Appréhender le Dhamma ?

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tirru...
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Selon vous, le Dhamma doit-il être appréhendé dans la réalité qui s'offre à nous tout les jours ou dans une sorte de fiction ou dans l'imaginaire ?

Prenez par exemple un enseignement et comparez le à votre expérience, sont-ils compatibles ? ou peut-être y a t-il un écart, voire un fossé infranchissable ? Comment le comblez-vous ?
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Jean

Au début, c'était une sorte d'ouverture, de spiritual fiction à Philip K Dick, oh la belle bleue, oh la belle rouge! C'était sympa, mais ça produisait dans la vie des hauts et des bas.

mais ensuite il y a la question "Et alors? Suis-je plus paisible, ouvert, bienveillant, lucide"

Maintenant, la belle bleue, la belle rouge ne m’intéressent plus, ce qui m'interesse c'est suis-je plus calme, plus paisible, plus bienveillant, mon état de conscience est-il moins dépendant de la situation?

Et les situations de la vie m'apportent la réponse. En général c'est "Il y a encore du boulot!" ou "Peut mieux faire!". Les situation de la vie remettent les pieds sur terre. mais tout en gardant les pieds sur terre, il est possible de re-élargir sa conscience jusqu'à des états de conscience plus fondamentaux.

les situations de la vie chatouillent, grattouillent et se transforment alors en enseignements.
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Dharmadhatu
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:D Ce que je trouve génial c'est que les enseignements du Bouddha parlent de nous, de ce que nous sommes, de ce que nous pourrions être si nous étions qui nous sommes vraiment. (!!)

J'aime beaucoup cette chanson de Paradis (!):

Parfois on regarde les choses telles qu'elles sont en se demandant pourquoi,
Parfois on les regarde telles qu'elles pourraient être en se disant pourquoi pas ?


On pourrait dire,

Parfois on regarde les choses telles qu'elles pourraient être en se demandant pourquoi,
Parfois on les regarde telles qu'elles sont en se disant pourquoi pas ?

FleurDeLotus
apratītya samutpanno dharmaḥ kaścin na vidyate /
yasmāt tasmād aśūnyo hi dharmaḥ kaścin na vidyate

Puisqu'il n'est rien qui ne soit dépendant,
Il n'est rien qui ne soit vide.

Ārya Nāgārjuna (Madhyamakaśhāstra; XXIV, 19).
tongra

tirru... a écrit :Selon vous, le Dhamma doit-il être appréhendé dans la réalité qui s'offre à nous tout les jours ou dans une sorte de fiction ou dans l'imaginaire ?

Prenez par exemple un enseignement et comparez le à votre expérience, sont-ils compatibles ? ou peut-être y a t-il un écart, voire un fossé infranchissable ? Comment le comblez-vous ?
Le dharma peut aussi être vu comme apparaissant en tous phénomènes. Dans ce cas là, le fossé ou décalage que l'on serait sensé combler, est simplement l'écart entre la réalité de ce qui se présente face à nous et la façon dont nous voudrions que cette réalité se présente.
Un grand pas est franchi (dans la réduction de ce décalage) lorsque simplement l'on constate que la réalité ne coïncide pas avec notre fantaisie.
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axiste
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Selon vous, le Dhamma doit-il être appréhendé dans la réalité qui s'offre à nous tous les jours ou dans une sorte de fiction ou dans l'imaginaire ?
Dans la réalité de tous les jours, soit…mais c'est pas si simple, puisque mes perceptions me jouent souvent des tours…mais je repère autant que je peux.
Prenez par exemple un enseignement et comparez le à votre expérience, sont-ils compatibles ? ou peut-être y a t-il un écart, voire un fossé infranchissable ? Comment le comblez-vous ?
Le Dhamma m'a aidé beaucoup: à prendre du recul, à observer mes états d'esprits, à être plus à l'écoute, à me pauser davantage…à être moins impulsive…à relativiser beaucoup…à être plus sereine…à porter un autre regard sur moi et les autres, à me sentir reliée, à m'ouvrir davantage…à mieux comprendre les autres…à devenir plus "humaine" si je puis dire ainsi…et sûrement plein d'autres choses qui ne s'écrivent pas dans l'instant, mais qui sont là…

J'ai très conscience que je suis loin d'être ajustée aux choses, mais j'ai aussi conscience de mieux répondre à une réalité qui n'est pas toujours gaie. ni simple. Et d'y mettre un milliard de fois plus d'écoute et de présence qu'auparavant. C'est peut-être pas grand chose, mais ça change quand même beaucoup...
L'écart existe toujours à un moment où à un autre.
Mes vieux démons m'aiment bien.
Je tente la pacification... love3
Cinq clefs pour la parole correcte :
- dire au bon moment, prononcer en vérité, de façon affectueuse, bénéfique et dans un esprit de bonne volonté."
FA

Ce que je trouve génial c'est que les enseignements du Bouddha parlent de nous, de ce que nous sommes, de ce que nous pourrions être si nous étions qui nous sommes vraiment. (!!)
Mais prenons l' exemple, consistant à adhérer à l'idée que la Bouddhéïté permettra un jour de tout savoir sur tout, instantanément...
Cela ne crée-t-il pas une tension entre ce que tu es aujourd'hui, et ce que tu sera à jour ?
N'est-ce pas se situer dans une forme de devenir ? Et d'entretenir une forme plus ou moins consciente de frustration ?
Au seuil de cette vie, cet espoir t'aura-t-il vraiment aidé à t-éveiller ? Entretenir ce genre de croyance ou d'espoir favorise-t-il le lâcher-prise ?

Se faire une image quel qu" elle soit crée un écart entre ce qui est et ce qui devrait être, intercale une image entre soi et la réalité.
Comment des lors voir les choses telles qu'elles sont vraiment ?

jap_8
FA
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Dharmadhatu
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Fa a écrit :Mais prenons l' exemple, consistant à adhérer à l'idée que la Bouddhéïté permettra un jour de tout savoir sur tout, instantanément...
Cela ne crée-t-il pas une tension entre ce que tu es aujourd'hui, et ce que tu sera à jour ?
anjalimetta Je te remercie pour ta sollicitude à mon égard, mais non, aucune tension. Tout savoir sur tout, c'est Maître Capello. L'Eveil omniscient c'est tout percevoir.
N'est-ce pas se situer dans une forme de devenir ?
Je ne partage personnellement pas l'adage punk No Future.
Et d'entretenir une forme plus ou moins consciente de frustration ?
Au contraire.
Au seuil de cette vie, cet espoir t'aura-t-il vraiment aidé à t-éveiller ?
Nous aurons la réponse quand le moment sera venu.
Entretenir ce genre de croyance ou d'espoir favorise-t-il le lâcher-prise ?
Bien sûr.
Se faire une image quel qu" elle soit crée un écart entre ce qui est et ce qui devrait être, intercale une image entre soi et la réalité.
Comment des lors voir les choses telles qu'elles sont vraiment ?
Les faits ne pourraient-ils pas être le contraire ? Dans un Sutra, le Bouddha montre à son auditoire la véritable nature de cet univers et tout se transforme pendant un temps en un mandala. Donc peut-être que cette image est ce qui nous rapproche de notre véritable mode d'être. Comme quand on intercale l'image d'un bâton droit qui paraît tordu à cause de la réfraction générant une apparence illusoire. Une façon de voir les choses telles qu'elles sont vraiment et non plus ce qu'elles paraissent être.

Quoi qu'il en soit, si toutes ces craintes que tu as quant à ma pratique peuvent te conforter dans la tienne, on ne peut que s'en réjouir.

FleurDeLotus
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tirru...
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Merci Jean pour ce cheminement empreint de poésie qui interpelle dans ce qu'il a d'humain... Qu'entends-tu par états de conscience plus fondamentaux ?

@ Dharma : Effectivement être conscient de son regard sur les choses, c'est d'une certaine façon en être moins dépendant et avoir un certain recul et ainsi mieux les appréhender, d'ailleurs cela répond en partie à la question de FA posée ultérieurement... Qui pourrions-nous être concrètement et de façon réaliste, si nous étions ce que nous sommes vraiment ?

@ Tongra : ton approche me semble logique, mais qu'en est-il lorsque la fantaisie est une croyance ?

Axiste : ça me parle beaucoup ce tâtonnement fait à la fois de confrontation "passive" et d'ouverture confiante face au réel dans toutes ces dimensions et pas uniquement par le biais de la mécanique "j'aime", "j'aime pas" ou "cela m'indiffère"... Mais l'écart que tu évoques est-il raisonnable ? Le Dhamma en tant qu'enseignement ne présente t'il pas dans certains cas des facettes irréalisables ou lointaines ?

@ Fa : il parait évident que le cheminement d'un être sincère dans ça quête ne pourra se poursuivre qu'au delà de son intérêt d'atteindre un but précis... Il va pour ainsi dire "Ainsi", sans but... De ce point de vue, les choses sont pour lui, indéniablement, ce qu'elles sont et non ce qu'elles devraient être comme l'a si bien démontré Dharmadhatu plus haut.
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tongra

Tirru,

Pour moi une croyance fait toujours partie de notre fantaisie. C'est quelque chose que l'on colle sur les évènements. Bien sûr elle peut nous aider à vivre, à avoir moins peur, à avoir l'impression de s'émanciper (ou pire : de se libérer ;) ), mais fondamentalement on vit toujours une fantaisie.
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axiste
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On ne peut pas vivre sans croire... dès le matin, on a des croyances, des espoirs: et elles nous font nous lever, elles tirent notre énergie: on croit alors on vit...
Merci alors les croyances quand elles ne sont pas limitantes...
Mais l'écart que tu évoques est-il raisonnable ? Le Dhamma en tant qu'enseignement ne présente t'il pas dans certains cas des facettes irréalisables ou lointaines ?
Je ne sais pas, je ne veux rien de particulier...alors ces questions ne font pas trop sens pour moi...l'écart si je le vis c'est dans le moment présent en fait, pas pas dans un but lointain...
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