Esprit d'Eveil

[Dharmadhatu]

Un ami lecteur du forum m'a fait connaître son désir de voir d'autres choses que l'esprit d'Eveil ultime (la vacuité) évoquées ici.

Il existe deux lignées de transmission des méthodes de développement de l'esprit d'Eveil relatif. L'une est la lignée de la vue profonde, à la suite de Manjushri et Nagarjuna: elle permet de cultiver la grande compassion sur la base de la sagesse de la vacuité. L'autre est la lignée de la vaste pratique, à la suite de Maitreya et Asanga: elle permet une méthode plus graduelle, en développant d'abord l'esprit d'Eveil relatif afin de faire ensuite naître la réalisation de l'esprit d'Eveil ultime.

Il y a une excellente méthode en 9 points pour développer l'équanimité (upeksha) indispensable au développement de l'esprit d'Eveil, donnée par Sa Sainteté le Dalaï Lama, qui l'avait reçues de l'un de ses Maîtres, Trijang Rinpotché.

J'éditerai cette méthode ici.

A suivre...

[ted]

D'après ce que j'ai compris, cet aspect vaste du bouddhisme est compatible avec toutes les religions qui ont à coeur de développer les qualités humaines.
Tolérance, bienveillance, compassion, équanimité, générosité, solidarité, éthique... etc..
Mais aussi avec les valeurs humanistes de l'athéîsme.

Toutes les sensibilités pourront sans doute s'exprimer ici sans trop de contradictions.

[boudiiii !]

tant que ça vire pas au gloubiboulga pseudo humanisant , je suis preneur


excellente idée DDT

[Flocon]

Ce fil m'intéressera, merci.

[Aldous]

Oui, c'est la fameuse complémentarité de la connaissance et de la pratique. L'une devant être relayée par l'autre et vice versa. Certaines écoles mettent davantage l'accent sur l'une que l'autre.
Mais toujours vers un même but la libération parfaite.

[boudiiii !]

un interview interessant sur un sujet brûlant (les immolations au Tibet) pourrait nous aider déjà à distinguer un point de vue "humaniste" d'une Vue éveillée ,celle en l'occurence d'un grand maitre , le XVII° Karmapa :
http://www.hindustantimes.com/India-new ... 71493.aspx

“[à propos des immolations] This is definitely not a practice of Buddhism. I strongly wish this would soon stop. The practice of Buddhist dharma is our greatest inheritance as Tibetans. This enjoins upon us to preserve the human existence. It is through this ... that we are able to achieve liberation.”

Self-immolation not only harms oneself but also creates confusion in the minds of others. “The human existence is like a temple. We have to look at non-violent methods... One needs to calm one’s mind, when there are negative emotions, the mind becomes heated leading to violent actions.”

Là où tous les médias vont pointer sur les émotions (et en faire des caisses à des fins pas toujours très "humanistes" quand on sait les enjeux politiques qu'il y a derrière) , le Karmapa pointe directement sur la pratique , et uniquement la pratique

Et c'est dans les situations les plus pénibles que l'on distingue un pratiquant en quête de "plaisirs mondains" de celui plus exigeant pour lui-même , parcouru de la tête aux pieds par l'Esprit d'Eveil , qui profitera des situations adverses pour mettre à l'épreuve son intégration des enseignements bouddhistes .
Il n'y a qu'à se rappeler la ténacité d'Asanga avec qui Maitreya n'a pas été "doucereux"

[Dharmadhatu]

Merci Boudiiii ! C'est une bonne chose que les grands Maîtres insistent pour dire que l'immolation n'est pas un principe bouddhiste.

Voici les 9 points:

1. La première section, traitant de la vérité conventionnelle, est divisée en deux points: a) le point de vue d'autrui, et b) le point de vue de soi, eux-mêmes subdivisés en trois parties.

a) Les trois facteurs pour cultiver l'équanimité du point de vue d'autrui sont:
- la pensée que tous les êtres sensibles, y compris soi-même, ne souhaitent pas souffrir et qu'il n'y a donc aucune raison de cultiver un parti pris ou d'établir des discriminations.
- La reconnaissance que les autres êtres vivants souhaitent autant que nous-même le bonheur tout en n'en jouissant pas; par conséquent, il n'y a aucune raison d'établir de discrimination. Etablissons-nous une différence entre les mendiants avant de leur donner l'aumône ? Ce point est l'élaboration du précédent, qui en est le résumé.
- La certitude que tous les êtres sensibles sont égaux devant le manque de bonheur. Bien qu'ils désirent le bonheur et ne désirent pas la souffrance, ils sont pourtant affectés par celle-ci. Pareillement, on ne distingue pas entre de nombreux patients touchés par une même maladie.

Efforcez-vous d'adopter la résolution suivante: "Je ne ferai jamais de différence entre les êtres lorsque je les aiderai à surmonter la souffrance et à obtenir le bonheur."

b) Les trois facteurs pour développer l'équanimité pour soi-même reprennent l'idée que, si l'on veut envisager les choses du point de vue d'autrui, il est nécessaire de les considérer tous comme égaux à soi-même.
- Premièrement, il se peut que l'on se dise: "Parmi les autres, certains me nuisent et d'autres m'aident", et que l'on essaie de justifier ainsi un comportement discriminatoire. On doit alors réfléchir au fait que tous les êtres sensibles ont fait partie de notre famille, ont été nos mères, nos amis, etc. Ils nous ont aidés dans le passé, nous aident maintenant et nous aideront dans le futur.
Dans cette optique, la discrimination n'est pas justifiable.
- Deuxièmement, on peut penser: "Bien qu'il arrive que certains m'aident occasionnellement, ils restent néanmoins nuisibles ou neutres, et les personnes neutres ne comptent pas car elles n'ont rien à voir avec moi." Une telle attitude est également erronée. Ainsi, bien que toutes les personnes qui ont contribué à l'érection d'un temple directement ou indirectement ne soient plus là, nous devons considérer qu'elles nous ont aidés. De ce point de vue, on peut constater que les autres nous aident bien plus souvent qu'ils ne nous nuisent. Nos ennemis nous sont particulièrement bénéfiques car ils donnent un élan à notre propre pratique, ainsi que l'explique en détail le Bodhisattvacharyavatara. C'est la deuxième technique pour cultiver l'équanimité.
- Troisièmement, nous pouvons réaliser que, étant nous-mêmes sous l'influence du karma et de nombreux facteurs perturbateurs, il en est de même pour les autres êtres. Comme il est dit dans le Bodhisattvacharyavatara, il n'y a aucune raison pour qu'une personne de nature d'impermanence et de conventionnalité éprouve de la haine pour une autre personne de la même nature.

2. La seconde section explique le développement de l'équanimité dans le sens ultime. (Le terme "ultime" ne doit pas être compris dans le sens de "vérité ultime de la vacuité"; il signifie simplement que l'explication est ultime par rapport à la section précédente.*)

- Premièrement, s'il existait un phénomène où une personne devait être éliminée en tant qu'ennemi permanent, le Bouddha, dont l'esprit est omniscient, l'aurait vue. Or, le Bouddha n'a pas vu une telle personne; il a vu chacun comme ses amis. De plus, ennemis et amis font en fait partie de la même famille. Gungtang Rinpoche le disait:

Même votre meilleur ami d'aujourd'hui,
S'il était impliqué dans un léger malentendu causé par quelques paroles dérangeantes,
Pourrait devenir votre pire ennemi de demain;
Là prend fin toute notion de proximité et de distance.

- Deuxièmement, ces "ennemis" peuvent changer, ils ne sont donc pas permanents. Ainsi qu'Aryadéva l'a expliqué dans le Chatuh-Shataka Shastra**, "si un ennemi ultime existait, le Bouddha le verrait; de plus, cette personne devrait échapper à tout changement, ce qui n'est pas le cas".
- Troisièmement, ainsi qu'il est expliqué dans le Compendiums des actes***, les notions d'"ennemi" et d'"ami" sont établies en interdépendance et ne sont donc que relatives. On peut dire que les ennemis et les amis existent bien à un niveau conventionnel ou relatif, mais ce que nous essayons en réalité d'éviter, ce sont les états négatifs de l'esprit comme la haine ou l'attachement, que l'on associe aux notions d'"ennemi"et d'"ami". Non que certaines personnes ne soient nos ennemies ou nos amies, mais nous devons nous efforcer de devancer la fluctuation émotionnelle des notions relatives d'"ennemi"et d'"ami". Le Bouddha, par exemple, voit tous les êtres sensibles comme des amis, mais il ne développe pas d'attachement. Bien sûr, il existe des esprits malfaisants qui font obstacle à l'épanouissement du Dharma, mais ce n'est pas une raison suffisante pour éprouver de la haine à leur égard. Les arguments de réflexion de ce troisième point ne nient pas l'existence conventionnelle de l'adversité ou de l'amitié; en revanche, elles nient leur existence inhérente. C'est cette appréhension des concepts d'"ennemi"et d'"ami" en tant qu'entités ayant une existence inhérente qui donne naissance aux états négatifs de l'esprit tels que la haine et l'attachement.

Voilà donc expliqués les neuf points de méditation pour cultiver l'équanimité. Ils sont très profonds. Ces méthodes très pratiques trouvent leur origine dans le Bodhisattvacharyavatara et dans le Ratnavali. Il est très bon de combiner l'étude et la pratique de ces deux textes.

Sa Sainteté le Dalaï Lama, Le Yoga de la sagesse (commentaire du Lama Tcheupa).

____________
n.p.:
* On pourrait dire dans le sens de "définitif", "définitivement".
** Cf. The Yogic Deeds of the Bodhisattvas.
*** Shiksha-samucchaya de Shantideva.

[Aldous]

Bonjour,

L'esprit d'Eveil ou bodhicitta est l'aspiration ou l'engagement du bodhisattva d'atteindre le Plein Eveil pour le bien de tous les êtres. En effet si le bodhisattva renonce au nirvana tel que l'arhat du bouddhisme fondamental l'obtient, il ne renonce pas à l'Eveil.

Ce voeu comporte deux aspects:
----> un aspect absolu qui est tourné ver l'Eveil complet et définitif d'un samyaksambouddha (Le Bouddha historique est un samyaksambouddha)
et
----> un aspect relatif qui a pour objet le bien des autres êtres, dont la motivation est donc la compassion.

----> La bodhicitta absolue consiste à réaliser la sagesse, c'est à dire à actualiser la double vacuité, celle du soi individuel et celles des phénomènes. C'est une compréhension non conceptuelle de la vacuité qui dépend de la dissipation de l'ignorance cognitive ou de l'ignorance du Dharma.
----> La bodhicitta relative concerne la réalité contingente, de surface, notre réalité à nous tous en quelque sorte. Cette boddhicita relative comporte elle-même deux aspects:
1 la bodhicitta d'aspiration qui est l'altruisme par la pratique des 4 illimités (l' amour illimité, la compassion illimitée, la joie illimitée et l'équanimité).
2 la bodhicitta de mise en oeuvre qui est cette fois ci la compassion par les six paramitas ou vertus transcendantes et surtout les quatre premières (don, discipline, patience, enthousiasme) (les deux autres sont la sagesse ou discernement du Dharma et la méditation ou concentration, ou vigilance).

Il y a trois manières d'aborder la bodhicitta:
- avec le courage d'un roi, c'est d'abord atteindre le Plein Eveil pour être vraiment à même d'aider tous les êtres.
- avec le courage d'un passeur, c'est souhaiter atteindre le Plein Eveil en même temps que tous les autres êtres, comme un passeur qui atteint l'autre rive avec tous ses passagers.
- avec le courage d'un berger, c'est faire passer tous les autres avant soi-même. C'est ce qui exige le plus grand courage.

Bien cordialement,

[ted]

tant que ça vire pas au gloubiboulga pseudo humanisant , je suis preneur

Tu veux pouvoir continuer à haïr tes victimes favorites, c'est ça ?

[boudiiii !]

tant que ça vire pas au gloubiboulga pseudo humanisant , je suis preneur

Tu veux pouvoir continuer à haïr tes victimes favorites, c'est ça ?

mais non je t'aime bien Ted malgré ton petit côté boy scout catho ::mr yellow::