L'impermanence…le changement….toutes ces images et représentations impossibles…les mots qui tuent l'objet ou qui le font apparaître…il n'empêche que capter une vague, ouvrir les yeux le matin, chercher quelque chose qui n'existe pas parce qu'il n'y a pas de choses, c'est un courant qui nous entraîne à chaque fois. Parce qu'il y a une espèce de fascination dans les phénomènes qui déroulent leur tapis…c'est aspirant. Oui, ça m'aspire totalement…à chaque fois je prends la forme de quelque chose qui m'échappe et échappe au flux ou au mouvement : je saisis une image éphémère qui m'éloigne de l'impossible objet, je m'attache à un silence fugitif qui me crie son impossibilité à exister tout seul, je traverse une image ponctuelle à propos d'un autre qui se dissout aussitôt, j' attrape une idée évanescente qui se fixe ici ou là en fonction des circonstances, etc. Et au final tout cela glisse dans l'oubli …pourtant, avant même que je me fixe sur l'objet, au moment où la vague est sur le point de se déployer, avant même qu'elle ne prenne figure, tout est là…sorte de calme total et d'évidence ...une fois que l'image est fixée, tout disparait…
Jaime bien observer les vagues…il y a quelque chose d'absolument fascinant dans l'observation de leur formation…un je ne sais quoi...
Je crois que je suis une sorte de balançoire

...c'est pour ça que ces mouvements me fascinent...
"Non pas en exil. Non pas en étranger.
Solidaire des hommes et des bêtes
Solidaire des eaux, de la boue,
de la roche et des champs
des forêts et forêts de constellations.
Graine de la grande tribu des sables et cailloux
de toute cellule vivante,
pétales de floraison dans le vent,
solidaire de la joie et de la douleur.
D'une patrie de pensée infinie
de toute connaissance limitée
clairières de notre pensée finie.
Solidaire d'une commune ignorance
de tous nos forages, explorations, recherches
de notre désir infini de comprendre -
de toute lumière et de promesse de lumière
qu'elle témoigne d'elle-même ou de la nuit,
de celle à certaines heures que respirent
au désert de Judée les pierres -
Solidaire d'une patrie de mouvement infini
des limites de nos ici et maintenant innombrables. "
Lorand Gaspar