La voie Bouddhiste joyeuse ou sérieuse?

Jean

Nouveau livre de Dzongsar Jamyang Khyentse : "Not for happiness"

http://www.shambhala.com/not-for-happin ... -+no+offer
Do you practise meditation because you want to feel good? Or to help you relax and be “happy”? Then frankly, according to Dzongsar Jamyang Khyentse, you are far better off having a full-body massage than trying to practise the Dharma.

Khyentse shows that genuine spiritual practise, not least the Ngöndro preliminaries, will not bring the kind of comfort and ease most worldly people crave. Quite the opposite, in fact. But if your ultimate goal is enlightenment, Ngöndro practise is a must, and Not for Happiness is your perfect guide, containing everything an aspiring practitioner needs to start to practise including advice about:
“renunciation mind”
discipline, meditation, and wisdom
using your imagination in visualisation practise
why we need a guru
C'est un Lama, il partage cette vue avec d'autres Lamas. mais d'autres lamas parlent de voie joyeuse, de voie du bonheur...

Personnellement je souhaite aux adeptes de la voie sérieuse d'être heureux malgré tout dans leur cheminement vers l'Eveil et je souhaite d'atteindre l'Eveil aux adeptes de la voie joyeuse.
ted

A mon avis, parmi les trois soifs puissantes que sont les désirs des sens, le désir de vivre et le désir de mourir, la dernière (vibhava taṇha), le désir de mort et de néant, peut prendre bien des formes.

Or, il faut bien proposer des pratiques aux personnes qui sont sous l'emprise de ces trois désirs. Des pratiques qui, dans un premier temps, ne vont pas trop contrarier l'emprise du désir quel qu'il soit, sous peine d'être très vite abandonnées. :roll:

Est-ce qu'on peut aller des distractions futiles, au renoncement brutal, sans craquer très vite ?
De même, est-ce qu'une personne désespérée, désabusée, dégoûtée du monde, pourra sourire, voir les bons cotés de l'impermanence et développer rapidement une joie enfantine ?
Dans un premier temps, il ne faudra pas lui parler de joie de vivre, je suppose. Mais plutôt lui faire comprendre qu'elle expérimente Dukkha.
Après, elle apprendra sans doute à relativiser Dukkha et à assister aux apparitions et disparitions de la souffrance ?

Mais en attendant, il lui faudra pratiquer un aspect un peu austère de la Voie. Un aspect qui capture, exploite et épuise ce désir d'annihilation qu'elle a en elle.
C'est peut être ça, le bouddhisme sérieux ? :roll:
Avatar de l’utilisateur
Dharmadhatu
Messages : 3690
Inscription : 02 juillet 2008, 18:07

:D Perso, j'essaie du mieux de que je peux de prendre le Dharma au sérieux sans me prendre au sérieux.

Matthieu Ricard dit que si le but ultime est la félicité, il est normal de trouver sur la voie de pâles reflets de cette félicité et d'y trouver de plus en plus de bonheur. Je suis d'accord avec cela.

FleurDeLotus
apratītya samutpanno dharmaḥ kaścin na vidyate /
yasmāt tasmād aśūnyo hi dharmaḥ kaścin na vidyate

Puisqu'il n'est rien qui ne soit dépendant,
Il n'est rien qui ne soit vide.

Ārya Nāgārjuna (Madhyamakaśhāstra; XXIV, 19).
Avatar de l’utilisateur
Longchen
Messages : 1120
Inscription : 15 avril 2010, 12:25

Parfois on entend: si tu veux arriver à ceci ou à cela il faudra te donner du mal, et d’autant plus si la barre est placée haut (sous-entendu cela ne va pas être une partie de plaisir, ou tu vas en baver !)... mais est-ce aussi cette logique là dans la vie spirituelle, et spécialement bouddhiste, alors que parallèlement il est aussi dit qu’il n’y a rien a obtenir, rien à rechercher, qu’il faut réaliser ce qui est déjà là, et lâcher prise.

Egalement que recherchons-nous dans la vie spirituelle ? Des souffrances supplémentaires (à celles déjà apportées par le samsara) ?
Cela ne me paraît pas bien raisonnable...
Ce n’est que mon point de vue mais si une voie spirituelle n’est pas capable de nous rendre heureux (un minimum) en attendant l’ultime Eveil (qui ne viendra sans doute pas dans cette vie, il faut bien se l’avouer), alors à quoi bon...

J’aime bien ce que dit Matthieu Ricard sur ce sujet.
FleurDeLotus
L’instant présent 🙏
Katly

La joie dans la pratique spirituelle

Par Ajahn Thiradhammo

L’enseignement ci-dessous a été donné par Ajahn Tiradhammo le septième soir d’une retraite de 10 jours en Suisse. Les "7 Facteurs de l’Illumination" dont il est question sont : l’attention, l’investigation, l’énergie, la joie, la tranquillité, la concentration et l’équanimité.

Quand la joie est présente, nous sommes prêts à découvrir de nouvelles choses - Si nous avons déjà décidé : "La vie est souffrance", alors nous n’allons pas chercher plus loin.

Dans la pratique spirituelle, nous pouvons parfois faire l’erreur d’assimiler la vie religieuse à une sorte d’auto-flagellation. Ou alors, nous sommes enclins à croire que cette pratique devrait aboutir à un genre "spécial" de pureté. Avec cette idée en tête, nous regardons en nous et, bien sûr, tout ce que nous voyons ne sont que des impuretés. Nous étant formé une idée de ce qu’est l’illumination, nous examinons notre propre esprit et nous y voyons juste le contraire : confusion et conflits.

Mais ce qu’il faut comprendre c’est que toutes les idées que nous avons concernant la pratique ne sont que des idées, seulement des idées...

Penser, par exemple : "Moi, je suis ici et le Nibbana se trouve là-bas, je ne suis qu’un idiot aux idées confuses et le Nibbana est toute pureté et profondeur" n’est qu’une projection de concepts.

En fait, dans la pratique réelle, illumination veut seulement dire être pleinement attentif et conscient de la confusion elle-même. La sagesse consiste à voir clairement son ignorance. Il ne s’agit pas ici de connaître la sagesse mais bien plutôt d’utiliser la sagesse pour connaître notre ignorance !

Toute la pratique de l’attention nous ramène à réaliser la vraie nature du fait d’être là, présent. Nous ne tentons pas de nous brancher sur une sorte de "Sagesse nibbanique" flottant quelque part dans l’espace et nous n’attendons pas non plus que la sagesse nous tombe dans les bras. Ce dont il s’agit c’est d’être conscient de la nature de la condition humaine telle qu’elle est.

C’est seulement à partir du moment où nous comprenons réellement ce qu’est la vie que nous pouvons commencer à la transcender. Si nous tentons de la transcender avant qu’en fait nous la connaissions, nous sommes seulement pris au piège de l’illusion.

Ajahn Chah avait coutume de dire : "Nous devons d’abord ramasser quelque chose avant de réaliser combien c’est lourd". Nous rendre compte combien c’est lourd, c’est voir dukkha . C’est après avoir vu dukkha que nous pouvons lâcher-prise. Après avoir lâché prise, nous réalisons combien, en fait, c’est léger.

Ah ! Quel soulagement ! Et c’est ici que l’on parle de joie, ou piti comme elle est appelée dans les "Facteurs de l’Illumination".

Il existe différentes traductions du terme piti , de même qu’il y a différentes sortes de joie. Hier, nous parlions de la manière dont, après avoir été motivé par dukkha pour chercher la Voie, nous arrivions à la confiance : c’est cette confiance qui, à son tour, conditionne la joie.

Ainsi, il y a ces différentes sortes de joie qui, dans la pratique spirituelle, naissent de différentes causes. Dans ma pratique personnelle, j’ai trouvé très utile d’y réfléchir car il semble que l’importance et la fonction de la joie soient souvent perdus de vue lorsqu’on parle de développement spirituel.

Toutefois piti n’est pas seulement le plaisir d’avoir une expérience agréable mais c’est plutôt une expérience qui nous amène à plus d’ouverture dans la vie, à l’éveil. Quand la joie est présente nous sommes prêts à découvrir de nouvelles choses. Par contre, si nous avons déjà décidé que "la vie est souffrance" et que nous la considérons comme un état misérable, alors évidemment nous n’allons pas chercher plus loin.

Regardez les enfants, comme ils observent et veulent constamment découvrir, la fascination qu’ils ont pour les choses. Il est triste de voir comment nous, les adultes, sommes devenus tellement sophistiqués que nous ne prenons plus le temps de regarder les fleurs ou toutes ces choses de moindre importance ... Nous fonctionnons à un niveau beaucoup plus conceptuel. Quand nous voyons une fleur, nous pensons immédiatement "fleur" et ensuite : "oui, je sais tout des fleurs, toute ma vie j’ai vu des fleurs et ça, c’est seulement une autre fleur". En vérité pourtant, chaque fleur est unique : elle est là, à cet endroit, en ce moment, c’est cette fleur-là. La même chose se passe si, par exemple, nous pouvons vraiment écouter chanter un oiseau et entendre seulement le son de ce chant. C’est une chose toute différente que de penser : "Oh, voilà un autre oiseau en train de chanter". Si nous écoutons vraiment, il y a seulement le son de ce chant en ce moment précis, en cet endroit, dans ces circonstances et il y a la conscience de savoir cela, il y a l’écoute. Voilà une réalité totalement différente du fait de penser : "un autre oiseau en train de chanter ".

Si nous ne faisons constamment que conceptualiser, le dialogue ou bavardage intérieur ne s’arrête plus : "tiens, un oiseau en train de chanter ... une fleur là-bas, telle personne est en train de parler, si elle pouvait se taire ... une bougie qui brûle" etc.
Et nous croyons tout savoir de la vie !

Tout ce que nous faisons, c’est seulement jongler avec des concepts dans nos têtes et tout ce qu’ils font, c’est de se déplacer d’un côté à l’autre du cerveau, émergeant de la mémoire pour être verbalisés et y replongeant ensuite. Si nous vivons avec seulement des concepts par rapport à la vie, il y a beaucoup de chances qu’elle devienne plutôt ennuyeuse avec toujours ce même rabâchage : "fleur, oiseau, arbre …"

Bien qu’il soit naturel que le langage nous permette d’apprendre, de comprendre et d’exprimer notre compréhension, beaucoup d’entre nous sont devenus prisonniers du langage. La méditation nous donne l’occasion à présent d’amener un changement profond dans notre civilisation occidentale en essayant de comprendre à un niveau non conceptuel. La méditation nous permet de réaliser de manière directe la nature de toute expérience.

Ceux qui croient s’identifier totalement à travers les mots peuvent peut-être trouver cela menaçant, mais il est bien évident qu’il ne s’agit pas de se passer complètement des mots, nous devons pouvoir continuer à nous exprimer et il est nécessaire que nous puissions communiquer. Mais nous devrions reconnaître que les mots que nous utilisons pour communiquer ne sont pas identiques à l’expérience que nous tentons de décrire.

Dans notre société actuelle, la part donnée au silence est tellement mince et les mots sont si bruyants et forts que souvent c’est seulement cela que nous entendons. Pourtant c’est l’importance accordée au silence qui nous donne accès à une manière différente de communiquer.

Comme il est merveilleux d’être à nouveau un enfant et de ne plus être limité par les mots ! Au début, les enfants ne connaissent pas de mot pour désigner une fleur et ils demandent : "c’est quoi, ça ?". Alors, nous leur répondons : "c’est une fleur". C’est vrai qu’ils doivent apprendre à communiquer, mais pourquoi n’essayerions-nous pas de répondre : "on appelle cela une fleur mais ce n’est pas ce qu’elle est vraiment, elle est comme elle est, c’est sa nature et c’est parfait ainsi". Connaître cet état de "simplement, comme les choses sont...", c’est connaître la joie. C’est cette joie qui peut faire revivre en nous tant de belles qualités qui se sont éteintes. A présent nous avons la clé secrète qui peut nous aider à nous libérer de nos habitudes.

Cette joie peut aussi être développée davantage car au delà de piti ou joie spirituelle existe une qualité beaucoup plus stable appelée sukha . En général, on traduit sukha par bonheur, le contraire de dukkha , mais en fait ce n’est pas suffisant car le bonheur momentané est comme un papillon qui vole de-ci de-là. Il n’y a certainement rien à redire à cela mais bonheur ne traduit pas la qualité profonde de bien-être exprimée par sukha . A force d’avoir vécu tellement avec des concepts, notre vie est devenue ennuyeuse et des moments fugitifs d’excitation en sont venus à nous paraître importants.

Sukha , par contre, signifie : "tout est simplement parfait". C’est un sentiment de calme et de bienêtre qui imprègne notre corps et notre esprit tout entier. Sukha rend l’esprit paisible et non fragmenté, donnant une fondation solide pour samadhi , la concentration.

Mais revenons à présent à la joie : la joie est spontanée. Vous ne pouvez pas la concevoir à l’avance ni la créer : elle vient simplement dans le moment présent. Quand la joie est vraiment là, vous vivez dans le moment présent. Voir la joie ainsi devient un point de référence précieux pour nous car nous savons alors que, si nous vivons une joie véritable, nous sommes dans le moment présent et, inversement, si nous sommes réellement dans le moment présent, une joie authentique se manifeste.

Donc, tâchez de découvrir d’où vient la joie, voyez ce qui la maintient et ce qui la fait disparaître. En faisant cela, nous commençons à cultiver la joie comme un des "Facteurs de l’Illumination".

Elle devient une des qualités qui nous mènent à l’éveil.

Publié par les Editions Dhammapala en 1991
Am Waldrand
CH-3718 Kandersteg,
Suisse

Ajahn Thiradhammo

Le Refuge
370 chemin Fontaine de Fabrègues
13510 Eguilles
Tél. : 04 42 92 60 39


http://www.refugebouddhique.com/
http://www.buddhaline.net/La-joie-dans-la-pratique

Image



FleurDeLotus

LA JOIE SUR LA VOIE SPIRITUELLE :

http://lescheminsdelasagesse.over-blog. ... 16287.html

FleurDeLotus

Image

<<metta>> jap_8
Jean

Il y a la question : "Qu'est ce que je fais là" et ensuite "Qu'est ce que ce "Je"?", "Qu'est-ce que ce "Là"?"

Le Bouddhisme permet de trouver expérimentalement la réponse à ces questions et propose plusieurs voies.

Finalement on s’aperçoit que la joie est importante dans la pratique du Théravada, comme dans le Mahayana soutrique (cf Thich Nhat hanh) - Voir les liens plus hauts - quant aux Tantras ils parlent carrément de Félicité semblable au plaisir sexuel. Mais pour réaliser un jour peut être cette super félicité, il semble logique de passer par la joie soutrique.

Une question : Pourquoi Ananda, principal disciple du Bouddha, s'appelait-il Ananda, ce qui en général traduit par "félicité".

Il semblerait qu'il y ait des chemins vers l'Eveil ou il n'est pas fait mention de la joie, tandis que d'autres soulignent son importance.

Quitte à choisir, je choisis un chemin avec joie.
Avatar de l’utilisateur
Dharmadhatu
Messages : 3690
Inscription : 02 juillet 2008, 18:07

:D La joie (mudita) est fondamentale dans toute pratique bouddhiste finalement: http://en.wikipedia.org/wiki/Mudita

FleurDeLotus
apratītya samutpanno dharmaḥ kaścin na vidyate /
yasmāt tasmād aśūnyo hi dharmaḥ kaścin na vidyate

Puisqu'il n'est rien qui ne soit dépendant,
Il n'est rien qui ne soit vide.

Ārya Nāgārjuna (Madhyamakaśhāstra; XXIV, 19).
tompouce

Etre serieux tout en étant joyeux, cela est t'il incompatible ?
Avatar de l’utilisateur
Dharmadhatu
Messages : 3690
Inscription : 02 juillet 2008, 18:07

tompouce a écrit :Etre serieux tout en étant joyeux, cela est t'il incompatible ?
jap_8 Pas forcément. Le Bouddha est très sérieux quand il transmet une voie aux êtres qui souffrent, mais en gardant ce sourire paisible si éloquent concernant son regard au second degré sur les existants.

Image

FleurDeLotus
apratītya samutpanno dharmaḥ kaścin na vidyate /
yasmāt tasmād aśūnyo hi dharmaḥ kaścin na vidyate

Puisqu'il n'est rien qui ne soit dépendant,
Il n'est rien qui ne soit vide.

Ārya Nāgārjuna (Madhyamakaśhāstra; XXIV, 19).
Sourire

Vous avez remarqué, que le sourire de la Joconde et celui du Bouddha ont tous les deux ce même petit quelque chose de bizarre, cet intermédiaire fragile entre la joie et le sérieux ?

Je suis HS... Je :arrow:
Répondre