Dharmadhatu a écrit :
Waow ! Ca fait du bien de lire d'autres zénistes, merci Lausm.
En parlant du dualisme, j'aimerais ton avis sur les deux strophes du
Sutra de l'Estrade. Avec un ami on se posait la question de savoir si celle d'Hen-hsiu et celle de Hui-neng s'opposent forcément ?
Parce qu'il semble plutôt que la première évoque le conventionnel et la seconde l'ultime, sans pour autant oblitérer la première, à moins d'être nihiliste au regard des phénomènes autres que la vacuité et absolutiste au regard de la vacuité.
Merci d'avance.

Justement, le problème du dualisme, c'est qu'en débattre sur un forum, c'est lui donner matière à exister encore plus!
Mais c'est aussi un koan, j'ai toujours pris ça comme une pratique. On devrait cliquer sur la souris comme on entrouvre la porte du dojo, comme on s'assied sur le coussin : avec attention, délicatesse, résolution, silence et....vigilance.
En fait c'est un faux problème. Qui a raison qui a tort??
Ce qui importe c'est le mode de réflexion, et de non réflexion, et de comment transcender ces deux pôles qu'entraîne un enseignement.
C'est marrant, par exemple, de voir que certaines histoires, selon un lignée soto zen japonaise, coréenne, ou chinoise, ne seront pas transcrites pareillement. On voir que ça n'a pas été perçu pareil. Mais ça s'inscrit dans un ensemble. sauf qu'aujourd'hui, on a accès aux infos avec une rapidité jamais égalée.
ce qui n'empèche pas que la transmission de personne à personne est donc indispensable, pour apprendre à penser l'enseignement par la pratique.
Il est connu qu'en fait, Shen Siu a envoyé des disciples à Houei Neng. La distinction entre voie progressive et abrupte était-elle si simple à définir??
Disons que Houei Neng en fait état de façon magistralement formulée.
En fait c'est un point de vue renversé : là où la pluipart ont une vision d'une progression, d'un but où aller (l'état de Bouddha), Houei Neng dit que c'est là qu'est le point de départ.
C'est le lieu de controverses avec nombres d'écoles, qui n'ont pas ce point de vue.
C'est la formulation de l'éveil subit. Immédiat.
Il ne nie pas une progression, une évolution, mais c'est la reconnaissance directe de l'éxpérience dans l'instant d'être éveillé, qui est donc le coeur de l'affaire.
A partir de là, on a un repère qui permet de pratiquer avec un point d'ancrage.
Je lisais Daniel Odier sur le tantrisme, c'est une formulation quasiment identique.
De toutes façons, le tantrisme a mâtiné le bouddhisme, en fait lors de ce fameux concile près de Lhassa, au 8e siècle, je crois, le tantrisme a été admis et le chan vaincu, mais parait que le roi était amateur du chan, et a politiquement laissé le tantrisme à une place officielle...des maîtres chan allant donc jusqu'à influencer les pratiques de Mahamudra, dzogchen;, etc...
les puristes y trouveront probablement à redire, il y a sûrement des contestations techniques possibles à ce genre de propos.
Mais je pense que ces courants, chan, tantrisme, taoisme, s'interpénétraient mutuellement.
a la fin, quoi de plus commun à toutes ces voies qu'un bonhomme fait de chair, de souffle, de pensées, de sensations, d'emotions, de désirs??