Regarde !

Ce cousue d'or, tous les matins, prend son jeune fils par le bras et l'emmène sur la colline qui domine les champs, les vignes, la rivière, la palmeraie. tous les matins, même paroles :
_Regarde, fils, regarde biens. D'est en ouest, jusqu'aux horizons, tout ce que tu vois est à nous. je n'ai pas ménagé ma peine pour garder tes biens au soleil. La vie est dure, mon garçon. Regarde, sois fière et sois fort.
Un pauvre homme, tous les matins, prend son jeune fils par le bras et vient sur la même colline. Is n'ont rien qu'une maison basse et un jardin qu'on ne voit pas, d'aussi haut, tant il est petit. Tous les deux respirent l'air bleu, puis le père ouvre grands ses bras et dit :
_Regarde, mon enfant, nous sommes vivants sous le ciel dans l'infini beauté du monde.




Voilà :) méditation sur le coussin et dodo. :) Tchao. :)
Katly

Plutôt l'aube et le chant des oiseaux, finalement. :D :D :D
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Flocon
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:D ba11

Merci, comme toujours, pour ces textes. Le premier m'a beaucoup fait rire moi aussi.
Quand on sonde les choses, les connaissances s'approfondissent.
Les connaissances s'approfondissant, les désirs se purifient.
Les désirs une fois purifiés, le cœur se rectifie.
Le cœur étant rectifié, on peut réformer sa personne.

Kong Tseu
Gab

merci , beaucoup ! je devrai en lire quelques unes régulièrement......! love_3 love_3 love_3
Katly

jap_8


Vider sa barque


Le duc de Lou avait fait un long périple pour venir demander conseil à Tchouang-tseu, le sage incomparable. Il le trouva dans une prairie, tout débraillé, jouant à la balle avec une bande d'enfants.Le Taoiste aux pieds nus continua de jouer , se contentant de faire un signe au souverain pour lui indiquer qu'il ne pouvait interrompre la partie. Un jeu est chose sérieuse pour les enfants, comme chacun sait!

Connaissant la réputation du sage excentrique, le souverain n'insista pas.Il s'installa avec sa suite sur des pliants que des serviteurs empressés mirent à leur disposition et entreprit de pique niquer. A la fin de la partie, Tchouang-Tseu, tout en s'épongeant le front avec les pans de sa tunique, demanda au potentat quel était l'objet de sa visite.Le duc magnanime fit verser au sage le vin de pêche dans une timbale en argent et lui expliqua:

"Mon pays de Lou est prospère; j'y fais régner l'ordre et la justice, j'observe la morale et les rites ancestraux, et pourtant, j'entends dire que mes ministres me critiquent et que mon peuple est mécontent.

Le sage huma longuement le précieux gobelet, dégusta à petites gorgées le vin de pêche en se gargarisant bruyamment le gosier, rota et répondit:

Si une barque dérive au gré des courants et se dirige sur une jonque, les bateliers, mêmes les pires brutes, ne se fâcheront pas et feront tout pour l'éviter?Supposons maintenant que la même barque dérive avec un homme à bord.L'attitude des marins sera bien différente.Même les plus débonnaires pousseront des cris, gesticuleront, et si l'homme ne répond pas, s'il est endormi, ils se mettront en colère et l'insulteront. Si jamais la barque heurte le navire, ils sont capables de sauter dedans et de flanquer une correction à son passager. Si une barque est pleine, elle attire la colère; Si elle est vide, elle ne la provoquera pas. Ainsi , si vous jetez par dessus bord votre moi, vous traverserez le fleuve de la vie sans que nul s'oppose à vous ni cherche à vous nuire.

Et en guise de conclusion, sans doute inspiré par le vin de pêche, Tchouang-Tseu improvisa ces vers:

"A celui qui n'est plus attaché à lui-même

les formes et les êtres se manifestent.

Dans ses mouvements il est comme l'eau insaisissable.

Au repos il est comme un écho, un miroir."



Contes des sages Taoistes
ted

Comment ruiner la pratique essentielle transmise par le maitre !

Il était une fois...

...un guru qui avait un très bon disciple, un brahmacharin inspiré par l'esprit de renoncement. Il ne possédait qu’un simple kupinam (linge servant de caleçon, le vêtement minimum). Un jour, son guru lui dit: « Tu vas te rendre dans un endroit isolé pour te consacrer à la méditation. Je te donnerai un mantra (formule rituelle et incantatoire) et je viendrai voir dans quelques années comment ça va. »

Le jeune homme parti et se mis à pratiquer la méditation selon les instructions de son guru. Son programme journalier était le suivant: le matin il se levait, lavait son kupinam, le faisait sécher sur l'herbe, puis commençait sa méditation. Ensuite, vêtu de son seul kupinam, il allait au village pour mendier sa nourriture. Il revenait pour le repas et s'asseyait de nouveau pour la méditation.

Un jour, une souris fit des trous dans son kupinam. Notre brahmacharin était désespéré; c'était sa seule possession. Il l'a raccommodé tant bien que mal et, en mendiant sa nourriture au village, il a dit aux gens qu'il n'avait plus de kupinam. Les villageois lui dirent: « Cela ne fait rien, on va te donner un autre kupinam ! » Ainsi fut fait. Il était tout à fait heureux avec son nouveau kupinam, et il a recommencé son programme journalier.

Quelques jours après, la même histoire s'est reproduite. Une souris a de nouveau fait des trous à son kupinam; il va de nouveau au village et redemande un kupinam que les villageois lui ont volontiers donné. Cette histoire est arrivée deux ou trois fois. Finalement, les gens se sont fatigués et lui ont dit: « Bâbâ, on ne va pas te donner tous les jours un nouveau kupinam ! On va te donner un chat, tu le garderas près de toi, le chat chassera les souris et celles-ci ne viendront plus manger ton kupinam ! » Le brahmachârin a alors emmené son chat, et les souris se sont éloignées. Il était tout heureux, son kupinam n'était plus déchiré par les souris.

Seulement voilà, il y avait un autre problème. Il fallait nourrir le chat, lui donner du lait. De ce fait, quand il allait au village, il demandait aux gens: « S'il vous plaît, donnez-moi aussi un peu de lait pour mon chat. » Les villageois lui ont donné volontiers du lait pour le chat. Cela s'est reproduit plusieurs jours, pendant une semaine ou deux, et les villageois ont fini par se fatiguer. « Eh, Bâbâ, on ne va pas te donner tous les jours du lait ! On va te donner une vache, tu vas la traire et tu auras du lait pour nourrir ton chat. » Alors il a emmené la vache, a appris à la traire et ainsi il a eu du lait tous les jours pour lui et pour son chat.

Mais un nouveau problème est apparu: il fallait nourrir la vache. Quand il allait mendier, il demandait aux villageois de lui donner du foin pour nourrir sa vache. Les villageois lui ont d'abord donné du foin, puis finalement se sont lassés et lui ont dit: « Eh, Bâbâ, on ne va pas toujours te donner du foin ! Il y a des terres en friche près de ton âshram. Tu vas les cultiver, on va te donner du blé à semer, il va pousser, tu auras du blé pour faire tes galettes et tu auras de la paille pour ta vache. » Alors il a dit oui, car il était obéissant et très influençable, comme beaucoup de brahmachârin et de sâdhu. Il a fait cela, récolté son blé, en a semé une partie à nouveau, a commencé à stocker de la paille.

Finalement, au cours des années, il n'a plus pu faire le travail lui-même. Il a dû demander aux villageois des hommes pour l'aider. Au début, il lui en ont donné, mais après ils lui ont dit: « Bâbâ, on va te donner une femme, tu vas te marier avec elle, elle t'aidera, elle te donnera des enfants et les enfants t'aideront à leur tour. » C'est ce qu'il a fait, et petit à petit son âshram s'est transformé en une grande propriété, avec des greniers pour le foin et le blé, des ouvriers comme dans une entreprise.

Un jour, son guru est venu rendre visite à son disciple. Il a vu la ferme, avec des gens occupés à droite et à gauche. Il a demandé à un homme: « Dis donc, j'avais mis un brahmachârin ici, qu'est-il devenu ? Est-il parti ? » L'homme répondit: « Non, non, il est debout là-bas. » Notre brahmachârin était habillé comme tout le monde, il donnait des ordres à ses ouvriers. Son guru s'est approché de lui. Quand le brahmachârin l'a vu, il est tombé à genoux et a dit: « Guruji, regardez ! Tout ça, c'est à cause d'un kupinam ! »

:D

source
longchen2

Et voilà !
Et en plus il rejette la faute sur le kupinam ! Allez, 10 mauvais points ! :mrgreen:
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