regard d'un médecin sur la mort

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axiste
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http://www.dailymotion.com/video/xpmfok ... mbediframe

Soigner ou accompagner...le regard évolue...les discours changent petit à petit...

Un texte intéressant... qui donne à réfléchir:

http://www.ecoutetpartage.fr/ateliers_f ... mamort.pdf
Cinq clefs pour la parole correcte :
- dire au bon moment, prononcer en vérité, de façon affectueuse, bénéfique et dans un esprit de bonne volonté."
ted

axiste a écrit :Un texte intéressant... qui donne à réfléchir: http://www.ecoutetpartage.fr/ateliers_f ... mamort.pdf :
  • On n’accepte pas ou on accepte difficilement qu’il soit dans la nature des choses de décliner, de redevenir dépendant des autres dans notre vieillesse, comme on l’était bébé ou enfant... Pour beaucoup, ces pertes à vivre sont plus redoutables que la mort elle-même. Il est dur, il est insupportable de subir les affronts de la vieillesse, présentée comme un naufrage : la dépendance, l’impotence, l’incontinence, la perte de la vue, de l’ouïe, la perte de mémoire, parfois la sénilité, ce cortège de misères avilissantes. Il est insupportable pour qui a été autonome de subir la dépendance... « Mourir, cela n’est rien, mourir, la belle affaire ! mais vieillir, oh, vieillir ! » chantait Jacques Brel...
    ( Etienne Godinot )
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Honnêtement, est-ce que c'est inéluctable de devenir dépendant quand on vieillit ?

N'est ce pas plutôt la conséquence de cette exploitation forcenée qui est faite de l'humain par l'industrie productiviste ? Qui presse les gens comme des citrons, puis les rejette, déglingués, avec une retraite misérable dont ils ne peuvent même pas profiter, vu leur état de santé ? :shock:

Dans des petits villages de province, je vois des petites vieilles, presque centenaires, qui passent à bicyclette, en pédalant courageusement.

N'est-ce pas plutôt le stress ! la mauvaise bouffe ! la pollution ! les horaires de dingue ! l'absence de vraies vacances ! n'est-ce pas plutôt tout cela qui crée, au final, des petits vieux dépendants, plutôt qu'une soi-disant affinité physiologique inexorable pour l'impotence ?
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axiste
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Honnêtement, est-ce que c'est inéluctable de devenir dépendant quand on vieillit ?
Non. Mais ces choses arrivent aussi.
N'est-ce pas plutôt le stress ! la mauvaise bouffe ! la pollution ! les horaires de dingue ! l'absence de vraies vacances ! n'est-ce pas plutôt tout cela qui crée, au final, des petits vieux dépendants, plutôt qu'une soi-disant affinité physiologique inexorable pour l'impotence
Cela y contribue certainement pour beaucoup.

Mais de toutes les façons, dépendance ou pas, la mort viendra. Elle appellera forcément des remises en questions, des recherches de sens (c'est peut-être aussi ce qui fait que les personnes âgées revisitent souvent leur passé...)

Le plus dur je crois, c'est ce sentiment d'isolement que l'on peut éprouver en mourant: bien sur, chacun mourra seul, mais je pense que le sens qu'on a donné à sa vie est très important pour trouver l'apaisement...surtout si on s'est coupé pendant sa vie de ce qui fait notre humanité, des liens qui nous relient à l'univers, à la nature, aux autres,etc...(et ceci est très tendance dans une société prônant les valeurs individualistes avant tout)...
Cinq clefs pour la parole correcte :
- dire au bon moment, prononcer en vérité, de façon affectueuse, bénéfique et dans un esprit de bonne volonté."
ted

T'as vu ce qu'il dit ? Que c'est la peur de la mort qui pousserait les personnes âgées à la démence, pour échapper à l'angoisse de la mort ? :shock:
  • « Au début de mon mémoire, Peur et angoisse de mort des personnes âgées, Alain Mougniotte me demanda la raison du choix de mon sujet. Ma réponse fut que l’angoisse de mort était la principale cause de la démentification des résidants que je côtoyais, que mon objectif était de mieux comprendre ce processus et les moyens d’y remédier »
    (Etienne Godinot)
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axiste
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Oui...
« La tragédie de la vie est ce qui meurt à l’intérieur de l’homme pendant qu’il vit » disait Albert Schweitzer.

« Nos sociétés occidentales sont malades par le fait qu’elles ont exorcisé la mort. En refoulant la mort, nous ne l’acceptons pas comme étant une réalité à part entière, indissociable de la vie, et produisons toutes les névroses liées au « modernisme »

Je crois que oui. Etre "enfermé" dans une institution, si l'on ne trouve pas un espace, une liberté, peut mener droit à la démence
Cinq clefs pour la parole correcte :
- dire au bon moment, prononcer en vérité, de façon affectueuse, bénéfique et dans un esprit de bonne volonté."
Katly

Je crois que notre modernité ne fait plus la même vieillesse en effet. Elle crée des vieillesse assistées, angoissées, démentes...
Je côtoie des personnes âgées, parfois, dont régulièrement un couple qui ont l'âge d'être mes grands-parents, le petit bonhomme va toujours à son jardin et sa dame à la cuisine, ils sont solides, autonomes, ils ont juste besoin d'un petit coup de main, car la santé décline, et de temps pour eux.
Ils n'ont pas l'air effrayé par la mort, il y a pas moins de quatre horloges, chez eux, dont une grosse comtoise, ils savent bien qu'elles vont s'arrêter.
lausm

Je confirme.
Les maisons de retraite, c'est en moyenne le décès à un an et demie. Avec les exceptions.
Mais ça accélère le processus de dépendance, car là on le devient par force : vous n'avez plus de droit de cuisiner, de faire du jardin, pour des raisons de sécurité et d'hygiène, les nouvelles dictatures du 21e siècle.
Et ça met la pression : les vieux savent que le jour où ils tombent, si personne n'est là autour d'eux pour les aider çà rester chez eux, c'est le mouroir à vieux. Quand on est entouré de vieux gagatisant devant la télé, que les soignants n'ont pas le temps d'aider car surmenés surchargés, comment faire une vieillesse vivante?
Quant à ceux qui ont peur de la vieillesse, ils sont souvent aisés, ont une belle baraque, des moyens, mais un contact avec la réalité terrestre diminué.
ceux que je vois le mieux vieillir sont souvent issus de milieux plutôt modestes et paysans, ils ont vu naître vivre et mourir de par leur contact avec la vie animale, ainsi que du fait qu'ils devaient se débrouiller par eux même pour bien des choses, dont naître vivre et mourir.
Du coup ils acceptent comme faisant partie du décor le fait d'un jour devoir partir. Ils souffrent surtout de l'isolement, mais non pas par solitude, mais de ne plus pouvoir tout faire eux-même, mais ils essaient de préserver leur autonomie.
Quel que soit le degré de dépendance, je pense que la vraie attitude soignante c'est de préserver l'autonomie à tout prix. Je ne suis pas sûr qu'on aille dans ce sens, et même l'euthanasie est la solution facile à penser pour évacuer ce problème qui signifie devoir penser le quotidien. MAis penser le quotidien, c'est chiant, car c'est si ordinaire et si peu flamboyant! Pourtant c'est dans ces petites choses que tout se passe, surtout quand on vieillit, ça devient le paysage de toute la vie.

Quant à ceux qui plongent dans la démence, je sens souvent qu'il y a des tensions et une grande agressivité entre les générations, entre ces personnes là et leurs enfants, avec un inversement des positions de pouvoir et une non parole sur les émotions en jeu. Du coup l'agressivité se retourne contre la personne, surtout quand elle ne peut plus rien dire, qu'elle n'est plus écoutée (et souvent elle ne sait pas dire les choses sans être dure, et du coup en face ça n'est plus du tout reçu ni écouté), et en général ça se greffe sur un terrain miné depuis longtemps.
Katly

( Chez eux, je suis bien, parce que j'ai pas l'impression de travailler, j'ai l'impression qu'on s'entraide comme au village. Chacun fait ce qu'il a à faire. Je fais partie de la maison comme le chat. La maison a encore une dépendance de ferme, en pleine ville.
Mes grands-parents vivaient ainsi, à la campagne. )
La vieillesse, c'est les femmes qui vivent plus, longtemps, j'en ai vu en maison de retraite, dure... et personnels pas le temps, trop chargés, leurs misères passent pour sensibleries, embêtantes.
ted

lausm a écrit :Je confirme.
Les maisons de retraite, c'est en moyenne le décès à un an et demie. Avec les exceptions.
Mais ça accélère le processus de dépendance, car là on le devient par force : vous n'avez plus de droit de cuisiner, de faire du jardin, pour des raisons de sécurité et d'hygiène, les nouvelles dictatures du 21e siècle.
Et ça met la pression : les vieux savent que le jour où ils tombent, si personne n'est là autour d'eux pour les aider à rester chez eux, c'est le mouroir à vieux. Quand on est entouré de vieux gagatisant devant la télé, que les soignants n'ont pas le temps d'aider car surmenés surchargés, comment faire une vieillesse vivante?
Quelle alternative à la maison de retraite, en cas de dépendance ?
http://www.ecoutetpartage.fr/ateliers_f ... mamort.pdf :
  • « Notre société feint d’ignorer la mort et le grand âge. L’essentiel de ce que traverse une famille à ce moment-là est soigneusement étouffé, confiné au sein de chaque famille par une société qui compte très largement et de manière aveugle sur les solidarités familiales naturelles.

    La plupart des « quinquas » doivent faire face à ce rôle économique et social charnière de soins intimes à leurs aïeux, alors qu’ ils sont déstabilisés, voire affaiblis par le chômage, menace ou réalité vécue, alors qu’ils sont stigmatisés par une société dont les valeurs centrales sont la jeunesse, la séduction, la vitalité et le professionnalisme »

    ( Etienne Godinot )
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lausm

Valoriser les soins à domicile.
C'est reconnue que ça coute moins cher que les maisons de retraite.
Mais je pense qu'il faut que les familles doivent accepter de s'impliquer plus, de surmonter la peur de la maladie, de la dégradation physique et mentale, en bref d'accepter de se confronter à la réalité de la vie après l'idée que nous ne mourrons jamais et resterons éternellement jeunes et en bonne santé.
Autrement dit autre chose qu'un système de consommation.
La crise va nous y confronter, car il faudra trouver des solutions car financièrement, placer quelqu'un sera trop cher.

en milieu rural, il y a des bourgs avec des tas de maisons vides, on pourrait les équiper, mettre quelques personnes pour ne pas qu'elles soient seules, et ça ferait un cadre de vie plus vivable, et aussi de l'emploi pour les aider.
Idée comme une autre.
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