Peter Fenner : la libération naturelle

onmyway

Bah oui, les temps changent, et les traditions n'y échappent pas.
C'est pourquoi certains font le choix "d'échapper" aux traditions quellequ'elles soient,
et de voguer sur les flots changeants du temps
pour respirer par eux-même les rives de l'éternité :cool:
Jean

Le Dalai Lama, Namkhay Norbu, Lungtong Tenpai Nyima, Lopon Sangye Tenzin, (leurs Saintetés et Eminences) et Tenzin Wangyal Rinpoché sont tous amis.

Adjugé, vendu.
onmyway

Tu as oublié Sa sainteté Jean rinpoché Eminence du café du commerce :lol:
Jean

Oui, je sais bien, mais je suis d'une humilité si exceptionnelle, si remarquable, si profonde et si vaste que je rosis de confusion à cette simple idée

je préfère donc ne pas y penser, ça m'émeut trop et à mon âge, il faut se ménager.
Dernière modification par Jean le 12 juin 2013, 19:40, modifié 1 fois.
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Dharmadhatu
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Lausm a écrit :Bah oui, les temps changent, et les traditions n'y échappent pas.
:D En fait, dans ce cas, une tradition peut se rapprocher d'une généralité de sens (arthasamanya), c'est temporairement permanent: tant que ça existe, ça dit toujours la même chose concernant l'essentiel de son message, et dès que ça dit autre chose, ça n'existe déjà plus, ce n'est plus vraiment la même tradition. On peut avoir l'impression que c'est la même chose mais ça n'a plus tout à fait le même goût. Comme dirait Coluche, ça devient de la bouffe anglaise: "quand c'est chaud, c'est de la soupe et quand c'est froid, c'est de la bière". ::mr yellow::

Bien sûr, les Bouddhas savent que leur Dharma déclinera et disparaîtra, donc nous devons aussi en tenir compte; mais si nous pouvons, même dans une faible mesure, ralentir ce déclin, autant le faire pour que d'autres puissent aussi en profiter. Notons d'ailleurs que dans le cas du Dharma, l'impermanence est qualifiée de déclin, de dégénérescence; c'est loin d'être vu comme un progrès, comme celui qu'est supposée constituer la pensée matérialiste en Occident.

FleurDeLotus
apratītya samutpanno dharmaḥ kaścin na vidyate /
yasmāt tasmād aśūnyo hi dharmaḥ kaścin na vidyate

Puisqu'il n'est rien qui ne soit dépendant,
Il n'est rien qui ne soit vide.

Ārya Nāgārjuna (Madhyamakaśhāstra; XXIV, 19).
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Boubou
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La pratique de l'impossible
(extrait du livre "La liberté d'être" - Peter Fenner)

Nous avons tous connu des moments où nous nous sommes sentis libres d'apprécier pleinement la texture et le contenu de notre vie, où nous vivions simplement notre expérience présente, sans en accepter ni en rejeter les détails particuliers. Pendant un moment, rien ne semble pouvoir venir déranger la paix de notre esprit.

Où que nous nous trouvions, quelles que soient les personnes qui fassent irruption dans notre champ de perception, rien ne diminue ni n'augmente la sérénité naturelle et l'impression de clarté profonde qui sont les nôtres. Lorsque l'on vit complètement un tel état, rien ne peut ni l'exalter, ni le détruire. Nous pourrions dire qu'il s'agit la d'une expérience où "rien ne manque", à entendre comme une expérience qui va au-delà de toute pensée, préoccupation ou considération concernant notre complétude ou notre incomplétude.
Parfois, de telles expériences semblent survenir sans raison particulière. D'autre fois, elles peuvent nous apparaître comme le fruit d'une discipline psychologique et spirituelle. D'une manière comme de l'autre, de telles expériences de paix véritable et de clarté sont généralement de brève durée.

A peine les avons-nous saisies que déjà elles nous échappent, soit qu'elles s'évaporent graduellement, soit que quelqu'un ou quelque chose nous ramène brusquement au monde des jugements et des préférences.

Ce sentiment de dilution progressive ou de perte provoque naturellement le désir de "faire quelque chose" pour retrouver l'expérience perdue.
Le besoin de faire, ressentir ou penser quelque chose est activé par l'espoir que l'action en question reporte ou supprime le sentiment de perte. Nous considérons ce sentiment de perte comme une recristallisation de la croyance que l'on peut formuler comme "je ne suis pas où je devrais être". A partir du moment où elle commence à se solidifier à nouveau, cette croyance relance notre quête d'une discipline ou d'une pratique qui nous aide à nous sentir complètement et simplement en paix avec qui nous sommes.

La réinstauration d'un décalage entre l'endroit où nous nous trouvons et l'endroit où nous voudrions être est naturelle, elle provient d'une confusion entre ce qui est réel et ce à quoi nous croyons. Par ailleurs, ce décalage est aussi dépourvu de signification et en fin de compte, sans importance puisque l'idée que "quelque chose manque" n'est en fait qu'une forme de pensée qui survient avec une fréquence et une intensité plus ou moins grande, de la même manière que les nuages dans le ciel sont épais et denses certains jours, rares ou absentes d'autres jours. Et pourtant, nous prêtons attention à l'idée que quelque chose manque, comme s'il s'agissait là d'une description de l'état réel des choses. Nous croyons sérieusement que nos pensées, sentiments et perceptions du moment ne sont pas ce qu'ils devraient être.
Quant à ce que nous pouvons faire pour réactualiser l'état de liberté naturelle, nous devons être conscients de ce que la pratique dans laquelle nous nous engagerons consolidera la croyance que quelque chose manque et ce,aussi longtemps que nous poursuivrons cette pratique. L'action même d'essayer de se débarrasser d'un empêchement, quelle que soit l'expérience recherchée, valide la croyance que cet empêchement existe. Ce processus conditionne et renforce la croyance qui consiste à considérer l'expérience de liberté naturelle comme un état susceptible d'être perdu aussi bien que gagné.

Dans cette mesure, notre pratique en viendra donc à conditionner et à prolonger la souffrance dont elle est censée nous délivrer. Ce qu'il nous faut, c'est une pratique ou discipline qui reconnaisse le puissant besoin qui nous anime de faire quelque chose quand notre vie devient difficile, source de souffrance ou d'ennui, et qui reconnaisse en même temps qu'aussi longtemps qu'elle est perçue comme un moyen pour obtenir un résultat futur, la pratique passe du même coup à côté du but auquel elle vise, à savoir : retrouver ce qui manque. Nous devons pouvoir appréhender la pratique d'un point de vue qui ne rejette pas plus qu'il n'accepte les présupposés et affirmations liés à toute pratique spirituelle ou psychologique. Il devrait être clair que le concept de pratique que nous développons ici ne peut pas se référer à une pratique ordinaire qui reposerait sur l'anticipation de l'accès à la liberté naturelle, perpétuant ainsi le besoin continuel de s'adonner à la pratique. Le concept de discipline que nous présentons ici correspond à une compréhension subtile et progressive, qui tient compte du fait que toute pratique conditionne et perpétue la croyance que "quelque chose manque".[/color]
ted

Boubou a écrit :
La pratique de l'impossible
(extrait du livre "La liberté d'être" - Peter Fenner)
...
Le concept de discipline que nous présentons ici correspond à une compréhension subtile et progressive, qui tient compte du fait que toute pratique conditionne et perpétue la croyance que "quelque chose manque".[/color]
Mais on pourrait retourner le raisonnement et dire qu'aucune pratique ne peut nous enlever ce que nous avons déjà ?

Si on a "l'intention" de faire la pratique pour "obtenir" quelque chose, on est dans l'erreur.
Mais si on a "l'intention" de ne pas faire la pratique pour "obtenir" quelque chose, on est aussi dans l'erreur.

non ?
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Dharmadhatu
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ted a écrit :
Boubou a écrit :
La pratique de l'impossible
(extrait du livre "La liberté d'être" - Peter Fenner)
...
Le concept de discipline que nous présentons ici correspond à une compréhension subtile et progressive, qui tient compte du fait que toute pratique conditionne et perpétue la croyance que "quelque chose manque".[/color]
Mais on pourrait retourner le raisonnement et dire qu'aucune pratique ne peut nous enlever ce que nous avons déjà ?

Si on a "l'intention" de faire la pratique pour "obtenir" quelque chose, on est dans l'erreur.
Mais si on a "l'intention" de ne pas faire la pratique pour "obtenir" quelque chose, on est aussi dans l'erreur.

non ?
Complètement. jap_8

Sauf qu'il ne s'agit pas d'une erreur en soi sinon toute pratique intentionnelle serait à écarter partout et toujours. L'intentionnel et le non-intentionnel ne sont pas si éloignés: il s'agit toujours de l'esprit, sous une forme ou sous une autre. L'intentionnel peut mener à, renforcer, épanouir, sublimer etc. la reconnaissance du non-intentionnel. L'intentionnel est le bruit et le non-intentionnel le véritable silence: le silence n'est qu'une absence de bruit et le bruit n'est qu'une absence de silence (dialectiquement parlant, mais pas dans le cas de cet exemple en fait), ce qui permet aux deux d'aller de pair (franchement je kiffe ta signature !! Ah bon ? ça se voit tant que ça ?? color_3 )

FleurDeLotus
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Ted dit:

Boubou a écrit:

La pratique de l'impossible
(extrait du livre "La liberté d'être" - Peter Fenner)
...
Le concept de discipline que nous présentons ici correspond à une compréhension subtile et progressive, qui tient compte du fait que toute pratique conditionne et perpétue la croyance que "quelque chose manque".


Mais on pourrait retourner le raisonnement et dire qu'aucune pratique ne peut nous enlever ce que nous avons déjà ?

Si on a "l'intention" de faire la pratique pour "obtenir" quelque chose, on est dans l'erreur.
Mais si on a "l'intention" de ne pas faire la pratique pour "obtenir" quelque chose, on est aussi dans l'erreur.

non ?
gigi dit:
Je suis tout à fait en accord avec ce que dit Ted, ce sentiment de faire quelque chose pour ne pas sentir qu'il nous manque quelque chose se manifeste à chaque instant dans nos vie et cela n'a rien à voir avec une pratique ou une autre, cela a à voir avec les actions que nous faisons, alors autant faire des actions qui nous permettent de nous sentir mieux, cela devient une pratique quotidienne comme manger de meilleurs aliments pour notre santé et entretenir de meilleures pensées, méditer c'est une question de choix d'actions, la méditation est un acte qui procure du bénéfice à celui et celle qui la pratique, comme faire du sport, on en sent le résultat positif dans nos vie, il y a toujours un objectif dans tout ce que nous faisons, si je m'assois c'est pour me reposer, si je marche c'est pour plusieurs raisons etc,etc,

avec metta
gigi
Ici et Maintenant pleine attention à la pleine conscience
tongra

Oui, sauf que le but d'une voie n'est pas de se sentir mieux mais de mieux sentir ce qui se présente sur l'instant. Que l'on se sente mieux ou pas ne change rien, la réalité demeure ce qu'elle est. La problématique est uniquement de s'opposer psychologiquement à ce qui advient.

Si je me sens mal et suis dans l'impossibilité de l'accepter ou autrement dit, dans le rejet de cet état de fait, à ce point précis se produit la souffrance. Cela n'empêche en rien, dans tous les cas, d'essayer d'améliorer sa condition mais si c'est le refus de celle-ci qui guide cette volonté de changement, on s'est fourvoyé. Cela semble idiot comme comparaison mais en fait, si on les examine bien, il y a un monde entre les deux attitudes.

Si je me trouve dans un état de bien être, et qu'au lieu de le vivre pleinement pour ce qu'il est, je me mets à m'y attacher et ainsi inévitablement, de ce fait-même, avoir l'impression de le perdre. Alors, je vais tout faire pour que cet état perdure et par là-même souffrir de sa perte et partir dans une quête éperdue. C'est exactement la même problématique que pour un état de mal être.

Ce n'est pas une quête qui est mue par l'ouverture et la disponibilité mais par le manque et la restriction, et
celle là risque bien de perpétuer uniquement la douleur et la souffrance.

C'est uniquement un manque de perspective, le dharma parlera de marigpa ou ignorance.
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