Merci Axiste. Et très belle image !
La méditation nous permet ce sourire dès le réveil, du petit jour jusqu'au crépuscule, c'est à chaque fois une victoire sur soi-même. Pas à pas... C'est le cadeau dont on ne peut se priver et qu'on est immensément heureux d'offrir à ceux qu'on aime très fort, à tous les êtres à travers tous nos actes quotidiens comme celui de créer dans son art.
Merci à tous ces sculpteurs à travers les âges !
( J'ai été obligée une fois de passer une petite patine sur un grand Bouddha, en matière pauvre, brut, cela m'a pris plusieurs jours, au calme, j'avais l'impression de prendre soin d'un bébé qui souriait tout l'temps.

et ça me faisait sourire de le regarder. )
Pour compléter cet entraînement du sourire avec la pratique d'un art, j'ajoute ces extraits d'autres ouvrages :
Il s'agit d'un passage tiré du livre : "Sur les traces de Siddharta" chap. " La musique des hautes sphères", où un groupe de jeunes gens musiciens après avoir chanté, dansé et festoyé firent une sieste et s'étaient fait tout voler, argents et bijoux par une jeune-fille. Ils étaient agités et prêts à la poursuivre, quand ils rencontrèrent le Bouddha.
Lorsque l'un d'eux demanda si le Bouddha avait vu passer une jeune-fille et expliquant la raison au Bouddha qui avait demandé pourquoi.
Puis :
Le Bouddha les regarda avec sérénité et leur demanda :
_ Dites-moi, mes amis, est-il préférable pour vous de retrouver la jeune-fille ou de vous trouver vous-même ?
Les jeunes gens furent stupéfaits. Le jeune-homme qui avait parlé se lança :
_ Vénéré Maître, peut-être serait-il préférable de nous trouver d'abord nous-mêmes.
Le Bouddha répondit :
_ La vraie vie ne peut être trouver que dans le moment présent, mais nos esprits demeurent rarement en celui-lui ci. Au lieu de cela, nous recherchons le passé ou aspirons au futur. Nous pensons que nous sommes nous-mêmes mais ne sommes presque jamais en réel contact avec nous-mêmes. Nos esprits sont trop occupés par les souvenirs du passé ou par les rêves de demain. La seule manière d'être en contact avec la vie est de revenir au moment présent. Une fois que vous saurez comment revenir au moment présent, vous serez des éveillés, et vous trouverez votre vraie demeure.
Observez ces tendres feuilles effleurées par la lumière du soleil. Avez-vous jamais contemplé le vert de ces feuilles avec un coeur serein et ouvert ? Cette nuance de vert est une merveille de la vie. Si vous ne l'avez jamais regardé, je vous demande de le faire maintenant.
Les jeunes hommes se sentaient apaisés et, suivant des yeux le doigt du Bouddha, chacun dirigea son regard vers les feuilles se balançant doucement dans la brise de l'après-midi. Le Bouddha s'adressa au jeune homme assis à sa droite.
_ Je vois que vous avez une flûte. S'il vous plaît, jouez-nous quelque chose.
Ce dernier, intimidé, emboucha sa flûte et commença à jouer. Tous écoutais attentivement le son de l'instrument semblable aux lamentation d'un amoureux transi. Le Bouddha ne quittait pas le jeune instrumentiste des yeux. Quand la flûte se tut, un voile de tristesse sembla s'abattre sur la forêt. Personne ne prononça une parole jusqu'à ce que, soudainement le jeune-homme la tendit au Bouddha.
_ Vénéré Moine, s'il vous plaît, jouez pour nous.
Le Bouddha sourit tandis que les jeunes hommes éclatèrent de rire, prenant leur ami pour un vrai fou. Qui avait jamais entendu parler d'un moine jouant de la flûte ? A leur grande surprise, le Bouddha prit l'instrument. Tous se tournèrent vers lui intrigués. Le Bouddha inspira longuement à plusieurs reprises puis porta la flûte à ses lèvres. L'image d'un jeune adolescent jouant de la flûte dans les jardins royaux de Kapilavatthu surgit dans son esprit. Il revoyait aussi Mahajapati, assise sur un banc, l'écoutant attentivement, et Yashodhara tenant son porte-encens où brûlait un bâton de santal. Le Bouddha commença à jouer.
Le son était aussi ténu qu'une volute de fumée s'élevant au dessus du toit d'une humble demeure de Kapilavatthu. Progressivement la mince volute s'épanouit dans l'espace en une nuée qui se transforma à son tour en un lotus aux mille pétales multicolores. On aurait dit que l'unique flutiste avait laissé place à dix mille instrumentistes et que toutes les merveilles de l'univers s'étaient transformées en milliers de sons, de couleurs et de formes. Les oiseaux s'arrêtèrent de chanter pour se délecter de cette musique harmonieuse. Même la brise cessa de faire bruisser les feuilles. La sérénité et la magie baignaient la forêt. Les jeunes gens entourant le Bouddha totalement installés dans le moment présent étaient en communion avec toutes les merveilles de la forêt, du Bouddha, de la flûte. Même après que le Bouddha eut reposé l'instrument, ils entendaient encore la musique. Plus aucun d'eux ne pensait à la jeune-fille ni aux bijoux volés.
Ils restèrent silencieux un long moment, puis le jeune propriétaire de la flute s'adressa au Bouddha.
_ Maître, quelle virtuosité ! Je n'ai jamais entendu quelqu'un jouer ainsi. Avec qui avez-vous étudie ? M'accepteriez-vous comme élève afin d'améliorer ma pratique ?
Le Bouddha sourit et répondit :
_ J'ai appris la flûte quand j'étais enfant, mais je n'ai pas touché à cet instrument depuis presque sept ans. Néanmoins le son que j'en sors est meilleur qu'il n'était à l'époque.
_ Comment cela se peut-il, Maître ? Comment votre maîtrise a t-elle pu s'améliorer si vous n'avez pas pratiqué depuis sept ans ?
_ Jouer de la flute ne dépend pas uniquement de votre pratique. Je joue mieux maintenant que par le passé parce que j'ai trouvé ma vraie demeure. Vous ne pouvez atteindre les hautes sphères de l'art si vous n'avez pas découvert au préalable l'insurpassable beauté de votre propre coeur. Si vous désirez jouer parfaitement de cet instrument, vous devez d'abord trouver votre vraie demeure sur le chemin de l'Eveil.
Le bouddha leur exposa le chemin conduisant à la Libération, les Quatre Nobles Vérités et le Noble Octuple Sentier. Les jeunes gens écoutaient avec attention. Quand le Bouddha eut finit de parler, chacun d'entre eux s'agenouilla et sollicita la grâce de devenir disciple. Le Bouddha les ordonna.
Composer ou interpréter des oeuvres d'art peut aussi être un moyen d'existence.
Un compositeur, un écrivain, un peintre ou interprète a un effet sur la conscience collective. Toute oeuvre d'art est dans une large mesure un produit de la conscience collective. Par conséquent, chaque artiste a besoin de pratiquer la pleine conscience de telle sorte que son travail aide les autres à pratiquer l'attention juste.
Un jeune homme qui voulait apprendre à dessiner des fleurs de lotus se rendit un jour auprès de son maître pour apprendre à ses côtés. le maître l'emmena près d'un étang de lotus et l'invita à s'assoir. Le jeune homme vit les fleurs s'ouvrir quand le soleil était haut, puis redevenir boutons à la tombée de la nuit. Il passa une autre journée au bord de l'étang. Lorsqu'une fleur se flétrissait et qu'un de ses pétales tombait dans l'eau, il regardait la tige, l'étamine et le reste de la fleur avant de passer à un autre lotus. Et ainsi de suite pendant dix jours. Le onzième jour, le maître lui demanda : " Es-tu prêt ? " et le jeune homme répondit : " Je vais essayer. "
Le maître lui donna un pinceau et, en dépit de la naïveté de sa technique, le jeune homme dessina un très beau lotus. Il était devenu le lotus et son dessin venait du plus profond de lui-même.
Thich nhat hanh - Le coeur des enseignements du Bouddha