Histoire et diffusion du bouddhisme
2) La diffusion en Asie
Connu aujourd'hui en Occident surtout à travers les écoles tibétaines du Vajrayâna et les écoles japonaises du Zen, le bouddhisme est né et s'est d'abord développé en Inde. C'est dans ce pays, où a vécu et a enseigné son fondateur, Siddharta Gautama - le Bouddha historique -, que l'enseignement traditionnel a pris forme et s'est diversifié.
Du Ve siècle avant Jésus-Christ jusqu'au XIIe siècle de notre ère, de multiples écoles d'enseignement y ont vu le jour et, de là, ont répandu les enseignements du Bouddha dans l'ensemble du continent asiatique. C'est en Inde que sont nées et se sont développées les trois grandes traditions - Theravâda, Mahayâna et Vajrayâna - auxquelles se rattachent aujourd'hui toutes les écoles bouddhistes.
Le contact permanent entre toutes les écoles est une caractéristique de cette période. L'université bouddhiste de Nalanda, en cela, est exemplaire. Fondée aux environs de 440, elle sera l'un des principaux centres d'enseignement et de diffusion du bouddhisme, réunissant dans un même monastère plusieurs centaines d'enseignants et de pratiquants de toutes traditions. Sa destruction au XIIe siècle, par les propagateurs de l'Islam en Inde, correspondra d'ailleurs avec l'extinction du bouddhisme dans son pays d'origine.
Entre temps le bouddhisme s'était déjà répandu hors de l'Inde, dès le IIIe siècle avant Jésus-Christ. Aujourd'hui, l'implantation des trois grandes traditions correspond à des aires géographiques bien précises : Theravâda en Asie du Sud-est, Mahayâna en Asie extrême-orientale et Vajrayâna en Asie centrale et himalayenne.
Pourtant, ces rattachements "officiels" sont parfois assez récents, comme par exemple en Asie du Sud-est où le Theravâda ne s'est réellement imposé qu'entre le Xe et le XIVe siècle, alors que le Mahayâna y était florissant auparavant. Plusieurs traditions ont pu aussi cohabiter dans un même pays, comme c'est encore le cas aujourd'hui au Japon ou au Vietnam.
Si toutes les écoles se réclament unanimement de l'enseignement originel du Bouddha et reconnaissent le canon rédigé en langue palie à Ceylan (actuel Sri Lanka), le bouddhisme a pourtant connu, hors de son pays d'origine, des adaptations liées aux religions préexistantes, aux traditions philosophiques et aux cultures propres à chaque pays d'accueil.
Au sein du Mahayâna, le Chan/Zen doit ainsi beaucoup à la pensée chinoise puis à la pensée japonaise ; de son côté le Vajrayâna a été influencé par la culture tibétaine.
Les conditions politiques et les contraintes géographiques ont peu à peu distendu les relations entre les trois grandes traditions qui continuèrent d'évoluer, parfois séparément, autour de trois grands centres de diffusion : le Sri Lanka pour le Theravâda, la Chine pour le Mahayâna et le Tibet pour le Vajrayâna.
C'est par l'intervention des Européens - et notamment les colonisations - que ces différentes écoles renoueront des contacts plus étroits, surtout au XXe siècle. La décolonisation, les réactions contre l'occidentalisation et la christianisation, ont joué leur rôle dans l'organisation de conciles inter-écoles, dont le premier s'est tenu en Birmanie, à Rangoon, en 1955.
C'est à cette occasion que l'ensemble des écoles bouddhistes ont rappelé leur unité autour de l'enseignement fondamental du Bouddha et ont adopté le "drapeau bouddhiste" aux couleurs de l'arc-en-ciel.
Chronologie de la diffusion du bouddhisme en Asie
240 av. J.-C. : arrivée des premiers missionnaires Theravâda à Ceylan
du IIIe s. av. J.-.C au Ier s. après J.-C. : expansion vers l'Asie centrale et la Chine
Ier s. après J.-C. : introduction du Theravâda en Birmanie
IIe s. : premières traces du Mahayâna au Vietnam
IIIe s. : premières traces du Mahayâna au Cambodge et en Indonésie
IVe s. : introduction du Mahâyâna en Corée par des missionnaires chinois
538 : date officielle d'introduction du Mahâyâna au Japon par des moines coréens
VIIe s. : introduction du Mahayâna en Birmanie
VIIe et Xe s. : 1ère et 2ème introductions du Vajrayâna au Tibet
XIe s. : conversion de la Birmanie au Theravâda
XIIIe s. : adoption du Theravâda en Thaïlande
XIVe s. : introduction du Theravâda au Cambodge et au Laos
2) Bouddhisme et Occident
Connu en Occident dès la Renaissance, grâce aux missionnaires chrétiens, le bouddhisme ne sera véritablement étudié en Europe qu'à partir du XIXe siècle. Le développement des études indianistes et la colonisation progressive de l'Asie par les grandes puissances européennes ont en effet permis un accès direct aux textes originaux. Malheureusement, une interprétation partiale et hâtive du bouddhisme par de nombreux philosophes occidentaux et des amalgames (opérés notamment par les tenants de la Théosophie) ont durablement installé en Europe une vision fausse ou négative de l'enseignement bouddhiste.
Ce n'est qu'au XXe siècle que les Occidentaux auront réellement accès à l'enseignement traditionnel et authentique. Cette évolution est due à la multiplication des contacts personnels entre des enseignants ou des spécialistes orientaux et des Occidentaux qui se rendirent en Asie (notamment Alexandra David-Neel, la première femme occidentale à entrer au Tibet). Dès le milieu du XXe siècle, un certain nombre d'ouvrages permettent aussi au grand public d'avoir un accès plus sûr à l'enseignement de certaines écoles, notamment le Zen avec la parution en langue anglaise des Essais sur le bouddhisme zen de D.T. Suzuki.
A partir des années 60, les contacts se multiplient : les Occidentaux sont de plus en plus nombreux à se rendre en Asie (surtout au Japon et au Népal) et des enseignants bouddhistes qualifiés s'installent en Occident, aux Etats-Unis ou en Europe. Les ouvrages de présentation du bouddhisme en langue occidentale deviennent plus nombreux. Ils sont l'oeuvre aussi bien d'enseignants orientaux (le Tibétain Chögyam Trungpa, le Sri-lankais Walpola Rahula...) que d'Occidentaux, notamment des moines chrétiens (tels le trappiste Thomas Merton ou le jésuite H. M. Enomiya-Lassalle).
Ce contact direct de quelques "pionniers" et la diffusion de leurs ouvrages dans le grand public ont largement favorisé la création de centres d'enseignements en Europe à partir des années 70. Deux grandes écoles bouddhistes bénéficieront surtout de cette implantation : le bouddhisme Vajrayâna tibétain et le bouddhisme Zen, japonais et vietnamien. L'intérêt qu'elles suscitent auprès des Européens est largement lié à la personnalité de trois maîtres : le Tibétain Kalou Rinpoché, le Japonais Taisen Deshimaru et le Vietnamien Thich Nhat Hanh.
On ne peut sous-estimer l'importance de la situation politique en Asie sur ce phénomène d'introduction du bouddhisme en Occident. Ainsi la curiosité éveillée par le bouddhisme Zen est-elle due en partie à la fascination qu'exerça le Japon, vaincu en 1945, sur l'Occident et, notamment les Etats-Unis. L'invasion du Tibet par les Chinois, en 1959, a notablement attiré l'attention des Occidentaux sur la personnalité du Dalaï-Lama qui, comme le pape catholique, est aussi un chef d'état. La guerre d'Indochine puis la guerre du Vietnam ont joué un rôle évident dans l'installation, notamment en France, d'importantes communautés d'exilés du Sud-est asiatique.
Source : http://www.bouddhisme-universite.org/decouverte.html
merci
Il n'est peut être pas inutile de rappeler dans l'Histoire de la diffusion du Bouddhisme , celle du Mahayana au Tibet . Sinon comment Sa Sainteté le Dalai Lama aurait il pu enseigner le Bhāvanākrama - Etapes de la Méditation de l'Ācārya Kamalaśīla , cet été à Toulouse ?
Le Tibet a préservé et a été un des plus grands réservoir des Soutras et Sastras du Mahayana , venus des Universités de l'Inde telle que Nalanda et Vikramashila . Oui les Tantras aussi mais également les Soutras et Sastras ( Commentaires )
Bon sinon en parenthèse voici cette réflexion interessante de Marie Stelle sur son blog sur l'association Vajrayana / Tibet
http://anecdotesbouddhistes.blogspot.co ... ingon.html
Il n'est peut être pas inutile de rappeler dans l'Histoire de la diffusion du Bouddhisme , celle du Mahayana au Tibet . Sinon comment Sa Sainteté le Dalai Lama aurait il pu enseigner le Bhāvanākrama - Etapes de la Méditation de l'Ācārya Kamalaśīla , cet été à Toulouse ?
Le Tibet a préservé et a été un des plus grands réservoir des Soutras et Sastras du Mahayana , venus des Universités de l'Inde telle que Nalanda et Vikramashila . Oui les Tantras aussi mais également les Soutras et Sastras ( Commentaires )
Bon sinon en parenthèse voici cette réflexion interessante de Marie Stelle sur son blog sur l'association Vajrayana / Tibet
http://anecdotesbouddhistes.blogspot.co ... ingon.html
Le Shingon
Je ne suis guère patiente ! Ma Maman me l'a souvent dit, et même si aujourd'hui je l'admets et fais quelques tentatives pour y remédier, c'est loin d'être dans la poche.
Tenez, à chaque fois que quelqu'un fait devant moi l'amalgame Vajrayana = bouddhisme du Tibet (je me refuse à parler de "bouddhisme tibétain"), je ne puis me retenir de faire une allusion perfide au Shingon. Je pourrais aussi évoquer le Tendai, mais cette branche est encore moins connue, et reconnue, ici.
Car le vajrayana n'est ni une invention ni un monopole tibétains.
1. Enseignement du Bouddha (d'accord, sous la forme de Vajradhara. Et alors ?), il naquit donc en Inde. Ou disons plutôt, il fut révélé d'abord au pays des Arya (= Inde, je précise).
2. Il s'est diffusé en Chine très tôt, et de là s'est transplanté en Corée, au Japon, etc.
3. A partir des VIIème, VIIIème siècles, d'Inde, il s'est peu à peu introduit au Tibet, via le Népal.
4. Du Tibet, il est aussi passé en Mongolie. Et depuis certains fâcheux évènements (1959), il s'est disséminé un peu partout dans le monde dans le balluchon des réfugiés.
Ainsi, le SHINGON, "boudddhisme ésotérique japonais", relève bel est bien du vajrayana.
Son fondateur est le grand Kûkai, connu à titre posthume sous le nom de Kôbô Daishi.
Contemporain de Padmasambhava, il serait né à la fin du VIIIème siècle et mort vers le milieu du IXème siècle.
Fondateur du monastère Kôyasan, Kûkai était non seulement un fin érudit et un grand maître, mais aussi un humaniste généreux et actif. Il parcourait les campagnes, créant ici une école, là un dispensaire, et construisait un peu partout des ponts.