http://www.vieux-jade.com/article-de-la ... 76042.html
De la colère
" Quand nous-mêmes nous donnons lieu à la colère, et que la laissant passer comme un torrent impétueux, nous examinons tranquillement combien elle trouble et défigure ceux qu’elle possède, nous apprenons par l’usage combien il est vrai de dire qu’« un homme emporté se met dans un état indécent » (Pr 11, 25). Oui, sans doute, lorsqu’une fois la colère, bannissant la raison, s’empare de toutes les facultés de l’âme, elle change l’homme en une bête féroce, ne lui permet plus d’être homme et d’user de son intelligence naturelle. Ce que fait le venin dans les animaux venimeux, la colère le fait dans ceux qu’elle anime. Ils sont enragés comme des chiens, s’élancent comme des scorpions, mordent comme des serpents. L’Écriture en général a coutume de donner à ceux qu’une passion domine, les noms des bêtes auxquelles ils se rendent semblables par leurs vices. Elle les appelle chiens muets, serpents, race de vipères (Is 56, 10 ; Mt 23, 33), et autres noms pareils. Des hommes prêts à détruire leurs semblables, à nuire à leurs compatriotes, peuvent être mis au nombre des bêtes féroces et des animaux venimeux, qui, par nature, sont ennemis irréconciliables de l’homme.
Les effets de la colère
Légèreté de la langue, paroles inconsidérées, calomnies, reproches, injures, violences des pieds et des mains : tels sont, sans parler de beaucoup d’autres qu’on ne pourrait détailler, tels sont les effets de la colère. La colère aiguise les épées, elle porte un homme à tremper sa main dans le sang d’un autre homme. Par elle, les frères se méconnaissent, les pères et les enfants étouffent les sentiments de la nature. Une personne irritée ne se connaît plus elle-même ; elle ne connaît plus ceux à qui elle tient de plus près. Et comme un torrent qui se précipite dans une vallée, entraîne tout ce qui s’oppose à son passage : ainsi un homme agité par une colère violente, attaque et renverse tout ce qu’il rencontre. ll ne respecte ni la vieillesse, ni la vertu, ni le sang ; il oublie les bienfaits ; rien de ce qui mérite le plus d’égards ne le touche. La colère est une courte frénésie. Ceux qu’elle transporte négligent leurs propres intérêts pour se venger, et se jettent eux-mêmes dans un mal évident. Le souvenir des injures qu’on leur a faites est comme un aiguillon qui les pique dans les bouillonnements et les agitations d’une fureur aveugle ; ils n’ont point de repos qu’ils n’aient fait un grand mal à ceux qui les ont offensés, ou qu’ils ne s’en soient fait à eux-mêmes. Ainsi un corps qui en choque violemment un autre qui lui résiste, reçoit souvent plus de dommage qu’il n’en cause. Qui pourrait exprimer les horribles effets de la colère ? Qui pourrait dire comment ceux qui s’emportent pour le moindre sujet, crient et s’agitent comme des forcenés, s’élancent avec la même impétuosité que des serpents, et ne cessent point que lorsque, s’étant causé quelque mal affreux, leur colère se rompt comme une bulle d’eau par un choc, et l’enflure se dissipe ? Le fer, la flamme, rien de ce qu’il y a de plus terrible, ne peut retenir, ni celui que la colère transporte, ni celui que le démon possède, dont l’homme irrité ne diffère, ni par la figure, ni par les dispositions intérieures. Brûle-t-il de se venger, le sang lui bout autour du cœur, bouillonnant et agité comme par la violence du feu. L’effet qui s’en marque au dehors le défigure entièrement, le fait paraître tout autre qu’il n’est pour l’ordinaire, le change comme un masque de théâtre. Ses yeux ne sont plus les mêmes, ils brillent et étincellent. Il aiguise ses dents comme un sanglier qui se prépare à attaquer son adversaire. Son visage est obscurci par une pâleur livide. Tout son corps s’enfle ; ses veines se gonflent par l’agitation du sang et des esprits. Sa voix devient rude et éclatante : ses paroles sont confuses et mal articulées, sans suite et sans ordre. Mais lorsque sa colère est portée aux derniers excès par les objets qui l’excitent, comme la flamme par les aliments qu’on lui fournit, alors il offre un spectacle qu’on ne peut ni raconter, ni supporter. Il n’épargne personne ; ses pieds, ses mains, toutes les parties de son corps deviennent les instruments de sa fureur : il s’arme de tout ce qui se présente. S’il rencontre un autre homme également irritable, susceptible de la même furie, ils se font tous deux les maux que peuvent se faire des hommes qui s’élancent l’un sur l’autre sous les auspices d’un pareil démon. Ils se déchirent, ils se blessent, souvent même ils se tuent ; et tels sont les prix que ces combattants furieux remportent de leur colère. L’un commence l’attaque, l’autre la repousse ; l’un presse, l’autre résiste : ils se portent les plus rudes coups, dont leur sang échauffé les empêche de sentir la douleur. Ils n’ont pas le loisir de songer aux blessures qu’ils reçoivent, leur âme étant tout entière attachée à la vengeance".
Basile de Césarée, un extrait de la dixième homélie
La colère...
Un texte sur la colère... peut-être un peu cru, mais c'est un regard qui permet le recul...
Cinq clefs pour la parole correcte :
- dire au bon moment, prononcer en vérité, de façon affectueuse, bénéfique et dans un esprit de bonne volonté."
- dire au bon moment, prononcer en vérité, de façon affectueuse, bénéfique et dans un esprit de bonne volonté."
Ah, Basile de Césarée était un magnifique orateur, il avait du style... ba11
C'est un extrait d'une homélie, un texte destiné à être prononcé devant l'assemblée des fidèles pour les exhorter à la vertu, d'où les effets rhétoriques un peu ronflants et le caractère très visuel des images. Moi, j'aime bien.
C'est un extrait d'une homélie, un texte destiné à être prononcé devant l'assemblée des fidèles pour les exhorter à la vertu, d'où les effets rhétoriques un peu ronflants et le caractère très visuel des images. Moi, j'aime bien.
Quand on sonde les choses, les connaissances s'approfondissent.
Les connaissances s'approfondissant, les désirs se purifient.
Les désirs une fois purifiés, le cœur se rectifie.
Le cœur étant rectifié, on peut réformer sa personne.
Kong Tseu
Les connaissances s'approfondissant, les désirs se purifient.
Les désirs une fois purifiés, le cœur se rectifie.
Le cœur étant rectifié, on peut réformer sa personne.
Kong Tseu
Ah merci Flocon pour les précisions.
Oui, c'est très imagé et très vivant du coup...on se laisse balloter sur les mots qui enflent comme des vagues...je trouve aussi ce tableau intéressant. <<metta>>
Oui, c'est très imagé et très vivant du coup...on se laisse balloter sur les mots qui enflent comme des vagues...je trouve aussi ce tableau intéressant. <<metta>>
Cinq clefs pour la parole correcte :
- dire au bon moment, prononcer en vérité, de façon affectueuse, bénéfique et dans un esprit de bonne volonté."
- dire au bon moment, prononcer en vérité, de façon affectueuse, bénéfique et dans un esprit de bonne volonté."
Basile de Césarée décrit bien ce que le bouddhisme a toujours affirmé : la colère est un poison. Un poison pour l'esprit.
Mais Basile de Césarée, ayant pratiqué l'ascèse toute sa vie, n'avait pas fait ce choix de rester sur la voie du milieu et de prendre soin de son corps. C'est bien souvent une caractéristique des saints chrétiens pour qui la souffrance physique volontairement subie, est un acte de foi qui les rapproche de la passion du Christ. C'est un acte d'ascétisme extrême que le bouddhisme ne recommande pas.
- Wikipédia a écrit :Basile de Césarée, appelé également Basile le Grand, né en 329 et mort le 1er janvier 379 à Césarée, est l'un des principaux Pères de l'Église.
Il est le fondateur d'un ordre religieux dans la région du Pont, sur la mer Noire, et l'auteur d'une règle qui est devenue la principale règle monastique de l'Église d’Orient qui a inspiré la règle de saint Benoît en occident. Il pratiqua l'ascèse toute sa vie.
- Basile de Césarée a écrit :N'écoutons pas cette sentence d'un poète tragique: La colère arme nos mains contre nos ennemis; mais plutôt fermons absolument nos coeurs à la colère : ou si cela n'est pas facile, que la raison du moins tienne la bride a la passion pour l'empêcher d'aller au-delà des bornes. Mais voyons de nouveaux exemples d'actions vertueuses. Un homme frappait violemment et à plusieurs reprises sur le visage, Socrate, fils de Sophronisque. Celui-ci, loin de faire résistance, laissa ce furieux assouvir sa colère, jusqu'à ce qu'il sortît de ses mains le visage enflé et meurtri de coups. Quand l'homme eut cessé de frapper, Socrate se contenta d'écrire sur son front ; un tel m'a traité de la sorte [5], ainsi qu'un sculpteur qui met son nom sur sa statue.
Comme ces actes de patience s'accordent avec nos maximes, il est bon d'imiter ceux qui nous en donnent l'exemple. L'action de Socrate a beaucoup de rapport aveu le précepte qui, loin de nous permettre de nous venger lorsqu'on nous frappe à la joue, nous ordonne de présenter l'autre.
Basile de Césarée
(http://nouvl.evangelisation.free.fr/bas ... hoisis.htm)
Mais Basile de Césarée, ayant pratiqué l'ascèse toute sa vie, n'avait pas fait ce choix de rester sur la voie du milieu et de prendre soin de son corps. C'est bien souvent une caractéristique des saints chrétiens pour qui la souffrance physique volontairement subie, est un acte de foi qui les rapproche de la passion du Christ. C'est un acte d'ascétisme extrême que le bouddhisme ne recommande pas.
- fr.wikipedia.org/wiki/Passion_du_Christ a écrit : La Passion du Christ est l’ensemble des souffrances et supplices qui ont précédé et accompagné la mort de Jésus de Nazareth dit le Christ.

Ce qui implique la légitime défense contre la colère de l'autre, sans pour autant être colère soi-même...
C'est bien pour cela que j'ai tant de peine à voir un Christ sur la Croix. <<metta>>
Le Bouddha n'est pas mort après ses souffrances et ascèses extrêmes, conduit par des pratiques aux portes de la mort, il a trouvé la voie du milieu.
Il y a comme une suite du chemin...
Oui c'est clair. Mais cela suppose un certain recul. Si un enfant de 5 ans se fait frapper par un adulte, il est à la disposition de celui qui se défoule. Si la personne qui subit les coups est adulte, elle saura se préserver et préserver l'autre en arrêtant les coups. Alors ce n'est peut-être pas si simple…les solutions ne sont pas des moules.
Elles sont applicables lorsque la raison est développée, avant, ça me semble impossible. Il y a un problème de cohérence là pour moi.
Sinon, je suis d'accord. <<metta>>
Elles sont applicables lorsque la raison est développée, avant, ça me semble impossible. Il y a un problème de cohérence là pour moi.
Sinon, je suis d'accord. <<metta>>
Cinq clefs pour la parole correcte :
- dire au bon moment, prononcer en vérité, de façon affectueuse, bénéfique et dans un esprit de bonne volonté."
- dire au bon moment, prononcer en vérité, de façon affectueuse, bénéfique et dans un esprit de bonne volonté."
Oui ça aussi c'est clair ! Axiste. Les forces ne sont pas égales d'une part. L'enfant n'a pas les forces et les ressources pour se défendre, c'est se qui créer le traumatisme et il va développer d'autres défenses pas toujours bénéfiques. C'est le cas aussi pour quelqu'un qui est en position de faiblesse, devant toute une assemblée, ou dans un passage à tabac, tortures, ou un viol collectif ou non. La personne est quasiment aussi vulnérable qu'un enfant, du moins physiquement, les ressources psychiques seront un peu différentes sans doute, mais c'est aussi un traumatisme. Les personnes se sentent comme morte-vivantes. L'un des seuls moyens de s'en libérer est de reconnaître cet enfant blessé en soi, ( pour un enfant ce sera son ours, sa poupée ) puis de le laisser partir...
La peur détruit la vie…qu'est-ce qui détruit la peur?
Pour s'en détacher, il faut grandir en conscience.
Ca peut prendre un bout de vie…mais au final, tout ce qui est arrivé sera transformé. Pour le meilleur possible…
Si on arrête pas la colère de l'autre parce qu'on n'est trop petit, on déplacera le problème temporellement. C'est juste qu'on a changé le cadre de référence…mais les mots ne disent pourtant rien véritablement…
Le temps n'est qu'un mouvement de l'esprit...
Pour s'en détacher, il faut grandir en conscience.
Ca peut prendre un bout de vie…mais au final, tout ce qui est arrivé sera transformé. Pour le meilleur possible…
Si on arrête pas la colère de l'autre parce qu'on n'est trop petit, on déplacera le problème temporellement. C'est juste qu'on a changé le cadre de référence…mais les mots ne disent pourtant rien véritablement…
Le temps n'est qu'un mouvement de l'esprit...
Tout à fait. Et cet enfant est aussi imaginé...car le regard change tout après coup...L'un des seuls moyens de s'en libérer est de reconnaître cet enfant blessé en soi, ( pour un enfant ce sera son ours, sa poupée ) puis de le laisser partir...
Cinq clefs pour la parole correcte :
- dire au bon moment, prononcer en vérité, de façon affectueuse, bénéfique et dans un esprit de bonne volonté."
- dire au bon moment, prononcer en vérité, de façon affectueuse, bénéfique et dans un esprit de bonne volonté."
La confiance, la compréhension, le détachement, le non-soi...axiste a écrit :La peur détruit la vie…qu'est-ce qui détruit la peur?
Pour s'en détacher, il faut grandir en conscience.
Je trouve qu'on ne parle pas assez de la colère sourde, diffuse.
La colère brutale est spectaculaire, c'est vrai. Elle fait du bruit, attire les regards et est réprouvée socialement.
Mais la colère diffuse et continue :
Cette colère là ronge lentement, comme un acide.
Elle s'imprime sur le front, le visage.
Elle contamine les gestes, le regard, l'inflexion de la voix.
Elle rayonne de la négativité sur tout ce qui l'approche.
Elle est oppressante, étouffante, irrespirable et contagieuse.
C'est l'inverse de la joie de vivre.
La colère brutale est spectaculaire, c'est vrai. Elle fait du bruit, attire les regards et est réprouvée socialement.
Mais la colère diffuse et continue :
- - celle qui fait serrer la machoire sans rien dire,
- celle qui fait faire la gueule aux gens dans le train, le métro, le bus ou le RER,
- celle qui nous rend maussade et triste, pleins de rancoeur
- celle qui nous stresse au point de nous rendre malade
- celle qui n'a pas vraiment de cible, d'objet; qui en veut à la terre entière
- celle qui nous rend méchant, hargneux, envers n'importe qui, sans pour autant violer aucune loi
Cette colère là ronge lentement, comme un acide.
Elle s'imprime sur le front, le visage.
Elle contamine les gestes, le regard, l'inflexion de la voix.
Elle rayonne de la négativité sur tout ce qui l'approche.
Elle est oppressante, étouffante, irrespirable et contagieuse.
C'est l'inverse de la joie de vivre.