Re: Sans renaissances quel est l'intérêt du Dharma ?
Messagede chakyam » 04 Aoû 2012, 09:32
ted a écrit:Tu veux dire, Chakyam, qu'un éveillè ne devrait pas mourir ?
Qu'il devrait conserver un corps immortel ?
L'immortalité n'est pas, n'a jamais été et ne sera jamais le maintien du corps physique/mental dans un temps sans commencement ni fin. Il est donc normal et cohérent qu'un bouddha meurt physiquement car il reste soumis aux conditions de vie matérielles, même s'ils les a transcendées par ailleurs.
Cette question nous renvoie aux 3 corps du Bouddha et notamment au corps absolu (Dharmakâya), dimension de la nature réelle des phénomènes, réalité absolue, jamais née, qui ne disparaitra jamais et dont on peut considérer qu'il est "immortel" dans la mesure où la naissance et la mort lui sont inconnus.
On peut donc admettre que même mort d'une indigestion, Gautama n'a jamais quitté l'immortalité. C'est toute l'ambiguité du Bouddhisme, sa beauté aussi.

Tant que perdurera la certitude du soi des choses et de son propre soi,
l'Eveil authentique et parfait de sa luminosité éclatante ne resplendira
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chakyam
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Re: Sans renaissances quel est l'intérêt du Dharma ?
Messagede Dharmadhatu » 04 Aoû 2012, 09:47

Ce qui ôte toute contradiction, c'est une phrase du Bouddha dans le Vajracchedika Sutra: "Ceux qui me voient par mon corps et m'entendent par ma parole, ceux-là ont entrepris un chemin erroné, ils ne me voient ni ne m'entendent." Ensuite, le Bouddha dit qu'il est plus le Dharmakaya qu'autre chose. Ce sont les corps de forme qui cessent quand ils ont rempli leur but, mais pas le Dharmakaya.
Question: Votre Sainteté, existe-t-il une conscience individuelle ? Quelle partie de la conscience subsiste après la mort ? Y a-t-il dissolution totale de la conscience lorsqu'on atteint la bouddhéité ?
Sa Sainteté le Dalaï Lama: La conscience ne disparaît pas, même si un certain type de conscience cesse d'exister. Par exemple, la conscience tactile qui est présente dans le corps humain cesse d'agir quand le corps meurt. Il en va de même des consciences influencées par l'ignorance, la colère ou l'attachement. En réalité, tous les niveaux grossiers de la conscience cessent d'agir. Mais la conscience subtile la plus profonde, la conscience ultime et fondamentale, ne disparaît jamais. Elle n'a ni commencement ni fin. Cette conscience demeurera toujours. Quand nous atteignons la bouddhéité, elle devient l'omniscience éveillée, mais elle reste quelque chose d'individuel. La conscience du Bouddha Shâkyamuni et celle du Bouddha Kashyapa, par exemple, sont distinctes. L'individualité de la conscience ne disparaît pas avec la bouddhéité. Les esprits de tous les Bouddhas ont les mêmes qualités - dans le sens où leurs consciences sont similaires -, mais ils préservent leur individualité.
5 Entretiens (pp. 80-1).
C'est pour ça aussi que Sa Sainteté rappelle ailleurs (The Gelug/Kagyü Tradition of Mahamudra) que pour les kagyupas, la conscience subtile est le dharmakaya de base.
Je savais bien que nous arriverions à trouver un terrain d'entente !