PHENOMENOLOGIE et BOUDDHISME

ted

FA a écrit :Dignaga sépare nettement ces 2 types de cognitions qui sont pour lui mutuellement exclusives. Il y a des perceptions (particularités) et des inférences (généralités). C'est une question de terminologie.
Christophe ! Sors de ce corps !!! :D
FA

Dés que le processus d'apoha opère, il s'agit d'une inférence.
La réalité perçue dans son unicité, est perception.
La perception yogique est une perception délivrée du processus de l'apoha c'est à dire de l'inférence.
Autrement dit le fait de voir les choses telles qu'elles sont dans l'ici et maintenant particulier.

Toute forme d'inférence tend à figer la réalité mouvante du flux.
C'est un attachement, une appropriation, une transmigration.
ted

On a des exemples de perception yogique ? :)
Je veux dire, qui est-ce qui a ce genre de perceptions le matin, dans sa cuisine, avant d'aller au boulot ? :roll:
chakyam

FA a écrit :Dés que le processus d'apoha opère, il s'agit d'une inférence.
La réalité perçue dans son unicité, est perception.
La perception yogique est une perception délivrée du processus de l'apoha c'est à dire de l'inférence.
Autrement dit le fait de voir les choses telles qu'elles sont dans l'ici et maintenant particulier.

Toute forme d'inférence tend à figer la réalité mouvante du flux.
C'est un attachement, une appropriation, une transmigration.
D'accord! sauf que de la même manière qu'il n'y a pas de continuum de conscience, il n'y a pas de flux car les instants qui pourraient le constituer ne sont pas reliés.

"Attachement, appropriation, transmigration"? ne s'agirait-il pas plutôt de "transfert" en termes psychanalytiques ?


FleurDeLotus Butterfly_tenryu
FA

D'accord! sauf que de la même manière qu'il n'y a pas de continuum de conscience, il n'y a pas de flux car les instants qui pourraient le constituer ne sont pas reliés.
"Attachement, appropriation, transmigration"? ne s'agirait-il pas plutôt de "transfert" en termes psychanalytiques ?
Ce que j'appelle le flux, c'est la succession des instants insécables.
Au sein de ce flux, la causalité opère à l' échelle universelle, elle prend en compte tous les existants.

Mais nous humains, par le processus de perception qui repose sur l'Apoha, nous abstrayons un partie du flux pour en faire des concepts,
qui associés, crée en notre conscience une représentation. Nous ne prenons en compte au sein du flux que les objets qui nous intéresse, et c'est
cela qui génère nos deceptions et nos des-illusions...
Le problème vient de là, car notre représentation est une caricature plus ou moins fidèle de ce flux impermanent.
Effectivement, on peut voir cela comme une projection, un peu comme un transfert au sens ou nos représentations ont une connotation affective, émotionnelle.
On a des exemples de perception yogique ? :)
Je veux dire, qui est-ce qui a ce genre de perceptions le matin, dans sa cuisine, avant d'aller au boulot ? :roll:
La perception yogique dans sa dynamique quotidienne se concrétise par le non-attachement !

Fa
Dernière modification par FA le 20 octobre 2012, 12:57, modifié 1 fois.
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Dharmadhatu
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FA a écrit :
Lorsque tu parles de flux, est-ce un phénomène concret ou bien une caractéristique générale (comme la vacuité) appréhendée implicitement par ton esprit qui observe des phénomènes mouvants ?
Quand je parle de flux je perçois des objets, en mouvement. Je vois que le monde bouge autour de moi. Un oiseau, un arbre agité par le vent.

La "perception" de la vacuité est implicite. Elle n'est pas explicite. Sans un raisonnement conceptuel sous-jacent, une définition de la vacuité, je ne pourrais y parvenir.

Dignaga sépare nettement ces 2 types de cognitions qui sont pour lui mutuellement exclusives. Il y a des perceptions (particularités) et des inférences (généralités). C'est une question de terminologie.
:D Tu ne réponds pas à ma question sur l'aperception.

De plus, le fait de dire que Dignaga fait une distinction entre les perceptions des particularité et les inférences appréhendant des généralités (quelles qu'elles soient) est une erreur grossière.

1) Une particularité peut être appréhendée par une cognition inférentielle et 2) une généralité peut être appréhendée par une perception directe. Un vase est une généralité d'espèce (rigs spyi) et aussi une généralité d'association (tshogs spyi), or nous le percevons directement.

3) Une perception n'est pas forcément sensorielle, mais peut être mentale.

4) Je t'encourage à approfondir ton étude de l'épistémologie car une inférence réalise explicitement les généralités de sens (artha-samanya) uniquement (et pas les généralités tout court; samanya).

Guéshé Dreyfus aide amplement à approfondir tout ça, en particulier dans ces deux livres:

Image
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Quand je parle de flux je perçois des objets, en mouvement. Je vois que le monde bouge autour de moi. Un oiseau, un arbre agité par le vent.
Le flux est une caractéristique générale des objets impermanents, tu ne perçois pas ce flux, tu l'infères. Tu en fais une généralité de sens appréhendant implicitement une généralité en dépendance d'une perception directe d'instances multiples (le monde, un oiseau, un arbre etc...).

Pourtant ce flux subtil existe, et la seule façon de le percevoir directement est yogiquement. Pour l'instant il n'est appréhendé qu'au travers d'une généralité de sens, c'est une inférence.

FleurDeLotus
apratītya samutpanno dharmaḥ kaścin na vidyate /
yasmāt tasmād aśūnyo hi dharmaḥ kaścin na vidyate

Puisqu'il n'est rien qui ne soit dépendant,
Il n'est rien qui ne soit vide.

Ārya Nāgārjuna (Madhyamakaśhāstra; XXIV, 19).
FA

Mais oui en effet le Flux est aussi de l'ordre de l'inférence.
Ce que je perçois ce sont des arbres, qui bougent agités par le vent.

Ce flux n'a rien de subtil, il nous crève les yeux.
C'est l'impermanence grossière.

La perception yogique consiste à percevoir l'impermanence subtile,
qui permet de venir à bout de l'impermanence grossière.

Le flux est notre réalité conventionnelle.
Mais du point de vue de la vacuité, il est inexistant.

Nous ne traversons jamais 2 fois la même rivière.
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Dharmadhatu
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Fa a écrit :Mais oui en effet le Flux est aussi de l'ordre de l'inférence.
:D Oui, aussi, car tout peut être objet d'inférence si c'est appréhendé au travers d'une généralité de sens.
Ce que je perçois ce sont des arbres, qui bougent agités par le vent.
Le flux peut donc aussi être réalisé implicitement... et directement dans ce cas puisqu'il s'agit de l'impermanence grossière.
La perception yogique consiste à percevoir l'impermanence subtile,
qui permet de venir à bout de l'impermanence grossière.
En fait, tu dis que l'impermanence grossière est déjà perçue, donc percevoir l'impermanence subtile ne contrecarre que la saisie quant à la permanence des produits en continuel changement. C'est l'illusion due au fait de percevoir des instants différents mais similaires (cf. drawa shèn djoung, dans Recognizing Reality).

En effet, on peut facilement être conscient de l'impermanence grossière et être toujours pris par l'illusion précitée.
Le flux est notre réalité conventionnelle.
Mais du point de vue de la vacuité, il est inexistant.
Rien n'existe en soi, tout n'a d'autre existence que conventionnelle, même la vérité ultime.
Nous ne traversons jamais 2 fois la même rivière.
Et même si nous étions touchés par une goutte d'eau, elle ne sera jamais la même d'un instant à l'autre (et nous non plus).

FleurDeLotus
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yasmāt tasmād aśūnyo hi dharmaḥ kaścin na vidyate

Puisqu'il n'est rien qui ne soit dépendant,
Il n'est rien qui ne soit vide.

Ārya Nāgārjuna (Madhyamakaśhāstra; XXIV, 19).
chakyam

FA,

« Ce que j'appelle le flux, c'est la succession des instants insécables.
Au sein de ce flux, la causalité opère à l' échelle universelle, elle prend en compte tous les existants
.

Impossible ! Comme les atomes le sont devenus, les instants sont sécables en de multiples sous-instants qui, à l'instar des précédents ne sont reliés entre eux que par les facultés mémorielles des hommes comme par ailleurs tu l'explicites. Il en résulte néanmoins qu'aucune causalité n'opère si ce n'est fantasmatiquement et l'inférence tant vantée n'est qu'une généralisation d'un sens particulier liée au désir d'éternité dans la durée... donc illusoire.

Par ailleurs, il n'y a pas à venir à bout de quoique ce soit et si le yogi perçoit l'impermanence subtile pour venir à bout de l'impermanence grossière, il est dans la confusion la plus totale car dans la dualité; je doute qu'il réalise jamais l'Eveil, même conventionnellement, d'autant qu'un bouddha, quand il l'est ne le sait pas car dans le cas contraire il ne le serait pas.


FleurDeLotus Butterfly_tenryu
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