Le coeur de l'égo

[ted]

Ca veut dire : "Dans ce monde d’illusion vide et impermanent, puissions-nous exister dans l’eau boueuse avec la pureté de la fleur de lotus. Rien ne dépasse l’esprit illimité. Aussi inclinons-nous devant Bouddha."

Mais tu le dis toi-même : on s'incline devant Bouddha. Pas devant l'eau boueuse.

[jules]

Mais le "bouddhisme" est-il un idéal?
Me semblait avoir plus compris que c'était une pratique, plutôt qu'un idéal.

Moi non plus je ne crois pas que ce soit un idéal, ou alors, un idéal de pragmatisme

C'est d'ailleurs plus dans ce sens que Ted l'entendait je crois.



<<metta>>

[lausm]

Ca veut dire : "Dans ce monde d’illusion vide et impermanent, puissions-nous exister dans l’eau boueuse avec la pureté de la fleur de lotus. Rien ne dépasse l’esprit illimité. Aussi inclinons-nous devant Bouddha."

Mais tu le dis toi-même : on s'incline devant Bouddha. Pas devant l'eau boueuse.

Non, tu as raison. En fait on s'incline devant Bouddha, les deux pieds bien dans l'eau boueuse!

[onmyway]

Bouddha et la boue ne font qu'un
Celui qui s'incline devant une statue de bouddha
N'a pas encore "reconnu" que la boue Est bouddha
Il reste encore dans la dualité "pur -impur", illusion et éveil
La boue, c'est son propre égo qui la voit
Mais s'il voit l'illusion de cet égo, il sait qu'il est lui même bouddha
De même que la boue et tout le reste;
La boue est aussi bouddha
Alors le bouddha révelé peut s'incliner devant la boue
Comme le lotus se penche vers la boue qui lui a permis de s'élever
vers le ciel de sa vraie nature;
Ciel et terre ne sont qu'un

[Jean]

Shunryu Suzuki disait que le mauvais cheval pouvait s'avérer être le meilleur cheval, il parlait aussi de l'utilité de la mauvaise herbe...

A ses débuts, Trungpa était un peu "voyou". Tout moine qu'il était il avait mis une Tibétaine enceinte. C'est je crois cet aspect de son caractère qui a amené le 16 eme Karmapa à l'envoyer en Occident. Le choix s'est avéré judicieux. A l'époque du Swinging London valait mieux ne pas être un saint innocent pour communiquer.

En même temps, j'ai connu il y a très longtemps de jeunes occidentaux, tout purs, tout gentils, qui avaient une certaine noblessse en eux, genre "bons élèves" qui sont devenus moines et qui ont très bien évolué. je parle sur une période de plus de 30 ans.

Donc, je n'ai pas d'opinion à ce sujet...

Peut être si au départ on a eu un esprit pollué et tordu on peut mieux aider ceux qui ont un esprit pollué et tordu? Peut être?

Lama Guendune qui avait été un moinillon, un moine et un yogi plus que parfait, fallait pas lui raconter d'histoires... Il a retourné certains pollués comme des gants, il avait un gros impact.

Je crois aussi que se dire "Pour aider le plus d'êtres possible, je vais me polluer et me tordre l'esprit" serait quand même une grande erreur!!!!

On peut retrouver son esprit pur, mais on ne peut pas retrouver son innocence. Peut être la vie suivante? Une vie de bisounours? Cela peut être agréable.

[Flocon]

Je crois aussi que se dire "Pour aider le plus d'êtres possible, je vais me polluer et me tordre l'esprit" serait quand même une grande erreur!!!!

Entièrement d'accord. Et il semble que ce soit une tentation qui existe bel et bien dans le bouddhisme , peut-être à cause de l'image mal comprise de certains maîtres "mauvais garçons" : tu cites l'exemple de Trungpa mais on pourrait aussi penser à Deshimaru, et surtout, pour le Zen Rinzaï, à Ikkyû, qui est devenu une telle légende, que certains ont cru, de bonne foi, que ce qu'il fallait imiter chez lui, c'était l'alcoolisme, la provocation et le goût des prostituées. Alors qu'il dit très clairement le contraire dans certains de ses textes, et qu'il avait interdit à ses propres disciples d'enseigner parce qu'ils "tournaient mal", faute d'avoir compris les bases de la Voie (et on sait qu'il s'en est amèrement voulu, se reprochant d'avoir laissé s'éteindre la "lampe" de sa lignée, sans doute parce que son caractère torturé le portait à la culpabilité).

Il y aurait bien d'autres exemples. Mieux vaut ne pas laisser s'installer de malentendus sur ce point, je crois...

[Katly]

Je crois aussi que se dire "Pour aider le plus d'êtres possible, je vais me polluer et me tordre l'esprit" serait quand même une grande erreur!!!!

Entièrement d'accord. Et il semble que ce soit une tentation qui existe bel et bien dans le bouddhisme , peut-être à cause de l'image mal comprise de certains maîtres "mauvais garçons" : tu cites l'exemple de Trungpa mais on pourrait aussi penser à Deshimaru, et surtout, pour le Zen Rinzaï, à Ikkyû, qui est devenu une telle légende, que certains ont cru, de bonne foi, que ce qu'il fallait imiter chez lui, c'était l'alcoolisme, la provocation et le goût des prostituées. Alors qu'il dit très clairement le contraire dans certains de ses textes, et qu'il avait interdit à ses propres disciples d'enseigner parce qu'ils "tournaient mal", faute d'avoir compris les bases de la Voie (et on sait qu'il s'en est amèrement voulu, se reprochant d'avoir laissé s'éteindre la "lampe" de sa lignée, sans doute parce que son caractère torturé le portait à la culpabilité).

Il y aurait bien d'autres exemples. Mieux vaut ne pas laisser s'installer de malentendus sur ce point, je crois...

Des malentendus, il y en bien d'autres, oui. Le jugement en créer tellement.

Ce n'est pas parce qu'une personne a été toxicomane ou alcoolique ou prostituée qu'il faut la tatouer au fer rouge pour jusqu'à la fin de sa vie.
Même quand ces personnes ont radicalement changé, et depuis de nombreuses années, on les affuble toujours de cette étiquette, en rajoutant même des trucs qu'ils n'ont pas fait, pour bien maquiller le personnage de leur film. Quand ce n'est pas une adulation de ce même personnage par d'autres, qui l'enfoncent un peu plus et l'alimente et le donne en exemple ou en font une vedette.
Pas étonnant que certains(es) à peine sorties rechutent. Vaut mieux non seulement changer de milieu et éviter le contact avec ceux qui te cassent, t'arrache les ailes. Alors si c'est pour se faire le rappel du karma, c'est pas malin.
Autrement, aimer une femme qui est ou a été prostituée, n'est pas forcément avoir le goût des prostituées. On aime qui ? une personne pour ce qu'elle est ? ce qu'elle a été ? ce qu'elle n'est pas ? Et qu'est-ce qu'on sait des gens ? à part des potins, quelques éléments épars, quelques traits de personnalités, de caractères, et notre imagination et fantasmes
Ce qui est sûr, c'est que ce n'est jamais en jetant de la boue sur les autres qu'on sera plus blanc et plus pur.

[jules]

Alors si c'est pour se faire le rappel du karma, c'est pas malin.

love3 love3 love3




"J'ai dans les bottes des montagnes de questions, où subsiste encore ton égo " Bashung

<<metta>>

[Flocon]

Je crois que je me suis mal faite comprendre . Peu importe : le message de Jean était très clair et je ne voulais pas dire autre chose que lui.

[lausm]

j'ai bien compris en ce qui me concerne.
Ce qu'il y a, c'est que bien souvent des gens ont trouvé une excuse à leurs comportements toxiques parce que leur maître avait les mêmes défauts.
Par exemple, Deshimaru buvait un coup de temps en temps, et sûrement bien trop. Tout comme Trungpa.
Sans parler du fait qu'ils pouvaient avoir des relations avec des femmes.
OK.
Mais qu'attendait-on d'eux?
J'ai su que Deshimaru disait : "ne suivez pas mes propres erreurs". C'était clair.
Que sait-on du vécu de types qui ont été de vraies météorites bouddhiques dans le monde occidental en plein essort d'ouverture à l'Orient?
Ils ont été le support d'idéalisations, et de projections insupportables....ça rend fada, et je pense que ça ne pouvait que les altérer.
Et puis ils avaient tout quitté, que de ruptures aussi à gèrer dans leur coeur?

Mais certains s'arrangent bien des aspects tantriques du maître pour se bourrer la gueule ou suivre leurs pulsions non maîtrisées, au nom de la voie.
Cela n'est pas juste, c'est juste prendre son karma pour son dharma. Ce n'est pas la vraie pratique.
Le lotus s'enracine dans la boue, mais il ne doit pas s'y enliser sinon il ne fleurira jamais.
Le lotus a juste besoin de la boue ET de la lumière. Sans l'un ou l'autre, point de fleur de lotus. C'est tout simple!
Et il n'y a pas à choisir l'un plus que l'autre : les deux sont nécessaires à la vie.
Connaître sa boue intérieure, c'est pouvoir connaître sa lumière. Connaître sa lumière, c'est pouvoir éclairer sa boue et ne pas s'y enliser.

Voilà ce qu'écrivit Ikkyu le jour où il reçut l'annonce de sa nomination comme maître de Daitoku-ji :

"Je suis disciple de Daito (grande lampe)
J'ai éteint la lampe qui restait.
Je ne peux pas dissiper mes craintes.
Elles me restent comme une glace qui a pris en une nuit.
Depuis cinquante ans j'ai vagabondé en manteau de paille et cimier.
J'ai honte de porter aujourd'hui une robe violette."