Le coeur de l'égo

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jules
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Eno lui dit : "le moine doit personnifier les 3000 préceptes, les 8000 actions et les 3000 comportements.
Les 3000 préceptes, les 8000 actions et les 3000 comportements sont le Bouddha. Oublions le moine. <<metta>>
Dernière modification par jules le 04 octobre 2013, 13:44, modifié 1 fois.
Katly

jules a écrit :C'est exactement là dessus que porte le sujet que j'ai voulu creuser.
Et pour exprimer le titre du sujet, "Le coeur de l'égo", je dirais métaphoriquement que
l'égo est comme un magasin de porcelaine, seul le coeur peut y entrer sans faire de dommages.
<<metta>>
jap_8
ted

waw !
Vous m'épatez là ! ba11 J'aime beaucoup les commentaires de Katly et de Lausm. jap_8
Et j'aime cette approche de Jules qui remet l'éveil aux mains des vigilants, pour en faire un acte et non un état.

Mais comment expliquer alors que l'éveil est irréversible s'il ne s'agissait que d'un acte de vigilance ?
Peut-être avec le même raisonnement : c'est à dire qu'il n'y a personne pour être vigilant. Mais qu'il y a de la vigilance, c'est tout.

Mais comment garder un égo à une supposée juste place ("noyau égocentrique, conscient de lui-même dans la différenciation d'avec les autres et le grand tout"), tout en s'en affranchissant totalement dans l'action ? :shock:

N'est-ce pas là une tentative d'espérer préserver un petit soi alors même que l'éveil est en train de se déployer en pensée, en paroles et en action ?
:roll:
Katly

shuuuuuuuuuuuuttttt

Je ne vois pas comment préserver un petit soi qui est sans cesse changeant, impermanent, mourant à chaque instant, un noyau vivant en transformation. Le moi fait partie de la structure psychique d'un être humain, on va pas se l'opérer au bistouri. Ce n'est pas ce qu'à fait le Bouddha, qui avait un moi aussi.
Et vouloir l'inverse de préserver, éliminer l'égo, faire répression, c'est l'égo lui-même qui veut être "le parfait", et on croit que c'est l'être éveillé en nous qui agit contre. Et cette erreur s'étend, parce qu'il y a même des gens qui s'attribue ce rôle répressif envers nous, au cas où on ferait pas le boulot, rôle auquel ils croit eux-mêmes ou parce qu'on a un moi qui plaît pas, vilain, pour nous aider soi-disant. Cette répression envers soi-même s'étend jusqu'à l'autre. Cela devient le bordel, quoi. Un festival de duels. Des éléphants dans un magasin de porcelaine, bonjour les dégâts, et le problème s'aggrave, se renforce, au lieu de se résoudre. Alors qu'il faut entrer avec le coeur. L'égo c'est comme l'autre, c'est pas l'ennemi. Il faut toujours d'abord se changer soi-même. Comme dit Jung " Et puis - qui donc, de nos jours a la parfaite certitude de ne pas être névrosé ?". Il y a la maladie, la vieillesse et la mort, universels à tout être humain, et nos maux personnels.
"La façon non-violente de travailler avec l'égo est la méditation".
C'est un travail par nous-mêmes sur nous-même. Confronté au quotidien, naturellement aux autres, sans que ce soit un combat, des luttes stériles. Juste douceur et fermeté avec l'égo. Il y a simplement une protection bienveillante, une empathie envers soi qui protège aussi les autres, ce qui rend vigilant, jusqu'à la compassion.

http://nondualite.free.fr/c_ego.htm
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Flocon
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ted a écrit :N'est-ce pas là une tentative d'espérer préserver un petit soi alors même que l'éveil est en train de se déployer en pensée, en paroles et en action ?
Non, je ne crois pas. Il y une belle formule de Dôgen à ce sujet : "l'éveil ne brise pas l'homme".
Et le caractère sino-japonais qu'il emploie pour désigner l'"homme" porte bien l'idée de l'humain en tant qu'individu complet, y compris donc ce que nous appelons, sans doute maladroitement, l'ego ou le "petit soi". Dôgen est une figure très rassurante sur ce point : il affirmait sans barguigner avoir atteint l'éveil complet, décrivait son long parcours de dépouillement radical, mais n'en affichait pas moins une irréductible individualité (et aussi, soit dit en passant :lol: , un caractère difficile, voire rugueux, sans un brin de mièvrerie ni de conformisme). On peut aussi penser à la figure de Hakuin, qui a rédigé des textes autobiographiques où il est très clair sur ce point : c'est après avoir atteint l'éveil qu'il est devenu pleinement lui-même.
Je cite des exemples japonais tirés du Zen qui me sont familiers, mais je suis certaine qu'il y en a des quantités d'autres dans les diverses branches du bouddhisme.

Mais le mieux pour répondre à ce genre de question, c'est de fréquenter un maître vivant. Je pense sincèrement qu'après, on ne se la pose plus : on comprend que ce qu'on prenait pour un paradoxe insoluble n'était, tout bêtement, qu'une idée fausse. (Je parle pour moi :oops: ).
Quand on sonde les choses, les connaissances s'approfondissent.
Les connaissances s'approfondissant, les désirs se purifient.
Les désirs une fois purifiés, le cœur se rectifie.
Le cœur étant rectifié, on peut réformer sa personne.

Kong Tseu
Katly

Je crois qu'il faut faire attention au modèle et à l'uniformité.
Chacun est une personnalité unique, sous cette enveloppe où bat un coeur de bouddha.
Même Jésus n'était pas d'un caractère facile, d'une grande douceur sans être mièvre non plus, d'une force très ferme.
Un équilibre féminin et masculin assumé, une personnalité assumée, être humain accompli, complet plutôt que "parfait".
Sinon on aurait des maîtres, Dalaï-Lama, bouddhas, en série, des copies, des clones, ce serait bizarre et triste.
ted

Tout peut devenir objet pour un sujet qui en prend conscience. Mais du sujet lui-même, l'ultime sujet, rien ne peut prendre conscience. Mais ce je suis, ce sujet, même s'il est très pur, même s'il est sans émotion, même s'il EST parce qu'il échappe au changement, qu'il échappe au temps, a encore une certaine coloration individualisée. Je le ressens toujours quelque peu comme " moi". Il y a encore un dépassement possible dans lequel ce sens d'un je suis même très calme, très stable et autour duquel peut se structurer et s'organiser notre fonctionnement ordinaire, va disparaître. Le sujet perd toute référence individualisée, toute référence de séparation, de dualité et atteint une non-dualité - non-deux - qu'il est impossible d'imaginer à l'avance tant qu'on ne l'a pas expérimentée. La conscience devient alors parfaitement lumineuse, claire, souverainement détachée, mais compatible avec l'apparence d'une action, d'une décision. Toute référence individuelle s'est effacée. Pour illustrer cet état, on donne l'image de la vague qui réalise qu'elle est purement et simplement l'océan; même s'il y a des milliers de vagues, il y a un seul océan et la vague ne peut pas avoir une existence, ou un être, ou une réalité indépendante de l'océan lui-même. (Lama Denys)
ted

Le problème, c'est qu'il n'y a PAS d'égo. Est-ce que le Bouddha a jamais parlé d'un égo au fait ? Il a réfuté le soi des brahmanes, je crois. C'est tout.

Il y a une suite de comportements qui sont vus comme étant la manifestation d'un égo, mais en réalité, ces comportements sont vides de soi.
Donc, vouloir se débarrasser d'un égo est effectivement névrotique. Ce serait comme vouloir se mettre debout alors qu'on l'est déjà. Le simple fait de se lancer dans cette tentative est destructeur. Mais destructeur de quoi ? au fait ? :)

Tu as raison Katly, nous sommes tous déjà névrosés à des degrés divers. Ayant érigé certaines névroses en normalité. OnMyWay décrit parfois ces comportements dont peu de personnes se rendent compte, persuadées d'être équilibrées.

Une personne dite équilibrée bénéficie d'un "crédit de normalité" qui lui permet de s'intégrer au groupe des névrosés "normaux".
( Mais au fait, faut-il remplacer une névrose collective par une névrose marginale ? Le bouddhisme y gagne t'il quelque chose ? )

A mon avis, il faut une approche de type comportementale. Ne pas voir cette combinaison psychophysique (nama-rupa), que nous sommes, comme une personnalité plus ou moins équilibrée, mais bien comme une suite de comportements harmonieux ou dysharmonieux. La danse existe t'elle indépendamment des danseurs ? Et quand le danseur danse, où commence la danse et où s'arrête le danseur ?
Katly

Je ne sais pas. Il faut demander au chamane. :D
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