Je crois qu'on est tous d'accord sur un point : c'est qu'il y a cessation, tôt ou tard, d'une certaine vision de nous même qui est constituée de projections égotiques.
Cette cessation n'est pas brutale, mais progressive. Mais nous reconstruisons sans cesse ce personnage fictif. Nous entretenons cette image de nous même, car nous avons décidé que ces (ses) attitudes, ces (ses) opinions, ces (ses) émotions, cette (son) apparence étaient
nôtres.
Il existe cependant un non-né, non-produit, non-créé, qui n'est pas nous, mëme si nous sommes lui. Une sorte d'empreinte en creux, indéfinissable. Tellement indéfinissable qu'il est périlleux de s'y référer sans tomber dans le piège de l'éternalisme. Car seules nos tendances égotiques ont besoin de références.
Si on ne peut pas concevoir ce non-né sans se planter, on peut parfaitement le vivre, le réaliser, en silence. Et on n'est plus concerné par la vie ou par la mort. Ces concepts n'ont alors plus aucun sens.
Alors, renaître lors de la mort grossière de l'égo, tous les siècles, ou de sa mort subtile, tous les dixièmes de seconde, qu'importe ? L'essentiel étant, qu'à chaque renaissance, grossière ou subtile, la possibilité de réaliser le non-né s'actualise.
Tiens, pendant que j'écrivais ce texte, est-ce que je n'ai pas raté quelques dizaines de milliers d'occasions de m'éveiller ?

(et de me taire aussi

)
