Appréhender le Dhamma ?

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tirru...
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Tongra,

Je crois comprendre ce que tu veux dire :) mais le domaine de croyances est plus étendu que ce que tu veux bien nous soumettre et il ne saurait être réduit à une simple fantaisie. La croyance ne fait pas toujours partie d'une fantaisie puisque ce que nous tenons pour vrai peut s'avérer effectivement être vrai. Exemple : je crois que mon fils est malade, si je suis ton raisonnement en admettant que cette croyance n'est que le fruit de la fantaisie, je n'irais pas vérifier la validité de cette croyance et le résultat je te laisse le deviner. La fantaisie est fille de l'imagination et c'est une fille très attaché à sa mère, leur relation est quasi fusionnelle or la croyance s'étend sur des domaines beaucoup plus large du savoir et des connaissances, c'est le constat premier du savoir, au dela duquel le chercheur averti utilise l'outil de la vérification (méthodique pour certains) avec l'espoir et surtout la volonté ferme de le muer en vérité... Et parfois ça marche !

Axiste : Peut être cet écart entre ce que tu vis réellement au présent et ce que tu crois vivre ? Mais c'est vrai que ce genre de questions passent souvent au second plan, puisqu'il y a l'évidence du présent qui s'impose instanément.
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Jean

@ Tirru

Fondamentaux = profonds, plus stables, ou plus élevés, plus alertes, ou plus détendus plus chaleureux ou plus élargis, plus subtils, plus conscients que l'état de conscience dans lequel on est, la plupart du temps, dans la vie de tous les jours.

Quel que soit l'état de conscience dans le quel on vit ou que l'on atteint par la méditation, il y a, et aura toujours des état de conscience plus profonds, plus subtils, plus stables etc, etc.

On s’aperçoit avec le temps de l'impact de la vie contemplative (méditation, etc) dans sa vie ordinaire. Les deux vies deviennent une seule vie.
Dernière modification par Jean le 07 mars 2013, 12:17, modifié 1 fois.
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tirru...
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Jean a écrit :l'état de conscience dans lequel on est dans la vie de tous les jours.
Merci pour ces précisions. Mais l'état de conscience dans lequel on est tous les jours, n'est-il pas fondamental ? C'est curieux, je n'arrive pas à faire de distinction, je ne vois pas de séparations, de catégories. Vaut-il mieux avoir une conscience large ? La rechercher ? s'y installer ? La conscience réduite de tout les jours ne fait-elle pas partie du champ d'observation de la réalité ?
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Jean

C'est vrai qu'il y a plusieurs "esprits ordinaires" selon les points de vue

Esprit ordinaire : eau polluée

Esprit fondamental, etc : eau pur

dans le Dzogchen ils considerent que l'eau pure est l'esprit fondamental, ordinaire, non pollué.

La conscience réduite de tout les jours ne fait-elle pas partie du champ d'observation de la réalité ?
Oui, elle en fait partie, l'embétant c'est que l'on est trés attaché à cet état et que l'on réduit le monde à ce que perçoit cet état de conscience.

Il devrait pas avoir d'attachements à un état de conscience particulier. la conscience devrait pouvoir se focaliser, se déployer en harmonie avec les situations.

Mais un horloger qui pratiquerait la méditation devrait être ultra précis dans ses gestes, logique et aussi calme, silencieux dans sa tête et l'esprit détendu.
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axiste
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Axiste : Peut être cet écart entre ce que tu vis réellement au présent et ce que tu crois vivre ? Mais c'est vrai que ce genre de questions passent souvent au second plan, puisqu'il y a l'évidence du présent qui s'impose instanément.
Certainement puisqu'il me faut parfois réajuster pour coller à la réalité…je ne connais pas tous les schèmes(ou croyances) qui m'animent, mais je peux voir leurs effets.
Si j'enregistre une dissonance ou une tension avec mon environnement, alors j'essaie d'ajuster…si l'ouverture est là, (détente, équilibre, présence…)c'est pas trop difficile parce qu'il y a une souplesse naturelle. Si je suis tendue, il faut d'abord que je prenne conscience de cette tension pour pouvoir m'ouvrir et ajuster…et si c'est impossible, je peux refuser la situation et m'octroyer du temps(style: excusez moi là, mais j'ai besoin de temps avant de répondre, là, je ne vois pas, je signifie que je suis out of order…). Dernier cas: j'oublie de sonder mon état et je réponds n'importe quoi, ce qui n'est pas bien pour la situation mais qui a au moins le mérite de vider mes tensions: elles partent dans les mots et après coup je repère. ..je vois que ce comportement ne résout rien. Donc c'est une attitude que j'ai parfois quand il n'y a pas d'enjeu précis ou quand j'évalue mal la situation. Je le fais de moins en moins vraiment, car j'ai conscience de plus en plus que chaque instant est précieux, sacré même. Le respect que cette prise de conscience m'inspire me protège le plus souvent de ce genre d'écarts…d'ailleurs ces écarts m'enseignent. Alors je me pardonne lorsque j'apprends et repère. Et mon orgueil se détache peu à peu…ça laisse beaucoup de place à la joie et à l'optimisme...

Mais toutes ces situations m'arrivent encore, certes. Toutes. Et surtout quand je ne m'y attend plus. L'assurance et l'orgueil sont très mauvais conseillers…l'humilité est plus juste. Ou la simplicité.
Cinq clefs pour la parole correcte :
- dire au bon moment, prononcer en vérité, de façon affectueuse, bénéfique et dans un esprit de bonne volonté."
tongra

Tirru,

J'espère bien que tu ne vas pas vérifier ce type de fantaisie-croyance ! Il n'est pas question de tenter de se complaire dans un by-passing spirituel qui serait de rentrer dans la croyance que "tout est croyance" ou que "tout est vacuité" ou autres délires du genre. Le fonctionnel et le conditionnement sont aussi les fondements de nos possibilités de fonctionnement en tant qu'humains. Simplement on peut être léger et alerte avec les fantaisies et les croyances. Ne pas trop les croire !

Le savoir le plus profond retombera toujours et inéluctablement sous l'emprise, même très fine, du tandem très efficace sujet/objet - moi/l'autre et le monde. C'est là que l'on peut revenir à cette notion de décalage : celle qu'il faut simplement voir ... sur l'instant.
FA

Que tout soit croyance, parce que "tout" est vacuité
N'est-ce pas le raisonnement qui aboutit à l'émergence du Bouddhisme Tantrique ?
Qui a fait émerger des pratiques accès sur le rituel, les déïtés, la magie, etc ?

jap_8
FA
Katly

tirru... a écrit :Selon vous, le Dhamma doit-il être appréhendé dans la réalité qui s'offre à nous tout les jours ou dans une sorte de fiction ou dans l'imaginaire ?

Prenez par exemple un enseignement et comparez le à votre expérience, sont-ils compatibles ? ou peut-être y a t-il un écart, voire un fossé infranchissable ? Comment le comblez-vous ?
Pour moi, c'est un contact, une inter-pénétration avec la réalité de tous les jours. Au contact du Dharma. Le Dharma au contact de ma vie, dans le présent. Je vois le Dharma un peu partout, dans tout ce qui me touche ou touche les autres ou touche à la vie. Un échange se fait, les transformations, les changements se font profonds ou par effleurements, spectaculaires ou discrets suivant les phases traversées. J'en retire une conscience plus forte et plus présente... J'agis avec le Dharma, mais je laisse faire le Dharma, agir sur moi aussi. Je laisse faire la nature. Quand aux croyances, elles peuvent s'effondrer, ou surprendre, ou troubler, elles sont là, sans que je m'y cramponne, je les abandonne quand il faut. Elles vivent en moi. C'est naturellement humain.L'imaginaire participe un peu, mais sans m'emporter bien loin, le décalage a l'utilité de me ramener sur terre, je crois.
C'est sur ma propre expérience que j'en fais au quotidien, que je m'appuie, sur la réalité.
J'essaie d'épouser le Dharma au plus près du réel et du quotidien, dans la pratique pour que justement les écarts ne soient pas trop grands et demeurer dans le présent, ici et maintenant, pas ailleurs, plus tard, dans un autre monde. Ce ne serait pas vivable.
Mais peut-être étrangement, réel et imaginaire se rejoignent parfois à mon grand étonnement :D je ne sais pas.
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Flocon
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Personnellement, j'appréhende le Dharma dans la vie de tous les jours, mais sans établir de clivage avec un "imaginaire" qui ne ferait pas partie de cette vie quotidienne.

Je trouve les enseignements compatibles avec mon expérience, c'est pour moi le point fort du bouddhisme.
Quand on sonde les choses, les connaissances s'approfondissent.
Les connaissances s'approfondissant, les désirs se purifient.
Les désirs une fois purifiés, le cœur se rectifie.
Le cœur étant rectifié, on peut réformer sa personne.

Kong Tseu
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Dharmadhatu
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Flocon a écrit :Personnellement, j'appréhende le Dharma dans la vie de tous les jours, mais sans établir de clivage avec un "imaginaire" qui ne ferait pas partie de cette vie quotidienne.

Je trouve les enseignements compatibles avec mon expérience, c'est pour moi le point fort du bouddhisme.
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FleurDeLotus
apratītya samutpanno dharmaḥ kaścin na vidyate /
yasmāt tasmād aśūnyo hi dharmaḥ kaścin na vidyate

Puisqu'il n'est rien qui ne soit dépendant,
Il n'est rien qui ne soit vide.

Ārya Nāgārjuna (Madhyamakaśhāstra; XXIV, 19).
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