lausm a écrit : " Donc, juste une question : Ted, tu pratiques quoi au départ? Zazen?
Puis tu as senti le besoin d'y rajouter une pratique tantrique?"
Au départ Zazen, à fond. Une véritable obsession. Puis besoin de comprendre ce qu'était le bouddhisme (je ne voyais pas le rapport) donc, je m'intéresse au theravada et je découvre : une religion (par rapport au Zen, oui) Mais aussi satipatthana et Sila. La aussi, j'essaie d'y aller à fond. Expériences. Comprend pas. Me tourne vers le BT (le dzogchen) et là bingo ! tout est expliqué mot par mot, point par point. Enthousiasme ! Je me dis que ça va aller très vite. Bé non. Initiations par ci, transmissions par la, préliminaires obligatoires... Faut être patient... Pourtant, je comprends un truc à ce moment : zen, theravada, BT, ils parlent tous de la même chose. Du coup, je projette sur ma religion d'origine et j'y retrouve des passerelles. Alors, je suis fier de l'humanité : on n'est pas si cons que ça nous les hommes, que je me dis. Mais pourquoi ces vérités sont elles éclatées en autant d'écoles de religions ? sais pas. Besoin de pouvoir sans doute pour certains
"Deshimaru disait que le karma remonte a la surface, mais au bout d'un moment on aimerait que ce soit aussi l'éveil et le dharma de paix et de bonheur."
oui, je fatigue
"C'est un problème très délicat, qui s'est posé a moi lors de la dernière sesshin que j'ai faite, avec un disciple de E.Bagrabscki, près de chez moi cet été. A la fin du zazen, en se levant, j'ai comme souvent marché sur la manche de mon kolomo, un peu trébuché, et on était nombreux...le pilier a coté de moi aussi, moralité de l'histoire, l'un de nous deux-je n'ai pas su qui- a bousculé un cadre photo avec la calligraphie de Deshimaru qui était dedans...c'était le caractère Mu, je crois-Rien, pour les non initiés."
Rien (de spécial) aussi pour les non initiés.

Juste un hasard...
"Par contre, quand il arrive ce genre de mésaventures que tu décris, ma question aujourd'hui est : "que signifient ces incidents qui viennent dans ma vie?" "
C'est là que je me méfie

, sur l'interprétation. Risque de mettre nos peurs et nos espoirs au service de synchronicités indéniables. Et risque donc de passer à côté du message... si message il y a...
"Si on fait une retraite et que des obstacles surgissent, n'y a t il pas une vision trop idéaliste d'un cadre de pratique sans accroc, et d'une tranquillité inébranlable? "
Je ne sais pas...
"N'y a t il pas clivage entre le profane et le spirituel??"
Je ne veux pas cliver...
"Je crois que c'est la les questions.
Et la réponse a ton problème, plus qu'une pratique spécifique-meme si ça peut aider surement-, c'est d'approfondir l'observation. "
C'est ce que j'ai fait. Mais ca ne change rien. Les trucs, je les vois arriver c'est tout. Et donc, j'en évite certains. Mais ils reviennent, autrement. Alors j'ai compris : je les laisse se manifester. Mais comme je m'y attends, j'ai pas de tristesse. D'où ma question du fil.
"PAr exemple, dès fois on se dit qu'on devrait pratiquer, on décide le moment et l'heure, et tout se met en opposition : alors si comme tu l'as dit plus haut a quelqu'un, tout est notre esprit, alors ces obstacles sont notre esprit aussi, non?"
Dernier exemple en date : samedi dernier, je décide de commencer une retraite à la maison à midi. Je sens le truc qui se pointe. Je me dis : "ça va être quoi cette fois ci ?"
Ya mon fils qui rentre pour déjeuner. Il va vers le salon en courant, il se prend les pieds dans le tapis, il tombe de tout son long et explose l'autel ! La statuette du Bouddha : cassée !!! En morceaux... Le riz et l'eau : par terre... Mes bougies led : cassées... etc... bref...
Un observateur extérieur ne comprendrait pas pourquoi je ne me mets pas en colère, vu le nombre de fois que je lui ai interdit de courir dans le salon.
"Donc la question est peut etre : "est ce vraiment ainsi, sous cette forme, que j'ai envie de pratiquer?"
Peut etre que l'invitation de ces incidents, est d'essayer de reconnaitre la pratique dans des formes plus profanes de notre vie, c'est a dire la où nous sommes, comme nous sommes, et ce au-dela meme de bruler de l'encens, chanter des trucs bouddhistes, ou s'asseoir en méditation??? "
Franchement, je ne sais pas.

Ca doit faire des siècles que ça arrive aux pratiquants. Si on consulte les textes theravadins sur l'éveil du Bouddha, on nous dit de manière allégorique que Mara s'oppose aux efforts de Gautama. Mais ya pas plus d'explications.
"Je pense qu'il y a la quelque chose a creuser. Car la voie est non duelle.
Et cette non dualité, c'est reconnaitre que la Voie est la aussi, meme si on ne fait pas retraite, meme si on ne va pas sur le coussin, qu'elle revèt aussi des formes autres que celles dont on a l'habitude..."
Oui, c'est sur. Mais pour en prendre conscience, je crois qu'il faut passer par la pratique formelle d'abord... On ne devient pas dzogchenpa du jour au lendemain.
"que la Voie nous surprend tout le temps, et que c'est pour ça que la vigilance, etre la, est le coeur de cette pratique "
- "Les vigilants ne meurent jamais.
Les non-vigilants sont déjà morts." (dharmapada)
