Les ressentir sans se laisser emporter...
(hum...peut-être aussi beaucoup de Sati...)
Elles ne font que passer... elles sont des drôles d'invités...
pas si facile ! crysmiley




Extrait de http://bica-vipassana.blogspot.fr/2008/ ... ncano.html
Question
Est-ce qu’on peut dire que le fait d’observer en témoin, les effets d’une émotion lui fera perdre son énergie et finalement lui permettra de s’atténuer et de disparaître ?
Réponse
Oui, on peut dire cela. Parfois cela fonctionne mais parfois non. Cela dépend vraiment de la qualité. Etre témoin de quelque chose veut dire plusieurs choses, par exemple qu’on se tient à l’extérieur. En fait, dans ce cas, on ne témoigne pas vraiment, on voit avec deux doigts, cliniquement, quelque chose qu’on a distancé en soi, qu’on n’a pas vraiment accepté comme sien.
On n’en n’a pas vraiment accepté la responsabilité mais on espère que cela va s’améliorer. On peut dire que c’est un témoignage, on peut dire, qu’on s’y jette vraiment, qu’on voit avec tout. On l’embrasse et on dit : c’est un témoignage. Mais en fait, on a déjà mis en scène. La qualité de ce témoignage dépend beaucoup de notre capacité à attendre, pouvoir attendre quelque chose, c’est directement dû à Sati, à notre capacité d’unifier l’esprit.
Il y a des choses dont on peut témoigner en les laissant passer, sans s’y mêler. Mais pour cela on a besoin d’une situation de culture. Souvent, même toujours, on ne fait pas comme cela on ne témoigne pas, on met en scène.
Le contraire de cette mise en scène serait le refoulement.
Une autre forme de mise en scène serait de voir les choses calmement : maintenant il y a des pensées de colère qui montent et je peux les mettre en scène en les prenant, en les affirmant, en cherchant des raisons, des causes, un bouc émissaire, en fournissant des images. Et puis je commence à me sentir indigné, il y a une sorte d’énergie qui s’empare de moi que peut être j’affirme aussi parce que j’aime bien l’énergie, cela me donne un sentiment de puissance.
J’aime beaucoup plus l’énergie de la colère que l’énergie de la dépression. Donc, une mise en scène et une affirmation subtile du contenu de cette expérience, disons l’image et la pensée, et on finit avec un état physique où le pouls s’accélère, l’adrénaline coule, les yeux se dilatent. Vous reconnaissez les symptômes n’est ce pas ?
Et quand cela s’intensifie jusqu’à un certain point, votre processus cognitif va changer, les visages sont plus accentués, les gens autour de vous ont l’air de caricatures. Il y a tout un processus que je considère comme une mise en scène du contenu d’une première petite pensée.
Or, témoigner d’une manière qui permet à l’émotion de s’épuiser, est un témoignage qui ressent et qui en même temps reste dehors. Quand il s’agit d’un témoignage de cette sorte, très bien, c’est le cas idéal ; on permet aux choses de monter, on les met dans un cadre transparent mais bien fortifié, et puis on reste témoin jusqu’à ce qu’elles meurent.
Elles font leur bruit, elles font leurs mouvements, on dit : « oui, je t’écoute, je vois très bien de quoi tu me parles, tu as toute ma compassion, mais en fait je ne peux pas vraiment te relâcher, ça fait trop de saleté, trop de dégâts. » Et on témoigne de l’apparition, de la durée et la disparition de cet état, tout en restant en contact, on ne ferme pas son coeur.
Mais on ne dit pas : « Ah oui ! Tu as raison… » On reste en contact de manière neutre mais en résonance. C’est très important de comprendre çà, ce n’est pas une stérilité qui est demandée, ce n’est pas la distance et la coupure. Il est nécessaire de rester en contact donc de sentir les vibrations mais pas de les affirmer ou les transmettre à travers les pensées, les actes, ou les mots. C’est en fait une sorte de grande compassion, une compassion prête à sentir ce qui fait mal dedans.
La traduction parfois utilisée pour Vipassana est de voir à travers quelque chose. C’est le cas idéal, quand on permet aux émotions de se montrer. C’est le meilleur des cas, quand on peut se mettre en résonance avec elles, sans les affirmer, sans les magnifier ni les refouler et en même temps rester avec. C’est cela qui est difficile, parce qu’une émotion, mes émotions, je ne sais pas les vôtres, me disent « prends moi au sérieux, fais quelque chose, ne regarde pas seulement, je suis là, il faut faire quelque chose ! » Elles essaient de m’impliquer. Il y a plein de petits crochets, de petites irritations.
En faisant une telle pratique, la valeur de ce que nous essayons de faire dépend directement de notre capacité de nous mettre vraiment en contact avec ce qui se passe. Donc, penser n’aide pas du tout.
Nous ne redoutons pas nos émotions si nous ne faisons que penser à ce qui nous a fait mal ou à ce qui nous a fait du bien. Il faut vraiment un contact aussi physique que possible avec la qualité et la vibration de cette émotion et en même temps, il faut le calme, une stabilité de l’esprit qui ne se fait pas prendre, qui est capable de sentir l’émotion sans se faire phagocyter. Peut-être que cela clarifie un peu la notion de témoignage…
Source : le refuge