Il y a quelques années, j'avais mené une réflexion personnelle sur le
sutta aux kalamas.
Ce sutta, référence préférée de ceux qui se veulent réalistes, non dogmatiques, pourfendeurs de croyances, n'est pourtant pas du tout un bon support pour une approche expérimentale, objective, etc... Pourquoi ?
Parce que s'il rejette les croyances arbitraires, il rejette aussi des étapes fondamentales de la démarche expérimentale, comme l'a cité Yudo :
Ma Pitakasampadanena.
[Ne vous laissez pas mener par ce que disent les écritures.]
Ma takkahetu.
[Ne vous laissez pas mener par la simple logique.]
Ma nayahetu.
[Ne vous laissez pas mener par la simple déduction ou inférence.]
Ma akaraparivitakkena.
[Ne vous laissez pas mener par la considération des simples apparences extérieures.]
Comment peut-on faire fonctionner la raison, tout en se défiant pêle-mêle, je cite :
- de la logique ?
- de la déduction ou de l'inférence ?
- des apparences extérieures ?
L'injonction finale du
sutta aux kalamas, ne serait donc pas un appel à la raison, ni à la démarche scientifique ou expérimentale, ni au scepticisme éclairé, comme certains essaient de s'en convaincre ici. Il s'agit d'autre chose. D'un regard intérieur que nous devrions développer : la Vue Juste.
Et cette Vue Juste, qui apparaît seulement en pratiquant correctement, n'a rien de commun avec ces approches matérialistes, sceptiques ou rationalistes, car leurs modalités sont réfutées par le sutta au même titre que celles des croyances arbitraires.
C'est autre chose qu'une grille de lecture.
