Le sarcophage des dieux

Dumè Antoni

Flocon a écrit :Monsieur Flocon, qui en est au tiers du bouquin, et qui aime beaucoup, a émis une hypothèse en appliquant à ton intrigue une représentation des "trois corps de Bouddha" : l'Océan serait le Dharmakaya, le sarcophage le Sambhogakaya et l'être qui en émerge le Nirmanakaya.

C'est ingénieux. A-t-il raison, as-tu pensé de la sorte?
Très honnêtement, je n'ai pas du tout pensé de la sorte. Ce qui est certain, c'est que les créatures sans visage – dans le sarcophage – m'ont été inspirées par la légende de Houn Toun et en particulier dans l'interprétation zen qu'en fait Taistu kohno Roshi, c'est à dire le visage "d'avant la naissance" car Houn Toun meurt (donc connaît la mort) dès lors qu'on lui ouvre les portes des sens, c'est à dire – dans le roman – quand il prend forme humaine en émergeant du sarcophage. Du reste, la légende de Houn Toun est clairement mentionnée dans la deuxième partie du journal.
Ted a écrit :
Flocon a écrit :En te lisant, j'ai parfois songé que ton livre était davantage l’œuvre d'un théologien que d'un bouddhiste
Ah !... :) Remarque, on s'en doutait un peu qu'il était théologien. :mrgreen:
Ah bon ? :lol: J'aimerais bien savoir en quoi (remarque : j'ai pratiquement lu tous les ouvrages de Guénon + quelques oeuvres de St Augustin, St Ignace de Loyola et surtout Me Eckhart dans ma jeunesse ; il doit peut-être m'en rester quelques traces :mrgreen: )

Edit : mais je précise quand même que lorsque j'ai eu 12 ans, et avant la communion solennelle, j'ai dit au curé qu'il n'y a pas qu'un seul Dieu puisque le Bouddha était le Dieu des Chinois (c'était mon père qui me racontait ce genre de sornette, et je l'ai ressortie avec conviction car je croyais ce que mon père me disait :lol: ). Le curé m'a flanqué une gifle monumentale et m'a refusé la communion solennelle ; c'est dire comment le Bouddhisme est entré dans ma vie. Véridique ! :D
ted

L'enfer est pavé de bonnes intentions, parait-il... :)
Quant à ceux qui le peuple, on risque fort d'être surpris.
Quelle que soit notre religion, il est temps d'abandonner nos certitudes et de nous ouvrir à la lumière.
Mais le temps presse.
Mara bout inutilement. :)
Le Garouda ne laisse pas de traces.
Dumè Antoni

Ted, tu me le fais façon Jules ? :lol: Je n'ai rien compris de ce que tu as écrit.

Pour revenir à la théologie. C'est marrant, mais je relisais "Itinéraire d'un maître zen venu d'Occident" et je suis tombé sur le passage suivant :
Taïkan Jyoji a écrit : Toujours au cours de son sermon, Maître Mumon répète qu'il est préférable de devenir un théologien si l'on ne veut pas mettre fin à ses pensées pendant zazen. Il faut se concentrer de toutes ses forces sur le kôan, pratiquer nentei, c'est à dire la concentration réfléchie, ou la réflexion concentrée. Ainsi, naturellement, une réponse au kôan se forme.
Source : "Itinéraire d'un maître zen venu d'Occident" T. Jyoji, Ed. Almora. Page 162.
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Flocon
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Merci de ta réponse. Ce n'était qu'une idée qui lui était venue en lisant.

Pour ce qui est de la "théologie", j'employais le terme à cause de la réflexion sur l''immortalité que contient ton livre dans certains passages. Il n'est sans doute pas très adapté : comme dans notre culture, l'immortalité relève du divin, j'ai fait le lien un peu vite. :oops:
Quand on sonde les choses, les connaissances s'approfondissent.
Les connaissances s'approfondissant, les désirs se purifient.
Les désirs une fois purifiés, le cœur se rectifie.
Le cœur étant rectifié, on peut réformer sa personne.

Kong Tseu
Dumè Antoni

Je ne rejette pas du tout le terme "théologie" à propos de mon bouquin car le lien avec l'arbre de Vie et de l'immortalité qui en découle est effectivement le thème central du roman. Mais l'immortalité, dans le roman, comme tu le sais, n'est pas une une vie sans fin mais une infinité de vies (limitées) parallèles. Ce détail tranche, je crois, assez nettement avec l'idée habituelle qu'on se fait de l'immortalité, parce qu'on s'attache à l'idée d'un moi immortel. Dans le roman, Conrad dit "dans le monde où je suis, le dé tombe sur ses six faces". Cela signifie qu'il réalise que sa vie n'est pas unique mais multiple. Mais il existe un principe d'exclusion qui l'empêche de rencontrer ses autres existences, car des droites parallèles ne se rencontrent pas, en principe. C'est en principe le cas de chacun d'entre nous puisque karmiquement nous sommes attachés à une vie unique et qui nous est propre. Pour changer de vie, c'est à dire devenir l'autre, nous sommes obligés de mourir et renaître dans cet autre. L'idée du roman est que cela ne se fait pas uniquement dans un temps linéaire, mais dans un temps imaginaire (au sens des nombres complexes), en sorte qu'il n'y a rien qui s'oppose à ce que l'homme puisse renaître dans le passé ou bien dans le futur comme dans le présent si le temps est courbe ou replié sur lui-même. En fait, nous n'avons l'expérience que de notre propre existence et considérons le temps associé à l'écoulement linéaire des secondes, et nous pensons naturellement que nous ne pouvons renaître que dans le futur, comme si le continuum était une fonction linéaire, mais rien n'indique que ce soit le cas. Par exemple, si l'on a vu le film little buddha, on se souvient qu'il y a trois tulku pour un seul grand lama décédé. Ce cas n'est pas une pure invention du cinéaste, mais est tout à fait possible du point de vue du BT. On est donc dans un cas typique de vies parallèles ou d'ubiquité, en quelque sorte. En toute rigueur, si ces trois tulkus se rencontrent, le principe d'exclusion n'est pas mis en défaut, puisqu'il s'agit de trois personnes différentes, mais d'un autre point de vue, les trois personnes sont bien la même personne qui pourrait dire : "dans le monde où je suis, le dé tombe sur ses six faces", c'est à dire : "je suis un et trois".
ted

Ce livre est très étrange.
Sans vouloir dévoiler le sujet, à la fin du bouquin, il y a un militaire (avec un nom bizarre) qui essaie d'exterminer des bouddhistes.
Vraiment chelou..
Dumé, faut que tu t'expliques.
Dumè Antoni

Ted a écrit :Sans vouloir dévoiler le sujet, à la fin du bouquin, il y a un militaire (avec un nom bizarre) qui essaie d'exterminer des bouddhistes.
C'est marrant que tu voies les choses comme ça. Mais après tout, pourquoi pas ; ce roman ne m'appartient plus, une fois qu'il est lu. J'espère que tu as aimé, en tout cas...

PS : il existe une sorte de suite à ce roman (plus exactement, un rebondissement sur la version initiale) qui devait paraître chez le même éditeur (ATRIA) en mars 2016. Malheureusement, cet éditeur a déposé le bilan en septembre 2015. De fait, j'ai du me relancer tardivement (depuis septembre 2015, donc) à la recherche d'un nouvel éditeur (j'avais réservé mon manuscrit à Atria). Je suis actuellement en "pourparler" avec un nouvel éditeur et en attente de nouvelles propositions avec d'autres) mais rien de concret à ce jour. Bien entendu, je refuse d'éditer à compte d'auteur. Si j'avais du nouveau, je ne manquerais bien sûr pas d'en parler ici.
ted

Tu vas pas t'en tirer comme ça...
:mrgreen: C'est quand même toi qui l'a écrit ce livre n'est-ce pas ?
Et il est truffé de références bouddhistes.
Alors, la conclusion est surprenante de la part d'un auteur qui se réclame d'une lignée.
Tes pensées/paroles /actions constituent un continuum.
Tu ne peux pas, en tant que bouddhiste zen, écrire un livre pareil, puis t'en désolidariser sous prétexte de licence poétique.
Un bouddhiste rend des comptes à l'univers même quand il pisse tout seul au fond d'un bois.
Et l'univers, c'est toi, c'est moi, c'est les autres, c'est nangpa, c'est sangha forum, c'est Leroy Merlin et c'est aussi les rayons de la fnac où on peut trouver ton bouquin.
Alors ?
Dumè Antoni

Ted, ce bouquin n'est qu'un roman ; il est ce qu'il est, comme une manifestation de moi-même dont j'assume totalement et sans réserve les conséquences.

Cependant et contrairement à ce que tu sembles affirmer, je n'appartiens pas à une lignée (même si, bien sûr, je suis un adepte de longue date du Zen Rinzaï) : je n'appartiens à personne. Personne ne peut revendiquer avoir une quelconque autorité sur moi, pas même un Bouddha ne pourrait le faire, alors, ses disciples...

Je n'ai de ce fait de compte à rendre à personne. Le Zen n'est pas une contrainte, ni une barrière, ni rien qui m'oblige d'une quelconque façon, et si je vois quelqu'un, quel qu'il soit, se mettre en travers de mon chemin pour me demander des comptes à propos de ce roman, fût-il un maître zen ou un patriarche, un Bodhisattva ou même un Bouddha, je n'aurais aucune peine ni aucun regret pour m'en servir de torche cul (je ne veux pas parler des pages du roman). Je pourrais mettre ça dans ma signature, si la charte du forum ne me l'interdisait pas. Mais qu'on se le dise, le cas échéant : c'est ce que je pense intimement, sans haine ni colère, et sans mépris pour les Trois Joyaux.

Tu me dis "Tu ne peux pas, en tant que bouddhiste zen, écrire un livre pareil, puis t'en désolidariser sous prétexte de licence poétique." à quoi je réponds : je suis bouddhiste zen, j'ai écrit ce livre qui est sans faute par rapport au Dharma et ceux qui y voient une faute ou plusieurs sont voués à plonger en enfer (s'ils n'y sont déjà).

Cela étant dit, ne te sens pas concerné — si tel était le cas — par mes propos. Je te remercie sincèrement de ton retour critique, certes d'un genre un peu particulier mais somme toute naturel sur un forum bouddhiste loveeeee
ted

Dumè Antoni a écrit : il existe une sorte de suite à ce roman (plus exactement, un rebondissement sur la version initiale) qui devait paraître chez le même éditeur (ATRIA) en mars 2016. Malheureusement, cet éditeur a déposé le bilan en septembre 2015. De fait, j'ai du me relancer tardivement (depuis septembre 2015, donc) à la recherche d'un nouvel éditeur (j'avais réservé mon manuscrit à Atria).
Dumè étant un peu morose, je me permets de lui faire un peu de pub pour son bouquin qu'on peut trouver à la fnac, (tout comme celui de Sonam d'ailleurs).

Bien sur, ce n'est pas le même registre.
Le premier étant un roman.
Le second, une anthologie.
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